Chapitre 7.

[Motel ; Elsberry, Missouri ; nuit]

Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 4 mois et 7 jours.


Durant trois jours, les deux survivantes avaient roulés des kilomètres jusqu'à quitter l'Oklahoma et se retrouver dans l'Etat du Missouri. Et, bien qu'elles aient parcouru un bon bout de chemin en si peu de temps, Sasha n'était pas satisfaite. Elle aurait souhaité s'être rapproché davantage de son objectif. Cependant il fallait se rendre à l'évidence : entre les pauses nécessaires pour se reposer, manger et faire leurs besoins, l'essence qu'il fallait surveiller plus le fait de prendre en considération l'évitement des grandes et moyennes villes -lieux les plus concentrés en infectés-, les deux jeunes femmes ne pouvaient pas avancer plus vite qu'elles ne l'avaient déjà fait. De plus, et cela Sasha avait oublié de le prendre en compte, il arrivait qu'une horde ou bien un petit groupe de rôdeurs bloquent certains accès. Il valait alors mieux rebrousser chemin et trouver un autre moyen de continuer plutôt que de risquer inutilement sa vie.

La nuit du troisième jour était tombée depuis une petite heure quand Sasha avait finalement arrêté la voiture devant un motel d'Elsberry. Ses muscles étaient douloureux et courbaturés à force d'être assise des heures durant. Et ses moments de repos n'aidaient en rien puisque, après avoir quitté la maison de Sully, les survivantes n'avaient plus dormi dans un lit. L'aînée ne supporterait pas d'avoir mal au cou au petit matin parce que dormir dans la voiture ne permettait aucun confort. Non, une bonne nuit de sommeil dans un vrai lit leur ferait du bien.

De plus, c'était le bon moment pour prendre une longue pause puisqu'il était hors de question que Sasha ne traverse le Mississipi en pleine nuit. Quelque chose à propos des ponts et de l'eau la mettait mal à l'aise dernièrement. Elle n'avait jamais craint les profondeurs marines mais qui sait quel autre type de monstre y pourrait-on trouver ? Les morts s'étaient soudainement mis à se réveiller après tout.

‒ Sasha.

Le matelas s'affaissa derrière son dos alors que Winnie s'appuyait dessus. Dans un monde entre l'éveil et le sommeil, Sasha avait senti la jeune fille quittait le lit une poignée de minutes plus tôt mais elle n'y avait pas prêté attention. La chambre qu'elles avaient choisi lui procurait un sentiment de sécurité précaire et lui avait permis de se coucher en même temps que l'adolescente. Elles s'étaient installées au deuxième étage, dans la pièce la plus proche des escaliers et dont la fenêtre arrière donnait sur le toit d'une terrasse. Elles avaient barricadé la porte avec différents meubles de la chambre et la plus âgée s'était assurée qu'elles pourraient éventuellement s'enfuir par la fenêtre arrière si besoin. Pendant qu'elles faisaient tout cela, Sasha eut la pensée que quatre mois plus tôt, quand les infectés étaient entrés dans leur vie, elle n'avait jamais réfléchi à tout cela. Elle apprenait, elle devenait une meilleure survivante.

‒ Sasha, l'appela Winnie dans une espèce de murmure. Y a un chien dehors.

‒ Rendors-toi Winnie, la repoussa Sasha, ses paroles étouffées par l'oreiller dans lequel sa tête était enfouie.

‒ Mais il est tout seul, et il pleure, on peut pas le laisser.

‒ Winnie, on est en pleine nuit, dors.

Déterminée à profiter de sa nuit, la jeune femme changea de position pour s'allonger sur le flanc, dos tourné vers Winnie, et remonta le drap jusqu'à son menton. Elle crut que sa jeune amie allait continuer à parler mais quand le silence s'étira, elle se laissa aller à une profonde respiration de contentement. Une bonne minute plus tard, le matelas s'affaissa de nouveau tandis que l'adolescente venait se recoucher à ses côtés. Elle murmura un faible bonne nuit auquel Sasha ne prit la peine de répondre, de peur de se sortir de sa somnolence.

