Chapitre 32

— Rappelle-moi, en quoi c'est une bonne idée ? grommelé-je en sentant tous les regards sur moi.

— Tu ne peux pas quitter le lycée comme ça, indique David en souriant poliment à quelqu'un, surtout lorsqu'ils ne font que soupçonner qui tu es réellement.

— Il a dit qu'il me présenterait officiellement, rétorqué-je.

— Oui, mais il faut le faire correctement, explique-t-il.

Tout le monde me fixe, j'ai l'impression d'être devenue une attraction. Je fais comme on m'a dit, je marche à côté de David, la tête haute, comme si je n'avais pas piqué une crise hier en pleine classe.

Dans les couloirs, j'aperçois Sarah, Maelys et Cassy qui se figent en me voyant à leur tour. Sarah fixe David sans parvenir à le lâcher des yeux. Mes lèvres forment un sourire poli et je passe devant elles sans m'arrêter. Je ne leur en veux pas réellement, disons juste que je ne suis pas encore prête à faire comme si elle ne m'avait pas espionné pour Aiden.

De toute façon, je ne suis pas là pour elles aujourd'hui. Je suis là pour être une élève normale. Durant une seule et dernière journée, le temps de prévenir la directrice et mes professeurs de mon départ.

Comme convenu, David me laisse entrer en classe seule et se charge du côté administratif. Je m'installe à la même place que d'habitude, au fond à droite, en sortant mes affaires. Les élèves qui sont déjà en classe me regardent tout en essayant de faire comme si ce n'était pas le cas.

Contre toute attente, Justine revient à l'attaque.

— Déjà de retour ? D'habitude tu prends toujours deux ou trois jours en pleine semaine, s'étonne-t-elle avec sarcasme.

— Ne t'inquiète pas, Ju, je ne reste pas longtemps.

— Ça m'aurait étonné tiens, pouffe-t-elle.

— Tu fais ça avec tous les nouveaux ? demandé-je intéressée. J'ai fait quelque chose comme quatre jours de classe et quoi ? Tu ne peux pas me voir ou tu as juste besoin de montrer qui commande ici ?

— Sans doute un peu des deux, fit-elle en souriant. Comment tu fais ?

— Comment je fais quoi ? répété-je agacée.

— Regarde autour de toi, indique-t-elle, personne ne te vient en aide. Pourquoi ? Parce que je les dissuade de s'approcher, répond-elle à sa propre question. Tout comme je te dissuade de me répondre et pourtant... ?

— Et pourtant... rétorqué-je pour lui prouver que je peux lui répondre. Tu ne dois pas être si forte que ça...

— Ou c'est toi qui es bizarre, conclue-t-elle dans un haussement d'épaule. Entre nous, je penche plutôt pour ma proposition. Tout concorde.

Elle a peut-être trouvé, elle sait peut-être qui je suis.

— Je ne savais pas que tu te dirigeais vers un métier d'enquêtrice, fais-je de manière provocante, j'ai toujours pensé que tu voulais être bêta.

— Très drôle, nargue-t-elle, tu n'es pas vraiment humaine , c'est ça ?

Je manque de rire face à sa grande trouvaille. Moi qui pensais qu'elle savait que j'étais la Luna.

— Tu ne sens pas comme les autres de la classe, poursuit-elle, alors il ne reste qu'une option. Si tu n'es pas humaine et si tu n'es pas louve, tu es forcément quelque part entre les deux. Une chasseuse de loup ?

— Qu'est-ce que ça peut-te faire, Justine ?

— Bingo ! s'exclame-t-elle ravie. Alors, qu'est-ce que tu fais ici toute seule ? Les chasseurs gardent précieusement leur petit soldat normalement...

J'aimerai l'arrêter, parce que je sens qu'elle s'apprête à dire quelque chose que je ne vais pas aimer. Il faut que je me contienne. Aiden et David me l'ont assez répété ce matin, il faut que je me montre calme et posée pour leur montrée que je serais une bonne Luna.

— A moins qu'ils n'aient pas voulu de toi, comme pour l'autre là, grommèle-t-elle en désignant quelqu'un dans le vide. Pas intéressante... pas assez forte... trop... faible.

Un sourire éclair son visage, elle semble avoir trouvé le point sensible sur lequel elle veut appuyer. Ne pas craquer, surtout ne pas craquer.

Elle se penche près de moi, ses yeux dans les miens et chuchote avec le sourire aux lèvres.

— Alors y'a que papa et maman qui voulaient de toi ?

Mon bras réagis avant moi. Il s'empare de son cou et la plaque sur la table. Sans que ni elle, ni moi ne puissions rien y faire. Un craquement sonore retenti quand sa tête heurte le bureau. Je me recule effarée en me levant de ma chaise.

Un attroupement se forme autour de Justine qui a le nez en sang.

Je suis tellement horrifiée par ce que je viens de faire que je ne réagis pas tout de suite quand Sarah s'approche de moi. Sa main sur mon épaule me ramène dans la réalité.

— Ça va, Kayla ? demande-t-elle inquiète.

— Je... je suis désolée, bégayé-je, j'ai... j'ai pas fait exprès...

— On va commencer par sortir d'ici, indique-t-elle en maitrisant la situation.

J'entends vaguement Justine me traiter de tous les noms pendant que je sors de la salle, escortée par Sarah. David nous surprend au moment où nous passons la porte.

— Qu'est ce qui s'est passé ? J'ai senti l'odeur du sang.

— Ce n'est pas le mien, grommelé-je la tête ailleurs.

Lui, comme elle, ne répondent rien. Ils décident qu'il vaut mieux me ramener à la maison et nous sommes sur la route sans que je ne m'en rende compte.

Dès que la voiture s'arrête, j'ouvre la portière et monte directement dans ma chambre. Au dernier moment, je bifurque dans celle d'Aiden et je m'installe immédiatement dans son lit. Assise, je rapporte mes jambes contre mon corps en les encerclant de mes bras, tête sur les genoux. Puis, dans un silence complet, j'attends. 

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