10- Piscine
Résumé des chapitre précédents :
Ira vient de retrouver Maxou.
Ira apprend aussi l'agression et tous les traumatismes qu'a subit son chéri et il réalise que faire connaissance va s'avérer compliqué, surtout qu'il vient d'envoyer promener le père.
Le courant passe bien entre les deux garçons mais Maxance ne sait pas qu'il à faire à un ancien admirateur. Il est étrangement troublé par Ira, cela lui donne de l'espoir.
Personnages principaux :
Ira Ranowich, 19 ans
Maxance Ioni, 20 ans
Personnages secondaires :
Le directeur Ioni : le responsable du centre sportif de Rochefort
David Ioni : oncle de Maxance
Robert Dalambert : le psychiatre de Maxance
Les coéquipiers d'Ira : Achille, Joachim, Luis, Mehdi, Diego.
Le coach Grégoire, le directeur des courses Eric.
Les championnes cyclistes : Daphné, Aude
L'équipe handicapés : Corinne, Mario
***
Maxance Ioni
J'ai été sidéré par la beauté d'Ira !
Moi qui croyais ma sexualité dead, me revoilà dans la course, c'est inespéré. J'ai eu envie, un peu ! Beaucoup ! Passionnément ! de lui !
Les filles sont contentes de les avoir vus, mais mine de rien, ils nous ont cassé notre moyenne. Je ne suis plus tellement en jambe et j'ai du mal à pédaler.
Nous bavardons quand nous le pouvons, les trajets sont moins pénibles. Là, c'est un véritable cancanage !
─Il était sympa, Ira, non ? il a voulu toutes nous rencontrer, remarque Anne, une sprinteuse.
─Moi je dirai qu'il voulait parler à Maxance ! tranche Corinne.
La montée du col arrive, je m'élance en souffrant, déterminé à éviter de parler et d'y penser. Lutter pour monter m'évite de penser à ce que j'ai ressenti tout à l'heure, à ce dont j'ai eu envie. Quand il a attrapé mon vélo avec son poing, j'ai parfaitement remarqué son lien rouge.
Il est un champion cycliste, à quoi je pense, n'importe quoi !
J'accélère encore. Les filles souffrent derrière.
Quand j'étais dans la cave, les souris me faisaient un petit spectacle pour me distraire. Elles me faisant des bisous quand j'étais allongé en pleurs. J'ai eu si peur !
Depuis j'ai peur du noir et je suis infoutu d'aller dans une cave. Il ne m'a violé qu'une fois mais comment oublier le traumatisme, la honte, l'horreur. Comment espérer vivre l'amour avec quelqu'un ?
En haut du col on est monté a plus de vingt, les filles sont tomates, mais heureuses.
─ Maxance tu es un monstre ! Tu nous as secoué le bananier, ricane Aude.
─ Allez on redescend et direction massage et piscine. Bravo à tous ! ajoute Daphné.
Corinne se met à côté de moi pour la descente.
─ Tu viendras avec moi quand j'irai le voir ?
Je ne réponds pas, je voudrais qu'elle comprenne sans que je décline.
─ Ok, ajoute-t-elle déçue. J'irais toute seule.
Plus tard, nous nous dirigeons vers la piscine. J'aime être entourée de cette équipe de jacasseuse qui m'évite de réfléchir.
Je suis tellement troublé, par des envies, des espoirs que je pensais mort. En même temps je n'oublie pas que celui qui m'attire tant est celui qui fait du mal à tout mon entourage depuis son arrivée. C'est si compliqué !
Je ne suis pas dégouté par l'idée de le toucher et de l'embrasser et c'est une telle nouveauté.
─ À mon avis, si je passe sans toi, il va être déçu, explique Corinne qui revient à son histoire de visite chez Ira.
Je ne le verrais pas à la piscine, il n'a jamais daigné venir nous rejoindre.
