Calligraphie ROSÉE №6: On l'appelait Mama Lova

On l'appelait Mama Lova:

- Papa, papa ! Pourquoi maman et toi m'avez nommé Wallace ! Ce n'est pas un prénom pour une fille et puis c'est moche ! Les autres y font que se moquer de moi !

- Détrompe toi mon trésor, c'est un prénom magnifique et parfait pour une fille et tu sais pourquoi ?
Il vient de la femme la plus incroyable, la plus forte et la plus courageuse que j'ai connu !
Alors soit fier de ce nom et prend en soin Wallace Afeni Brooklyn.

- mais c'est un nom bizarreuh...

- ahahah veux tu que je te raconte son histoire ?

Il prit alors une photo qu'il gardait dans une boîte de précieux souvenirs.
Dessus était représenté une belle femme d'un certain âge mais qui semblait avoir gardé toute la vigueur et la beauté de sa jeunesse.

- Elle s'appelait Violetta Afeni William Wallace mais tout le monde dans Brooklyn l'appelait Mama Lova,
certains même l'appelait Mama tout simplement.

Elle détestait ses prénoms mais tenait beaucoup à son nom de famille qui lui venait de son défunt mari et à son 2ème prénom qui représentait ses origines africaines.

Elle vivait là depuis toujours et n'avais jamais pu avoir d'enfants c'est sûrement pour ça qu'elle se conduisait comme une mère avec nous,
C'est sûrement pour ça qu'elle était notre Mama Lova.

Tu sais à cette époque, encore plus qu'aujourd'hui, Brooklyn était un quartier malfamé où seuls les familles démunis venait se loger.
C'était l'époque où le crack commençait à circuler dans les rues en même temps que d'autres drogues de laboratoire comme l'extasy.
Ces drogues ont tué plus d'un de mes amis...

Le quartier était si pauvre qu'il arrivait que les mères louent leurs corps pour quelques billets verts.
D'autre encore buvaient et se droguaient, délaissant totalement leur progéniture sans rien à boire ni manger.
Alors il n'était pas rare de voir en ce temps là, des enfants dealer.

Personne n'en avait rien à secouer de nos destins et de nos vies,
Mais Mama Lova,
Elle,
Elle prenait soin de nous.

Oh bien sur on prenait souvent de sacré rouste et elle jetait nos matos et nos pochons dans la cuvette des WC.
Mais quand on avait besoin d'un endroit ou dormir elle était là,
Quand on avait faim, elle nous préparait de quoi grignoter
Et quand nous étions blessé ou malade elle nous soigner comme elle pouvait.

Elle priait pour nos âmes chaque jour à la même heure, pour qu'on est une vie meilleure et Nous inculquer avec sévérité les fondements de l'Eglise et la bonne façon de vivre.

Quand nos boss essayaient de l'agresser, c'était elle qui les intimidait!
Elle avait le talent pour frapper là où ça faisait mal avec seulement ses mots pour arme !
Et j'avoue parfois un coup bien placé.

Nous étions 3 à vivre chez elle quotidiennement.
Certains parce qu'il avait perdu leurs parents, d'autres parce qu'ils les fuyait et enfin moi parce que je l'admirais.
Elle nous considérait comme ses propres enfants.

Mais en grandissant la jalousie, l'orgueil et la rancune touchent le coeur des hommes,
Plus particulièrement ceux des garçons dont la vie n'a jamais été très tendre avec eux.

J'aimais mes frères mais en grandissant nous nous sommes éloigné, on se disputait souvent sur les femmes, l'argent, la gloire...
D'autant plus que nous n'étions pas lié par le sang...

Mais pour autant nous étions proche, tous unis par l'amour qu'on lui dévouait.

Un jour, l'un de nous se mit à rejoindre un gang: le Gang des Sangs
Elle refusa de le voir tant qu'il en faisait partie.
Mon autre frère lui, cherchait l'argent facile et les femmes volages, il vivait au jour le jour de petite arnaques et de chanson qu'il chantait dans les bars.
Quand à moi je voulais à tout prit quitter Brooklyn et me caser avec une blanche péter de thunes.
Mais c'est aussi difficile de quitter son quartier que de quitter son gang quand on est lié à Brooklyn.

