🥀LE CLOWN🥀
Paisiblement installée dans mon canapé, je sirotais un lait chocolaté en lisant le journal. En première page, on retrouvait un titre de plus en plus souvent présent.
<<Des adolescents imprudents échappent de justesse à la mort>>
De plus en plus souvent, donc. Dans ma ville, les jeunes avaient l'habitude de descendre dans les égouts, pour prouver leur courage. Moi ? Je trouvais ça stupide. Les égouts étaient construits en labyrinthes. Apparemment, un clown y avait élu domicile. Enfin, ''apparemment''... C'était vrai, et tout le monde le savait. Il ne pouvait pas en sortir, heureusement. Mais d'après la légende, il existait un bouton permettant à son propriétaire de le contrôler, cela incluant de le sortir de son égout.
J'entendis toquer à la porte. Je levais donc les yeux, pour voir ma mère entrer, un grand sourire aux lèvres. Elle ne ressemblait pas à ma mère... Mais je ne sais pas, je sentais que, malgré tout, c'était bien elle.
''- Devine ce que j'ai trouvé ! Me dit elle, heureuse.
- Je ne sais pas ?''
Je posais le journal plus loin. Elle ferma la porte, et me sourit, se plaçant devant la table. Puis elle sorti les mains de son dos. Je n'en croyais pas mes yeux. Le bouton. Il était là, innocemment posé dans ses paumes, comme endormi malgré tout le malheur qu'il pouvait faire.
J'eu un mouvement de recul. Elle le remarqua d'ailleurs. Son sourire s'effaça, laissant place à une expression froide, glaciale. Méprisante. Elle approcha ses doigts du bouton : elle voulait l'appeler.
''- NON !''
Je me levais d'un bon et tentais de lui arracher des mains, mais elle esquiva.
''- Tais toi. Vas sur la troisième île faire les courses. Ne t'avise pas de revenir les mains vides. Tu sais ce qu'il t'attend sinon.''
La tête basse, je franchis la porte. J'avais la chaire de poule. Qu'elle se serve du bouton, c'était déjà trop. Mais contre sa propre fille ? C'était de la cruauté pure.
Je marchais jusqu'au port, et je n'eu aucune difficulté à trouver un bateau. Il m'emmena jusqu'à la première île : petite, bombée et rose, réputée pour ses deux seuls habitants. Un couple de pingouin en origami, qui passaient leurs journées à faire de la moto.
Je la traversait, réfléchissant à ce qu'il s'était passé un peu plus tôt.
A peine cinq minutes plus tard, il me fallait reprendre le bateau jusqu'à la seconde île. C'est là que je trouvais mes cousines, Jane, la plus âgée, et Marion, la plus jeune. Je n'avait que six mois de différence avec chacune d'entre elle ; j'étais celle du milieu. Elles décidèrent de m'accompagner jusqu'à la troisième île, et ainsi, nous nous sommes remises en chemin toutes ensemble. Cette île était bien plus normale : plus grande, boisée. Ainsi que, près de la route, un vieux ranch en ruine devant lequel nous passions.
Leur présence prêt de moi me rassurait. Je me sentais moins seule moins rejetée. On fini par arriver à destination. Ici, c'était grand ; la ville où je me rendais se trouvait au sommet de la montagne. Pour l'atteindre, je devais suivre une route sinueuse et pentue. Cela prendrait du temps. Heureusement, je ne tardais pas à repérer un arrêt de bus. Ce dernier arriva une minute plus tard et, a peine quelques instants après, nous étions arrivées. Le bus nous déposa en face d'un rond point. J'étais déjà venue ici. Soudain, je vis arriver de l'autre côté de la rue une camionnette blanche a fleurs violettes, conduite par une vieille dame aux cheveux roses, ressemblant étrangement à la dame dans Le Château dans le Ciel, et deux hommes à côté d'elle. En passant devant nous, elle ralentit : elle semblait me reconnaître. Effectivement, moi aussi, je me rappelais d'elle... Mais où ? Ça y est. Je sais. Eux. Ils m'avaient poursuivie la dernière fois que j'étais venue. Malgré leur véhicule de Bisounours, eux n'en étaient pas. Apparemment, elle aussi avait compris qui j'étais. Mais avant qu'elle ne descende pour nous attraper, je l'interrompit :
''Je vous donnerai cinq euros si vous nous laissez partir !''
A ma grande surprise, elle acquiesça. Mais bon, je n'allais pas m'en plaindre, c'est tout ce que j'avais de toute façon.
''- Très bien. Mais que pour cette fois. Partez avant que je ne change d'avis.