Nous faisons des longueurs, délassante après l'effort musculaire. Les gars nous rejoignent plus tard. Ils vont nous manquer quand même quand ils vont repartir à Paris.
Corinne me donne un coup de coude et me désigne Ira, qui arrive magnifique, horriblement musclé et très tentant. C'est la première fois qu'il vient avec nous.
Les autres jours, il parait qu'il nageait en pleine mer drôlement courageux. J'adorais y aller avec lui, mais je ne peux plus. Je me demande si j'y arriverais en sa compagnie ?
Il faudrait qu'il accepte de faire mon dauphin.
Pour la première fois, j'envisage à nouveau le sexe, les caresses. Est-ce que par miracle je commencerai de guérir ?
J'efface le sourire de mon visage car il se dirige vers nous et Corinne glapit horrifiée, en se cachant derrière moi.
─ Ira ... Ne t'approche pas s'il te plait ! Les filles n'aiment pas qu'on s'approche d'elles dans l'eau.
Corinne n'a pas de prothèse dans l'eau et sa jambe manquante est un sacré complexe. Les autres filles n'entendent pas et elles se sentent vulnérables dans l'eau en maillot de bain.
Son torse est très beau et super alléchant.
Il m'écoute et s'éloigne aussitôt, mais semble décidé à me parler.
─ Pardon, je ne m'approche pas ! Vous êtes bien rentré ? Vous avez fait quel parcours ?
─ Ça va on a assuré, fanfaronne Corinne qui se remet, mais reste accroché à moi.
─ J'ai oublié de te dire que tu m'as épaté par tes capacités de lièvre, continue Ira.
Ses yeux parcourent mon torse. Il me donne envie de me tortiller devant lui. J'en ai la chair de poule.
─ On devrait nager un peu ? propose t'il.
─ J'essaye de convaincre Maxance de venir avec moi, pour voir tes motos, explique Corinne.
Elle se met à nager résigné à laisser deviner son moignon.
Il sourit et j'aime sa réponse.
─ Pas de problème mais tu peux venir seule, c'est toi que j'ai invité, pas lui.
On nage quelques longueurs, puis Corinne et Kelly veulent arrêter.
Kelly me signe :
─ Vas-y bébé.
─ Arrête de m'appeler comme ça, je signe.
Je les regarde rejoindre le bord, avant de me retourner, il n'a pas bougé et m'a attendu.
─ On nage tous les deux ?
J'acquiesce.
***
Ira
Il est surpris que je l'aie attendu, mais il va découvrir que je suis très pot de colle.
Merde, comment je vais faire pour le draguer. Je n'ai jamais eu à faire un truc pareil avant ! Jusqu'à présent mon souci était de le retrouver et cela me paraissait insoluble.
Maintenant que je l'ai retrouvé, le problème est plus conséquent, il me faut le séduire et l'emporter.
─ Je suis désolé si j'ai gaffé pour tes animaux.
─ Ce n'est pas grave, tu devrais les connaitre c'est tout.
─ Tu pourrais m'apprendre je ne suis pas habitué, en fait j'ai eu peur.
C'est un gros mensonge, le premier d'une longue série, je le crains. Je cherche n'importe quelle excuse pour l'approcher et le connaitre.
─ Pour moi des animaux c'est de la bouffe ou de l'utilitaire. Je n'ai jamais caressé un animal mais j'en ai tué. Ton père m'a dit que tu partais à Toulouse ?
Il me regarde surpris en nageant. Il doit me trouver drôlement bavard et curieux.
─ Oui c'est vrai, je tente l'école veto.
Maxou ne parlait pas beaucoup d'école dans ses vidéos et d'ailleurs jamais d'animaux.
─ Corinne veut passer te voir ce soir ou demain ça irait pour parler moto ?
─ Oui bien sûr. Tu aimes les motos toi ?
Au passage, je remarque qu'il se débrouille en natation, il arrive à me suivre, ce qui est plutôt rare.
─ Non pas trop. On continue ?
