3- Rochefort

Résumé des chapitre précédents :

Ira Ranowich un jeune champion cycliste est en déplacement avec son équipe pour quelques mois à Bordeaux. Il découvre le coin qu'il aime beaucoup et songe de plus en plus à s'y installer. Il a un secret, il est amoureux d'une star d'internet qui s'appelle Maxou. Regarder ces vidéos est son plaisir secret. Pendant trois ans il a admiré la jeune star. Depuis trois années les publications ont cessé et Ira se demande ce que Maxou est devenu. Il se promet après les JO d'engager un détective pour le retrouver.

Personnages principaux :

Ira Ranowich, 19 ans

Personnages secondaires :

Les coéquipiers d'Ira : Achille, Joachim, Luis, Mehdi, Diego.

Le coach, le directeur des courses.

Clarisse : la kiné du centre de Bordeaux

***

Ira Ranowich

Nous chahutons dans le bus pour Rochefort. Il n'y a que deux heures de route, nous aurions pu y aller en vélo, mais ce n'est pas possible pour des raisons d'assurance du matériel. Nous allons passer un mois là-bas, puis nous enchainons sur trois semaines à Vincennes et enfin les Alpes.

Gérer la politique, les susceptibilités, le coach m'a expliqué que cela faisait partie de mon rôle de « champion ». Il a insisté sur le mot qui me chatouille toujours.

Il connait ma manie sans en connaitre la raison et m'a montré mon nom inscrit dans le classement des sportifs français. Je suis donc officiellement un champion et si je le retrouve, je pourrais l'épouser.

Les gars sont contents à l'idée de s'entrainer avec les filles. Ils oublient qu'elles visent aussi les jeux et que ça ne serait pas cool d'en mettre une enceinte.

Au moins, à Rochefort il y aura l'océan, même si le coin semble moins bien que la région Bordelaise.

On a reçu une proposition pour s'associer avec une écurie Suisse qui s'entraine à Bergame, ça veut dire redistribuer les places dans l'équipe, et nous avons refusé. Nous sommes trop près des jeux qui auront lieu au japon, le pays préféré de mon amoureux et j'aurai tellement voulu l'y emmener.

En vue de l'ancienne ville royale, nous passons devant le bâtiment de la corderie. Le temps est maussade et une tempête est prévue pour les prochains jours.

Le coach et moi nous allons rencontrer le directeur après-demain pour qu'il me fasse sa proposition pour l'équipe que je compte refuser.

─ Tu veux un dossier sur Ioni, on a quelques photos ? demande le coach.

─ Non ça ne m'intéresse pas trop ! raconte-moi plutôt !

─ Ioni est un ancien champion qui a pris la gestion des écuries de Rochefort il y a quinze ans. Un vrai passionné et son épouse est une ancienne cycliste aussi.

─ Je me rappelle de lui, mais le nom de sa femme ?

─ Joanne André, Elle n'a pas gagné grand-chose, mais tu la connais surement dans la rubrique des faits divers, car elle a été assassinée !

─ Quoi ?

J'ai vu quelquefois Ioni a des interviews et je l'ai croisé à des galas sans supporter sa tête de déterré, je comprends mieux.

─ C'est lui le coupable ?

─ Non, pas du tout ! Le coupable a été arrêté, mais les gens ont jasé et sa réputation en a pâti.

Je hoche la tête, conscient que c'est moche.

Il a un fils unique qui aurait pu être champion ...mais le gamin n'est pas net ! Ils ont été agressés chez eux et la mère a été tuée devant le garçon qui a été enlevé.

─ Merde les pauvres !

Je compatis sincèrement. Je n'étais pas au courant de cette tragique histoire et regrette de l'avoir toujours trouvé bizarre ce type.

─ Ioni est un dur à cuire ! Il ne veut pas qu'on évoque le sujet. Il est passionné de vélo, tu verras il est intéressant. Et n'oublie pas, il a encore des appuis dans le milieu, on doit le ménager.

─ Le coin est bien pour travailler la course contre la montre, j'approuve.

─ Bon état d'esprit ! s'écrit le directeur sportif.

─ Et il ne pourra pas user de subterfuge tu auras été réglo, complète le coach.

─ Route de l'océan, nous y sommes, marmonne le coach.

Nous découvrons un bâtiment blanc dans une zone pavillonnaire à quelques kilomètres du centre d'entrainement. Le local est plutôt bien et nous avons chacun notre chambre, ça c'est cool. Je récupère la mienne à l'étage qui donne sur la mer au loin.

─ Les garçons, assez trainé ! Venez aider à décharger le matériel, gueule le coach.

Il y a un camion de matériel à décharger avant de se détendre, tous nos vélos et les accessoires pour les réparer. Nous avons aussi nos affaires personnelles, moi j'ai une moto.

***

Maxance Ioni

─ Alors Maxance, pas de cauchemar cette semaine ?

─ Non ça va mieux.

Trop souvent j'ai des terreurs nocturnes dans lesquelles des monstres m'ensevelissent vivant. Je me réveille alors malade, sans pouvoir me rendormir avant un long moment. Il m'a fallu me résigner et l'accepter, je sais désormais que je souffre de syndrome post traumatique, il parait que c'est un grand pas vers la guérison, soit !

Trois années que je suis une thérapie pour essayer de m'en sortir.

Mon psychiatre Robert Dalambert est une sommité à Rochefort, un homme d'une cinquantaine d'année, barbu. Il réussit le miracle de me faire oublier mes craintes. Il discute souvent de banalité avec moi, comme si j'étais normal.

