Chapitre 20
Je me réveille au moment où Aiden passe le seuil de la porte d'entrée. Il a dû avoir du mal à atteindre la poignée avec moi dans ses bras. Il me tient toujours aussi chaud, c'est tellement agréable.
— Bien dormi ? chuchote Aiden.
— J'ai l'impression d'être toujours aussi fatiguée...
— Je pense que tu as encore du mal avec le transfert d'énergie, de toi à Ewen, de moi à toi. Tu n'y es pas habituée, c'est normal.
— J'ai toujours donné mon énergie à Ewen, glissé-je doucement tandis qu'il commence à monter les escaliers.
— Donner et recevoir sont deux choses différentes, rappelle-t-il sans aucune trace de colère ni d'agacement.
— Et ton énergie d'Alpha n'est pas compatible avec mon énergie d'humaine...
— Tu es mon âme-sœur, je suis 100% compatible avec toi.
— Et tu sens bon en plus.
Aiden s'arrête un instant et je me rends compte de ce que je vins de dire. Je rougis jusqu'aux oreilles et je me cache vainement dans son torse. Ce faisant, je me retrouve nez contre sa peau, respirant son odeur enivrante. Ce n'est pas juste de sentir aussi bon. « Ton odeur est aussi envoutante pour moi, que la mienne l'est pour toi. »
— Parce que je suis ton âme-sœur ? demandé-je avec timidité.
Il acquiesce tandis que nous arrivons dans la salle de bain. Il me dépose sur le meuble du lavabo. Je suis à sa hauteur, ses yeux sont dans les miens, nos souffles se mélangent.
— Comment tu as su que c'était moi ? On nous a dit que c'était une histoire de regard mais tu as su sans me regarder, tu étais déjà là devant moi et nos regards ne s'étaient pas croisés.
Il écarte une mèche qui tombe sur mon visage avant de répondre et se rapprocher un peu plus. Cette fois, nos nez se toucheraient presque. Ses bras sont dans mon dos, me tenant plus près de lui. Les miens viennent entourer sa nuque.
— Key l'a sentie en premier, notre lien, et ensuite, je n'ai plus eu envie de te quitter. Je voulais passer chaque seconde, de chaque minute, de ma vie avec toi.
— Je passerai chaque seconde de chaque minute de ma vie avec toi, Aiden, affirmé-je sans aucune hésitation.
Je l'embrasse en première et il répond aussitôt comme si nous n'avions attendu que ça. Ses bras collent mon corps contre le sien. Ses mains passent sous mon t-shirt tandis que les miennes explorent son torse à loisir. Je ne veux pas le lâcher, je ne veux pas que ce baiser s'arrête. Je suis dépendante de ses lèvres.
Il prononce mon prénom, je chuchote le sien.
Doucement, il interrompt notre baiser et s'éloigne de moi. Instinctivement, je romps la connexion entre son esprit et le mien. Je sais ce qu'il va dire ou faire et je n'aime déjà pas. Un dernier baiser est posé délicatement sur ma joue, presque au coin des lèvres. Un baiser sans passion, sans chaleur, un baiser qui dit stop.
— Tu devrais prendre une douche, tu vas attraper froid.
Je le laisse sortir de la salle de bain sans dire un mot. Il referme la porte derrière lui. C'est génial. Vraiment génial. Je me sens comme une idiote et pire que tout, je me sens frustrée. Aiden, je te déteste, je te hais.
Je retire sa veste trempée et mon t-shirt qu'il avait commencé à soulever. J'ai froid, je claque des dents, sa chaleur m'a quitté. Ce n'est que lorsque j'allume le pommeau de douche que je me rends compte que j'ai fait exactement ce qu'il m'a dit de faire. Je pousse un grognement de rage que je contiens dans ma bouche. Je te déteste, idiot de loup !
Je me douche en moins de trois minutes, en claquant des dents tout du long. De rage et de froid. Je me demande si je vais lui dire ses quatre vérités en sortant d'ici ou si je vais jouais au silence radio jusqu'à ce qu'il cède.
Je n'ai pas de vêtement propre dans la salle de bain alors je m'enroule dans une longue serviette qui m'arrive au-dessus du genou. Je me fiche de mes cheveux mouillés qui dégoulinent par terre. J'ai choisi la première option, la confrontation.
— Aiden... commencé-je en entrant dans le bureau.
Mais personne ne s'y trouve. Pas plus que dans sa chambre ou même dans le salon. Il a quitté la maison.
— Non mais je rêve ! m'exclamé-je ahurie. Aiden, tu ne paies rien pour attendre.
Je remonte dans ma propre chambre, en passant par le dressing pour attraper des vêtements au hasard. Je te déteste. Je te déteste. Je te déteste. Je répète ses trois petits mots pendant que je m'habille et coiffe mes cheveux.