Quand elle quitta le monde des rêves, les rayons du soleil s'infiltraient dans la chambre à travers les rideaux mal fermés. La matinée semblait déjà bien entamée. Elles avaient dormi plus que ce qui était prévu. Afin d'éloigner la brume de sommeil de son esprit, Sasha cligna plusieurs fois des paupières et s'étira de tout son long avant de s'asseoir contre la tête de lit. D'un rapide coup d'œil, elle s'assura que la barricade de fortune était toujours bien en place et que leurs sacs à dos se trouvaient encore là où elle les avait posé la veille, près de la fenêtre arrière. Tout semblait comme la veille, ça calma le sentiment persistant de stress de Sasha. Celle-ci prit quelques minutes pour s'éveiller complètement puis elle décida qu'il était temps de réveiller l'adolescente à ses côtés. Il fallait qu'elles reprennent la route le plus tôt possible.

‒ Winnie, debout, l'appela-t-elle de sa voix la plus douce en caressant légèrement son bras. Faut qu'on y aille.

‒ Mmh...

‒ Allez ma grande, réveille-toi.

La jeune fille gémit de mécontentement, se tourna brusquement pour être dos à elle et remonta le drap jusqu'au-dessus de sa tête. Avec un petit rire, l'aînée repoussa le drap de ses jambes et sortit du lit. La première chose qu'elle fit, en même temps d'encourager Winnie à se réveiller, fut de fouiller dans leurs affaires pour sortir deux barres de céréales. Elle en lança une sur le lit pour l'adolescente et en déballa une pour elle-même. Pendant qu'elle l'avalait en quelques bouchées, la jeune femme enfila ses chaussures et noua fermement ses lacets. Il était important qu'ils ne se défassent pas, ce serait débile de mourir parce qu'elle avait trébuché dessus en fuyant des infectés. La barre terminée, Sasha chercha sa gourde d'eau. Dans son dos, des bruissements se firent entendre puis des bruits de pas sur la moquette, signe que Winnie s'était levée.

‒ Il n'était plus là.

‒ Qui ? questionna distraitement Sasha.

‒ Le chien.

‒ Le chien ?

‒ Celui d'hier.

‒ Ah. Eh bien, je suis sûre qu'il est parti se trouver une maison ailleurs, rétorqua-t-elle, peu intéressée par l'animal. Allez, mange et habille-toi qu'on puisse partir.

Moins d'une dizaine de minutes plus tard, les deux survivantes rejoignirent leur voiture. Alors que Sasha en faisait un bref tour pour vérifier que rien ne lui était arrivé durant la nuit, elle remarqua sa jeune partenaire fouiller dans son sac à dos. Elle en sortit un sachet de viande séchée qu'elle agita bruyamment en sifflant.

‒ Moins de bruits, tu vas rameuter tous les infectés du quartier sinon.

‒ J'essaie d'attirer le chien.

‒ Quoi ? Winnie, on a pas le temps de chercher ce chien. Si faut il est déjà partie loin.

‒ Le chien ! l'ignora royalement l'adolescente. Viens là toutou !

‒ Winnie.

Tout en continuant de secouer le sachet de viande sachée, la jeune fille se dirigea vers les véhicules garés un peu plus loin. Sasha râla mais continua à bouger. Elle déverrouilla la voiture, s'assit derrière le volant et jeta son sac à dos sur la banquette arrière de manière qu'il soit accessible rapidement. Fermer la portière, mettre la ceinture, démarrer le moteur, se répéta-t-elle mécaniquement dans sa tête. Roulant au pas, elle avança jusqu'à être au niveau de Winnie et se pencha pour ouvrir la portière passager :

‒ Allez Winnie, on a pas le temps, viens !