─ Tu intègres l'école vétérinaire l'année prochaine ? Tu es content ? demande mon psy qui relève ses lunettes et je vois ses gros yeux bleus sous les sourcils broussailleux qui me fixent.

J'aime son allure bonhomme, même si j'ai vraiment du mal avec les hommes de sa tranche d'âge. Il m'a réconcilié avec l'espèce humaine.

─ Je serai content d'en terminer avec la prépa surtout.

Au moins les heures intensives de travail m'ont aidé à oublier un peu et puis c'est pour la bonne cause, cela va me permettre de réaliser mon rêve.

─ Ton père m'a dit que tu as encore recueilli un chien ? Il m'a appelé comme si je pouvais te convaincre de faire quoi que ce soit.

Il s'esclaffe tout seul en secouant la tête. Son honnêteté me rassure plus que tout.

Je soupire excédé par le monde dans lequel on vit. Je suis bénévole à la SPA, et je ne supporte pas quand on pique nos animaux car ils sont de trop. Je n'arrive pas à m'y résoudre.

Le résultat c'est que j'ai un chien de plus, donc quatre désormais, auxquels il faut rajouter trois chats, mes souris, un âne et quatre poules.

Mon père s'exaspère, mais je ne me sens bien qu'entouré d'animaux.

J'ai eu vingt ans hier, j'ai des traits pales, des cheveux roux foncé avec des taches de rousseur. Je suis mince, presque trop, à la limite de l'anorexie, et assez maniéré dans mon genre. Je porte une veste de cuir cintré et un jean étroit. Coquet, malgré moi, j'admire mes baskets en lui parlant. J'étais bien plus beau avant ! J'ai été un ado survolté, conscient d'être un beau gosse. Pendant mes années de collège, j'ai fait des centaines de vidéos de moi, en perdant de vu que les gens qui les regardent ne sont pas toujours net dans leur tête. La réalité m'a frappé durement.

Mon père est préoccupé en ce moment car il va recevoir l'équipe masculine cycliste junior tout le mois qui arrive et n'est pas à prendre avec des pincettes. Il craint que leur champion, le meilleur espoir français Ira Ranowich ne veuille pas travailler avec lui et cela le rend triste. Il y tient et y met je ne sais quoi dedans. Il aurait besoin d'une psychanalyse lui aussi.

─ Maxance, c'est injuste de te punir à tort ainsi ! Nous en avons convenu, tu n'as rien à te reprocher.

─ Tu te répètes Robert, tu me dis toujours la même chose ! Un garçon de mon école a retrouvé des vidéos et les a montrés à la classe, ils ont trouvé que j'étais génial.

─ Tu t'es senti comment en les revoyant ? Est-ce qu'il voulait te nuire ? Mon psy s'inquiète tout de suite.

Les murs de son cabinet son vert bouteille, j'adore le vert.

─ Je ne pense pas qu'il voulait me nuire, il n'en revenait pas mes talents je mime le mot entre guillemet et voulait juste les montrer aux autres. Ils étaient ébahis et ...admiratifs. Je ne sais pas comment l'expliquer, ça m'a laissé un gout de sang dans la bouche... en même temps j'ai été surpris de me revoir, je me suis trouvé pas mal !

─ Mais tu es pas mal ...c'est pour cela !

─ Papa pensait avoir détruit toutes ces vidéos, elles ressortent sans fin.

─ Ton père n'aurait pas dû vouloir les détruire. Tu es un jeune homme bourré de talent qui n'a pas eu de chance ! Ce n'est pas de la faute de ces films, pas plus que la tienne.

─ Ça me manque ! je reconnais en regardant par la fenêtre, un peu ébahi d'avoir eu ce genre de pensée.

─ Qu'est-ce qui te manque ?

─ De me filmer...de me faire admirer me manque, j'aimais ... je compense avec les animaux. Des fois je leur chante des chansons à eux.

Mon psy rigole.

─ Tu devrais te produire en public de temps en temps.

─ Ça il n'en est pas question ! Enfin j'arrive quand même à chanter devant mes amis maintenant !

─ Tu as choisi ton école Toulouse c'est ça ?

─ C'est la moins loin ! Papa va essayer de me louer une maison là-bas pour que je puisse les emmener avec moi.

─ Tu vas continuer ta thérapie ?

─ Je pense que je vais arrêter.

Mon psy n'a jamais pratiqué la langue de bois. Si je n'étais pas prêt il me le dirait.

─ Je suis d'accord, tu es assez fort maintenant.

Il n'a pas dû remarquer mon soulagement ou peut être que si... mais il n'insiste pas.

─ Entouré des animaux ça va toujours. Pourquoi je suis comme ça ?

─ Nous sommes tous différents Maxance. Et je n'ai pas la réponse... Tu entraines toujours les filles ?

─ Oui je fais plaisir à mon père il est tellement déçu que je ne sois pas un champion.

─ Tu n'en avais pas envie ! On ne peut pas faire ce que les autres veulent, on doit faire ce qu'on veut.

─ Merci Robert, tu me soutiens toujours.

─ Je dis juste des vérités je n'ai pas de partie pris.

─ Je te laisse, j'ai des biberons à donner, on a récupéré six bébé agneaux à la SPA, ils sont trop mignons.

Après ma visite à mon médecin, je file en vélo à la SPA, roulant à fond,savourant le vent sur mon visage. Je suis toujours volontaire pour m'occuperdes animaux, ils sont mon oxygène. 

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