Chapitre 10

Hello à tous. Vous êtes un peu plus nombreux maintenant à découvrir et suivre cette histoire. Merci pour votre soutien ! :)

Voici donc un nouveau chapitre, l'intrigue se met progressivement en place. On en apprend plus sur nos personnages. 

Je vous souhaite une bonne lecture ;) Et n'hésitez pas à me dire vos impressions, bonnes ou mauvaises. C'est la première fois que je me lance dans une histoire hors fanfiction, avec un univers et des personnages qui m'appartiennent totalement. 

*.*

Une semaine s'était écoulée depuis leur arrivée à Paris et la vie de Charlie prenait des allures de routine, entre ses recherches et ses discussions sur le toit de l'immeuble. Wulfran était un personnage tout à fait singulier et qui ne la laissait pas insensible, elle devait bien l'avouer. Quand elle retournait dans sa chambre, il lui fallait toujours un laps de temps pour reprendre ses esprits.

Elle lui avait raconté son enfance à Lépin. Lui, sa vie dans les montagnes, à parcourir l'Europe. Ils avaient partagé leurs passions pour les randonnées, l'escalade, les étendues sauvages. Wulfran lui apprit qu'il aimait passer son temps dans les forêts.

— Pourquoi venir ici ? Pourquoi avoir cet appartement à Paris ? Lui avait-elle alors demandé.

Wulfran était resté silencieux un instant, le visage soudainement plus fermé et les traits emprunts de contrariété.

— C'est... compliqué, finit-il par dire.

Et cette réponse ne convenait pas à Charlie.

— Alors essayez de m'expliquer, Monsieur Byrne, dit-elle en accentuant sa façon de l'interpeller en y mettant une pointe d'humour.

Wulfran lui lança un coup d'œil accompagné d'un sourire en coin face à cette légère provocation puis son regard se tourna à nouveau vers la ville.

— Je me suis souvenu d'une chose, continua Charlie, bien décidée à en savoir plus. A Fontainebleau, quand vous êtes arrivé et que vous avez sorti Rolf de sa chambre.

À ce souvenir, les lèvres de Wulfran s'étirèrent d'un sourire moqueur.

— Il a dit à ce moment-là que vous étiez un Moniris.

Le sourire du loup s'étira plus encore et il posa son coude sur son genou tout en se tournant vers elle, la tête inclinée sur son poing, le regard pétillant.

— Quelles sont vos hypothèses, Mademoiselle Perrin ?

Charlie ne put retenir un frisson. Sa façon de la regarder, le ton de sa voix, sa posture, il y avait du jeu, mais aussi une légère provocation qui éveilla en elle quelques émotions. Elle prit soin de se racler la gorge et de se redresser pour reprendre contenance et ne pas se laisser déstabiliser, parce que c'était exactement ce qu'il cherchait... et elle ne comptait pas lui donner satisfaction.

— Et bien, Moniris vient du grec et signifie solitaire. Je me trompe ?

Wulfran hocha la tête, mais resta muet, l'invitant à continuer.

— On a toujours vu vos semblables en meute, organisée d'une certaine manière. Comme plusieurs micro-sociétés, réunies ensemble. D'ailleurs, la prise du pouvoir aurait été décidée conjointement entre toutes les meutes. L'existence d'une seule et unique meute serait improbable... d'après ce que j'en sais.

Le monde des lycans demeurait flou de façon volontaire. On apprenait aux enfants humains, à l'école, qu'il fallait les respecter et quelques bribes de l'histoire de leur prise de pouvoir. De la propagande en somme.

— Donc... il existerait des loups comme vous, qui n'appartiennent à aucune meute, qui sont des solitaires. Mais pourtant, il y a Sofia, et Amarok et Nashoba. Vous donnez l'impression d'une meute.

Il ne cessait de l'observer, attentif et Charlie sentit sa voix aller decrescendo au fur et à mesure, perdant peu à peu son assurance et n'osant plus faire de supposition. Parfois, elle oubliait dans quelle situation elle se trouvait et cette dualité commençait à la fatiguer. Une partie d'elle aimerait se livrer à Wulfran, lui faire entièrement confiance, et une autre lui disait de se méfier, qu'il était l'ennemi.

