Nuance de ROUGE №7: La Lune de Rouille


La Lune de rouille:

Voilà plusieurs années que je tiens un petit restaurant de quartier.
C'est une simple échoppe avec un menu unique.

Notre carte se compose d'un Bouillon de volaille,
De beignet de légumes frit,
De nouilles sauté
Et enfin de nankotsu.

Mon Restaurant ouvre à minuit et ferme au lever du jour.
On pourrait croire que ces horaires sont calmes avec peu de clients mais je reçois plus de monde que l'on ne croit:
J'aime mon travail ainsi que mes clients.

Certains de nos clients essaient de chasser de leur pensées un premier amour ou une douleur du cœur.
D'autres encore sont torturés par les erreurs du passé, un échec ou un accident.
Quelque rares personnes essaient de conjuguer vie professionnelle et familiale.
Et parfois il y a celui qui vient sans trop savoir pourquoi.

Elle était rentrée par inadvertance dans mon Restaurant, comme perdue dans ses pensées.
Je lui demandai ce qui lui ferait plaisir, elle ne répondit pas.
Je l'observai un moment, observant son teint hâlé et ses yeux d'un vert proche du lichen. Elle était une beauté qui me faisait penser a ses princesses perse ou bien grec.
Sans trop savoir pourquoi, je le mis a préparer un beyti kebab et des baklavas.

Elle avala son plat d'une traite et me demanda combien je lui devais, elle me tendit les 9€50.
Je lui proposa de rester ici le temps que le jour se lève.

D'autre clients débarquèrent :

- Chef ! Des légumes frit en beignet et une portion de riz s'il vous plaît chef !

- Ça fera 5€50.

- Tiens je vous ai jamais vu ici jeune demoiselle, c'est votre première fois ?

La jeune femme était surprise et ne savait pas quoi répondre.

- Euh.. oui.. merci.

- Vous m'avez l'air bien timide ! Ahah!

Dit-il en éclatant de rire tel le tonnerre dans une nuit d'orage.

- Dit Chef, tu aurais une bière et du chocolat noir pour la jeune demoiselle ?

- Je dois avoir ça dans les réserves.

- Offre lui je lui paie.

- Non Ce sera offert par la maison.

Je lui tendis le chocolat noir et la bière allégée et ses yeux témoignèrent tout son étonnement de se voir ainsi offert un supplément.

Pour la première fois de toute la soirée elle se mit à sourire et à se détendre.
Son rire était comme le chant cristallin d'un carillon.

Voyant nos regards se poser sur elle, elle prit la parole.

" Désolé heu je pensais pas... C'est que... En fait le goût de la bière et du chocolat m'ont rappelé quelqu'un qui m'est chère. "

Même sa manière de s'excuser était incroyablement mignonne.

" Ne vous excusez pas, ici c'est un lieu convivial où tout le monde peut rire comme il entend et parler de tout,
tant que le ventre est plein et que mes clients ressortent avec le sourire aux lèvres, tout me convient ! "

La soirée suivait son cours avec son lot de client et le soleil commençait à brûler l'horizon de son feu ardent.
Bientôt le jour allait se lever, les lampadaires et les néons s'éteindront et les gens se réveilleront lentement.

Ma jeune camarade du soir était resté toute la nuit et me fila un coup de main pour nettoyer mon échoppe et tirer le rideau.

- Merci pour le coup de main mademoiselle.

- De rien Monsieur, ça m'a fait plaisir, j'ai passé une superbe soirée.

Son sourire renvoyait l'éclat du soleil.

- Puis-je savoir ce qui vous attristez lorsque vous êtes arrivé ?

- Vous aviez remarqué ...
Je ne savais pas où aller ce soir et je me suis soudain retrouvée dans ce quartier que mon fiancé aimé tant et en avançant dans les ruelles je me suis retrouvée chez vous.

- Votre fiancé, il est...

- Je ne sais pas, il a disparu il y a de cela quelques jours, il ne m'a laissé ni mot ni explications...
Non la seule chose qu'il m'a laissé c'est sa jeune fille.

- Ne pas avoir de nouvelles de l'homme que l'on aime est une épreuve des plus douloureuse.
Presque tout autant que d'élever seule l'enfant d'une autre.

- Je n'ai pas encore pris sa garde, j'ai... J'ai peur de ne pas être à la hauteur et je ne m'entend pas avec elle ou plutôt elle ne s'entend pas avec moi.
Elle ne m'écoute pas, me provoque et je crois qu'elle me reproche la disparition de son père.

- Vous savez elle aussi doit souffrir du départ de votre fiancé.

- Elle, elle est persuadé qu'il ne reviendra pas...
Je ne peux même pas imaginer ce qu'elle peut ressentir. Abandonnée par son propre père.

- Au moins elle vous à vous, même si c'est dur et que vous vous disputez, je pense que si votre fiancé vous a laissé sa propre fille c'est qu'il avait une totale confiance en vous !

Un silence se fit entendre pendant que le soleil sortait de sa léthargie pour éclairer les recoins de chaque ruelles en cette belle matinée.
Déjà les premiers passant apparaissaient entre les traits de lumière que créait l'aube, se dirigeant vers la station de métro la plus proche.

- Vous savez, ma mère me disait souvent que les rêves se matérialisent lorsque la pluie vient sans nuage.
Elle me disait que
Les voeux se réalisent les nuits où la lune vieilli si soudainement et si intensément qu'elle se tanne et se flétrit.
Alors sa surface se recouvre de rouille et elle resplendit d'un magnifique Rouge presque sanguin.
Ce rouge si particulier qu'on croirait qu'elle donne sa propre vie pour réaliser l'impossible désir d'un être chers.
Je crois encore à cette légende. C'est stupide n'est ce pas ?

- Ayez l'espoir et continuez d'y croire mademoiselle, je suis de tout cœur avec vous.

Elle vint alors poser ses lèvres sur ma joue tendrement comme une fleur épouse le vent.

- Il me fait confiance pour élever sa fille, je doit être forte. Je vais continuer ma route. Merci pour tout.

Et c'est ainsi qu'elle partit,
En même temps que la rue se gorgeait de passants.

Je ne l'ai plus jamais revue et cela fait maintenant 10ans.
Mais je ne l'ai jamais oublié.

Je crois qu'au fond j'étais tombé amoureux d'elle.

Dire que je ne lui avais même pas demandé son nom...

- Chef ! Un beyti kebab, des baklavas du chocolat et de la bière allégée c'est bien ça ?

Cette commande mettait familière.
Je fit volte-face, cherchant de mes yeux le souvenir de son visage.
Une jeune demoiselle se tenait devant moi, elle avait le même sourire et ce même éclat dans la pupille.
Doucement alors, tout en mangeant son plat, elle me parlait de sa mère, de leurs aventures et comment un rêve impossible devint réalité.

Ce soir la lune de rouille avait exaucé mon souhait :
J'ai pu entendre son nom.

Fin.

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