— Bon, tu te souviens des consignes ? demande-t-il avant de me laisser sortir.

— Bien sûr, que je m'en souviens, tu me les répètes depuis hier.

Ne surtout pas dire que je suis la futur Luna, même si je ne l'aurais pas dit de toute façon. Bien trop prétentieux comme présentation. « Oui et ? » Ne pas dire que j'habite avec l'alpha, ça non plus je ne l'aurai pas dit. « hum hum » acquiesce-t-il. Parler de l'alpha en tant qu'alpha et non pas en utilisant ton prénom, ce qui serait trop familier et trahirait la règle numéro 1. « tout à fait ». Ne pas dire que je connais Mavis ou Justin, membre trop important de la meute, cela conduirait aussi à trahir la règle numéro 1. « Mavis, tu peux, tout le monde la connait, elle est très célèbre dans la meute, ce serait même étrange que tu ne la connaisses pas ». D'accord. Ensuite, la règle la plus importante et qui surpasse toutes les autres : envoyer un message toutes les heures avec mon nouveau téléphone pour te dire que je vais bien et que je ne suis pas morte.

— Toutes les heures ! insiste-t-il durement.

— Oui, monsieur, toutes les heures. Seulement, je doute de pouvoir user mon téléphone pendant les cours. Si je n'en avais pas avant, c'est bien parce qu'ils étaient interdits.

— Je leur dirais qu'il faut te laisser ton téléphone.

— Ce qui reviendrait à enfreindre ta propre règle... Si certains membres de ta meute sont au courant, ça reste encore un secret. Le directeur n'est pas au courant de mon lien avec toi.

— Non, il pense que tu étais à Naya et qu'il s'agit juste d'un transfert, tous les transferts passe par moi, il n'y a rien d'anormal. Officiellement, je suis ton tuteur légal, ce qui est le cas de tous les orphelins de mon territoire.

— Je ne suis pas sûr que tu prennes autant à cœur les intérêts de tous les orphelins de ton territoire.

— En fait, si. Mais je ne me déplace pas pour chaque rentrée scolaire. Je fais juste en sorte que chacun ait ce dont il a besoin.

— Combien y-a-t-il d'orphelin dans ta meute ?

— Peu, mais beaucoup trop selon moi. 7 à Caedge et 3 à Naya, humain et loup confondu.

Dix. Seulement dix, contre une trentaine à l'orphelinat d'Arden qui ne compte que les orphelins humains. Un territoire beaucoup plus petit et moins peuplé que Naya ou Caedge. Sauf qu'il a eu une guerre à Arden.

— Je ferais en sorte que ça n'arrive plus, promit-il.

— Tu serais d'accord pour que je les rencontre ? Les orphelins. Je pourrais peut-être les aider...

— Tout ce que tu voudras, déclara-t-il dans un doux sourire. Tu vas être en retard à l'école, regretta-t-il en l'embrassant avec passion.

— C'est toi qui m'empêches de m'y rendre, m'amusé-je en l'embrassant à mon tour. Et si on sentait ton odeur sur moi ? m'inquiété-je en me séparant de lui.

— Juste assez pour que les autres mâles se tiennent à distance de toi, approuva-t-il avant de se rapprocher pour me laisser un dernier baiser sur les lèvres. File, sinon je risque vraiment de ne pas te laisser partir.

Je vais pour ouvrir la portière de la voiture mais me retourne au dernier moment pour l'embrasser une dernière fois. « Souhaite moi bonne chance ! » « Tu n'en as pas besoin » glisse-t-il en accompagnant sa remarque d'un clin d'œil.

Je sors de la voiture en prenant soin que personne ne remarque la personne qui se trouve à l'intérieur même si les vitres teintées permettent de ne rien voir. Je me dirige d'un pas assuré vers l'accueil. « Même pas un regard en arrière, je suis vexé. » « C'est pour que tu puisses mieux reluquer mes fesses. ». Je sens qu'il est trop choqué pour répondre mais qu'il sourit aussi. « Key est ravie, il dit qu'il commence enfin à t'influencer » annonce-t-il après quelques secondes. « Va travailler, tu risques de me déconcentrer » grondé-je mais en souriant également. « Envoie un message toutes les heures »

— Bonjour, annoncé-je à la dame de l'accueil, on m'a dit de me présenter ici, je suis nouvelle.

— Kayla Ridel ? demande-t-elle sèchement.

— Oui, c'est exact, dis-je en essayant d'être la plus agréable possible.