— Étonnante !

— Pardon ?

Charlie n'était pas sûre d'avoir bien entendu tant la voix de Wulfran était basse, un chuchotement presque inaudible.

— Notre société est effectivement organisée en meute. L'alpha est celui qui la dirige, soit seul, soit en couple.

— Jamais une femme seule à la tête d'une meute ?

Wulfran lui offrit un sourire en coin, à la fois ironique et désolé.

— Navré de vous décevoir mais malheureusement, la femme alpha n'a qu'un seul et unique rôle.

— Qui est ?

Wulfran haussa un sourcil, mais se garda bien de répondre et Charlie comprit aussitôt sa naïveté.

— La mentalité n'a pas changé chez vous ? On se croirait au Moyen Âge, pardi !

— Pardi ?

Le regard de Wulfran s'était écarquillé et soudainement, un éclat de rire franchit ses lèvres, tellement franc, si soudainement que Charlie en eut le souffle coupé.

— Vous employez des expressions dépassées et c'est nous qui venons du Moyen Âge ? Dit-il entre deux éclats.

D'abord vexé, Charlie se mit finalement à rire avec lui. Une fois calmée, elle remit néanmoins le sujet sur le tapis.

— Il n'empêche, n'est-ce pas une louve qui a recueilli les jumeaux Romulus et Remus, les fondateurs de Rome.

Le regard encore pétillant de malice de Wulfran se fit plus ironique.

— Si vous connaissez le mot grec pour Moniris, peut-être connaissez-vous le mot latin pour "louve".

Charlie fronça les sourcils quand soudain une voix vint briser leur échange. C'était Sofia qui interpellait Wulfran depuis le balcon. Ce dernier intima de ne pas bouger tandis qu'il descendait rejoindre la louve. De là où elle était, elle ne pouvait les entendre et seule sur son perchoir, elle se demanda qu'elle était leur relation. Moniris impliquait l'idée qu'il n'avait pas de meute. Et pourtant, il y avait Sofia. Plusieurs fois, elle l'avait vu sortir de sa chambre et ils semblaient proches, complices. Par moments, elle s'imaginait à sa place, dans la peau d'une louve, à ses côtés. Mais elle n'était qu'une simple humaine, une proie. Un oiseau en cage. Car même depuis le toit, même en sentant le vent caresser sa peau, elle ne pouvait pas prendre son envol.

— Désolée, mais on va devoir écourter. Je dois m'absenter.

Charlie ne répondit rien. Elle l'écouta, le regard rivé sur la ville, pensive. Pourquoi partir si soudainement ? Mais aussi triste et déçue. Elle vit la main de Wulfran entrer dans son champ de vision, l'invitant à sortir de sa torpeur.

— Ne vous inquiétez pas. Ce n'est que partie remise, Mademoiselle Perrin.

— Je ne suis pas inquiète, maugréa-t-elle avec humeur.

Néanmoins, au fond d'elle, elle était satisfaite. Non pas parce qu'il lui disait qu'ils allaient continuer, mais parce que cette fois-ci, dans la façon de l'appeler « Mademoiselle Perrin », il y avait non pas de la distance, mais une douceur qui la toucha au plus profond de son âme.

Alors quand elle enroula ses bras autour de son cou et qu'il la porta, comme à chaque fois, jusqu'au balcon, Charlie sourit.

Cependant, ce sentiment de bien âtre s'envola très rapidement lorsque la petite troupe s'échappa de l'appartement et qu'elle se retrouva seule dans cet appartement. C'était la première nuit qu'elle allait passer seule ici. Elle ne put s'empêcher d'allumer quelques lampes ci et là pour chasser son inquiétude.

Et elle avait encore tellement de questions. Si cette clef USB demeurait encore un mystère pour elle, peut-être que Wulfran pouvait l'aider à y voir plus clair.