‒ Attends ! Il est juste là, rétorqua l'adolescente à quatre pattes à côté d'un 4x4. Viens ici mon beau. Allez viens, j'ai à manger pour toi. Voilà c'est bien... mmh c'est bon hein ? Pauvre bébé.

Désormais curieuse, Sasha se pencha un peu plus pour essayer d'apercevoir l'animal. Du peu qu'elle voyait, il était mal en point. Il était sale, le collier autour de son cou était trop grand pour lui, ses os se discernaient sous sa peau... il engloutissait la viande séchée tendue par Winnie comme s'il n'avait pas mangé depuis des jours -ce qui était très certainement le cas. Après quelques aperçues différents, Sasha reconnut la race : un pitbull. Finalement, avec quelques bouchées supplémentaires et des encouragements, l'adolescente réussit à le faire sortir de sous la voiture. Elle le caressait doucement et continuait à lui fournir de petits morceaux de viandes.

‒ Winnie... appela une nouvelle fois la plus âgée.

‒ On peut pas la laisser là Sasha, exigea l'adolescente en levant les yeux vers elle. Faut qu'on l'emmène avec nous.

Maintenant qu'il était là sous ses yeux, Sasha ne pouvait pas refuser. Elle ne le voulait pas non plus. Le chien semblait amical et en détresse, elle savait pertinemment qu'elle le regretterait si elle le laissait derrière.

‒ Est-ce que j'ai vraiment mon mot à dire ?

En même temps qu'elle parlait, elle fit un signe de la main signifiant vaguement de faire monter le chien. Winnie obéit immédiatement. Elle se releva, ouvrit la portière arrière et aida l'animal à s'installer sur la banquette arrière avec elle. Sasha reprit la route dès qu'elle eut mis sa ceinture.

‒ C'est une femelle, lui fournit l'adolescente. Sur son collier il est écrit qu'elle s'appelle Echo.

‒ Super.

‒ Je suis sûre que c'est un bon chien de garde ! Elle va beaucoup nous aider. N'est-ce pas Echo ?

Alors qu'elle quittait le parking pour reprendre la route, la plus âgée jeta un coup d'œil dans le rétroviseur central pour voir un sourire canin et sa propriétaire s'épanouir sous les caresses pleines d'amour de Winnie.


◇ ◇ ◇

[Dollar General ; Leesburg, Indiana ; début de soirée]

Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 4 mois et 10 jours.


Dès qu'elle eut attrapée la carte, Sasha se détourna du présentoir et se précipita vers la sortie du magasin. Bien qu'elle avait voulu dans un premier temps explorer à la recherche de denrées supplémentaires, elle n'était pas stupide. Les grognements provenant du fond lui indiquaient clairement que plusieurs infectés se cachaient entre les rayons. Elle était devenue un peu plus confiante quant à ses capacités mais mieux valait éviter de tenter de diable. La jeune femme courut vers la voiture arrêtée en plein milieu du parking, le contact laissé pour une évasion rapide. Winnie et Echo l'attendaient à l'intérieur, leurs visages pointés vers le magasin. La chienne la vit s'approcher et commença à s'exciter dans la voiture. Sasha pouvait voir sa queue s'agitait vivement de gauche à droite et entendait ses aboiements étouffés par les vitres fermées. Winnie l'attrapa par le collier et la tira tant bien que mal sur ses cuisses tandis que Sasha s'engouffrait dans le véhicule. Echo chercha immédiatement à l'atteindre et à lui lécher le visage.

‒ Winnie, je t'ai dit de lui interdire de monter à l'avant et d'aboyer, gronda-t-elle gentiment en fermant sa portière d'une main et repoussant la chienne de l'autre.

‒ Désolée mais je pense qu'elle avait peur pour toi. Elle gémissait depuis que tu as disparu dans le magasin.

‒ C'est mignon mais j'ai besoin d'accéder rapidement à ma place si des infectés me poursuivent.

‒ Je vais lui apprendre.