Faire bonne impression pour ne pas faire tache à la meute, pour ne pas porter préjudice à Aiden. « Tu es magnifique, ils ne pourront que t'aimer ». « Va travailler ! » Je lui ferme mon esprit pour être sûr qu'il ne reste pas toute la journée sur le parking et tente de garder mon sourire face à la dame de l'accueil qui me regarde d'un œil mauvais. Je me demande si elle est humaine ou louve.

— Vous avez votre emploi du temps ?

— Oui, on me l'a communiqué hier.

Je le sors de ma poche afin d'être certaine d'avoir le bon mais elle n'y jette même pas un coup d'œil. Elle griffonne quelque chose sur un papier qu'elle me tend.

— Vous présenterez ce mot à vos enseignants en début de cours, ordonne-t-elle avant de répondre au téléphone et de me dire de partir d'un mouvement de main.

— Euh... merci !

Je m'éloigne du comptoir en essayant de garder un sourire.

— Elle est aimable, n'est-ce pas ? déclare une fille pétillante en se plantant à côté de moi. Tout le monde l'adore ici, la numéro un, heureusement qu'ils l'ont mis à l'accueil, qu'est-ce qu'on ferait pas sans son sourire chaleureux tous les matins ?

— Elle doit illuminer vos journées, continué-je sur le même ton.

Nous éclatons de rire au même moment puis nous nous éloignons un peu du hall d'entrée.

— J'ai entendu votre conversation, s'excuse-t-elle, tu es nouvelle ? Je m'appelle Sarah.

— Kayla, me présenté-je.

— Fais-voir ton emploi du temps, je me dois de réparer l'honneur du lycée.

— J'ai cours en salle A105, annoncé-je en sortant le papier, reconnaissante de recevoir une aide véritable.

— Avec M. Michel ? C'est génial on est dans la même classe ! Tu verras ce prof est top ! Non seulement, il est plus aimable que la secrétaire, mais, en plus, il donne envie d'apprendre !

Elle m'entraine dans les escaliers en ponctuant son discours de grand geste fou et démesuré.

— Vous faîte quoi en ce moment en science ?

— Les cailloux ! ça à l'air barbant et ça l'est, mais au moins il rend ça amusant ! Sinon, tu tombes sur une journée sympa, c'est bien pour un premier jour de cours et en plus le prof d'anglais est absent donc on a deux heures pour manger !

— Où est-ce qu'on voit les profs absents ?

— Dans le Hall, à côté de l'accueil, il y a une télévision, tu verras une fois qu'on sait qu'elle est là, on ne peut pas la rater ! T'étais où avant ?

— A Onward, dis-je avant de me souvenir que je n'étais pas sensé dire ça. Du moins, j'ai beaucoup voyagé... essayé-je de rattraper.

Dans un sens, c'était vrai, quatre territoires différents en 17 ans, même si mon séjour à Naya n'avait été que de courte durée. Ce n'est pas un parcours ordinaire, c'est même rare.

— Tu dois avoir vu des tas de cailloux dans ce cas, M. Michel va t'adorer ! Mince, ils sont déjà rentrés ! C'est fou ce prof arrive toujours en avance !

Elle me fait une grimace et nous nous dépêchons toutes les deux pour rentrer avant que la porte ne ferme. Nous atteignons notre but au moment où la sonnerie retentit, tout le monde est déjà assis.

— Encore en retard ? gronde le prof d'un air faussement terrorisant.

— J'ai une bonne excuse, monsieur ! s'exclame Sarah comme si elle s'adressait à un ami.

— Bonjour, dis-je en présentant mon fameux papier, je suis nouvelle.

— Ah oui ! On m'a prévenu. Bienvenue parmi nous, Kayla ! déclare-t-il chaleureusement. Sarah tu veux bien lui expliquer ce qu'on a fait depuis le début des cours ?

— A vos ordres professeurs ! s'exclame-t-elle en déclenchant les rires de la classe. Viens, on va s'asseoir au fond ! murmure-t-elle en m'entrainant.

Je prends le temps de lancer quelques sourires à ceux qui croisent mon regard. La plupart me le rendent, deux m'ignorent royalement. Sarah lève les yeux au ciel en le remarquant.

— Fais pas attention à sa majesté, chuchote-t-elle en se penchant vers moi, elle se croit trop importante pour frayer avec la populace et sa sous-fifre copie ses moindres fait et geste.

— Sarah ! prévient le prof.

— J'explique, monsieur, j'explique ! proteste-t-elle et je me fais violence pour ne pas sourire et approuver sa version des faits.

— Explique en silence dans ce cas ! propose-t-il en souriant sans être pour autant dupe de ses manigances.