*.*.*.*.*.*.*.*.*

Le matin arriva vite et aucune trace des lycans. Charlie était seule, encore. Elle se demandait ce que pouvait bien être cette urgence, mais bien vite, cette question s'envola au profil d'autres interrogations.

Wulfran l'avait abandonnée en l'interrogeant sur l'étymologie du mot « louve ». Après avoir pris sa douche, bien fraîche pour éveiller ses sens et son esprit, Charlie s'installa dans le confortable canapé et prit un dictionnaire qui trônait dans la bibliothèque, au milieu d'une bonne cinquantaine d'ouvrages.

Quand elle découvrit la définition et le sens de ce mot, Charlie sentit une vague d'indignation l'emporter. "Louve" venait de Lupa. Si la première définition mettait l'accent sur le côté féminin, la femelle du loup, la seconde était bien plus insultante. Lupa signifiait également courtisane... Ou plus vulgairement une prostituée. C'était sûrement pour cela qu'on appelait les établissements sexuels des lupanars.

Il n'était pas bon d'être une femme dans cette société... Les pensées de Charlie se tournèrent vers Sofia et Amarok. Qui étaient-elles ? Quel était leur rôle ?

Plus elle faisait des recherches, plus elle avait l'impression de se noyer. Charlie se sentait perdue. À présent, elle regardait les nombreux fichiers défiler sous ses yeux, sans grande conviction. Des mythes. Des légendes. De temps à autre des articles sur des événements liés aux lycans. Puis, elle tomba sur un document étrange et dont le nom était obscur — CDPQGR.

Fronçant les sourcils, Charlie ouvrit le document pdf et tomba tout d'abord sur une ancienne carte de Paris.

— Plan d'ensemble des anciennes carrières de Paris, lut-elle pour elle-même, réellement intriguée.

La personne avait scanné une vieille carte jaunie par le temps, trouée par endroits. Une légende indiquait les régions où pouvaient exister d'anciennes carrières souterraines et celles connues en 1906.

Au début, Charlie ne vit pas à quoi servait cette carte, mais quand elle s'attarda sur le sud de Paris, le secteur où se trouvait l'ossuaire municipal, elle comprit.

Très rapidement, elle fit défiler les pages, dévoilant une multitude de cartes étranges. Une carte des catacombes de Paris. Quand elle fit des recherches sur l'ordinateur mis à sa disposition, aucune trace de tout cela, aucune mention aux catacombes de Paris. Les lycans n'avaient aucune raison de supprimer ce genre d'information.

Cela ne pouvait dire qu'une chose : les catacombes étaient devenues le refuge de la Résistance et elle avait sous les yeux un moyen de s'y rendre.

Prise d'une soudaine panique, Charlie enleva la clef usb de l'ordinateur, ferma le clapet et s'éloigna aussitôt, comme si cette machine était une bombe prête à exploser. Les yeux hagards, elle regardait la clef qui reposait dans sa paume. Elle ferma le poing et sans attendre une minute de plus, elle prit ses affaires et sortit de l'appartement.

*.*.*.*.*.*.*.*.*

— Vous pouvez m'expliquer ?

Marcel eut un petit sourire tout en lui désignant le petit fauteuil en face de son bureau.

— Bonjour Charlie. Comment allez-vous ? Asseyez-vous, je vous en prie.

Charlie grogna et resta dans l'encadrement de la porte, les bras croisés, la mine renfrognée. Elle avait débarqué comme une furie à la bibliothèque et s'était aussitôt dirigée dans le bureau de Marcel. Ce dernier déposa une tasse de café fumante.

— Je ne suis pas venue prendre le café, Marcel, dit-elle d'un ton cinglant.

Cependant, Marcel gardait toujours ce petit sourire au bord des lèvres et cela ne faisait qu'accentuer son énervement.

— Non mais vous vous rendez compte ? Si on m'avait pris avec ça...

— Mais on ne vous a pas pris.

Trop facile comme réponse.

— Marcel... je ne suis pas...