Le traffic, la drogue, la haine, la violence, les femmes, l'argent.
On ignore à quelle point ça peut détruire tant qu'on y a pas été confronté.

Le plus jeune d'entre nous,
Celui qui cherchait le respect en rejoignant le gang des Sangs mourut à 22ans.
Le 13 Septembre 1996.

22ans... C'est plutôt vieux pour un membre de gang et pourtant si jeune pour le reste du monde.
Une terrible fusillade dans la rue et 5 balles dans le corps.
Je n'oublierai jamais le visage de Mama ce jour là.
C'était comme si son âme essayait de s'échapper de son corps dans un torrent de larmes.

6 mois plus tard ce fut mon autre frère qui succomba d'une balle dans la tête.
Il avait 25ans. Et 2 enfants issus de 2 femmes différentes.

Mama Lova ne pleurait plus.

J'étais si en colère contre eux, contre elle, contre moi-même...

Je suis partie voir ceux qui avait mis une couronne de
Chrysanthèmes et de freesias sur la tête de Mama Lova.
J'étais prêt à tuer et à mourir puisque personne n'échappe à ses racines quand elle sont à Brooklyn.

Mais elle m'a arrêté,
Elle m'a arrêté et elle m'a dit de vivre, elle m'a interdit de mourir!

J'ai pleuré...

Elle m'a prise dans ses bras, m'a réconforté et m'a assuré que mon destin était au Community College,
que je devais être fort
Pour devenir un homme.
Pour comprendre ce que c'est qu'être un homme.
Un homme juste et courageux!

Ce soir là, après avoir rendu visite à mes frères au cimetière,
Elle est retournée chez elle.

Les gangs devenaient de plus en plus puissant et la police n'était pas mieux. Il arrivait qu'elle s'en prenne à nous juste parce que nous avions l'air suspect.
Qu'on se fasse interpeler et contrôler juste parce qu'on était du quartier.
Qu'on se fasse rouer de coups juste parce que nous étions plus bronzés qu'un autre.

La haine, la peur et la violence s'amplifiait mais à elle toute seule elle y avait mise fin.

Mama Lova était encore plus dure avec les enfants qu'elle chopait dans les rues,
les envoyant de force à l'école, jetant leur drogues dans les égouts de la ville!
Avec les plus âgés elle faisait des leçons de morale et leur proposait un vrai boulot de diverses connaissances qu'elle avait su former au cours de sa vie.
Elle leur apprenait le goût de la culture, de la vérité, de l'argent honnête, les dangers de la drogue et du sexe sans protection.
Elle donnait des cours de self-défense aux jeunes filles avec un ami policier hispanique
Et leur inculquer les devoirs d'un parent pour pour les jeunes mères:
tenir ses enfants éloigner du danger.

Cela ne plaisait pas du tout aux grands boss,
elle avait reçu plusieurs avertissements et tentatives de meurtre mais elle ne se laissait pas faire et gagnait en influence.

C'était Mama Lova la Sainte-Mère de Brooklyn qui paradoxalement n'eut jamais d'enfant de son sang mais des centaines de milliers d'autres uniquement avec son charisme et sa ferveur.

Lorsque la violence bascula brutalement après des éffusions de sang du gang
et plusieurs gens de notre quartier abatu par des policiers en représailles.
Les quelques gens qui espérait vivre, les quelques gens qui avait su se libérer de ces histoires de malfrats,
Se tournèrent vers elle.

Si Brooklyn ne s'apaisait pas, Brooklyn deviendrait un cimetière.

Alors du haut de ses 53ans,
Elle se leva, marcha dans la rue au milieu des projections et des tirs.
Elle reconnu le visage d'un enfant blessé dans son âme pour tous les péchés qu'il commit au sein des Sangs.
Elle reconnut le fils d'un ami du Queens dans son uniforme de gardien de la paix.
Les deux hommes se faisaient face.
L'un jaune, l'autre noir.
Tout deux apeuré et remplit de haine.

Alors elle brandit son balai et somma les deux hommes d'arrêter sur le champs.
Elle les appela par leur prénom respectifs.
Elle leur donna une identité,
Celle qu'ils étaient avant tout ça: lorsqu'ils étaient encore eux-mêmes,
Lorsqu'ils étaient de simple enfants qu'on appelait par leur diminutif.

