Je pense qu'il était maintenant plus de 20h. C'est dur de se repérer quand on a pas de montre ni de téléphone. On avait fait un bon bout de route mais n'avions pourtant trouvé aucun signe de vie dans les environs.

Cette fois la nuit était complètement tombée, mais on y voyait quand même plutôt clair grâce à la lune qui était presque pleine.

S : Eh, Wooyoung !! C'est pas une ferme là-bas !?

Je levais rapidement les yeux.

WY : Si, c'est carrément une ferme !!

On se mit à courir comme des abrutis pour nous poster devant la petite allée qui menait à la ferme. Ce cauchemar allait enfin se terminer !

WY : Tu vas toquer ?

S : Non, toi vas-y.

Il y eut un petit moment de silence.

WY : Si ça se trouve, c'est un psychopathe qui habite à l'intérieur.

S : Et quand on sera entrés chez lui, il fermera la porte à clé et nous proposera des boissons avec des somnifères puis il nous découpera à la tronçonneuse pendant qu'on dort avant de nous jeter dans une rivière.

WY : T'as beaucoup d'imagination mais... c'est complètement possible.

S : Eh oui. Perso, je préfère dormir dehors que d'me faire tuer.

WY : Moi aussi.

Nous nous sommes regardés et avons lâché un petit rire, nous rendant compte d'à quel point on était des tapettes. Faut dire qu'elle faisait sacrément flipper cette ferme, plongée dans la pénombre, au milieu de nul part.

WY : On sautera ce passage de l'histoire quand on racontera notre périple aux autres.

S : Ça c'est sûr, secret d'état.

Je me retournais pour regarder autour de nous.

WY : On peut s'installer là-bas pour la nuit - dis-je en pointant un coin d'herbe à une centaine de mètres, de l'autre côté de la route.

S : Ouais, ça a l'air pas mal.

Nous nous sommes ainsi assis à l'endroit décrit, l'un à côté de l'autre.

WY : Toi qui as tout dans ton sac, t'aurais pas une couverture et un oreiller par hasard ?

S : Pff t'es con - rigola-t-il.

WY : Tu sais allumer un feu ?

S : Tu t'es cru dans Man vs Wild ou quoi ? Tu veux pas qu'on aille poser des pièges à ours aussi ?

WY : Bah quoi, on sait jamais - marmonnais-je.

S : Bon, y reste plus grand chose à manger - dit-il en me tendant un Twix.

WY : Franchement, j'crois que sans toi je serais déjà mort de faim, de soif et de froid... C'est pas une si mauvaise chose que tu sois venu finalement.

San laissa échapper un petit rire.

WY : Moi qui pensais ne pas voir ta tronche des vacances. C'est raté.

S : Tu me détestes tant que ça ..? - demanda-t-il avant que je ne tourne ma tête vers lui pour lui lancer un regard blasé.

WY : Oui, j'te déteste tant que ça. Mais c'est toi qui l'as voulu, non ? Alors fais pas cette tête toute triste ou j'te frappe.

Je fus étonné qu'il ne réponde rien. Il se contenta de baisser la tête et de fixer le sol. S'il croit que ses Twix, son sweat et notre rigolade de tout à l'heure suffiront à me faire oublier tout ce qu'il m'a fait subir, il se trompe. Mais j'veux bien faire un effort vu qu'il a l'air d'en faire de son côté.

WY : Bon, faudrait qu'on dorme, chui crevé par cette journée, perso... - dis-je en m'allongeant sur le sol après avoir enfilé ma capuche.

S : Ouais...