11- Au dortoir

Résumé des chapitre précédents :

Ira et Maxance font connaissance. Ira est déterminé à mentir et à l'emporter et Maxance lui s'émeut de pouvoir découvrir l'amour.

Il doit faire preuve d'honnêteté et avouer à ce garçon combien il est cassé.

Le désir les assaille tous les deux mais les choix d'Ira, ses mensonges, risque d'avoir des conséquences, tôt ou tard.

Personnages principaux :

Ira Ranowich, 19 ans

Maxance Ioni, 20 ans

Personnages secondaires :

Le directeur Ioni : le responsable du centre sportif de Rochefort

David Ioni : oncle de Maxance

Robert Dalambert : le psychiatre de Maxance

Les coéquipiers d'Ira : Achille, Joachim, Luis, Mehdi, Diego.

Le coach Grégoire, le directeur des courses Eric.

Les championnes cyclistes : Daphné, Aude

L'équipe handicapés : Corinne, Mario

***

Ira

Maxance me demande si je suis au courant de son histoire. Je réponds un « mmmmhhh » qui ne veut rien dire, j'ai peur de gaffer. Il prend mon baragouinement pour un non.

─ Si tu veux venir vois mes animaux je te raconterai.

Je hoche la tête.

─ On ne travaille pas la course ce soir ? demande Pedro.

Il nous a rejoint dans le jacuzzi et louche sur nous deux collés-serrés.

─ Faites le sans moi ! j'ai un truc à faire !

─ Deux poids deux mesures ! grogne Achille.

─ Bande de cons ! je jure.

Ils me balancent des coups de poings au passage, pour me déséquilibrer sur Maxance.

Je suis d'ailleurs tombé dans ses bras et je ne les remercierais jamais assez pour ça.

Sur le parking de la piscine, je constate que Maxance est en vélo.

─ Si tu veux je t'emmène ?

Je suis très intéressé à l'idée de l'avoir contre moi sur la moto.

─ Alors on passe à mon dortoir d'abord, il faut que j'aille poser mon vélo ?

J'approuve de la tête et repense à un truc.

─ Donne-moi l'adresse, je te rejoins dans deux minutes, j'ai un appel à passer.

Dès qu'il est parti, j'appelle le coach.

─ Pour les J.O. je voudrais prévoir des places en plus pour des accompagnateurs dont le fils Ioni. On peut rajouter des voyageurs ?

Il n'y voit que du feu et approuve.

─ Tu es rusé c'est bien. Cela va endormir le vieux bougre, c'est une bonne idée.

Il croit que je fais ça pour obtenir les faveurs du père. Je me fais l'effet d'être un beau salaud manipulateur. Je voudrais vraiment effacer la conversation que nous avons eu il y a quelques jours.

─ Qu'est ce qui pourrait aider le directeur Ioni ?

─ De ne pas annoncer encore ta décision, répond le coach, cela sonnera moins comme un désaveu.

─ Je vais attendre. On peut rester plus longtemps ici et sauter Paris ?

─ Non, par contre on peut raccourcir Paris.

─ Ok fait ça ! préviens-les que je raccourcis Paris pour passer plus de temps ici.

─ Tu vas bien ?

─ Oui très bien, je te laisse, j'ai un truc à faire.

J'arrive en quelques minutes au dortoir de Maxance. Il est occupé à attacher son vélo.

─ Je dépose mes affaires et j'arrive OK ?

Il comptait sans doute que j'attendrais dehors, mais je suis déterminé à tout découvrir de lui, alors je lui emboite le pas, sans même sécuriser ma moto.

Il me guide dans un bâtiment avec des peintures bleu délavés. Je croise des cannes blanches, des gars en fauteuil des jambes de fer. C'est la cour des miracles.

Ils me dévisagent curieux et viennent tous voir mon Maxance, l'accapare. Il leur répond, les aide, patient comme un ange.

Ils lorgnent sur moi, ils signent des trucs et Maxance hoche la tête.

─ Ira ils voudraient des autographes.

─ Oui, bien sûr, une prochaine fois ?

─ On va aller voir mes animaux, explique Maxance.

Les intrus s'écartent nous laissant le passage.

Il monte sur ma moto, c'est le bonheur complet. Plus tard, nous arrivons chez lui. La maison me parait beaucoup moins lugubre finalement.

Son père est dans la cuisine et sort quand il entend la moto avec un couteau à la main : ambiance !

─ Maxance tu es avec qui ?

─ Avec Ira.

C'est la merde !

Ioni me regarde avec des yeux ronds. Je ne suis pas dans ces bonnes grâces, c'est le moins que l'on puisse dire.

─ Ne l'embête pas Maxance ! grince t'il méfiant.

─ Je lui montre les animaux, c'est lui qui a demandé, explique Maxou.

Il me tire vers un âne gris, moche. Il l'enlace et lui fait des bisous.

Je veux la même chose.

─ Il s'appelle Benny il est mignon hein ?

Quand il est avec ces animaux, il est plus joyeux, je le retrouve un peu. Les animaux sont ce qui l'apaise. Je n'ai jamais fait de psychologie, mais je comprends ça.

L'âne me regarde avec des yeux sévères, comme s'il savait que j'étais un salopard de menteur. Il me regarde d'un air de dire : n'y compte pas trop !

Maxance prend ma main pour me montrer où le caresser.

Je commence à aimer l'âne, surtout que Maxance ne lâche pas ma main.