Nager en piscine est beaucoup moins agréable qu'en mer, mais le désagrément est largement compensé par sa présence à mes côtés.
Oh que oui tout ce que tu veux tant qu'on reste ensemble.
─ Max ...glou glou... Corinne c'est ta copine ?
J'ai failli méga-gaffé en l'appelant Maxou, à mon avis ça ne le ferait pas !
Je me suis coulé pour éviter de dire des bêtises. Je me répète comme un mantra de ne jamais l'appeler ainsi ! Je suis sûr que si je sors son surnom de star, il me dégagera illico. Comment je le sais ? Je le sens dans mes tripes.
─ Je suis son copain de chambre.
─ Son petit copain ?
─ Son copain.
─ Pardon je suis lourd ! J'aimerais que tu m'apprennes le langage des signes.
─ Il ne te reste que quinze jours ici à Rochefort, cela va faire juste.
─ Quoi ?
─ Ben tu repars ailleurs après non ?
Je me déteste.
Nous nageons en crawl, chacun dans nos pensées, côte à côte. L'idée d'être séparé de lui, alors que je viens à peine de le retrouver m'est insupportable.
Maxance a repris la brasse, je me cale sur lui, c'est plus pratique pour parler.
─ Tu as une jolie voix.
Il grimace et s'éloigne. Il s'est refermé comme une huitre.
Je me traite de con.
Je nage sans rien dire, fait un peu de vitesse et laisse passer quelques minutes avant de retourner le coller.
─ Tu vises quelle distance ?
Je fais mine d'être intéressé par nos performances sportives.
─ Je vais bientôt arrêter, je ne chronomètre pas, mais j'aime bien essayer de te suivre. Tu nages drôlement bien.
Suis-moi toute la vie. C'est ce que je pense et n'ose pas dire.
─ On essaye de faire encore deux ou trois kilomètres ? Ça me fait du bien de nager et ta compagnie est agréable.
Il sourit... le merveilleux sourire.
Je crois que j'ai compris, moi ! le presque autiste abruti !... Je le comprends parfaitement.
J'ai compris qu'il ne veut aucune mention à ses vidéos. Je pense que le mieux est de ne pas faire de compliments.
Je suis sans doute aidé par la réaction du père, quand j'ai parlé de vidéo.
Pour eux deux, les films sont les raisons de l'arrivée d'un fou, qui a tué la mère de Maxance.
Je revois les barbelés de la maison et je crains que dans son cœur aussi... il n'y en ait ! Je vais avoir du boulot pour me faire aimer.
L'agression de Maxance remonte à trois ans mais il n'a jamais refait de vidéos et au vu de la forteresse qu'est le pavillon, il y a encore des séquelles.
─ Tu ne veux pas de nous au J O ? râle Maxance alors que je pensais à lui.
─ Comment ça ?
─ Tu as refusé que les accompagnateurs handis viennent au JO.
─ J'ai changé d'avis Je n'avais pas passé l'info, ça fait un moment que j'ai changé d'avis.
Il manque boire la tasse.
─ C'est vrai ?
Je hoche la tête. Un mensonge de plus.
─ Merci.
Je regarde son bracelet avec le fil rouge et le désigne, décidé à tenter un peu ma chance.
─ Tu y crois ? Je lui montre le mien. Moi aussi.
Il s'est encore refermé.
C'est bien la mention de tout ce qu'il a mis en ligne qui l'assombrit.
Nager avec lui me fait du bien, j'aime parce qu'il me suit sans problème rompant ma solitude habituelle, c'est agréable d'avoir un compagnon.
Je cogite inquiet en nageant cependant.
Et s'il refuse mon amour ? Comment je vais pouvoir vivre si je ne lui plais pas ?
On a fini nos trois kilomètres rapidement, j'ai bombé pour le tester un peu et il a suivi.
─ Pfou ! Dis donc tu es sportif, je suis crevé ! Je vais aller au jacuzzi me détendre un peu, s'exclame Maxance en retirant ses lunettes de natation. Il se masse les épaules et fait des mouvements pour s'étirer.
