Chapitre 50 pdv Kayla


J'ai dû m'endormir ou elle a fait en sorte que je m'endorme car j'ai de nouveau l'impression d'avoir loupé plusieurs heures de présences. Le temps ne se compte pas dans la forêt, il n'y a pas vraiment de jours ou de nuits. Aucun moyen de se repérer. Je pourrais y être restée pendant une semaine ou bien quelques heures.

Et la solitude n'aide en rien. Je ne la sens pas près de moi ni dans mes pensées, peut-être est-ce qu'elle dort elle aussi.

Elle, je n'ai pas d'autre mots pour la nommer. Je ne sais rien d'elle à part qu'elle refuse d'être liée à Aiden. J'aimerai tant pouvoir la questionner comme la dernière fois.

J'essaie de voir à travers ses yeux mais je demeure bloquée par un rideau noir. Comme si elle avait les yeux fermés, ce qui confirme ma théorie qu'elle est endormie. Ou alors je suis toujours aussi nulle pour voir.

Tu es surtout nulle pour te taire, grommèle-t-elle en papillonnant des yeux. De fait, je parviens enfin à voir. Elle est dans la chambre dans laquelle je me suis réveillée le jour de la pleine lune. C'est ma chambre, grogne-t-elle. Ma chambre à moi.

Elle dit sa fièrement comme si c'était quelque chose d'extraordinaire. Tu sais... ce n'est qu'un mur et un lit. C'est chez moi, contredit-elle durement. On n'est chez soi qu'auprès des personnes qu'on n'aime, rétorqué-je.

Je pense à Aiden et à toutes les fois où je me suis réveillée dans ses bras. Chez moi.

— Est-ce que tu as fait un cauchemar ? demandé-je curieuse.

Entendre ma voix résonner dans le vide de la forêt me fait frissonner. Je suis toute seule, même si elle est dans ma tête.

— Tu n'es pas toute seule, se moque-t-elle en apparaissant à côté de moi.

Je fais littéralement un bond en la voyant. Son sourire moqueur n'aide en rien à mon humeur.

— Et, non, pas de cauchemar, répond-elle en s'asseyant à même le sol.

La veinarde. D'un regard, elle m'incite à la rejoindre et je m'installe face à elle. Comme s'il y avait un miroir entre nous. Sauf qu'elle doit avoir meilleure mine que moi.

— Ça fait combien de temps que la pleine lune est passée ? demandé-je curieuse.

— Dix jours.

Je la fixe, attendant qu'elle me dise que c'est une blague mais elle n'en fait rien. J'aurai pu parier sur deux ou trois jours à la limite mais je n'aurai jamais pensé à plus d'une semaine. Dix jours, c'est énorme.

— Pourquoi ? questionné-je les larmes aux yeux.

— Je n'y suis pour rien, se disculpe-t-elle immédiatement en levant les mains de manières innocente. J'ai essayé de te contacter sans succès. C'est toi qui te fatigues toute seule.

Parce que je suis trop faible pour lutter contre toi. Je sais qu'elle a entendu mes pensées mais elle a l'obligeance de ne rien répliquer.

— Sarah va bien ? lancé-je pour changer de sujet.

— Elle se porte comme un charme, à partir du moment où elle ne contrarie pas Aaron.

Aaron, voilà bien quelqu'un dont je me serrai passée.

— Qu'est-ce que tu vas faire pour lui ? Il m'a dit que tu te bâteras avec eux.

— C'est exact, même si je m'occuperai que d'une seule personne.

Aiden, elle veut tuer Aiden.

— Qu'est-ce que tu gagnes en échange ?

— Il m'a promis de me laisser repartir ou je veux, en toute liberté.

— Et tu l'as crue ? m'étonné-je.

Je ne connais pas beaucoup Aaron, mais j'imagine assez bien qu'il ne laissera pas partir une ressource aussi précieuse qu'une louve blanche.

— Oui, il ment, confirme-t-elle, mais je suis assez forte pour lui fausser compagnie quand il s'y attendra le moins. Personne ne peut me retenir nulle part.