‒ Merci. Bon, trouvons un endroit pour passer la nuit. Le soleil se couche déjà et j'ai besoin de revoir notre itinéraire.

Attachant sa ceinture de sécurité, la jeune femme jeta la carte sur le tableau de bord et roula au hasard dans la petite ville. Elle fit à peine quelques mètres sur ce qui semblait être la route principale avant d'atteindre une station-service. Elle y stationna la voiture de manière à pouvoir s'échapper au plus vite dans différentes directions au cas où il y aurait le moindre problème. Dès que le contact fut coupé, Winnie se détacha et escalada les sièges pour rejoindre Echo sur la banquette arrière. La chienne aboya et vient lui lécher joyeusement le visage, gagnant des gloussements de l'adolescente. Cette dernière lui prodigua quelques caresses avant de se pencher vers le coffre et de fouiller dans leurs affaires.

‒ Plus tentée par une soupe de tomates, du thon ou... des haricots en conserves ? proposa-t-elle.

‒ Si on doit manger froid, je préfère le thon.

‒ Va pour le thon alors !

Pendant que Sasha étalait du mieux qu'elle pouvait la carte de l'Etat sur le volant, Winnie leur prépara leur repas et celui d'Echo avec les croquettes et la pâté qu'elles avaient récupéré plusieurs jours plus tôt dans une animalerie. La chienne, toujours affaiblie par le manque de nourritures de ces dernières semaines, se jeta sur sa gamelle et mangea bruyamment.

‒ Leesburg, s'exclama Sasha en trouvant la ville sur la carte. Merde, je pensais pas qu'on était remontée si haut dans l'Indiana. On aurait dû s'arrêter bien plus tôt pour trouver une carte plutôt que de rouler à l'aveugle.

‒ On s'est si éloignée que ça ?

‒ Merci, dit l'aînée en acceptant la boîte de thon et la fourchette qui lui étaient tendues. On est plus proche du Michigan que de l'Ohio je pense.

‒ C'est grave ? Je veux dire on a peut-être perdue un peu de temps mais on peut encore faire un tout droit vers New York, non ?

‒ Sûrement. De toute façon, on a pas le choix.

‒ Comme tu dis.

‒ Ouais... Mangeons et dormons, demain on pourra rattraper notre erreur.

Plusieurs heures plus tard, Winnie ronflait sur la banquette arrière, Echo endormie tout contre ses jambes. Sasha avait essayé de les rejoindre dans le monde des rêves mais le sommeil tardait à l'emporter. La nuit était bien entamée, la lune éclairait faiblement l'endroit. Tout était silencieux. Si on omettait les grillons qui chantaient et les grognements des rares infectés passant par là pour rejoindre un endroit inconnu. Sasha commençait tout juste à somnoler alors pour s'aider elle comptait ceux qu'elle voyait comme on compterait les moutons pour s'endormir.

Un. Deux... Trois. Clignement de paupières.

Quatre. Sept. Huit.

Clignement de paupières.

Neuf... Dix.

Onze...

Quinze.

Etaient-ils plus nombreux ?

Seize. Dix-sept.

Ils semblaient plus nombreux. Surement seulement une impression. Ses paupières se refermèrent une nouvelle fois, prête à se laisser aller et à s'endormir, quand Echo se redressa soudainement. La chienne émit une sorte d'aboiement étouffé tout proche de son oreille et grogna.

‒ Echo, marmonna-t-elle. Chut... dors.

Trop épuisée pour sortir de cet état somnolant, Sasha leva une main et la dirigea à l'aveugle pour l'apaiser d'une caresse. L'animal ne l'écouta pas et sauta plutôt sur le siège passager, écrasant les jambes de Sasha dans un même temps. Elle aboya une nouvelle fois mais plus fort, réveillant Winnie qui gémit de protestation.

‒ Echo !