Elle se mit à parler:

"Je vous connais depuis que vous êtes né, je vous ai vu grandir et prendre des chemins différents, je vous ai vu souffrir et avoir peur, je vous ai vu vous posez les même questions:
Comment sortir de là ?
J'ai peur ! J'ai peur de la mort...
Je le sais, je l'ai vu..
Appelez des amis, des fils !
Jamais je les ai revu.
Peur que tout se bouscule et se mélange
Qu'on soit plus que de sombres inconnus qui se tire dessus,
qui s'en balance complet
de voir son frère pourrir par terre, comme un raté, camé jusqu'au dent!
Une lame entre deux artères.
Peur de voir le quartier où j'ai grandit devenir un cimetière.

Nous étions pauvre,
nous rêvions tous de vivre une vie confortable et faire son nid dans la plus grande et la plus belle ville de tous les États-Unis
Et au lieu de ça on fait quoi ?
On s'entretue entre nous, on se crame lentement! On fait de nos enfants des cadavres au mieux des malades quand ils ne sont pas déjà toxicomanes.

Le pire! C'est que nous avions tous des rêves et que si nous nous étions donnés les moyens de faire une trêve, d'arrêter le mal avant que ça s'infecte on serait tous beaucoup plus heureux.
C'est facile de dire qu'ici c'est Brooklyn qu'il n'y a pas d'autres vies et qu'on nous laisse pas le choix.
Qu'on est voué a vivre dans la lie et la ruine mais moi je vous dis ça sert à quoi de parler ainsi quand on essaie même pas de changé sa vie ?

Mon mari que dieu est son âme, était pas un berger qu'on idolâtre non il était joueur fumeur, dragueur... Un véritable fumier ! Mais il avait compris ce qu'était le devoir d'un homme.
Se battre pour sa propre vérité faire sa vie comme on l'imaginait petit et faire de sa ville un paradis d'un simple sourire qu'on a su donner.

Noir, blanc ou jaune quand on sourit on sourit de la même façon, quand on saigne on saigne de la même façon.

Le premier fils que j'ai vu partir avait 22 ans, c'était un rêveur
Il avait des rêves plein la tête
tous plus grand que lui.
Il pensait avoir trouvé le chemin pour les accomplir mais c'est égaré!
Il avait oublié qu'un homme se fout du regard des autres et cherche le respect pour ce qu'il est et pour ce qu'il fait et non pour ce qu'il possède.

Mon autre fils lui était un conteur, il racontait des histoires comme personnes,
Parfois juste, parfois réel, parfois fausse, souvent violente;
Il les racontait avec son âme et les gens l'écoutaient,
Les gens l'aimaient...
Il l'est raconté si bien que l'une d'entre elles causa sa perte un soir à la fée verte.
Mais toute ses histoires avaient un point commun:
L'optimisme que tout pouvait aller mieux si on le désirait.
Il aurait pu devenir un grand scénariste, un écrivain, un chanteur célèbre, un réalisateur...
Et il est partie en laissant pleins d'histoires et de poèmes à son fils et sa fille.

J'ai déjà perdu trop d'enfants.
Je ne veux pas vous perdre alors posez toutes ses armes et cette haine au sol.
Criez toutes vos douleurs et vos peurs mais ne vous laissez pas dominer par elle !

Je vous ai vu grandir,
Je ne veux pas vous voir mourir."

C'est ainsi que la violence s'effaça petit à petit.
Il y avait toujours des gens pour prendre les mauvais chemins mais désormais nous étions davantage à suivre ses valeurs.
On pouvait être de Brooklyn et devenir quelqu'un.

C'est Mama Lova,
Violetta Afeni William Wallace,
Qui a fait de Brooklyn ce qu'elle est:
Le quartier des artistes et des travailleurs, le quartier avec un passé tumultueux qui a su rebondir.
Soit fier de ton nom ma fille,
Sans elle je n'aurai pas rencontré ta mère et je ne serai pas devenue docteur, sans elle tu ne serait pas né, notre voisin ne serait pas mécanicien, sa fille ne serait pas à l'Université,
Sans elle nous ne serions rien.

Fin.

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