Mon sac à dos a été ramené et se trouve près de mon bureau. J'ai menti à Aiden, j'ai dit que je n'avais pas eu de devoir supplémentaire mais Sarah m'a appris que notre prof de math aimait bien faire des contrôles surprises le vendredi. Demain. Je prends les cours qu'elle m'a passé et je décide de réviser.
J'ouvre brusquement mon cahier, attrape une feuille de brouillon et m'empare de ma calculatrice. Si je dois refaire tous mes exercices jusqu'à ce qu'Aiden revienne, je le ferais. Et il regrettera d'être partie comme ça.
J'arrive à oublier tout, même le temps et la faim. J'adore les maths. Ma colère s'amenuise au fur et à mesure des exercices, particulièrement avec les plus compliqués. Quand j'entends sa voix, je sursaute à peine.
— Tu es vraiment très belle, déclare-t-il derrière moi.
Il est sur mon lit, il a dû rentrer à pas de loup. Je manque de rire suite à ma remarque mais je conserve mon sérieux. Je suis en colère, très en colère et ce n'est pas un compliment qui va arranger les choses.
Je me retourne et le découvre, tête posée sur la rambarde de mon lit, comme s'il était là depuis longtemps. J'ai envie d'être en colère, j'ai vraiment besoin de l'être. Mais maintenant qu'il est là, que je le regarde dans les yeux, je n'en ai plus la moindre envie. Malgré tout, je garde mon esprit pour moi seule. Je ne veux pas qu'il lise dans mes pensées.
— Tu as fini tes exercices ? demande-t-il.
— Oui.
Il m'en reste encore deux dans le manuel mais j'estime avoir fait plus que ce qui était nécessaire.
— Martin a fait un gratin de pâte au saumon, poursuit-il. On peut le faire réchauffer et manger un morceau.
— Ok.
— Tu as bien mangé à midi ? J'ai oublié de te poser la question.
— Oui, très bien.
Cet échange complètement inutile me ferait presque rire, presque. J'attends qu'il craque en premier.
— Tu n'as plus froid ?
— Non, c'est bon.
Mes cheveux mouillés ne me tiennent pas très chaud mais inutile de le préciser. Nous nous fixons mutuellement. Je crois qu'il est arrivé à cours de question débile.
— Tu veux bien t'approcher un peu ? demande-t-il.
Je hausse les épaules, ni un oui, ni un non. Il prend une décision pour moi et d'un geste de la main, l'une des branches qui est accrochée à mon lit s'étend, grandit, et vient s'accrocher à ma chaise. Puis la branche tire et les petites roulettes s'actionnent. Il sourit fière de son effet et je ne peux pas m'empêcher de faire de même tandis que je me rapproche malgré moi de lui.
L'odeur de la nature, des fleurs sauvages, de l'herbe verte emplie toute la pièce avec délicatesse. J'avais oublié à quel point son pouvoir était magnifique, à quel point il était magnifique. « Aiden. » « Kayla.» répond-il dans mon esprit. Je le laisse me parler dans ma tête mais pas lire dans mes pensées, cela demande énormément de concentration.
— Je suis désolé si je t'ai blessé en partant comme ça. C'est la seule solution que j'ai trouvé.
— La solution à quoi ?
Seuls nos genoux se touchent, il garde ses mains sur lui et je garde les miennes sur moi. Pour autant, j'aimerai le toucher, de mille façons différentes.
— Au désir que j'éprouve pour toi, réplique-t-il en s'excusant avec ses yeux. Si on commence, je ne suis pas sûr de pouvoir m'arrêter.
Je prends le temps de réfléchir avant de lui répondre.
— Je ne suis pas sûre... de vouloir... que tu t'arrêtes.
Aiden sourit, d'un sourire triste.
— Tu ne comprends pas...
— Explique-moi...
— On n'a pas besoin de faire l'amour pour accomplir un lien, il suffit de nous mordre l'un l'autre, toutefois l'accomplissement du lien est tellement intense qu'on ne peut presque pas y résister. De la même façon, il m'est difficile de t'aimer à ce point et en même temps de résister au lien. Les deux sont extrêmement reliés.
— Et je ne veux pas du lien... pour l'instant ! m'empressé-je de rajouter devant son air peiné.
« Je le ferai, c'est promis. Mais pas tant que je n'aurai pas récupéré Hannah » « J'y travaille, j'ai toute une équipe dessus à Naya, on avance doucement mais on n'a rien de concret pour l'instant ». J'acquiesce, je lui fais totalement confiance pour cela. Je pousse un profond soupir. Pas de lien, pas de sexe. Je ne peux pas m'empêcher d'être déçue.
— Viens là, s'amuse Aiden en m'invitant dans ses bras.
Je m'élance sans attendre et il me serre contre lui.
— Ma princesse... ma Luna...
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