Abandonnant l'idée de dormir, l'aînée rouvrit ses yeux et se pencha pour attraper la chienne. Ses mouvements se figèrent net. Combien de temps s'était écoulé depuis qu'elle avait fermé ses paupières ? Le silence s'était envolé. Les grillons aussi, emportés par un flot d'infectés râlants dans un brouhaha si fort que Sasha se demanda comment elle ne l'avait pas entendu plus tôt. Echo s'apprêta à aboyer une nouvelle fois mais, dans un mouvement automatique, la jeune femme referma sa mâchoire d'une main ferme et l'attira contre sa poitrine pour avoir plus d'emprise sur elle.

‒ Sasha ? murmura Winnie.

‒ Reste tranquille... Ils ne font que passer. Rallonge-toi.

Ses mots étaient presque inaudibles tant elle fournissait des efforts pour parler le plus bas possible. Elle n'avait jamais vu autant d'infectés au même endroit, se déplaçant ensemble comme une meute... une horde. Même quand elle avait fui Costa Mesa et les premiers infectés, elle n'en avait pas aperçu autant. Plus ils avançaient vers Leesburg, plus ils encerclaient la voiture jusqu'à l'engloutir. Winnie retient de peu un cri de terreur quand le premier d'entre eux se cogna contre la carrosserie, faisant balloter légèrement le véhicule, avant de reprendre sa route comme si de rien était.

‒ Il faut juste rester tranquille, répéta Sasha distraitement alors qu'elle resserrait sa prise sur la chienne mécontente.


◇ ◇ ◇

[Station-service ; Leesburg, Indiana ; début de matinée]

Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 4 mois et 11 jours.


Les oiseaux chantaient ce matin. Et le soleil brillait déjà pleinement alors que la journée ne faisait que commencer. Si Sasha oubliait l'état de la ville et sa fatigue, elle aurait pu croire que ce qui s'était passé cette nuit n'était qu'un rêve. Les deux filles étaient restées éveillées jusqu'aux premières lueurs du matin, quand bien même la horde avait fini par s'éloigner après plusieurs heures.

‒ Ils ont l'air d'être définitivement parti, indiqua l'aînée en ouvrant la portière pour aider Winnie à en sortir. J'ai croisé quelques trainards mais le plus gros du groupe a foutu le camp. La ville est dans un sale état par contre.

‒ Tu avais déjà vu ça ?

‒ Jamais.

‒ On aurait dit qu'ils s'étaient regroupés, constata l'adolescente en lui tendant une barre de céréales. Comme une meute qui chassent ensemble... tu penses qu'ils peuvent nous pister ?

‒ J'en sais rien... non ? J'ai pas l'impression qu'ils nous aient vu ou senti là-dedans.

‒ Ca veut rien dire. Certains animaux aussi ont une mauvaise vue mais ce sont quand même des prédateurs.

‒ J'en sais pas plus que toi Winnie, soupira Sasha alors qu'elle regardait Echo se dégourdir les jambes. On aurait pas dit qu'ils cherchaient quelque chose mais plus qu'ils se déplaçaient vers autre part. Peut-être qu'ils migrent ? Le groupe a dû se former dans une des grandes villes alentours comme Détroit ou Chicago... on sait pas ce qu'il est advenu de tous les gens vivants là-bas mais je suis certaine que soit ils sont morts, soit ils sont partis. Alors peut-être que les infectés sont obligés de partir pour se nourrir ailleurs ?

L'adolescente n'eut pas le temps de répondre que leur chienne se remit à aboyer soudainement en direction de la forêt bordant l'arrière de la station-service. En manquant de trébucher, Sasha s'empressa d'attraper leur fusil qui reposait jusque-là sur le siège passager et visa un peu au hasard vers la lisère. Son cœur battait à tout rompre.

‒ Echo, stop ! ordonna-t-elle de peur qu'elle attire plus d'infectés. Winnie rentre dans la voiture avec Echo !

