Chapitre 8:

- Cet arbre est la clé qui permet de voyager dans l'espace et le temps, expliqua Sylva.

Yava était stupéfait : Voyager dans le temps ? Comment était-ce possible ?

- Du temps où je n'étais qu'une jeune nymphe, continua la jeune femme, et où celle que vous appelez la Grande Mère, ou la Déesse Mère pour les humains, n'avait pas encore rejoint sa retraite céleste, cet arbre était déjà le doyen de tous. La Grande Mère s'en occupait depuis la nuit des temps. Mais lorsqu'elle s'est retirée de cette terre, elle me l'a légué afin que cet arbre précieux ne dépérisse pas. Durant toute sa vie, il a emmagasiné des souvenirs de l'endroit où il se trouvait selon les époques. De ce fait, pendant que les branches où nous avons atterri poussaient, les paysages se sont succédés sept fois. Nous pouvons les rejoindre par ces portes. Suis-moi !

Yavas'exécuta, impressionné.

Sylva passa le seuil de la première porte à droite et trottina élégamment sur la branche avant d'écarter comme à l'accoutumée un rideau de feuilles.

Un blizzard glacé leur gifla les joues immédiatement. Les racines géantes de l'arbre enserraient un énorme glaçon qu flottait à la surface de la mer. Le vent sifflait entre les icebergs disséminés tout autour d'eux.

Parfois, quelques-uns s'entrechoquaient, se fissuraient et laissaient tomber des glaçons sur les flots dans un vacarme épouvantable.

Yava aperçut au loin le dos d'un cétacé colossal qui émergeait de l'écume.

A cause du froid, il sentit à peine Sylva lui agripper le bras.

- Viens, fit-elle, nous ne pouvons pas descendre et tu vas bientôt geler sur place.

Yava obéit docilement, heureux de quitter un climat aussi rude, mais il était émerveillé. Il n'aurait jamais imaginé un paysage pareil !

De retour dans la grande salle, ils passèrent à la porte suivante.

Dans ce monde là, le jour déclinait rapidement. De sombres pinèdes entouraient l'arbre magique. Des cris étranges résonnaient dans le soleil couchant.

-Ici, nous pouvons descendre, lui indiqua Sylva.

Ils utilisèrent les prises taillées dans l'écorce de l'arbre, et s'aventurèrent sur le sol couvert d'aiguilles piquantes. 

Après plusieurs centaines de mètres, Yava écarta les branches de quelques épineux, plissa les paupières, et aperçut un groupe de quadrupèdes à la robe rousse et aux yeux cerclés d'un liseré noir.

D'après leurs longues pattes terminées par des sabots, ils semblaient être herbivores.

- Ne t'approche pas ! Je ne savais pas qu'ils rôdaient dans les parages...lui souffla Sylva. Nous n'aurions pas dû venir...

En réponse, un des animaux retroussa ses babines, dévoilant une double rangée de crocs pointus et aiguisés. Yava sentit la panique et l'effroi glacer brusquement son cœur.

-Recule doucement, et lorsque tu seras hors de vue, cours jusqu'à l'arbre et grimpes-y !

Le reste de la meute ne doit pas être bien loin, ajouta-telle pour elle-même.

Yava obéit, trop effrayé pour protester, et, une fois de l'autre côté des buissons, il accéléra le pas, quand un grondement menaçant le stoppa net. De tous côtés s'avançaient les compagnons de l'autre bête qu'il venait de fuir. La ...meute ! Il dégaina son épée,espérant les impressionner, en vain.

Le cercle mortel se refermait sur lui.

-Sylva ! Au secours ! hurla-t-il au moment où les bêtes chargèrent.

Dans la mêlée, son épée décrivait de grands moulinets, blessant au hasard. Mais les bêtes, toujours plus nombreuses, l'assaillaient de toutes parts. Pour une à terre, deux de plus surgissaient. Il était perdu !

Soudain, Yava aperçut Sylva qui arrivait en courant, sa robe volant au vent. Un regain d'espoir naquit en lui.

Elle tenait à la main un lourd gourdin de bois.

Non ! Son bras s'était lui même transformé en une branche solide et rugueuse.

L'écorce et la peau se mêlaient au niveau de l'épaule. Elle commença à distribuer des coups sans pitié à la troupe féroce. Mais les bêtes ne reculaient pas pour autant.

Soudain, au bout de quelques minutes, Yava sentit une douleur lancinante lui traverser le dos , puis il s'effondra sur le sol couvert de fourrures ensanglantées. Une bête... C'était sûr : elle l'avait attaqué par derrière ! La douleur était insupportable. Il perdit connaissance.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top