Après avoir bu un peu d'eau, on a mangé quelques bonbons parce que ouais, on oublie pas le goûter même quand on est perdus dans la nature. Le goûter, c'est sacré.

WY : Le soleil va pas tarder à se coucher...

S : Putain, on aurait pas pu tomber en panne en été ?

WY : Comment on fait si on trouve rien avant la nuit ...?

S : Arrête, parle pas de malheur ! Viens, on continue ! - dit-il en se relevant avant de se remettre en marche.

J'crois qu'il a pas très envie de passer la nuit dehors. J'le comprends, il doit pas faire bien chaud sous les étoiles.

WY : Ta mère va s'inquiéter si elle te voit pas arriver, nan ? Elle viendra peut-être nous chercher ?

S : Elle sait pas que j'viens, c'est une surprise...

WY : Ah merde...

Il fait une surprise à sa mère... c'est mignon.

Il suffit de 30min pour que la nuit tombe. Le ciel était encore un peu lumineux, laissant deviner le désespoir sur nos visages.

WY : Putain, j'commence déjà à me les cailler.

S : Tu veux un sweat ? J'en ai un dans mon sac.

WY : Mais et toi, t'as pas froid ?

S : Ça va. Au pire, j'te passe mon sweat et tu me passes ta veste. Comme ça, ça sera à peu près équitable.

WY : Marché conclu.

Il sorti un sweat à capuche noir de son sac et me le tendit.

WY : Merci, c'est gentil..

Et rare. Très rare. J'oublierais presque que c'est à San que je m'adresse. Je lui tendis ma veste avant d'enfiler son sweat. Il était chaud et confortable. Et il sentait plutôt bon. C'est l'odeur de San ?

Alors qu'on reprenait notre route dans un silence apaisant, mon esprit se mit à divaguer. Je me rendis compte que nos interactions, avec San, s'étaient améliorées. Nos derniers échanges avaient été calmes et sans vagues. Et je n'étais pas énervé de l'avoir à mes côtés comme je l'avais été ces derniers mois. On était probablement trop stressés par la situation pour prendre le temps de se détester.

Le destin avait peut-être fait exprès de nous foutre dans cette galère pour qu'on se réconcilie ? C'est un peu extrême comme façon de gérer les conflits, mais bon.

D'ailleurs, ça me rappelle qu'y a un truc dont j'ai oublié de vous parler. Enfin, j'ai pas oublié mais j'ai plutôt omis de vous en parler parce que j'ai un peu honte.

Le premier mois où j'ai connu San, avant qu'il ne change complètement, bah je crois qu'il commençait à me plaire... Je m'étais sentit petit à petit tomber sous son indéniable charme. Et c'est probablement pour ça que j'me suis autant mis à le détester une fois qu'il a commencé à agir comme un connard avec moi. Je lui en voulais d'avoir tout gâché.

S : UNE VOITURE !

WY : OH PUTAIN ! Fais des signes avec moi !!

On était là, sur le bord de la route à balancer nos bras comme deux gogoles pour qu'au final la voiture ne s'arrête pas.

S : Sans déconner !! Pourquoi tu t'arrêtes pas, connard !? - cria-t-il à la voiture qui s'effaçait déjà dans l'horizon.

WY : Il nous a peut-être pas vus ?

S : Ou alors il a vu ta tête et ça lui a fait peur - rigola-t-il.

WY : Très drôle. La prochaine fois j'te jète sur la route, comme ça on est sûrs que la voiture s'arrêtera.

Je devais être hilarant vu que San s'était mis à se taper une grosse barre à ma remarque.

S : Encore faudrait-il qu'une voiture passe ! - continua-t-il de rire.

Je crois que cette journée avait finit par le rendre fou. Mais bon. Je décidais de finalement lâcher prise et le rejoignis dans son fou rire. C'était la première fois depuis cinq mois qu'on rigolait ensemble.