Une louve blanche, ce n'est pas rien. Dans les livres d'histoire, on nous dit qu'ils étaient l'espèce la plus puissante et que même leurs omégas dépassaient en puissance les alphas des autres races. J'ignore quel serait son rang s'ils existaient toujours mais je sais qu'elle est déjà forte. Sarah m'a dit qu'elle avait réussi à blesser Aiden. Il n'y plus de rang. Il n'y a plus de loup blanc, déclare-t-elle attristée.

— Je n'ai pas de nom, lâche-t-elle finalement. Personne ne m'a jamais appelé. Je n'en ai jamais eu besoin.

Elle était toute seule pendant toutes ces années et quand elle refait surface c'est pour découvrir que toute sa meute a été anéantie. Pas étonnant qu'elle ait eu du mal avec le fait d'être liée. J'étais très bien toute seule ! Assène-t-elle violemment.

— Si tu arrêtes de lire dans mes pensées, je promets d'envisager de ne plus parler de ton nom.

Elle lève les yeux au ciel.

— Le seul moyen d'arrêter de lire dans tes pensées est de t'envoyer au fin fond de mon subconscient, tu veux vraiment tenter l'expérience ?

Non, pas vraiment.

— Alors, pourquoi moi, je ne peux pas lire dans tes pensées ?

— Parce que, élude-t-elle.

C'est à mon tour de lever les yeux au ciel en une parfaite copie de l'expression qu'elle m'a rendu à l'instant.

— Donc, comment tu veux être appelée ?

— Oh pitié, râle-t-elle, tu ne veux pas lâcher l'affaire ? Je te fais une faveur en venant te parler et c'est comme ça que tu me remercies ?

— Tu en as parlé en première et c'est ta faute si je suis ici, rétorqué-je vexé, j'estime avoir le droit de parler du sujet dont j'ai envie puisque tu fais n'importe quoi à la surface !

— Je m'efforce de nous maintenir en vie !

Si tu le dis... à mon sens, nous étions plus en sécurité auprès d'Aiden et de Key. Ce n'est que l'effet que produit le lien sur vous. Il croit ne pas pouvoir vivre sans toi et tu croies ne pas pouvoir vivre sans lui, sans eux... Et toi ? Qu'est-ce que tu croies ? Que nous n'avons pas besoin de dépendre de quelqu'un pour vivre.

— Je t'appellerai bien Ursula, commencé-je

— C'est moche, refuse-t-elle catégorique.

— C'est le nom de la méchante dans le film préféré d'Ewen.

— Ha ha ha.

— Maléfique, Cruella ? Proposé-je lancée.

— Pourquoi pas Méchante tant qu'on y est ?

— Ça n'existe pas dans les disney.... Tu n'en as jamais vu aucun ?

— Il n'y a pas la télé dans ta tête...

Aïe. Oui, c'est vrai. Désolée. Tu as raté quelque chose... j'ai comme l'impression que tu n'es pas vraiment désolée... tu dis que la vie là-bas, donc dans cette forêt, était ...magique et que tu aurais préféré y rester...

Je m'arrête le temps d'observer un papillon tout droit sorti de mon imagination qui volète près de nous.

— Personnellement, je la trouve belle oui, elle me fait même penser à Aiden, mais je préférerai mille fois être dehors. Ou au moins voir ce qui s'y passe.

— T'as qu'à essayer, défit-elle.

J'essaie une nouvelle fois, mais rien n'y fait et comme elle dit cela me fatigue de tenter l'expérience. Je me sens épuisée au point que j'aimerai me rendormir là, tout de suite. Elle contrôle tout... Tout, confirme-t-elle fièrement. Jusqu'à la prochaine pleine lune ... Qui sait ? Je serai peut-être capable de te garder enfermer ce jour-là aussi. Je suis assez forte contrairement à toi.

Je ne réponds pas, parce qu'elle sait exactement quoi dire pour me faire mal. Qu'elle puisse lire dans mes pensées est déloyale. Il n'y a que la vérité qui blesse.

— Je pourrais t'appeler Lou, ça ne te changera pas beaucoup... et on est coincé ensemble alors tu devras faire avec ma faiblesse et moi avec... Lou

— Si ça te fait plaisir... 

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