La fin mourut au bord de ses lèvres. Elle n'était pas courageuse, vaillante. Non, Charlie avait plutôt l'impression d'être un lapin effrayé, tremblant de peur à l'idée de sortir de sa cage. De l'autre côté du bureau, Marcel réitéra son geste en l'invitant à s'assoir et cette fois, Charlie s'exécuta. Elle regarda le liquide noir dans la tasse. C'était un mauvais café, elle le savait. Et pourtant, elle en but une gorgée. L'amertume fit naître aussitôt une grimace sur son visage, mais étrangement, elle se sentit mieux.

— Pourquoi m'avoir donné ça, Marcel ? Je vis avec l'un d'entre eux, actuellement. Et il semble proche de celui qui dirige cette ville. Enfin, le pays.

— Mais il vous protège...

Comment...

Marcel tendit la main vers elle, tâtonna un peu pour trouver sa main, quand il eut trouvé son poignet, l'archiviste désigna son bracelet.

— Il vous a donné ceci, n'est-ce pas ?

Charlie hocha la tête, puis, se rappelant que l'homme était aveugle, elle affirma à voix haute.

— Je l'ai tout de suite reconnu. C'est un bracelet qui était conservé au musée du Louvre.

La mâchoire de Charlie se décrocha tandis qu'elle contemplait le bijou. Elle croyait que c'était de la camelote, un bijou banal.

— La tête d'un serpent, dit-il, tout en caressant la tête de l'animal, sa queue, rehaussés de dorures et soudé au reste du bracelet qui représente son corps onduleux, parsemé de fines gravures pour imiter la peau du reptile.

Il y avait une telle poésie dans ses mots et Charlie se sentait bercée par sa voix. C'était comme s'il lui contait une histoire.

— Vous savez, en bon historien, j'ai arpenté de nombreuses fois les couloirs du Louvre. Et c'est un peu ironique quand on connait son histoire aujourd'hui.

— C'est à dire ? Demanda Charlie, curieuse.

— Quel point commun y a-t-il entre un lycée, un lupanar et le musée du Louvre ?

Une énigme ? Charlie prit le temps de la réflexion.

— Lupanar vient de louve, Lupa, répondit-elle.

Marcel hocha la tête.

— La racine est la même pour lycée et Louvre. Pour le premier, cela fait référence à l'école d'Athènes, fondée par Aristote. Les lieux étaient, semble-t-il, infestés de Loups. Lukos en grecs ou peut-être était-ce parce qu'il était à côté du temple d'Apollon. Idem pour le Louvre qui aurait été un endroit occupé par les loups.

— Le temple d'Apollon ? S'étonna Charlie alors que l'image du dieu s'imposait dans son esprit. Mais quel est le lien ?

Marcel prit une gorgée de café puis il se leva. Il se tourna vers l'immense bibliothèque et se mit à caresser les ouvrages. Charlie l'entendait compter à voix basse puis il s'arrêta sur un épais grimoire qu'il déposa sur le bureau.

— Allez à la page 547.

Intriguée, Charlie fit néanmoins ce qu'il lui demandait et elle se retrouva face à une magnifique gravure du dieu Apollon. Il y en avait même plusieurs et elles montraient différents aspects. Très contradictoire d'ailleurs.

— Comme vous le voyez, Apollon Lycien est vu à la fois comme le « tueur de loups », et comme figure du loup.

— Mais alors, comment savoir quelle légende est vraie ?

Charlie se sentait perdue.

— Dans chaque mythe, il y a une part de vérité. Apollon serait né de Leto, amour de Zeus et transformée en Louve pour éviter les foudres d'Hera. Il aurait donc une affinité avec eux. Mais dans les tragédies grecques, il est vu également comme le protecteur des troupeaux et tueur de loups.

— Il aurait donc deux facettes ?

L'aveugle hocha la tête.

— Cette dualité n'est-elle pas évidente ? Les lycans ont deux visages, l'un humain, l'autre animal.

