Chapitre 47 pdv Kayla


Il me laisse seul en me promettant de revenir me voir rapidement. Il ne ferme pas la porte à clef comme si c'était une mesure inutile ou peut-être pour me lancer un défi.

Je me recroqueville dans un coin de la pièce pour mettre plus de distance entre lui et moi, même s'il est déjà parti. Comment a-t-il fait ça ? m'empêcher de résister, me forcer à retourner dans la chambre ? Je n'ai jamais entendu parler d'un tel pouvoir.

Mais ce qui me choque le plus c'est la parenté d'Aiden avec ce monstre. Parce que c'est un monstre. Son sourire de psychopathe, comme s'il jubilait de mon désarroi. Il ne peut pas être plus différent de son frère.

Aiden a un frère. Pourquoi je n'apprends ça que maintenant ? Pourquoi il me l'a caché ? Il aurait dû me le dire. Je suis sa Luna ou je suis censé l'être...C'est le genre de chose qu'on ne cache pas ! Je lui ai bien parlé d'Hannah. Oh Aiden ! Si seulement tu pouvais être là !

J'essaie de toutes mes forces de le contacter avant de me souvenir que ce n'est plus possible, même s'il s'était trouvé en face de moi... A cause d'elle, notre lien n'est plus aussi fort qu'avant et elle m'empêche de lui parler.

Mais aujourd'hui, elle n'est pas là. Il ne reste que moi. Je ne sais pas pourquoi même si c'est déjà arrivé. Quand j'étais avec Key. Oh s'il pouvait être là lui aussi ! S'ils pouvaient être là tous les deux !

Je n'y arriverai pas toute seule. J'ai besoin d'eux.

Ils sauraient quoi faire. Ils m'expliqueraient pourquoi elle est là. J'aurai dû le leur en parler mais Luke disait que les histoires des chasseurs devaient rester entre nous. Et puis, chaque fois que j'ouvrais la bouche pour le leur avouer, elle me hurlait de me taire. Et maintenant ça !

Je me retrouve coincé ici sans savoir comment j'y suis arrivée. Encore. Seulement, cette fois, je n'ai ni Luke ni David pour me venir en aide. Comme je regrette de leur avoir demandé de tenir Aiden à l'écart de nos échanges. Comme je regrette de ne pas le leur avoir avoué !

J'en viens même à regretter qu'elle ne soit pas là, même si tout est de sa faute. Elle m'aurait expliqué, non sans agressivité. Ou peut-être pas. Elle aimait me parler par énigme. Ce n'était rien d'autre qu'une double personnalité diabolique qui n'avait pour objectif que de me pourrir la vie.

- Mais je ne te laisserai pas faire, grommelé-je autant pour elle que pour moi.

Peut-être qu'elle m'entend d'où qu'elle soit. Il faut qu'elle sache que ce n'est pas elle qui commande mais moi. Du moins pour vingt-quatre heure d'après ses dires. Et je ne resterai pas vingt-quatre heures dans cette pièce.

Avant de perdre mon courage, je me plante devant la porte pour écouter l'éventuel présence des deux autres. Je n'entends rien, ce qui n'est pas forcément bon signe. Les loups peuvent se montrer particulièrement silencieux. Mais je prends le risque et ouvre la porte.

Je tourne la tête à droite et à gauche. Personne.

Cette fois-ci je tente ma chance à droite, en refermant derrière moi. Si les ascenseurs doivent mener en bas, je préfère ne pas les prendre une nouvelle fois. Il doit forcément y avoir des escaliers de secours ou quelque chose dans ce genre-là.

Je marche sur la pointe des pieds, en essayant de me faire oublier. Ce n'est rien qu'une partie de cache-cache avec un psychopathe. Un psychopathe et toute sa meute.

Je ne croise pas âme qui vive, comme si j'étais la seule dans cet immeuble. Rapidement, je finis par trouver des escaliers et je n'hésite pas une seconde avant de m'y lancer. Je descends plusieurs étages avant de rejoindre le rez-de-chaussée.

Personne.

