4- Maxou
TW : évocation viol, enlèvement, agression.
Résumé des chapitre précédents :
Ira Ranowich un jeune champion cycliste est en déplacement avec son équipe pour quelques mois à Rochefort. Il est amoureux d'une star d'internet qui s'appelle Maxou qui a disparu. Il se promet après les JO d'engager un détective pour le retrouver.
On découvre que le fils du directeur Ioni Maxance, est Maxou. Il est traumatisé après un évènement violent.
Personnages principaux :
Ira Ranowich, 19 ans
Maxance Ioni, 20 ans
Personnages secondaires :
Le directeur Ioni : le responsable du centre sportif de Rochefort
Robert Dalambert : le psychiatre de Maxance
Les coéquipiers d'Ira : Achille, Joachim, Luis, Mehdi, Diego.
Le coach, le directeur des courses.
Clarisse : la kiné du centre de Bordeaux
***
Maxance Ioni
─ Tu boites !
─ Hier on a fait quatre cents kilomètres, je suis crevé ! Ces filles sont des bourreaux !
Mes copains éclatent de rire, ébahis que je serve de lièvre aux championnes cyclistes que mon père encadre. Je m'y colle tous les week-ends et c'est épuisant.
Lièvre c'est mieux que rien, certes loin des ambitions de mon père. Je n'ai pas l'étoffe d'un champion, contrairement à mes géniteurs, deux anciens champions cyclistes.
Je me débrouille quand même sur un vélo, j'ai ça dans le sang, malgré mes cassures.
Maman me manque tellement ! Elle était énergique, drôle, forte. Si elle était encore en vie, peut-être qu'elle m'aurait entrainé et que je le serais devenu aussi, mais sans elle, je n'ai pas pu.
En athlétisme, un lièvre est un coureur chargé de favoriser la performance d'un autre concurrent, en menant la première partie d'une course. Cette pratique s'est étendue au cyclisme.
Je dois donner à la course une allure suffisante, qui force les athlètes à se dépasser. Elles doivent respecter des temps de passage définis à l'avance, que je les aide à atteindre dans l'ombre.
Puis quand il le faut je fais le premier de file pour que les championnes puissent se reposer.
Je ne le dis pas à mes copains, mais l'ambiance est épouvantable à la maison, et je stresse pour mon père.
L'équipe masculine est arrivée hier et ce soir le champion Ira Ranowich passe le rencontrer.
Je ne vais pas me montrer, papa est déjà anxieux et je m'en voudrais de lui faire perdre le contrat qu'il vise. Je vais retourner dans mon studio à la cité U.
J'ai déplacé une partie des animaux à sa demande, j'ai mis les chats chez un ami, l'âne chez mon oncle et emmené les souris dans mon dortoir, ce qui n'a pas enchanté ma colocataire. Mon père a peur que la maison en bazar, avec tous les animaux, rebute le champion.
Il reste les poules qui vont rester dans leur poulailler et les chiens dont personne n'a voulu. Nous avons un chenil, pour les enfermer en cas de nécessité. Papa arrive à les faire obéir comme moi, et il m'a promis de ne les enfermer qu'en cas de nécessité.
Il rouspète après mes animaux, mais il les aime bien lui aussi.
Je suis inquiet pour lui l'an prochain, que va-t-il devenir ? Ça me stresse l'idée qu'il reste seul et le sujet me mine. Certes je ne dors plus à la maison, mais je passe presque tous les jours. Les choses seront différentes quand je serais à Toulouse, surtout que les jeux olympiques seront passés et qu'il aura donc officiellement pris sa retraite d'entraineur.
Je ne sais pas quoi faire pour l'aider et je prie pour que la rencontre avec le jeune champion se passe bien ! Mon père rêve de faire travailler les hommes. Il est pourtant déjà occupé avec les handicapés et l'équipe féminine.
Il n'arrive pas à se résoudre, à ce que sa carrière de directeur sportif international soit derrière lui. C'est une source d'angoisse supplémentaire.
Dire qu'Ira Ranowich va aller chez moi ...c'est troublant ! Il est super mignon ce gars. Je crois à la destinée et reste persuadé que j'aurai dû épouser un champion cycliste, peut être lui, si les démons de l'enfer n'avaient contrecarré ma ligne de vie. Il a l'air si sûr de lui sur les photos.
Je l'admire et le suit de loin, il réussit exploits sur exploits et gère sa petite célébrité d'une main de maitre. Comment ne pas être admiratif devant autant de talent ?
Moi qui suis gay, je l'avoue il me plait vraiment.
Dès que j'ai pris conscience de ma sexualité, j'ai su que j'aimais plaire aux mecs. Enfin ça c'était avant ! J'ai détesté par contre ce que m'a fait le monstre !
Le prof arrive et commence son cours aussitôt. Une distraction bienvenue qui me permet d'oublier tous mes soucis, car la concentration reste de rigueur.