Quel était le visage animal de Wulfran ? En y repensant, Charlie ne l'avait jamais vu sous sa forme lupine. Cependant, dans son regard, bien des fois, elle avait été surprise par cette dualité d'émotion, passant si soudainement de la malice à l'expression d'une sauvagerie.

— Mais quel est le lien avec mon bracelet ? S'étonna Charlie.

Il avait dérivé complètement du sujet principal cependant le sourire confiant de Marcel lui indiquait le contraire. D'un geste, il l'incita à tourner les pages, ce qu'elle fit, obéissante et surtout poussée par la curiosité.

Elle fit défiler diverses représentations de dieux quand soudain elle tomba sur une gravure étrange, et elle s'attarda sur sa description.

— Apollon donnant le caducée à Hermès, lut-elle à voix basse.

— Regardez bien le bâton.

Charlie fronça les sourcils et rapprocha son nez des pages pour analyser plus précisément l'image.

— Un serpent... non deux qui s'enroulent autour d'un bâton.

— Regardez les pages suivantes.

Ces dernières représentaient Asclépios et Hygie. Si ces deux figures ne lui disaient rien, le symbole, quant à lui, était particulièrement familier.

— La pharmacie, souffla-t-elle.

— Et l'emblème de la médecine avec le bâton d'Asclépios, confirma Marcel.

Le regard de Charlie se tourna à nouveau vers son bracelet, cette forme serpentine qui s'enroulait autour de son poignet. Marcel lui expliqua que chez les Grecs, le serpent symbolisait l'esprit gardien.

— Les romains se sont largement inspirés des grecs pour leur panthéon, expliqua Marcel. Venus est Aphrodite. Jupiter, Zeus. Et les serpents étaient fortement associés à la magie de guérison.

— C'est étrange. Pour certaines espèces, leur morsure est létale.

— L'étrange lien entre la vie et la mort. Bien souvent, il est soit représenté comme l'incarnation de la mort, soit comme un esprit protecteur.

Les mains de Marcel retrouvèrent son bras et caressèrent à nouveau le bijou.

— Ce bracelet a été découvert près de Corinthe et il daterait du IVe ou du IIIe siècle avant Jésus-Christ.

Charlie ne put retenir une exclamation de stupeur. Elle avait réellement une antiquité sur elle, un objet très précieux. Marcel ne put s'empêcher de rire.

— C'est pour cela que je pense que ce Monsieur Byrne veut vous protéger.

Charlie se perdit dans ses pensées, le regard dans le vide tandis qu'elle caressait distraitement la tête dorée du serpent.

— Vous avez toutes les cartes en main, Charlie. Maintenant, qu'allez-vous en faire ?

La jeune femme resta pensive, mais quand elle rentra dans l'appartement, sa décision était prise. Elle allait consulter les cartes des catacombes et tenter de retrouver la résistance.

*.*.*.*.*.*.*.*.*

Charlie passa le reste de la journée à étudier ces cartes et à réaliser un plan unique sur papier pour pouvoir l'emporter là-bas. Elle passa plusieurs heures dessus et quand elle vit l'heure sur la pendule, elle s'étira et alla dissimuler le tout dans sa cachette habituelle, la taie d'oreiller.

C'est alors que la porte d'entrée s'ouvrit, plus brutalement que d'habitude et des éclats de voix résonnèrent dans l'appartement.

— Tu crois que c'est un coup de Rolf ?

— Évidemment. Ce chacal est suffisamment fourbe pour avoir suggéré l'idée.

La voix de Sofia semblait inquiète tandis que Wulfran grognait de mécontentement. Il avait une voix plus rauque, plus gutturale. Quand Charlie se rendit dans le salon, ils avaient tous des mines renfrognée.

— Vous savez ce que vous avez à faire ?

Amarok et Nashoba hochèrent la tête puis, après déposé quelques affaires, ils partirent avec un signe de la tête pour Charlie. Toujours aussi peu bavard. Elle n'osait pas demander ce qui n'allait pas.

