5- Chez le Directeur Ioni

Résumé des chapitre précédents :

Ira Ranowich un jeune champion cycliste est amoureux d'une star d'internet qui s'appelle Maxou qui a disparu. Il arrive à Rochefort pour un mois et n'aime pas l'ambiance de la ville. Il n'aime pas le directeur du centre d'entrainement mais est obligé de faire de la politique.

On découvre que le fils du directeur Ioni, Maxance, est Maxou traumatisé après un évènement violent.

Un de ses followers a tué sa mère et l'a enlevé il y a de cela trois ans. Il s'est retrouvé trois jours coincés avec fou et en reste encore traumatisé.

Personnages principaux :

Ira Ranowich, 19 ans

Maxance Ioni, 20 ans

Personnages secondaires :

Le directeur Ioni : le responsable du centre sportif de Rochefort

Robert Dalambert : le psychiatre de Maxance

Les coéquipiers d'Ira : Achille, Joachim, Luis, Mehdi, Diego.

Le coach Grégoire, le directeur des courses Eric.

***

Ira Ranowich

Je conduis pour aller chez Ioni qui nous a invités à passer après notre entrainement. Le coach a loué une BM, elle est sympa cette voiture et bien agréable à conduire.

Les gars n'ont pas voulu venir, ils préfèrent se balader en ville. Nous y allons à trois avec le coach Grégoire et notre chef d'équipe Eric qui est de confiance. Je veux que tout ce qu'on dise soit partagé collectivement.

L'entraînement de ce matin, une course contre la montre n'a pas été un succès, mais les vents étaient mauvais et n'ont pas aidé.

Ioni n'a pas lésiné, nous sommes bien installés avec tous les équipements nécessaires et nous bénéficions de toutes les infrastructures du centre.

Daphné Gigrand, la chef de l'équipe féminine, nous a contacté, elle propose qu'on se rencontre pour un diner, j'aurais bien refusé, mais mes gars me font signe d'accepter.

On a convenu de prendre un verre ? puis d'aller dans un restaurant ensemble demain soir.

─ 17 route des dunes. Nous sommes arrivés ! s'exclame le coach.

Nous regardons tous les trois incrédules le pavillon entouré de caméra de surveillance, de barbelés surplombants les hauts murs, c'est atroce. J'ai un bref souvenir de mon centre de détention qui me revient en mémoire.

Quand on se gare devant chez lui, il sort de sa maison moche, aux murs sombres, le tout à son image vieillot et triste. L'homme est sec, des cheveux gris ébouriffé. Il est en survêtement démodé.

Quatre chiens baveux l'accompagnent, dont deux, qui grognent menaçants.

Je déteste les animaux ! Surtout les chiens. C'est quoi cette ménagerie.

C'est la première fois depuis bien longtemps que je me rappelle mon enfance malheureuse et misérable et j'y vois comme un mauvais présage. Je le savais que je n'aimais pas Ioni et cela se confirme.

─ Désolé ce sont les chiens de mon fils. Il adore les animaux, explique le vieil idiot.

Je me retiens de mettre des coups de poings aux sales bestioles.

─ Moi, je ne les aime pas et je suis allergique !

Je regrette de ne pas avoir mon couteau.

Le propriétaire semble deviner mon état d'esprit.

─ Carlin silence ! Je vais nous débarrasser et les enfermer dans le chenil.

Le directeur n'est pas tout jeune, je sais qu'il a couru il y a un moment. Je me sens stone ...cet homme me rend triste.

Une fois qu'il a enfermé les sacs à puce, il nous fait signe de le suivre chez lui et nous installe dans un salon encombré.

─ Est-ce que vous voulez du café ?

Le coach s'empresse d'accepter histoire de nous mettre tous à l'aise.

─ Je crois que vous avez beaucoup d'animaux ?

─ Mon fils en a mis quelqu'un chez mon frère, mais c'est vrai que nous avons beaucoup trop ! Je ne m'en occupe pas ! je me consacre à l'entrainement !

Il ne perd pas de temps le vieux schnock pour faire sa pub et sous-entendre qu'il est pro.

Je hoche la tête, agacé à l'idée des palabres à venir.

─ Vous cherchez donc un endroit où installer votre écurie ? pour les prochains mois ?

─ Oui nous allons tester plusieurs emplacements, mais les garçons ont une préférence pour les montagnes, répond le coach souriant.

Nous avons convenu qu'il fallait être honnête et ne pas lui donner de faux espoirs.

─ Ce n'est pas une mauvaise idée ! reconnait Ioni.

Je suis soulagé par sa remarque, il est moins combattif que je ne l'avais craint. Je déchante cependant car il poursuit.

─ De toute façon mes équipes vont souvent s'entrainer en montagne, nous avons les Pyrénées ici et c'est un avantage non négligeable plus les plateaux de Corrèze et des Cévennes. Je comprends, j'ai fait les Alpes et moi-même tel que vous me voyez j'ai monté le col de l'Alpe d'Huez en deux heures, un record à l'époque !

─ J'ai suivi certaines de vos courses, je me rappelle que vous étiez un excellent grimpeur, je tente un peu de politesse.

Merci mon coach en relation publique.

L'exercice de la semaine dernière était de trouver un compliment à adresser à un concurrent. Je suis content d'avoir réussi.

─ Maillot à pois s'il vous plait ! fait-il tout fier.

