12- Les motos

Résumé des chapitre précédents :

Ira et Maxance font connaissance. Ira est déterminé à mentir et à l'emporter et Maxance lui s'émeut de pouvoir découvrir l'amour.

Maxance raconte son agression à Ira et celui-ci réussit à avouer qu'il avait vu quelques vidéos. On est loin du compte mais les deux garçons se rapprochent.

Le père d'Ira s'en mêle, méfiant comme un oiseau de mauvais augure. Pour le défier, Maxance accepte d'accompagner Ira chez lui pour qu'il rencontre Corinne.

Personnages principaux :

Ira Ranowich, 19 ans

Maxance Ioni, 20 ans

Personnages secondaires :

Le directeur Ioni : le responsable du centre sportif de Rochefort

David Ioni : oncle de Maxance

Robert Dalambert : le psychiatre de Maxance

Les coéquipiers d'Ira : Achille, Joachim, Luis, Mehdi, Diego.

Le coach Grégoire, le directeur des courses Eric.

Les championnes cyclistes : Daphné, Aude

L'équipe handicapés : Corinne, Mario

***

Ira

Je ne prends jamais personne derrière moi sur ma moto. L'avoir lui, qui enlace ma taille, c'est l'extase.

Je me demande si à un moment je pourrai en avoir marre de lui et le détruire plus qu'il ne l'est déjà. Je réalise combien ce gars lui a fait du mal. Est-ce que ma malhonnêteté pourra aggraver les choses ? Il a tellement changé, il n'est plus que l'ombre de lui-même.

Nous arrivons à la résidence, les gars trainent narquois dans le jardin et nous regarde arriver.

Corinne est déjà là, accompagné d'un gars en fauteuil roulant.

J'ai une question bête, je me demande comment ils ont fait pour venir, mais je me garde de poser la question.

Quand Maxance s'approche, le gars le fait assoir sur ses genoux.

Je suis jaloux horriblement, c'est immédiat, cependant rasséréné par le fait que Maxance se relève vite. Personne n'a dû remarquer, le geste que j'ai commencé de faire pour les séparer.

En tant que motard je sais ce qui peut intéresser vraiment Corinne, outre admirer mes bécanes.

─ Tu veux faire un tour ?

─ Je ne peux plus. Elle désigne sa jambe. Je n'ai pas le droit de conduire avec et j'avoue que j'ai un peu peur de remonter sur une moto.

─ Je t'emmène ? je propose.

─ Tu ferais ça ?

─ Bien sûr ! En bécane.

Elle éclate de rire, heureuse.

Je démarre mon engin, Maxance a été rejoint par mes copains et le gars en fauteuil qui ne le lâche pas. Il m'énerve d'ailleurs.

─ Si tu as peur tu me frappes l'épaule.

Corinne hoche la tête.

─ Je ne pensais pas remonter un jour sur une moto, personne ne me l'a jamais proposé.

Je grimace de dépit en réalisant quel con j'ai été.

─ Je peux monter un peu en vitesse ?

─ Youuuu ! crie t'elle.

En effet c'est une vraie motarde. Je me sens si nul de l'avoir évité tout ce temps.

On part fait une randonnée d'une vingtaine de kilomètres et je monte jusqu'à deux cents. Je ne peux m'empêcher de me demander ce que je deviendrais, si j'étais handicapé, si on me privait de mes plaisirs. Non il n'y a pas moyen !

Quand je gare la moto, à notre retour, Maxance vient aider Corinne à descendre, puis il m'attrape le bras possessif.

C'est inconscient et tous les gars nous regardent, moi je fais mine de ne pas avoir remarqué. Je suis si bien !

─ Maxance, je croyais que tu n'aimais pas que les mecs te touchent, s'étonne Joachim.

Ma star sursaute surpris.

─ J'avais oublié, ça passe un peu avec Ira,

Il se tourne vers moi gêné.

─ Désolé, je suis pot de colle !

─ Non pas du tout. Reste contre moi.

Corinne et Antoine repartent peu après. Antoine conduit une voiture aménagée, je ne savais même pas que ça existait.

─ Ta chambre est bien ? demande Maxance. On peut y aller ?

─ Bien sûr, allons-y.

Sans me demander, il s'allonge sur mon lit. Ce qu'il ignore, c'est que n'importe qui d'autre, je l'aurai balancé par la fenêtre.

