Chapitre 2

Des loups, du sang. Du sang partout. La forêt est si sombre mais la neige m'entoure. J'ai peur. Papa, Maman réveillez-vous ! Réveillez-vous, je vous en supplie ! J'ai tellement peur !

— Kayla !

Maman ! Réponds-moi je t'en prie ! Ne me laisse pas !

— Kayla, réveille-toi !

J'ouvre les yeux en panique. J'ai chaud, tout mon corps transpire. La pièce est noire, tellement noire que je ne vois rien. Quelqu'un me retient les mains. Une voix familière chuchote à mon oreille.

— Kayla, c'est fini. Ce n'était qu'un mauvais rêve. Calme-toi...

— Riley !

Il m'aide à me relever doucement, je bois le verre d'eau qu'il me tend et prends le temps de récupérer mon souffle. Il reste à côté de moi tout du long. Riley a toujours été près de moi depuis mon arrivé ici. Le premier à avoir su pour mes cauchemars et le seul à avoir su me réveiller. Les premiers temps on se rendormait ensemble mais plus je grandissais et moins je parvenais à retrouver un état de sommeil.

— Ça va ? murmure la voix de Maria, sa compagne et mère d'Ewen.

Elle est dans l'encadrement de la porte, les yeux fatigués, prête à aller se recoucher immédiatement.

— Ewen s'est rendormi ? demandé-je

— Oui, je ne sais même pas s'il s'est rendu compte qu'il s'était réveillé, s'amuse-t-elle.

Je souris moi aussi. Je regarde l'heure sur mon réveil et je constate que je me suis réveillée bien plus tôt que d'habitude, sûrement à cause des évènements de la veille. Malgré tout, je sais qu'il ne sert à rien d'essayer de me rendormir, ce ne serait que du temps perdu.

— Tu veux qu'on en parle ? propose Riley.

On sait tous les deux qu'ils ne parlent pas de mon cauchemar.

— Non.

Mes pieds me sortent de mon lit et, tout en remerciant mes deux sauveurs, je les pousse, très facilement, à aller se recoucher. Ils supportent presque autant que moi mes terreurs nocturnes depuis le temps...

En silence, je m'habille rapidement. Je prends le temps de vérifier qu'Ewen n'a besoin de rien, qu'il est toujours endormi et je sors dehors, dans la nuit noire.

L'air frais de la forêt me fait pousser un soupir de soulagement. Seulement, il n'y a que la marche qui va me permettre de retrouver la paix.

Arrivée au bord du territoire, après une heure et demie de marche, je décide de m'asseoir un peu, épuisée. Sans que je ne m'en sois rendue compte le soleil est apparu derrière moi, réchauffant toutes les parcelles de mon corps.

Une branche craque derrière mon dos et en me retournant j'aperçois cet alpha qui vient de pourrir mon existence. Au vu de son expression, il se trouvait surement là depuis un moment. Il s'immobilise immédiatement lorsque qu'il croise mon regard et il me regarde d'un air extrêmement coupable, pris en flagrant délit.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Tu m'as suivi ? craché-je en me relevant immédiatement sur la défensive.

— Oui, je suis désolé... déclare-t-il avec une franchise étonnante. Je ne voulais pas te faire peur...

— Je n'ai pas eu peur, le coupai-je immédiatement. Tu n'as rien à faire ici, va-t'en.

Je prends la route du retour en espérant qu'il retourne d'où il vient. A mon grand désespoir, je l'entends qui me suit au travers de la forêt. Sans ajouter un mot, je croise les bras et le foudroie du regard.

— Tu vas bien ? me demande-t-il finalement.

Je ne réponds pas.

— Mon loup m'a réveillé, explique-t-il inquiet, il a senti que tu n'allais pas bien, pourquoi étais-tu aussi perturbée ?

Il me pose sérieusement la question ?

— Oh... Je ne sais pas moi... déclaré-je avec sarcasme, cela vient sans doute du fait qu'un inconnu me suit au beau milieu de la nuit, en prétextant qu'il connait la moindre de mes émotions et qu'il pense pouvoir les régler comme s'il était une personne importante dans ma vie, sauf que non en fait, pas du tout, tu n'es rien.

— Je suis ton âme-sœur.

— Pas si je décide le contraire, lancé-je avec défie.

De nouveau, ce voile de tristesse dans ses yeux. Je lui retourne un regard noir, fière de l'effet de mes mots. C'est vrai, j'ai le choix après tout. Maria aussi pouvait refuser son union avec Riley. Elle a même d'abord commencé par le faire. Les humains peuvent choisir avec qui ils veulent être, contrairement aux loups.

Ce gars me rend folle, et pas dans le bon sens du terme. J'aimerai qu'il me laisse tranquille, j'aimerai retrouver la vie que j'avais hier matin, tout était tellement mieux à ce moment-là.

— Laisse-moi tranquille, vas-t-en !

Je lui crie littéralement dessus, faisant s'envoler les oiseaux les plus proches.

— Je ne peux pas, refuse-t-il catégoriquement, est-ce que tu te rends compte que ça fait des heures que tu te balades seule dans une forêt ? Je ne partirai pas temps que je ne te saurais pas en sécurité.

— Pas si seule que ça de toute évidence... raillé-je en aparté. Tu peux partir tout de suite. On est sur le territoire de Riley. Aucun de ses loups ne me fera du mal. La seule personne qui soit un danger pour moi c'est toi !

— Jamais...jamais je ne te ferais du mal.

