7- Plaies
Résumé des chapitre précédents :
Ira Ranowich est à Paris pour deux jours, il a utilisé le lièvre pendant son absence.
Il déteste les handicapés et refuse de les rencontrer.
Le père de Maxance va mal et son oncle a décidé qu'il fallait qu'il vende sa maison pour s'installer avec lui. Difficile de le convaincre.
Personnages principaux :
Ira Ranowich, 19 ans
Maxance Ioni, 20 ans
Personnages secondaires :
Le directeur Ioni : le responsable du centre sportif de Rochefort
David Ioni : oncle de Maxance
Robert Dalambert : le psychiatre de Maxance
Les coéquipiers d'Ira : Achille, Joachim, Luis, Mehdi, Diego.
Le coach Grégoire, le directeur des courses Eric.
Les championnes cyclistes : Daphné, Aude
L'équipa handicapés : Corinne, Mario
***
Maxance Ioni
Comme tous les vendredis soir je suis venu manger chez mon père et j'en ai profité pour ramener mes souris. Corinne ma coloc adorable a montré son vrai visage : c'était les souris ou la colocation ! Il n'était pas question qu'elle ne partage son espace avec des rongeurs.
J'ai essayé de lui expliquer que ce sont des bêtes adorables, elle n'a rien voulu entendre.
J'ai fait rigoler tout le dortoir quand il y a dix-huit mois je me suis installé à la résidence universitaire, avec mes souris, mes chats, mes chiens. L'administration de la fac m'a vite recadré et j'ai dû ramener les animaux chez mon père.
Mon père m'accueille en me serrant dans ses bras quand j'arrive. Nous cherchons un appartement à Toulouse pour moi et il m'a annoncé au téléphone qu'il pense avoir trouvé quelque chose.
─ Papa ça va les entrainements ?
─ Oui très bien, les filles sont prêtes et je compte aussi sur les cyclistes handis.
─ C'est cool.
─ Par contre je n'irai pas avec eux, explique mon père en regardant la table sans me fixer.
─ Pourquoi ? C'est tout frais payés. Tu devrais y aller, pour te changer les idées.
Je ne le lui ai pas dit, mais j'y aurai bien été moi au Japon. C'est le pays de mes rêves, où j'espérais aller un jour avec mon amoureux.
Je me mets à rêver quelques secondes à un monde où j'aurais connu l'amour, jusqu'à ce que les paroles de mon père balaient tout.
─ Je n'ai plus le moral je ne vais pas te le cacher... je ne veux pas te culpabiliser surtout. Je te le dis juste pour que tu saches que je vais essayer de me redresser. Le fait que l'équipe masculine m'ait refusé...cela m'a mis un coup au cœur.
Ses paroles me font mal, c'est ce que je craignais, le refus d'Ira ajouté à mon départ prochain à Toulouse, c'est trop pour lui.
─ Je peux...
Je songe à lui proposer de décaler ma rentrée scolaire. Je ne sais que proposer d'autres, je l'ai déjà supplié de venir avec moi, mais mon père me coupe en souriant.
─ Maxance ? Tu sais avec ta mère, on était deux bourrins sportifs, j'étais fort pour monter un col et pour faire du sport, mais je n'avais aucune grâce, aucune aisance, ...quant à ta mère, chère créature, elle était même pire que moi ! Un véritable garçon manqué.
Nous t'attendions, en imaginant un enfant à notre image, un costaud. Tu n'imagines pas notre surprise quand on t'a vu à ta naissance, on n'y croyait pas, quel adorable bébé tu étais ! Ta mère était persuadée qu'ils s'étaient trompés !
Je rigole en secouant la tête, c'est vrai ma mère le disait souvent. J'ai l'impression qu'elle est à table avec nous.
Elle avait sa théorie d'ailleurs à ce sujet : les fées m'avaient caché parmi les humains. Comment ne pas être un peu fantaisiste ? toute mon enfance on m'a répété que je venais des fées aussi !
Maman était parfaite, je ne la voyais pas masculine du tout. C'était maman et elle me manque tellement !
Les larmes me montent déjà aux yeux.
─ Je suis sérieux Maxance tu ne nous ressemblais pas et tu étais exceptionnel, mais on s'est regardé tous les deux et on a pensé la même chose en même temps : l'erreur était en notre faveur et on voulait te garder. Tu as fait des vidéos et ce n'est pas un crime. Je n'aurais pas dû les effacer !
─ Papa ! arrête je vais pleurer !
─ Je ne te l'ai jamais dit, il est temps de le faire et c'est surement déjà trop tard. Je le pense vraiment. Tu n'as rien à te reprocher ! Maxance j'ai quand même le droit d'être triste.
Ça y est je pleure et mon père aussi.
Nos animaux nous regardent inquiets, occupés à nous consoler avec des câlins et des léchouilles.
─ Papa Tu me rends triste ! Désolé. Je n'aurais pas dû dire cela. C'est de la faute de ce maudit Ira.
Mon père me désigne la place sur la cheminée :
─ J'ai toujours mis les coupes sur la cheminée des championnats et je m'étais juré de mettre les tiennes.
─ La place va rester vide alors !
Il a l'air déterminé à aborder les sujets qui fâchent ce soir. Curieusement, j'y vois un peu d'espoir, nous sommes assez guéris pour pouvoir en parler justement.
─ Honnêtement, il y en a assez qui prennent la poussière. Je lui montre celle de son glorieux passé et celle de maman.
Puisque nous évoquons maman j'attaque moi aussi.
─ Tu pourrais essayer de rencontrer quelqu'un ? ça fait trois ans que maman est parti et elle ne serait pas contente de te voir comme ça ! Je peux t'aider en te créant un profil sur internet ?
Il sursaute surpris, ne s'attendant pas à ma proposition.
Je n'avais jamais osé aborder le sujet.
Il éclate de rire.
Nos animaux nous ont perdus et les chats dégoutés sont déjà repartis se coucher.
─ Je vais réfléchir à ta proposition. Je ne me vois pas me lancer, mais il ne faut jamais dire jamais après tout.
Nous nous regardons tous les deux. Ira Ranowich nous a fait du mal, mais au moins c'est comme la cautérisation d'une plaie, on va guérir maintenant.
─ Et alors tu as trouvé quelque chose pour moi à Toulouse ?
─ Oui par un ami d'ami, une vieille maison minuscule mais avec un grand terrain juste à côté de la fac, la propriétaire est une personne âgée en maison de retraite et ce serait une solution pour une ou deux années mais c'est mieux que rien !
Je bats des mains, un peu consolé, car cela veut dire que je pourrai y aller avec mes animaux.
J'ai donné ma démission à la SPA pour la fin juin et mes collègues ainsi que le directeur de l'établissement sont presque soulagés. Je réalise, qu'a toujours vouloir protéger les animaux, je les ai pas mal saoulés aussi. Je les embêtais à supplier, à geindre pour chaque place fermée et quand on ne sort pas les animaux faute de temps.
Cela m'amène à m'inquiéter pour mon avenir. Je me demande comment je vais réussir à gérer à l'école véto, car on aura des dissections, des euthanasies.
Je verrai bien quand j'y serai, mais il me faudra surement un miracle à ce moment-là !
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