Á parler de ces anciens exploits il semble reprendre vie, comme si on avait remonté le ressort d'un mécanisme.

─ Il parait que vous avez refusé les équipes de Bergame ?

Je suis surpris qu'il soit déjà au courant, il ne devrait même pas savoir qu'ils nous ont contactés et encore moins être informés de notre refus.

─ Demain soir nous organisons un diner avec l'équipe féminine.

J'ai fait exprès de changer de sujet de conversation, il n'est pas dupe.

─ C'est très bien les filles sont contentes de sortir de leur routine. Vous pourriez vous entrainer ensemble ?

Je ne compte pas refuser franchement, mais déjà dans ma tête, il n'en est pas question ! Elles vont nous ralentir.

─ Oui pourquoi pas ! Mais nous faisons des sorties assez difficiles. Je ne voudrais pas leur causer du préjudice avec un entrainement trop dur.

─ Elles ont un lièvre masculin doué, qu'elles suivent sans problème ! Ira, vous êtes drôlement avisé vous avez quel âge dix-neuf ou vingt ans ?

─ Dix-neuf ans.

─ Vous êtes impressionnant de maturité. J'ai un fils de vingt ans à coté de vous c'est un bébé.

Le patron de Rochefort semble avoir deviné mon état d'esprit

─ Vous n'avez pas trop envie de me rejoindre ?

─ Non en effet ! Je suis venu faire un essai, mais les Alpes m'attire.

Le coach et le directeur sportif sursautent devant ma franchise.

C'est de la faute de ce bonhomme il est trop déprimant. J'ai peur d'être comme lui, un pantin cinglé, alors je ne veux pas rester ici.

─ Que me reprochez-vous ?

─ Je n'ai pas envie ! ...mais je n'ai rien à vous reprocher.

─ Très bien au moins vous êtes venu me le dire en face, pas de souci. Cela m'aurait plus de vous entrainer mais je ne compte pas vous forcer.

Le coach intervient judicieusement et pose des questions sur les filles, sur leurs performances, sur les méthodes pratiquées ici. Il tente de rattraper le coup.

J'ai l'impression de l'avoir poignardé. Il se tient stoïque, dépressif et semble souffrir.

Je ne veux plus jamais le rencontrer, il me donne envie de me suicider.

Ce soir je vais aller nager en pleine mer, le plus loin possible, il faut absolument que je me lave la tête de ce désespoir qu'il instille en moi, par sa présence et son air perdu et bravache.

─ Tiens vous avez un bracelet rouge au poignet, comme mon fils ! Je ne sais pas à quoi vous pensez les jeunes, vous êtes si bizarre. Il prétend que c'est pour trouver son âme sœur, remarque l'homme cherchant sans doute un sujet de conversation en tentant de reprendre contenance.

─ Il regardait des vidéos ?

J'ai dit ça pour dire quelque chose, conscient de lui avoir fait mal avec mon refus. Je ne m'attendais pas à sa réaction.

NON !!!! Le ton est rageur, brusque, c'est une explosion de rage.

J'ai touché un sujet sensible sans savoir lequel.

Le coach intervient pour détendre l'atmosphère qui s'est gelé d'un seul coup.

─ Mon fils à moi a dix ans et veut élever des serpents ! Ces jeunes sont vraiment étonnants !

Ioni bafouille.

─ Je vais vous chercher de la brioche, elle est très bonne ! Je reviens tout de suite !

Je ne dis rien, mais on se regarde tous le trois, on pense la même chose... il a disjoncté.

Il revient avec un visage recomposé peu après. Il nous sert des parts de gâteaux dans des assiettes anciennes.

─ Vous faites quelles études ? me demande le maitre des lieux.

─ Economie et mangement, mais j'ai mis en pause le cursus pour cette année afin de me consacrer aux J.O. et aux championnats du monde. J'aimerai travailler dans le monde du sport ensuite.

─ Très bien. Ici le cursus est très bon.

─ Votre fils le suit ? demande le coach, soucieux de revenir à une discussion apaisée.

─ Ah non pas du tout ! Vous n'avez pas deviné ? ...il va faire vétérinaire ...lui il est passionné par les animaux. Il part en septembre, pas très loin heureusement ! Il a réussi le concours de l'école vétérinaire de Toulouse, il va horriblement me manquer.

Il se rengorge visiblement fier de la réussite de son fiston.

─ Il n'est pas intéressé par le cyclisme ? tente le directeur d'équipe.

Moi je n'aurais pas lancé le sujet à mon avis ça risque d'être un autre sujet sensible.

─ Non il ne veut pas faire du sport de haut niveau...nous avons dix-sept animaux à la maison c'est l'enfer !

─ Tant que ça !

─ Et oui il s'en occupe il veut les emmener avec lui à Toulouse, je rouspète, mais en septembre la maison va me paraitre bien vide.

─ Voulez-vous vous joindre à nous, demain soir pour la sortie avec les filles ? j'ai proposé pour changer de sujet et commencer de prendre congés. J'en ai marre de cette maison oppressante.

─ Mon dieux comme c'est gentil ! Non sortez entre jeunes. Les filles ne seront pas à l'aise si je suis là. Il y a des bars en centre-ville le long de la Charente qui sont bien et il parait que le Galway a une bonne ambiance.

Enfin, nous avons réussi à quitter cette maison cauchemardesque.

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