Chapitre 11

Le lendemain, ou plutôt au beau milieu de la nuit, je me réveille couverte de sueur dans les bras de Aiden. Je ne me rends pas tout de suite compte qu'il ne s'agit pas de Riley, ni que je ne suis pas dans la même chambre que d'habitude. Il me faudra encore un peu de temps pour me faire à l'idée que j'habite désormais chez lui.

Maintenant, j'ai pris l'habitude de ces affreux rêves, je ne réagis pas face à eux de la même manière que dans mon enfance. Cependant, ils restent traumatisants et la présence de Aiden est plus que nécessaire, elle est vitale si je veux revenir à la réalité. Je m'accroche à lui et il est aussi doux que la veille. Il fait tout comme il faut.

Seulement, Aiden finit par se comporter d'une manière différente et qui me désarçonne. Il se rapproche et s'éloigne de moi, ne dit presque rien de manière orale. Il est agité mais semble tout faire pour que je ne m'en rende pas compte.

— Ça va ? questionné-je inquiète.

— Bien sûr ! Tu veux qu'on aille dehors ? propose-t-il soudainement joyeux.

— Il faut d'abord que je prenne une douche, rétorqué-je sceptique et me souvenant que je n'en ai pas pris hier.

— Je t'apporte des vêtements.

Il disparait dans le dressing quelques minutes, le temps pour moi de commencer à sortir de mon lit. Son comportement est des plus étrange. Je le rejoins juste au moment où il retourne dans la pièce, nous manquons de trébucher l'un sur l'autre.

— Je peux te porter si tu as dû mal à marcher ? taquine-t-il le sourire aux lèvres.

— Je crois que j'arriverai à descendre les escaliers comme une grande.

— Quel dommage...

Je descends un étage et il me suit comme s'il était tout à fait naturel qu'il soit derrière moi. Il va même jusqu'à me suivre devant la salle de bain mais je l'arrête avant.

— Je crois que je suis aussi assez grande pour prendre ma douche toute seule.

Je referme la porte sur son nez. « Quel dommage... » murmure sa voix dans ma tête. « Ne t'immisce pas dans ma tête maintenant ». Je lui envoie comme une gifle mentale, juste pour le faire sortir de là.

— Aie, répond sa voix étouffée par le mur.

— On peut faire ça ? C'est génial ! m'exclamé-je soudainement ravie de l'avoir expulsé.

Je l'entends rire et à cet instant précis j'aimerai savoir à quoi il pense, vraiment. J'aimerai être dans sa tête. J'entre dans la douche et découvre toute une panoplie de produit féminin. Tellement que je me demande combien de femmes vivent dans cette maison. « Juste une. » répond-il.

— N'entre pas dans ma tête ! crié-je à moitié hilare.

— C'est toi qui m'as laissé passer, rétorque-t-il innocemment.

— Ça ne veut pas dire que tu peux en profiter. Tu vas rester devant la porte ?

— Evidemment ! Imagine que tu tombes, il faut bien que quelqu'un vienne à ton secours !

— Il n'y a pas de branche, je ne risque pas de trébucher sur quoi que ce soit.

Pas de réponse de sa part. Je l'ai peut-être vexé en lui rappelant ce détail des branches, je regrette immédiatement mes paroles. « Aiden ? » appelé-je. Je me dépêche de me laver sans avoir aucun signe de vie de sa part.

— Aiden ? demandé-je en m'enroulant dans une serviette.

Seul le silence me répond. Il est parti ? J'ouvre doucement la porte de la pièce et le découvre appuyé contre le mur un sourire malicieux sur les lèvres.

— Tu me cherches peut-être ?

— Tu ne répondais plus.

— Ah bon ? me taquine-t-il en glissant son regard sur moi. Heureusement que tu es sortie pour voir si j'allais bien.

— Qu'est-ce que... ? questionné-je en suivant la direction de ses yeux.

Je prends conscience que je suis presque nue dans ma serviette et lui ferme la porte au nez encore une fois.

— Mais ça ne va pas ! m'énervé-je. Tu ne peux pas me reluquer comme ça.

— Je fais ce que je veux, t'es ma Luna.

— Je ne suis pas encore ta Luna, rétorqué-je.

— Réouvre cette porte et je te garantis que tu vas le devenir, susurre-t-il d'une voix séductrice.

