2- Les vidéos de Maxou
Résumé des chapitre précédents :
Ira Ranowich un jeune champion cycliste est en déplacement avec son équipe pour quelques mois à Bordeaux. Il découvre le coin qu'il aime beaucoup et songe de plus en plus à s'y installer. Il a un secret, il est amoureux d'une star d'internet qui s'appelle Maxou. Regarder ces vidéos est son plaisir secret.
Personnages principaux :
Ira Ranovich, 19 ans
Personnages secondaires :
Les coéquipiers d'Ira : Achille, Joachim, Luis. Le coach.
Clarisse : la kiné du centre de Bordeaux
***
Ira Ranowich
─ Le centre le plus intéressant est à Annecy, il permet une bonne préparation en montagne. Milite mon directeur de course.
Nous sommes en réunion tous ensemble pour choisir ou nous allons nous entrainer les prochains mois. Nous avons trois possibilités, le centre des sportifs de haut niveau à Vincennes, le centre d'Annecy et l'école de Rochefort ne serait pas loin d'ici, mais leur directeur sportif a pas mal baissé en notoriété.
Nous allons voter à la majorité sachant qu'en fait c'est quand même le directeur des courses qui va l'emporter et lui milite pour Annecy. Moi ça me va, le seul qui ne me tente pas c'est Vincennes, je n'aime plus la région Parisienne.
Pour Rochefort il partait que le patron est un tocard. Il s'occupe déjà des filles et des handis pour les J.O. donc je ne pense pas que ce soit la bonne solution.
Avec l'équipe, on a convenu de faire des essais dans les trois centres, mais on a déjà choisi ce sera Annecy. Nous allons commencer par Rochefort, nous y resterons un mois.
─ Je sais que ça ne te tente pas, mais il a encore du pouvoir ! Va le rencontrer et l'écouter ! La politesse ne fait pas de mal.
Il m'a décrit un homme marqué par les soucis, qui n'est pas désagréable. Ton parcours l'intéresse.
S'il savait !
A treize ans j'avais des gros problèmes de comportement. Ce que j'ai raconté à Clarisse, notre nouvelle kiné est vrai, j'étais tellement violent, mais aussi renfermé, qu'on m'avait diagnostiqué autiste. Enfant hyper-agressif, mal-aimé dans une cité glauque de Fresnes, ma mère ne savait plus que faire de moi. J'ai cogné un type, manquant le tuer, parce qu'il m'avait traité de débile et j'ai fini en centre de rééducation.
Ce qui était dur, outre le soulagement de ma mère et la violence ambiante, c'était les soirées interminables dans le centre lugubre. Là-bas, les psys ont pu déterminer que je n'étais pas autiste, mais juste très mal dans ma peau.
La violence régnait, rien de nouveau pour moi et j'étais un animal pire que les autres. Derrière les murs gris et les barreaux de l'institution, on trouvait tous les cas désespérés, dont la société ne savait que faire. Les animateurs du centre avaient du travail à nous surveiller.
Ma seule distraction à l'époque était de trainer sur les réseaux, scrollant comme un malade de publication en publication, quand je suis tombé sur lui. Sa frimousse m'a arrêté net, il m'a plu tout de suite, je n'en revenais pas comment ma queue me chauffait. Je me suis dit que si un mec comme ça venait dans notre centre, il se ferait défoncer et pas que la tête. Certains étaient hyper sexualisés, j'étais au courant de tout ce qu'on pouvait faire, bien trop tôt.
Le gars expliquait comment faire une photo de nuit, en ayant l'impression de mettre la lune dans une boite. C'est inventif et bien trouvé. Je me fichais complètement du tuto, mais le gars me plaisait horriblement. Je m'imaginais l'avoir à ma merci et tout ce que j'aurai pu lui faire. Il était beau, adorable, avec une voix sucrée adorable. Il était joyeux, bavard, solaire, tellement à l'opposé de moi.
Un petit miracle s'est produit ce soir-là, car rien qu'en l'admirant sur mon écran, je me suis senti instantanément de meilleure humeur.
Surtout il avait une énergie qui passait de lui à moi à travers la caméra, et si les premiers instants, je me suis imaginé son maitre, c'était pour finalement tomber à ses pieds.
Je n'aimais personne et même pour être exact, je détestais la Terre entière. En quelques secondes, je suis devenu dingue de lui. Je me suis abonné à sa chaine qu'il venait de lancer. Je devais être son cinquième abonné, donc il a pris la peine de m'écrire, sans que je n'ose lui répondre. Il avait un an de plus que moi et m'a parlé de ce qu'il aimait et de ce qu'il n'aimait pas, ses parents cools, surtout sa mère. Il m'a détaillé ses rêves de gloire, il voulait être acteur, de sa passion pour la photographie. Même par écrit il était bavard.