Je sens qu'il me teste, pour voir comment je vais me comporter. Je vais tacher de ne pas me griller aussi vite, je m'installe sur ma chaise de bureau. J'avais raison car il se remet à parler.

─ Je n'ai pas fini mon histoire. Il m'a violé. Je suis traumatisé je en peux plus chanter et danser et ...Je ne peux plus faire l'amour. Normalement je ne supporte pas qu'un mec me touche.

─ Je ne demande rien !

Houlà, Maxance va vite ! Même moi je n'en suis pas là ! J'avais une montagne à gravir pour le retrouver après sa disparition. Maintenant que je l'ai retrouvé ...il va me falloir affronter son traumatisme. Je l'aime toujours autant, mais je ne sais pas quoi faire et surtout je ne veux pas foirer.

Je viens d'avoir une idée, qui vaut ce qu'elle vaut, alors je me lance pour expliquer mon intérêt soudain pour lui.

─ Je veux juste que tu m'expliques comment bien traiter les animaux et puis tu pourrais m'apprendre le langage des signes ?

─ J'arrive à rester debout contre toi, mais tu n'es pas mon âme sœur ! Et je me doute que si tu as le ruban rouge, c'est parce que tu as écouté ma vidéo, continue Maxance qui ignore mes explications et m'arrache le cœur.

─ J'en ai vu beaucoup ...c'est vrai ! J'ai réussi à augmenter la mention du nombre de fichiers, je ne veux plus lui mentir, mais tu n'es pas le seul gars à parler du ruban rouge. Je ne suis qu'un sportif, un cycliste.

Je supplie silencieusement dans ma tête.

Dit-le ! ... dit-le ! Que tu vas m'épouser !

─ J'ai froid je vais y aller, marmonne Maxance qui change d'humeur et est devenu sombre. Est-ce que j'ai fait quelque chose, ou c'est lui ?

─ Je te raccompagne.

─ Ce n'est pas la peine, refuse t'il.

Je joue la carte du devoir.

─ J'ai promis à ton père de m'occuper de toi. Je te dépose à la résidence ou chez ton père ?

─ A la résidence.

Il monte derrière moi en moto, et nous arrivons dans sa résidence en quelques minutes.

En enlevant son casque, il reprend.

─ Tu sais j'étais persuadé que j'allais épouser un champion cycliste.

─ Je ne suis pas un champion encore et moi j'ai toujours rêvé d'épouser un mec qui serait gentil avec moi et qui comprendrait tout !

─ Qui comprendrait tout ? demande Maxance, que j'ai réussi à intriguer.

─ Quand j'étais enfant je te l'ai dit, j'étais un peu sauvage et je ne parlais pas beaucoup. On m'avait diagnostiqué autiste et même ma mère me prenait pour un débile. Je sentais pourtant que ce n'était pas ça. Puis, j'ai été enfermé en maison de correction, avec pleins de psychiatre ils m'ont expliqué que j'étais juste très mal dans ma peau et que je n'arrivais pas à me faire comprendre. Je me suis promis un jour de trouver une âme-sœur, quelqu'un qui m'aimerait et me comprendrait, j'ai toujours rêvé de rencontrer quelqu'un qui comme toi avec les animaux, m'explique tout.

La bonne humeur est revenue, il éclate de rire, ce rire qui m'a tant manqué.

─ Je vais te dire un secret. J'aimerais qu'un mec fasse le dauphin pour moi !

Il me surprendra toujours. Je ne comprends pas ce qu'il veut, mais je suis déjà volontaire.

─ Vas-y, explique-moi ?

─ Si je t'explique ... tu vas devoir m'épouser.

─ Je prends le risque !

Il va me rendre fou, il ne se rend pas compte de combien ses paroles ont d'échos en moi.

─ Je n'ose plus aller dans l'océan, depuis mon agression, et pourtant j'adorais cela.

─ Pourquoi ? Je veux dire pourquoi tu n'oses plus aller nager en mer ?

─ Car mes chiens ne veulent pas venir avec moi dans l'eau, ils ne restent pas et s'ils ne sont pas avec moi, je risque de faire une crise de panique.

─ Je ne savais pas que tu aimais nager en pleine mer, c'est dingue ! Parce que moi aussi j'adore.

Demande à mes copains, ils te confirmeront et cela leur fiche même la trouille ma manie d'aimer nager en mer.

Je le sais, ils me l'ont déjà dit.

─ Ben dis donc ! La confiance règne.

Il me regarde, amusé, nullement gêné.