─ Je me suis fait enlever ! J'étais un petit con persuadé d'être le plus beau et je n'arrêtais pas de faire des vidéos sur internet. Tu ne le croiras pas, mais j'avais pleins de gens qui me suivaient. Ca t'épate, toi qui es célèbre !

Je n'ose rien dire. Il est le plus beau et le meilleur et je l'ai toujours adoré.

Je me racle la gorge et gratte l'âne pour me donner une contenance.

─ Je ne suis pas si célèbre !

─ Tu rigoles tu es un champion cycliste !

─ Tu crois que je le suis déjà ?

─ Bien sûr !

Dans ce cas épouse-moi !

Ça je ne le dis pas à voix haute. Maxance est reparti dans ses souvenirs, appuyé contre son âne. Ioni nous observe comme un rapace depuis la fenêtre de la maison.

─ Je pensais que tout irait toujours bien ! Je voulais être acteur et mannequin. Je ne pensais qu'à séduire. Il se tait un long moment.

─ Viens maintenant je vais te montre mes belles ! Elles s'appellent Annie, Dolly, Radi et Calli.

─ Tu ... Tu aimes les filles ?

─ J'aime les poules !

Il rigole, d'un rire joyeux qui me réchauffe. Quand je me rapproche, il se recule, me brisant le cœur.

Il m'emmène voir ses poules, deux rousses, une blanche sale et une noire. Il rentre dans le poulailler et ramasse les œufs, leur parle, leur fait des compliments. Les poules sont affectueuses et viennent le câliner, elles me câlinent aussi, c'est étonnant et se frottent contre moi.

─ Je me suis fait enlever chez moi, j'étais dans ma chambre, le problème c'est que ma mère était à la maison et il l'a poignardé. Je ne sais pas quel est le pire. J'ai vu le sang et je savais que personne ne la trouverait avant longtemps, mon père était en déplacement.

Même à écouter plusieurs années après le drame, c'est épouvantable. Je n'imagine qu'à peine sa peur, son angoisse. C'est tellement injuste !

─ Je ne sais pas quoi dire.

─ Il n'y a rien à dire. ...C'était un de mes followers, il m'a enfermé dans une cave. Il m'aimait et voulait me garder toujours avec lui. Je pleurais et il n'était pas content de moi, de mon attitude tu t'en doutes. Il ne comprenait pas pourquoi je n'étais pas joyeux, enfin ...il m'a violé.

Il baisse la tête et je le prends dans mes bras, par reflexe, mais il me repousse.

Je retente en le pressant juste contre moi, sans l'enlacer. Il reste ainsi, appuyé contre moi, m'enivrant de son odeur qui masque les odeurs du poulailler et finalement, j'adore ces poules moi aussi.

Une évidence s'impose à moi tout de suite.

─ Si j'ai une maison, il faudra que j'aie des poules et un âne.

Il me regarde, en s'écartant légèrement souriant.

Je devrais lui dire maintenant, mais j'ai peur de le perdre. J'opte pour une demi-vérité.

─ On a le même âge, il me semble. Je me demande si je n'ai pas vu certaine de tes vidéos, maintenant que tu le dis, ta tête ne m'est pas inconnue.

En fait, c'est toutes tes vidéos et des milliers de fois, mais ça ! Ça ne passera pas.

─ Tu m'as vu ?

─ Oui comme pleins de jeunes, je passe du temps sur internet. Maintenant que tu le dis ! je me disais bien que ton visage me parlait un peu.

─ J'étais beau ?

─ Le plus beau.

Il sourit et reste contre moi, cache sa tête dans mon épaule.

─ Vient il faut que je te montrer mes chiens et mes chats et mes souris, surtout mes souris.

─ Pourquoi les souris ?

─ Il m'a enfermé dans une cave.

Le monstre ! Je suis écœuré comment il a pu faire ça.

─ J'avais peur, mais il y avait des souris et elles m'ont tenues compagnie. Je te jure elles me protégeaient.

Je hoche la tête.

─ Je ne peux pas vivre sans elles. Dans ta maison il te faudra des souris aussi.

─ Ok des souris.

Il m'emmène dans sa chambre et je reconnais les murs qu'on voyait dans ces vidéos.

Je me retiens de caresser les meubles, conscient d'être arrivé au bout de ma quête, quand son père arrive.

─ Tu fais quoi Maxance ? Ira est un grand champion, ne l'embête pas !

─ Il ne m'embête pas monsieur, c'est moi qui lui ai demandé ! j'interviens agacé pas son ton sévère quand il parle à son fils.

Il plisse les yeux et comprends aussitôt... je le vois additionner dans sa tête tous les faits, tandis qu'il fixe mon bracelet rouge.

─ Vous n'aimez pas les animaux ! Que voulez-vous à Maxance ?

─ Papa ! gémit Maxance les larmes aux yeux.

J'ignore Ioni.

─ Tu me présentes tes chats et tes chiens ?

─ Oui bien sûr, vient avec moi.

Il m'a pris par la main et son père nous suit furieux.

Maxance me donne leur nom, je ne peux rien retenir, surtout qu'il m'a attrapé le bras et me le caresse. Soudain son téléphone sonne.

─ C'est Corinne elle voudrait aller voir ta moto. Elle demande si elle peut passer maintenant avec un autre gars cool qui s'appelle Antoine ? Tu viens avec moi ? je te ramènerais.

─ Non ! intervient le Directeur Ioni.

─ Papa, Corinne avait envie que je sois là, elle est intimidée par Ira, proteste Maxance. J'y vais ! insiste t'il avec défi.

Le père baisse les yeux, il est visible qu'il y a des non-dits entreeux. Une souffrance.

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