Le centre s'est félicité de l'amélioration de mon état d'esprit d'un seul coup. Je ne l'ai jamais dit, mais c'est un lutin rencontré sur internet qui m'a soigné. Il m'a appris l'amour, la joie, la tendresse et le désir.
Il a fait des vidéos pendant trois ans, pas toujours régulièrement, certaines sympas et d'autres très coquines. Mon amour est gay, sensuel, coquin et exhibitionniste ! Moi je ne loupais aucune parution, j'étais un supporter de la première heure et je ne l'ai jamais lâché.
Maxou a un talent fou, il chante et danse, mais il est aussi habile de ses mains et inventif.
C'est à cause de lui que je veux faire champion cycliste. Dans une de ses vidéos, il a affirmé qu'il tomberait probablement amoureux d'un champion cycliste, que son destine était déjà tracé. Il croyait au destin et aux liens. Il a mis un bracelet rouge pour trouver son amoureux et comme il l'a fait en ligne, je l'ai fait en même temps que lui, à distance.
C'est devenu clair pour moi ce jour-là, je serais ce champion cycliste et c'est moi qui l'épouserais.
Maxou a connu assez vite une petite célébrité avec de nombreux followers.
Je n'osais pas mettre de commentaires, mais Maxou m'écrivait quand même de temps en temps par message privé et j'adorais ça. Bêtement, je ne lui ai jamais répondu, heureusement il ne s'en vexait pas. J'avais trop honte de ce que j'étais et je ne me sentais pas prêt, pas digne encore.
Il m'a rendu mon humanité et le vélo m'a permis de prendre gout à la vie.
Je faisais déjà de la natation et j'ai demandé à faire du cyclisme. Je comprends les éducateurs qui ont accédé à ma demande : le sport c'est la seule chose qui me calmait, et ainsi je ne claquais pas les autres.
Face à ma motivation et mes progrès fulgurant, on m'a envoyé dans un centre sportif, puis j'ai obtenu une place dans le centre des espoirs, la consécration.
Je n'ai jamais quitté mon bracelet rouge.
Allongé dans le noir. Je me demande ou il a pu passer.
Il y a trois ans sa chaine a fermé du jour au lendemain, sans aucune explication. Dès que j'ai gagné les championnats en septembre, j'engage un détective privé spécialisé dans les recherches internet avec mission de retrouver mon ange.
Qu'est-ce qu'il lui est arrivé au cours de ses trois dernières années ?
Mes copains ont planché avec moi sur le sujet, sans la totalité des informations. J'ai expliqué que je recherchais un influenceur d'internet, ayant fermé son site sans raison, du jour au lendemain. Ils l'ont féminisé sans que je rectifie.
Je ne me sens pas gay, juste amoureux de ce gars-là.
─ Généralement ce genre de personne l'annonce, avait analysé Joachim. Elle a obtenu un meilleur contrat ou elle s'est mariée ?
─ Non il avait même indiqué le contenu de sa prochaine vidéo.
─ Ce n'est pas bon ! avait ajouté Luis.
─ Comment ça ?
─ Ben dans ce cas, c'est un cas de force majeur : genre maladie, accident, ou elle est morte. Donc ce n'est pas bon !
─ Pas seulement, tempère Diego qui me cite à son tour des catastrophes possibles. Son mec l'a frappé, elle a dû fuir le fisc ou perdu sa famille.
─ Stop j'ai compris l'idée !
Ils ne se sont pas rendu compte qu'ils m'arrachaient le cœur.
─ Oublie la, Si tu la retrouves elle ne sera plus aussi jolie peut être et tu seras déçu ! Vis le présent !
Comme si les choses étaient si simples ! Maxou et moi nous ne nous sommes jamais vraiment parlé, mais j'ai passé trois années complètes à ne vivre qu'à travers lui et je l'ai dans la peau. Grâce à lui j'ai repris gout à la vie. Je l'aime et la moindre des choses pour moi est de savoir ce qu'il est devenu. A l'idée qu'il lui soit arrivé un malheur, j'ai été mal un moment.
Je suis tellement entier que j'ai même songé à mettre fin à mes jours : S'il n'était plus sur cette terre, je n'avais rien à y faire non plus. Je nageais dans un lac près du centre de Besançon, j'avais envie de me noyer, et au milieu de l'eau dans la nuit et en admirant les étoiles, je me suis raisonné et ai fait une promesse, je devais au moins me recueillir une fois sur sa tombe, avant de me suicider. Ça m'a motivé à rentrer. C'est vrai que je ne connais pas tout de lui, je ne sais que ce qu'il a bien voulu montrer, mais il s'est tellement dévoilé, que j'ai l'impression de tout savoir.
Les zones d'ombre m'obsèdent d'ailleurs. Il n'a jamais donné le nom de sa ville, aucune idée s'il aime la natation et de pourquoi il était persuadé qu'il épouserait un champion de cyclisme.
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