Je n'aurais jamais dû venir ici ! Je croyais que Aiden était gentil mais il a juste attendu que je sois seule avec lui pour montrer sa véritable nature. Tout en réfléchissant à comment je pourrais m'en sortir, j'enfile les vêtements que Aiden m'a choisi. Je suis coincée dans la salle de bain mais je pourrais peut-être sortir par la fenêtre. Il fait nuit mais la pleine lune éclair bien la forêt...

— Bon sang ! m'exclamé-je me sentant idiote de ne pas y avoir pensé plus tôt.

— Quoi ? tu t'es blessée ? espère-t-il. Dois-je défoncer la porte pour te porter secours ? Dis-moi que tu n'es pas encore habillée ! Mieux dis-moi que je peux t'aider à te dévêtir...

— Tu n'es qu'un pervers !

— Tu n'aimes pas ?

— Comment t'appelles-tu ?

— Voyons, chérie, tu sais bien que je m'appelle Aiden.

— Je vivais chez des loups-garous, je sais très bien quel effet a la pleine lune sur vous. Dis-moi ton prénom, ordonné-je.

— Key, révèle-t-il après un court instant

— Je dirais bien que je suis ravie de faire ta connaissance, mais ce ne serait pas très honnête.

— Moi, je le suis. Il y a un moment que je rêvais de faire ta rencontre, mon humain aussi est heureux de t'avoir ici.

— Ton humain ? répété-je amusée.

— T'as fini ? On devait aller dans la forêt, non ?

— Avec Aiden.

— J'aurai été là de toute façon, balaie-t-il nonchalamment. Allez... susurre-t-il, sors de là. Je promets de ne pas te mordre.

— A quel moment, est-ce que vous avez changé ? Je suis sûr d'avoir été réveillée par Aiden.

— Quand il est allé te chercher tes vêtements, il n'a pas pu contenir l'attraction de la pleine lune plus longtemps.

J'acquiesce, mais je me rends compte qu'une porte nous sépare et qu'il n'a pas pu voir mon hochement de tête. « Key ? ». « Kayla. » « A part être un pervers, raillé-je, qu'est-ce que tu fais dans la vie? » « Je prends un malin plaisir à corrompre l'esprit d'Aiden, trop aimable à mon goût ». « Aiden est très bien comme il est » défends-je. « Je prendrai soin de lui répéter ».

— Il ne nous entend pas ? demandé-je.

— Non, aujourd'hui c'est ma journée rien qu'à moi.

— Comment ça fait... d'être deux dans le même corps ? Je commence à peine à vous avoir dans ma tête et je trouve ça déroutant.

— On a grandi comme ça, pour nous il n'y a pas d'autre manière de vivre.

— Où tu vas quand tu n'es pas là ? Où il est, là ?

— Il y a une sorte de dimension, comme une immense forêt, dans notre tête et c'est là qu'on se retrouve. Aiden aime bien y aller avec son don pour la nature.

— Et toi ?

— Je préfère la terre et tout ce qui s'y passe.

Surprenant que la partie louve souhaite désirer passer sa vie avec nous. Je sais que le loup de Riley reste distant la plupart du temps. Je ne lui ai jamais vraiment parlé, ou alors j'ignorai juste le fait que je me trouvais en face d'un autre. Riley et son loup ont-ils été peinés par mon attitude ? « Je ne pense pas » répond-il à ma place. Mais que fais-tu dans mes pensées ? rétorqué-je amusé en refermant l'accès.

« Si tu veux m'empêcher d'entrer, il faut constamment mettre cette barrière en place, autrement je m'y incrusterai à volonté » « Plus facile à dire qu'à faire » Aiden a oublié de mentionner ce détail, peut-être a-t-il réussi à entendre toute mes pensées hier. « C'est pour ça qu'en générale ça ne dérange pas les âmes sœurs d'être autant connecté entre eux, tout partager, ne faire qu'un avec sa moitié » il finit sa remarque sur une note sarcastique dirigé à mon encontre. « Je ne dois pas me lier avec toi, vous, pas tout de suite » « De toute façon, il y a du favoritisme » « Comment ça ? » « Aiden a eu droit à un baiser, lui. »

Je pouffe et je le sens sourire dans mon esprit. « Aiden m'a charmé avec ses belles paroles » expliqué-je ironiquement. « Pff... c'est moi qui lui aie soufflé ses meilleurs répliques » « Aiden a patienté pendant 40 jours. » « Je n'attendrais pas 40 pleine lune » fait-il catégorique.