Quand les cours se terminent, les vents soufflent de plus en plus violemment. Une tempête arrive dans la nuit et tout le monde se barricade. Je file aider à la SPA, j'adore mon boulot de soigneur au milieu des bêtes. Nous avons des chiens et des chats, mais aussi des animaux de ferme et des bêtes blessés sauvages que nous réintroduirons ensuite dans leur milieu. Je les aime tous, mais j'ai quelques pensionnaires préférés dont Nestor le hérisson que je nourris à la pipette et qui accourt quand j'arrive. Il y a deux vétérinaires rattachés à l'établissement, une dizaine de soigneurs qui sont mes amis. Nous installons des planches de bois sur les cages extérieures. Il faut séparer certains animaux énervés par les orages. Les rassurer.
Après avoir nourri tout le monde et nettoyer les cages et les enclos avec Séverine l'autre soigneuse, je vais promener la vingtaine de chien que nous avons au refuge en ce moment. Cela leur fait du bien de se dégourdir les pattes et de quitter leurs cages avant l'orage. Nous avons de moins en moins de candidats pour l'adoption.
─ Attends, je garde Sasha et Roxy. J'ai une famille qui est intéressé et va peut-être passer, me prévient Sévérine.
Ce sont deux teckels, ils ont été abandonnés sur l'autoroute. Qui est assez fou pour payer un chien de race, et ensuite l'abandonner ?
J'y vais avec les autres, ils se pressent contre moi pour des câlins. Ils me regardent admiratifs et je retrouve avec eux, un peu ma vie d'avant, mon insouciance et ma gaieté. Nous avons marché un moment sous les nuages de plus en plus noir, puis je m'arrête au milieu d'une clairière.
─ Je vais vous faire un spectacle.
Me voilà à chanter la dernière chanson à la mode. Il m'a suffi de l'entendre quelques fois pour connaitre les paroles par cœur. Si j'avais encore ma chaine, j'aurais exhibé ma prestation à mes admirateurs, désormais ce sera devant les chiens. Quand j'ai terminé mon show, ils me dévisagent heureux, patients, la langue pendante.
─ Ça vous a plus les gars ?
Je me mets à genoux et ils se précipitent tous sur moi pour des câlins. Je m'inquiète aussi pour eux en partant pour l'EVT en même temps je ne peux pas adopter tous les animaux du refuge.
***
Plus de cinq mille personnes me suivait sur mon site, j'étais devenu une star à l'insu de mes parents.
Je me déshabillais, chantais, d'autres fois je bricolais ou racontais des bêtises. Je rêvais d'être acteur, mannequin. J'ai fait des centaines de vidéos en sous-vêtements et je rêvais du grand amour.
J'ai commencé à treize ans, inutiles de dire que je parlais sans filtre et avec la conviction de l'innocence. Je n'avais pourtant jamais donné d'indication sur mon adresse et sur l'endroit où je vivais, je n'ai pas eu de chance. J'ai fait peu de vidéo en extérieur, moins d'une vingtaine. Il a suffi d'une ! Comme il vivait aussi à Rochefort, il a reconnu les lieux.
Puis le drame !
Un soir après le lycée, un de mes admirateurs m'a enlevé chez moi et comme ma mère est intervenue pour me protéger, il l'a poignardé.
Il m'a séquestré trois jours et m'a terrorisé, violé. Mon agresseur était un homme d'une cinquantaine d'année, fragile psychologiquement, qui enchainait dépression et crise de violence.
C'était horrible ...Il me demandait de chanter et de danser, je ne faisais que pleurer, incapable de le satisfaire.
Il s'étranglait de rage en réalisant que je n'étais pas amoureux de lui et il a réussi à me dégouter de tous mes rêves.
Si j'ai tenu le coup emprisonné par ce fou, c'est grâce à des souris, qui vivaient dans la cave où il m'avait enfermé. Beaucoup aurait été achevé par la présence de ces animaux dans l'endroit sombre. Moi, c'est le contraire, elles me réconfortaient. J'avais l'impression qu'elles étaient là, comme dans un dessin animé pour m'aider et me tenir compagnie. Je suis sûr, qu'elles me disaient de tenir le coup, me disaient de garder l'espoir et d'avoir du courage. Elles m'alertaient quand il arrivait. Une fois elles lui ont fait peur et l'ont fait partir.
Je n'avais jamais été un passionné d'animaux avant, je les aimais bien sans plus.
Puis la police m'a délivré, ça a été pour apprendre le décès de maman.
Je ne voulais pas sortir de cette cave, pas tant que je n'avais pas récupéré mes souris. Mon père les a récupérés les souris pour que je me calme.
Je ne sais pas quel est le pire, la culpabilité ou le viol, les enquêteurs ont retrouvé mon compte, mes vidéos et ils ont tout balancé à mon père.
Toutes les vidéos que j'avais faite, toute mes idées, mes gouts particuliers... lui ont explosé à la figure. Il ne m'a rien reproché et il ne m'en veut pas, mais il est brisé et moi aussi.
J'aimais me montrer ! Depuis l'enlèvement je ne peux plus.
Mon père a barricadé la maison et moi je me suis entouré d'animaux et je me suis refugié dans les études.
Je fais toujours des cauchemars et je ne peux rien faire sans mes animaux, c'est pour cela que j'ai choisi d'être vétérinaire.
Mon père a espéré quelques temps que je choisirais le cyclisme, pour moi il n'en était plus question. Je veux bien faire le lièvre pour ses coureurs, mais c'est tout.
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