Je pourrais sourire pour ma chance mais je n'en fais rien. Je sens que quelque chose cloche, c'est trop suspect.

En sortant, je découvre que les rues sont vides, complètement. J'avais pourtant aperçu du monde de ma fenêtre mais il n'y a plus personne maintenant. Il y a des traces de présence humaine ici et là, un café abandonné encore chaud, une trottinette, des sacs. Ce qui confirme mon intuition. Ce n'est pas normal. C'est trop étrange et ça rend ma fuite trop facile.

Néanmoins, je tente ma chance. Je n'ai rien à perdre. Les panneaux ne m'indiquent pas le nom de la ville, seulement celle des rues. Je m'engage sur la droite, dans la rue principale, en prêtant l'oreille à tous les bruits étranges.

A chaque intersection, je m'arrête pour regarder de chaque côté mais c'est une véritable ville fantôme.

Quand j'en viens à me dire que je suis tirée d'affaire, que je vais pouvoir rentrer à la maison, je tourne dans la grande place, où une foule me fait face et ne regarde que moi. Je me fige, stupéfaite. Ils doivent être plus de 10000, toute la ville, regroupée en un seul lieu.

- Et voilà notre invitée d'honneur, pile à l'heure, petite Luna, félicite une voix que je reconnais immédiatement.

Aaron est sur une estrade, il n'a pas de micro, il n'en a pas besoin. Le silence règne, ce qui explique pourquoi je ne les ai pas entendus plus tôt.

- Approche...

Et même si je n'ai aucune envie d'y aller, mon corps obéit de lui-même, encore. La foule se divise en deux pour me laisser passer. Ils me dévisagent tous mais je ne reconnais pas un seul visage.

- Tu as aimé la mise en scène ? Je me doutais bien que tu finirais par ressortir, je voulais faire quelque chose de spécial rien que pour toi...

Quand j'arrive à l'estrade, il me tend galamment la main. Deux personnes m'aident à monter et je me retrouve propulser sur la scène, à ses côtés.

- Mesdames et messieurs, clame-t-il à l'assemblé, je vous présente Kayla Ridel ! Celle grâce à qui tout ceci est possible...

Des applaudissements surgissent de toutes part, suivie de cries stridents et de hourras retentissants. Je suis acclamée comme un Messi devant ses disciples et je n'aime pas ça, pas du tout.

Dans le regard d'Aaron, j'aperçois encore la même lueur que tout à l'heure. Je suis exactement là où il voulait que je sois. Je suis la proie. Il est le prédateur et le piège vient de se refermer sur moi.

- Qu'est-ce que je fais ici ? réussis-je à grommeler.

Je murmure presque mais ses oreilles de loup m'entendent, rien ne lui échappe tout comme à l'assemblée qui me fait face. Ils n'ont d'yeux que pour moi, mais je ne m'attarde sur aucun visage car ils me font tous peur. Tous sauf un, Aaron. Lui, il me terrorise.

- Je te l'ai dit, princesse...susurre-t-il en approchant sa bouche de mon oreille, tu es là pour m'aider... enfin, elle est là pour m'aider, toi, tu ne me sers à rien, annonce-t-il avec fierté.

Je devrai être blessée qu'il me pense inutile. Je devrai lui dire que ce n'est pas le cas, que je suis forte à ma manière. C'est ce que j'aurai fait avant. Seulement, maintenant, tout ce que j'entends c'est ce petit surnom ridicule que m'avait donné Key et l'entendre dans sa bouche me révolte.

- Ne me touche pas ! craché-je en le repoussant de toutes mes forces.

Pour ma plus grande stupéfaction, il tombe au sol en se trainant sur deux bons mètres comme Aiden lorsque je l'ai propulsé au mur. Dans la foule, un murmure étonné se fait entendre. D'un bond, il se redresse, vert de rage. Pourtant, il refoule sa colère et fait face à sa meute.

- Voilà celle que je vous ai promis et elle se battra avec nous ! lance-t-il à la cantonade. Quant à toi, mon ange, tu vas regretter ce que tu viens de faire, amèrement...

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