Je reste silencieuse, je sais qu'il est toujours derrière la porte mais sa présence me déroute. Du moins, pas sa présence physique, si ça avait été Aiden dehors je serais déjà sortie. Mais c'est Key qui s'y trouve, Key avec le visage de Aiden.

— Allez...susurre-t-il, sors de là, je me tiendrais correctement.

— Je ne te crois pas une seule seconde au vu de tout ce que tu as déjà fait depuis mon réveil.

— Ce n'était que des petites blagues... Allez ! supplie-t-il. La salle de bain n'est pas très confortable, tu ne vas pas passer toute la journée là-dedans alors qu'on pourrait retourner dans ta chambre pour faire des choses beaucoup plus agréables !

— Tu vois, tu recommences ! m'exclamé-je tandis qu'il éclate de rire.

Je reste toute la journée dans la pièce, m'allongeant sur le carrelage. Je ne sors pas quand il me promet un plateau repas en échange d'un baiser. Je l'entends manger ledit plateau en s'extasiant à voix haute tout le long, m'arrachant quelques sourires amusés. Puis, lentement, je finis par m'endormir, épuisée par ma nuit et terrassée par l'ennui.

Lorsque je me réveille, je suis de nouveau dans mon lit. J'ignore comment je suis arrivée là mais je trouve très vite la réponse à ma question. Key est appuyé contre le lit, son visage tourné vers le mien, à même le sol. Les yeux fermés.

— Je suis sûre que tu ne dors pas, murmuré-je.

Son visage se pare d'un sourire. Pris en flagrant délit. Il ouvre des yeux tout à fait éveillés. M'a-t-il observé pendant mon sommeil ? « Evidemment ». Je me redresse sur le lit et il vient s'asseoir juste à côté de moi, penchant son corps contre le mien. Je m'efforce de remettre en place ma barrière mentale, c'est épuisant de l'installer constamment, surtout quand il s'entête à me faire tourner la tête.

— Si tu me laissais entrer dans tes pensées, chérie, se serait plus facile pour toi...fait-il en devinant le fond de mon raisonnement.

— Le jour où j'entendrais tes pensées tu pourras entendre les miennes.

Juste pour le taquiner autant qu'il me taquine, je l'embrasse sur la joue, presque au coin des lèvres.

— Si je m'attendais à ça ! s'exclame-t-il ébahi.

— Ça ramène le score à égalité.

— Pour ça, chérie, il aurait fallu que ce soit sur les lèvres, susurre-t-il en me présentant les siennes.

— Arrête avec tes chéries, et éloigne immédiatement ta bouche de la mienne.

— Comme tu voudras, bébé.

— Le bébé non plus n'est pas nécessaire...

Princesse ? tente-t-il avec espoir.

— Non !

— Moi j'aime bien princesse, contredit-il, je crois que je vais utiliser ça !

— Hors de question !

— Tu as faim, princesse ? coupe-t-il en ne prenant pas garde à mes protestations.

— Non, mentis-je en voulant paraître en colère contre lui.

— Tu as refusé de sortir tout à l'heure, tu n'as rien mangé de la journée. Si on continue comme ça, princesse, Aiden va m'accuser de te maltraiter.

— Il aurait raison !

— J'ai été un véritable gentleman ! s'offusque-t-il faussement. J'avais la clef de la salle de bain depuis le début et je ne l'ai pas ouverte. Je pourrai te sauter dessus là tout de suite, mais je ne le fais pas ! La bretelle de ton soutif est en train de tomber et je me retiens pour ne pas l'aider ! Je meurs d'envie de te faire taire en t'embrassant sauvagement mais je ne le fais pas.

— Comme c'est chevaleresque de ta part, nargué-je en remettant la bretelle de mon soutien-gorge à sa place.

— Je sais, je sais, fait-il sans aucune modestie.

Soudainement, il s'en va, sans rien dire de plus. Brusquement, comme s'il n'avait juste plus envie de se trouver dans la même pièce que moi.

— Où tu vas ? m'inquiété-je.

Il se retourne avec un air victorieux sur le visage.

— Te biles pas, princesse, je vais juste te chercher un encas, ton estomac crie famine.

— Je peux y aller moi-même, rétorqué-je.

— Oui, mais m'éloigner de toi m'aidera à calmermes ardeurs...

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