— Charlie, s'exclama Sofia. Tiens, je t'ai acheté ça. J'espère que ça ira, souffla-t-elle pour elle-même.

Entre ses mains, il y avait un large paquet blanc entouré d'un ruban noir.

— Je le dépose dans ta chambre.

Charlie n'eut pas l'occasion de protester, Wulfran l'interpella et lui demanda de la suivre à l'extérieur. Elle s'attendait à ce qu'il l'emporte sur le toit, comme les jours précédents, mais il n'en fit rien. Il se contenta de s'accouder à la mince barrière.

— On a quelques affaires à régler encore ce soir.

Charlie hocha la tête, aucun son ne franchit ses lèvres. Malgré tout, elle était déçue.

— On sera rentré demain en fin d'après-midi, si tout va bien.

— Si tout va bien ? Répéta Charlie, lentement, tandis qu'un sentiment d'inquiétude commençait à grimper lentement en elle.

Wulfran poussa un long soupir.

— Demain soir il y aura une réception. Il a exigé notre présence.

— Notre ?

Ce soir, elle se sentait particulièrement idiote à répéter les phrases, les mots, bêtement.

— Et qui ça « il » ? Demanda-t-elle en se ressaisissant.

— Fenrir, répondit Wulfran.

Quelque chose dans sa voix lui procura un long frisson. Byrne avait prononcé ce nom d'une étrange manière, un mélange de crainte, de respect, et de colère.

— C'est lui qui coordonne toutes les meutes du pays.

— Et on ne peut pas dire non. Enfin pas moi, mais vous...

Wulfran eut un rire amer.

— Oh non. Il ne vaut mieux pas s'attirer les foudres de Fenrir. Et de plus, il dispose d'une certaine autorité innée sur nous.

— Comme un alpha sur sa meute ? Mais vous êtes Moniris, non ?

— Ce n'est pas aussi simple, Mademoiselle Perrin.

Oh ça, elle s'en doutait. Puis elle se souvint d'une chose.

— Vous avez sa confiance, plus que Rolf. C'est ce que vous avez dit à la villa.

Wulfran eut un sourire en coin, teinté d'ironie.

— Vous avez une bonne mémoire.

— On me le dit souvent, rétorqua-t-elle.

— Ça dépend pour quoi...

— Je vous demande pardon ? S'offusqua-t-elle.

Mais Wulfran eut soudain un rire, plus léger et une mine moins sombre. Mais Charlie, elle, était plus qu'inquiète.

— Il sera là aussi, n'est-ce pas ? Rolf...

Wulfran ne répondit pas. Cela voulait dire oui. Charlie détourna les yeux en se mordant la lèvre inférieure pour empêcher les larmes de perler au coin de ses yeux. Aussitôt, les terribles souvenirs remontèrent à la surface. Rolf. Ses gestes. Ses intentions. Son sourire cruel. Elle ne voulait pas le croiser. Le voir. L'entendre.

— Je te protégerai, Charlie.

— Pardon ? S'étonna-t-elle en se retournant vers lui subitement.

Wulfran avait parlé d'une voix si basse et elle était tant perdue dans ses sombres pensées, qu'elle n'était pas sûre d'avoir bien entendu.

— Faites-moi confiance, Mademoiselle Perrin.

Puis il tourna les talons et partit. Avait-elle rêvé ? L'avait-il appelée par son prénom ? Sa voix résonnait en elle, comme un écho. Son regard se posa sur le joli carton entouré de ruban qu'il lui avait apporté. Sofia l'avait choisi pour elle. Quand elle défit le nœud de satin et souleva le couvercle, Charlie demeura sans voix.

— Nom de...

Avec précaution, elle tira sur le tissu et celui-ci s'étira longuement, dévoilant une robe rouge, longue et fluide, d'un tissu fin et élégant.

Allait-elle réellement porter cela ? Charlie ne portait quasiment jamais de robe alors des robes longues et de cocktail... En dessous, il y avait une paire de sandales, noires, à hauts talons, avec une semelle rouge, éclatante. 

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