La façon dont il prononce ces mots, comme si l'idée lui paraissait inconcevable, me laisse perplexe quelques instants mais je reprends vite mes esprits et continue ma marche.

Aiden me retient par le bras et grogne non pas à mon encontre mais à celle d'un loup qui se trouve devant nous. Je reconnais immédiatement David, le premier bêta de Riley, qui lui grogne dessus en retour.

— Arrête ça tout de suite ! ordonné-je en pestant contre Aiden.

Je m'écarte de lui pour lui signifier que je n'ai pas besoin de sa protection.

— Tout va bien, David, rassuré-je.

Il acquiesce et reprend forme humaine. Il regarde Aiden avec tout le respect qu'on doit à un alpha mais aussi toute la méfiance qu'on doit à un étranger.

— Aiden Fuller, déclare-t-il cérémonieusement, au nom de mon alpha, puisque vous vous trouvez sur notre territoire sans autorisation, je vous demande de vous présenter aussitôt à la demeure principale.

Aiden ne proteste pas, visiblement il est conscient d'enfreindre l'une des premières lois des loup-garou. Aucun d'entre eux n'est autorisé à franchir le territoire d'une autre meute sans autorisation sous peine de sanction, voir même de peine de mort et les Alpha ne font pas exception à la règle.

— Bien.

Il me regarde une dernière fois, incline sa tête à la manière d'un gentleman en me gratifiant d'un sourire charmeur qui me donne envie de vomir. Puis, il se transforme en loup et part plus vite que je ne saurai le décrire.

David repart lui aussi et je profite de ce vrai moment de solitude pour reprendre mon parcours de retour, légèrement perturbé par cette interaction. J'arrive une heure plus tard devant la demeure et je découvre un spectacle des plus ahurissant. Aiden et Riley assis face à face à la table du salon, le premier me regarde d'un sourire victorieux et le second m'évite. Et c'est ce qui m'inquiète le plus.

Je connais cette tête, son fils a hérité de la même. Il a fait une bêtise et il le sait parfaitement.

Après un signe d'acquiescement, Aiden prend congé me laissant enfin seule avec Riley. Pitié dite moi qu'il n'a pas fait ce que je pense ! Pitié ! Il avait promis qu'il ferait ce que je voudrais !

— Bon... commence-t-il avec hésitation, j'ai fait quelque chose qui va très probablement te déplaire...

Pitié ne me dis pas ce que je ne veux pas entendre, tu ne peux pas me faire un truc comme ça, pas toi...

— J'ai créé une alliance avec la meute d'Aiden, lâche-t-il d'un seul coup.

Je pousse un soupir de soulagement après avoir retenu mon souffle jusque-là. La pression redescend d'un seul coup et avec elle arrive la colère.

— Mais tu te fous de moi ? Tu m'as fichu la frousse de ma vie !

Je commence à le taper gentiment sachant pertinemment que ce n'est pas ma force de moineau qui va lui faire mal.

— Ça ne te dérange pas ? demande-t-il ahuri en retenant mes poignés, sans doute plus pour que j'évite de me blesser.

— Bien sûr que non, pour qui tu me prends ? soufflé-je. Je sais que les temps sont difficiles pour la meute. Vous êtes puissant, certes, mais ce n'est qu'une question de temps avant qu'Arden ne nous attaque encore. Je ne veux pas revivre ce qui s'est passé la dernière fois autant pour Ewen que pour les autres membres de la meute.

La joie se lie clairement sur son visage et il me prend immédiatement dans ses bras faisant décoller mes pieds du sol.

— J'avais si peur que tu m'en veuille, confie-t-il contre elle.

— C'est ce que j'ai failli faire ! J'ai cru que tu allais me forcer à accepter le lien !

— Quoi ? Non, jamais ! Je te laisse faire tes propres choix et je te soutiens dans tous les cas. Même si je comprends exactement ce qu'il ressent...

Moi aussi, je sais. Quand Maria a refusé Riley, je l'ai vu dépérir sous mes yeux et je ne pouvais rien faire pour l'aider.

— Tu sais... reprend-il, avec cette alliance, il va passer du temps ici. Beaucoup de temps...

Il prend le soin de bien choisir ses mots.

— Tu ne pourras pas refuser indéfiniment... Je n'étais pas encore un alpha quand Maria m'a rejeté mais, pour lui, ce sera différent.

Je reste dans mon silence. Je sais déjà tout cela... Si le loup est un alpha, cela engendre des conséquences terribles sur sa meute en plus de l'affecter plus rapidement. S'il venait à mourir, cela entrainerait des guerres de succession et, de ce fait, de nombreux mort. Tout cela par ma faute...

— Je ne te forcerai jamais à faire ce que tu ne veux pas faire, poursuit-il. Sache que je serai toujours de ton côté, peu importe ta décision.

— Je ne peux pas, Riley. Tu le sais bien.

— Oui. Je comprends, assure-t-il. Cependant, en tant qu'allier d'Aiden, je me dois de te préciser que c'est un bon parti... finit-il sur le ton de la plaisanterie. Non sérieusement, c'est un jeune Alpha qui a été choisi par sa meute ce qui veut dire beaucoup.

— Pourquoi a-t-il été choisi ?

— Ce n'était pas lui l'héritier direct, mais l'alpha en charge voulait lui donner son territoire à sa mort et il a aussi hérité d'un autre territoire à la mort de son propre père.

Je ne m'étonne pas que ses parents soient morts, s'il est déjà Alpha à son âge, il n'y que cette raison. Tout comme Riley qui a hérité de son père, Aiden a hérité du sien. C'est le lot des loups. 

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