Je suis surpris du fait qu'il aime nager en mer, il n'en a jamais parlé non plus dans ces vidéos.

Il ne disait vraiment pas tout. Je réalise que je ne le connaissais pas tant que cela finalement. Il n'a dévoilé que quelques facettes de sa personnalité, j'aime les autres que je découvre maintenant.

Je vivrais avec ses blessures et lui aussi vivra avec mes traumatismes et mes colères.

─ J'ai demandé à mon père à adopter un dauphin, il n'était pas content ce jour-là !

J'éclate de rire à l'idée de devoir me coltine un dauphin en plus de toute sa ménagerie c'est vrai que c'est assez unique quand même.

─ Pourquoi pas ce serait super.

Maxance s'approche de moi.

─ J'aimerai essayer quelque chose. En fait, quand on a nagé dans la piscine ensemble, je me suis senti protégé. Peut-être que tu pourrais faire office de dauphin ?

Je n'ai pas l'occasion de répondre, car Corinne arrive et nous dit qu'elle passe la nuit chez Marion pour une soirée nana. Cette fille est déterminée à m'aider avec Maxance.

─ Je veux bien essayer de faire ton dauphin. Pourquoi ne pas tenter après tout ?

─ Oui pourquoi pas, bon et bien merci de m'avoir ramené Ira. Bonne soirée.

Il me congédie déjà.

─ Je peux rester un peu avec toi, surtout que Corinne est parti.

─ J'ai quelques coups de fil à passer.

─ Je me boucherai les oreilles.

─ Ok cède Maxance.

Le dortoir est calme il n'est que vingt et une heures mais il n'y a pas d'agitation. Certes ce sont des sportifs, mais normalement il devrait y avoir de l'agitation au moins jusqu'à minuit. C'est comme si le handicap les privait aussi du droit de délirer.

Il me fait rentrer dans leur chambre. De son coté, des photos d'animaux, du côté de Corinne des appareils orthopédiques.

Il s'allonge sur son lit et prend une peluche d'un lion, je m'assois à côté de lui sur le lit de Corinne.

─ Viens sur mon lit, Corinne n'aimerait pas que tu squattes le sien.

Je m'empresse de m'allonger contre lui.

─ Tu veux faire des études de veto alors ?

─ Oui. Les animaux m'ont sauvé. Tu n'as pas aimé mes chiens ?

─ Je les ai adorés !

Je mens comme un arracheur de dent, mais je sais ce qui ne passera pas avec mon amour... J'ajoute in petto : Et je vais devoir me faire désensibiliser...au risque de perdre les J.O.

─ Tu dois être crevé, tu devrais y aller non ?

─ Je peux rester un peu ?

─ Je vais bosser tu peux rester avec moi.

Il appelle son père pour dire qu'il est bien rentré et j'entends parfaitement son paternel lui dire que je ne suis pas net.

─ Maxance ne reste pas seul avec ce gars. Il a changé complétement dès qu'il t'a vu ...c'est super louche ! Et il m'a parlé de vidéo ! Je te promets il m'a dit froidement qu'il ne me supportait pas et il détestait tes chiens j'en suis sûr.

─ Je ferai attention ! Promis papa, fait Maxance qui me regarde, gêné.

Ensuite il compose un autre numéro.

─ Salut Docteur, Je voulais vous dire j'ai rencontré un garçon et j'ai pu l'approcher.

─ Oui,... oui...

Contrairement à Ioni, il parle doucement et je ne comprends pas ce qu'il dit.

─ Mon père dit qu'il est dangereux.

Maxance parle encore puis se tourne vers moi.

─ Dis j'ai mon psy en ligne, il voudrait te parler ?

Je hoche la tête, intimidé et il me passe le téléphone.

─ Bonjour docteur.

─ Bonjour monsieur Ranowich, c'est un grand honneur de vous entendre. Venez me voir demain on fera un selfie. Je serai très fier.

─ Je passerais.

Je reste allonger contre Maxance qui commence de me caresser le bras et le torse moi je ne le touche pas, je ne veux pas le brusquer. C'est d'ailleurs agréable de se laisser toucher.

Je ne l'embrasse pas non plus, mais l'avoir contre moi c'est déjà l'extase.

Je n'ai que deux semaines pour l'apprivoiser et le conquérir, ça va être court quand même !

Je rêve de tendre le bras et de le serrer mais je me rappelle qu'il ne faut pas, qu'il ne supportera pas. Je dois être patient.