Pendant ce temps, je l'admire en douce, m'efforçant d'avoir l'air neutre.
Quand il sort de la piscine pour aller dans le jacuzzi, je le suis. Dans le bain bouillonnant, je me colle à lui comme une sangsue.
Il n'a pas l'air gêné par ma présence, au contraire, il ne s'éloigne pas et se rapproche encore.
Je ne bouge plus, il ne faut pas forcer plus la chance.
Je le touche de l'épaule à la cuisse et c'est l'extase complète.
Il a un maillot de bain noir et j'admire le torse clairsemé de poil sombre, les abdominaux plats et les hanches qui sont de la seule dimension que je veux.
Je me demande comment faire pour le draguer. Il faudrait que je demande des conseils aux copains.
Maxance
J'ai presque l'impression de me retrouver au temps d'avant. Quand j'étais sûr que la vie était belle et que je plaisais. IRA et moi sommes dans le jacuzzi tous les deux, nous sommes restés plus longtemps que les autres qui sont déjà sorti de l'eau depuis un moment.
Ils sont en survêtement et même s'ils n'ont pas le droit, viennent nous voir dans l'espace balnéaire.
─ Je croyais que tu ne supportes pas qu'on te touche ? s'étonne Joachim en me désignant Ira contre moi.
Je ne réponds pas pendant qu'Ira les vire en leur disant de se mêler de leur cul.
Ils me font rigoler dans leur relation franche et assez brute.
C'est vrai, je ne supporte pas qu'on me touche, mais Ira est l'exception qui confirme la règle, j'aime être contre lui.
Ses copains partent enfin en nous faisant des signes d'adieu.
Ira me serre la main. Je suis un peu surpris car les mecs entre eux ne font pas ce genre de chose. Enfin moi je fais ce genre de chose, mais je suis gay.
─ Ça va ? Me demande Ira, penché vers moi, qui me détaille de ces yeux noirs.
─ Des fois j'ai des pensées très noires, je ne peux pas l'empêcher. Je vais y aller, je dois m'occuper de mes animaux.
On s'entend bien tous les deux, je devrais le prévenir que je suis cinglé.
Je ne cherche pas à savoir s'il est gay, pas besoin de gay radar pour moi, car je ne suis pas intéressé par des rencontres. Passé entre les mains d'un monstre quand on a seize ans, calme net.
J'ai peur de l'amour physique, rien que d'y penser normalement je vomis.
J'ai l'impression que l'image d'Ira sera plus forte que celle du monstre et c'est très rassurant.
Physiquement Ira est trapu, il a un torse large, il est mat de peau, des cheveux drus noirs et des yeux de la même couleur. Il n'a pas le profil d'un coureur cycliste, normalement ils sont plus fins. Ses bras sont musclés, j'aime beaucoup J'aime la puissance qui se dégage de lui et j'ai envie de le toucher, mais pas question qu'il me touche.
J'ai des envies complétement folles de lui caresser les bras et de lécher son torse.
Je ne le connais que depuis quelques heures.
J'imagine la baffe qu'il va me mettre si je lui caresse les bras. Malgré tout je suis vraiment heureux, c'est la première fois que j'ai envie de toucher quelqu'un et c'est assez miraculeux quand même.
J'opte pour un compromis... je le colle. Il me laisse faire sans rien dire.
J'ai envie d'appeler mon psy pour lui raconter ce désir inédit.
Son nom de famille Ranowich, je sais qu'il a des origines d'un pays comme la Moldavie ou la Tchétchénie, je l'ai lu dans la presse.
Je ne vais pas lui demander, ça ferait bizarre, mais j'aimerais savoir. Je ne sais pas comment amener la conversation sur ce sujet.
Du coup je reste silencieux contre lui et lui ne dit rien, mais honnêtement je suis bien ...contre lui.
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