- Oui madame !''
Nous partîmes en courant. C'était bien plus rapide à descendre qu'à monter, et il ne nous fallut pas beaucoup de temps pour dévaler la pente à toute vitesse. Nous sommes donc retournées sur l'île au ranch. Marion était épuisée. Elle n'avait qu'à peine 8 ans, après tout. Étonnant d'ailleurs, j'aurai juré qu'un peu avant elle était plus grande -son âge normal- mais bon. Je la pris sur mon dos. Elle avait soir, si elle ne buvait pas rapidement... Elle allait mourir. Je regardais Jane ; elle le savait aussi. La boule au ventre, on repassait devant le ranch. Il avait changé : à la place des ruines, un beau bâtiment neuf. Devant la clôture était écrit sur un panneau de bois :
<<Défense de regarder>>
J'enjambais la clôture, portant toujours Marion sur le dos. Un monsieur moustachu au grand chapeau s'approcha de nous, l'air furibond.
''- Vous ne savez pas lire, petites idiotes ?!
- Monsieur, la petite fille que j'ai sur mon dos a soif si elle ne boit pas elle va mourir. Je ne regarderai pas le ranch, je vous le promets, mais elle doit boire.
- Ah ! Si ce n'est que ça, venez suivez moi.''
Il nous fit signe de le suivre et nous emmena à l'intérieur. Les murs étaient tapissés d'étagères où étaient entreposés d'innombrables caisses remplies de petites bouteilles de jus de raisin. Il nous en offrit généreusement une a chacune, et Marion fut vite remise sur pieds. Nous y sommes restées un peu, avant de finalement repartir, les saluant lui et ses employés de la main en souriant.
Je trouvais un bateau direct pour ma ville. Marion et Jane me dirent au revoir, et l'angoisse m'étreint tandis que je montais dans l'embarcation. Je sentais que quelque chose n'allait pas, et plus je me rapprochais de chez moi, plus j'avais envie de partir en courant et surtout ne jamais revenir. Bon sang, cette angoisse terrifiante dans chaque recoin de mon corps... Je respirai doucement pour ne pas faire de crise d'angoisse, posant le pieds sur la terre ferme. Je n'avais pas ramené les courses. Je n'avais pas pu. Je me dirigeais vers ma maison, tremblante, et rentrait. Dans le salon, je retrouvais ma mère... Ainsi que Lui. Le clown. Il était là, sa batte à la main, et me fixa lorsque j'entrais. Ma mère baissa les yeux vers mes mains -vides- avant de planter son regard dans le miens. Il était si hostile, si distant... Comment cela pouvait-il être elle ?
''- Je t'avais prévenue... Non ?
- Non... Non s'il te plaît pitié... Ça ne se reproduira plus...
- Oh mais j'y compte bien.''
À ces mots, elle pressa le bouton, me désignant d'un geste du menton au clown, qui me fonça dessus, brandissant sa batte. Il allait me tuer. Son regard fou croisa le miens, et je criais. Ma mère me fixait, ses yeux pétillants de cruauté. Je sentais mon coeur s'accélérer, tellement vite et fort que je crus mourir sur le coup, et partis en courant. Je courais de toutes mes forces, plus vite que je n'aurai jamais cru courir. Il était derrière moi. J'avais beau accélérer, je ne le distançais jamais. Il restait à à peine quelques mètres de moi, imperturbable, infatigable. Il allait m'avoir, il ne s'arrêterait pas avant. C'était un monstre jamais à bout de souffle, jamais épuisé. Je courais à perdre haleine à travers la ville. Moi, je n'étais pas un monstre comme ça. Moi, j'allais bientôt tomber de fatigue. Je glissais dans une flaque d'eau, qui me fit tomber droit dans les égouts. Je paniquais d'autant plus. Même si son terrain de jeu était désormais infini tant qu'il était contrôlé par le bouton, ces égouts, il était le seul à les connaître. Néanmoins, je continuais de courir. Après tout, ma vie en dépendait. Il était encore derrière moi. Mais peu à peu, le bruit de ses pas s'éloigna. Je le distançais finalement ! Je continuais quand même ma route en tenant l'allure, pour être sûre de m'éloigner assez.
Mais soudain, j'entendis ses pas à nouveau. De plus en plus fort. De plus en plus vite.
Devant moi.
Il arrivait.
En face.
Voilà un petit cauchemar soft que j'ai fait l'année dernière.
Petite précision : je n'ai jamais vu ou lu Ça, simplement c'est le genre de truc qui peut ressortir dans un cauchemar.
Uala ualaaaa
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