***

Le lendemain, j'ai annoncé à l'équipe que nous passerions quelques jours de plus à Rochefort.

Ils sont morts de rire et se checkent entre eux. Ils ont dû jacasser.

─ Tu l'as dans la peau notre petit lièvre. Je ne te voyais pas craquer sur ce genre-là ! remarque Joachim, exprimant sans doute à voix haute, ce qu'ils pensent tous.

Je décide de traiter complétement le sujet

─ J'aime Maxance, je suis gay, si ça gène quelqu'un, il peut partir ! Au passage je n'aime que Maxance.

─ Non ca gène personne c'est cool.

Après l'entrainement, j'ai été voir le psy de Maxance qui voulait un selfie. Ça m'a donné une autre occasion pour appeler Maxance, en lui demandant son adresse. Je ne me suis pas trop mal débrouillé, car nous avons un rendez-vous pour le soir même, dans un bar en bord de mer.

Le psy me reçoit dans son cabinet, ce qui m'intimide un peu, surtout que je pensais être bon pour une photo et quelques minutes de parlotte.

Il m'a fait assoir et cela fait déjà une demi-heure que nous parlons et il ne semble pas vouloir me lâcher.

Il m'explique que si Maxance dit non c'est non. Il m'a parlé des périodes du traumatisme et ce que cela a donné chez Maxance, qui a été anorexique. Il me parle de ses peurs, le noir, les couteaux, des caves...

Je réalise soudain qu'il y a un truc qui ne va pas.

─ Pourquoi vous me dites tout cela ? Après tout, je suis un étranger.

─ Un étranger ? Maxance m'a parlé de vous. Est-ce que vous croyez qu'il a déjà abordé quelqu'un ? Normalement les gens ne l'approchent pas. Vous lui avez fait faire un bon de géant dans les relations. Je ne voudrais pas que vous fassiez une bêtise qui compromette sa santé ou votre histoire.

─ Je comprends que vous aimiez Maxance, je ne savais pas que les psys faisaient ce genre de chose ?

─ Il faut que vous compreniez, à vivre il va être très fatigant.

─ Il va réussir son école ?

─ Intellectuellement, il est brillant, mais des décisions simples lui posent problème. Euthanasié un animal à la rue ou le sauver pour une petite fortune. Je te laisse deviner ce qu'il va choisir ? Les souris dans la cave, il t'en a parlé ?

Je hoche la tête, oui il m'en a parlé.

─ Il les voit vraiment comme des petites aides, tu sais comme les souris de Disney qui aident les princesses. Une fois j'ai tué une mouche en séance... il m'en a voulu pendant un mois. Si je te dis tout cela, c'est pour que tu comprennes que ce ne sera pas de tout repos. Vraiment pas !

Il m'énerve ce toubib avec ses mots qui condamnent mon chéri. Je sais qu'il veut bien faire et le protéger, mais il l'étouffe aussi.

─ Moi à treize ans, on m'a mis dans un centre de délinquant en rééducation. J'ai maté tout le centre et je cognais même les animateurs.

Me rendant compte que mes paroles peuvent être prises comme une menace, j'explique.

─ Je ne compte pas frapper Maxance, mais c'est juste pour que vous compreniez qu'il n'y a pas que lui qui a des problèmes.

Le psychologue m'écoute silencieusement.

─ Honnêtement je ne peux rien prédire sur votre avenir à tous les deux, mais c'est la vie justement ! Essaye juste de toujours penser qu'il ne réagit pas comme il le voudrait vraiment, comme l'aurait fait le Maxou des vidéos. Ce Maxou là, il a été tué par un monstre qui l'a enfermé dans le noir.

─ Docteur je lui ai mentis sur certaine chose.

─ Comme quoi ?

─ J'ai vu toutes ces vidéos... je le connaissais d'avant et je voulais le retrouver alors pour moi pas question de le lâcher.

─ Ne lui en parle pas ! Et surtout n'en parle jamais à son père ! Qui lui est aussi traumatisé mais contrairement à Maxance n'a jamais voulu faire d'analyse.

─ J'ai dit que j'aimais bien ces animaux alors que c'est faux.

─ Comme Maxance est compliqué, pour l'emporter, il faudra toujours un peu de ruse. Un autre mec plus simple ce serait peut-être la solution.

─ Je l'aime.

─ Alors tu as ma bénédiction et n'hésite pas à m'appeler au moindre problème.

─ Merci docteur. On fait le selfie et j'y vais.

─ A oui le selfie !


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