Ce qu'elle n'avait pas prévu c'était que la chienne se mette à courir vers les arbres et à disparaître parmi eux. Elle eut à peine le temps de comprendre l'information qu'elle vit sa jeune partenaire s'élançait à sa poursuite.

‒ Winnie !

Abandonnant sans arrière-pensées affaires et voiture, Sasha les suivit à travers la forêt en intimant à la plus jeune de l'attendre mais cette dernière ne l'entendait pas ou alors était trop déterminée à rattraper la chienne. Très vite, Sasha la perdit de vue. Le cœur au bord des lèvres, elle se stoppa un bref instant pour reprendre sa respiration et regarder autour d'elle mais tout se ressemblait. Elle ne voyait rien d'autres que des arbres, et encore plus d'arbres. Le sang battait dans ses oreilles et sa respiration était horriblement forte mais elle entendait des aboiements lointains alors elle décida de se remettre à courir dans leur direction approximative. Elle espérait trouver Winnie en chemin pour Echo ou déjà avec la chienne. Elle finit par traverser complètement la forêt et atterrir dans un vaste champ. Ses yeux traitèrent immédiatement ce qui se déroulait devant elle mais son cerveau mit plus de temps.

Echo était là. Winnie aussi. Deux inconnus et plusieurs infectés. Ces derniers s'en prenaient aux deux hommes qui se battaient becs et ongles pour leur échapper. Echo avait attrapé un des infectés par une jambe décharnée et essayait de le tirer loin d'un des survivants avec des grognements énervés. Winnie aidait le second homme à se relever alors qu'il avait trébuché en retirant son couteau du crâne d'un mort.

‒ Sasha, aide-nous ! cria-t-elle quand elle l'aperçut.

Peu sûre quant à ses capacités de tir alors que des humains se mêlaient aux monstres, Sasha laissa son fusil par terre et sortit plutôt son couteau. Elle hésita pas une seconde à attraper celui dont Echo arrachait la jambe. Ses doigts enroulés dans le col d'une chemise à carreau en lambeau, la jeune femme fit en sorte que l'infecté se penche et planta sa lame de toutes ses forces dans son oreille. Alors qu'il s'effondrait, elle en profita pour retirer son couteau et se dirigeait vers le prochain infecté mais ils étaient déjà tous à terre. Les deux inconnus se tenaient au milieu des cadavres, des pistolets munis de silencieux dans leurs mains, et observaient les dégâts.

‒ Winnie, viens par-là, demanda Sasha en reculant tranquillement vers le fusil.

L'adolescente obéit instantanément et se rangea à ses côtés, leur chienne sur les talons. Le plus jeune des deux hommes fit un pas en avant, la main tendue comme pour montrer qu'il y avait pas de menace.

‒ Hé, pas de panique ! On est des gens sympas, j'le jure ! Je suis Adam, se présenta-t-il entre deux respirations essoufflées. C'est mon frère Simon. On voyage depuis Sault Saint-Marie. Euh, c'est plus au nord dans le Michigan. Et vous ?

‒ Sasha.

‒ Moi c'est Winnie, et elle c'est Echo.

‒ Merci de votre aide. À toutes les trois. Ce groupe nous a surpris alors qu'on prenait un peu de repos. Sans vous, on aurait très bien pu y passer.

‒ On essayait de fuir un groupe plus grand qu'on a croisé plusieurs kilomètres plus loin, précisa le frère. Ils se dirigeaient vers Indianapolis ou un truc du genre.

‒ Oui, on les a vu cette nuit, répondit Winnie alors qu'elle s'accroupissait devant Echo et la caresser entre les oreilles pour la féliciter de son courage. C'est vous qu'ils traquent ?

‒ Euh je pense pas, hésita le plus jeune -Adam- en regardant son frère. J'ai pas eu l'impression qu'ils nous suivaient.

‒ En fait, ils étaient là avant et je suis même pas sûr qu'ils nous aient vu, ajouta Simon.

Dans son champ de vision, Sasha repéra une poignée d'infectés se diriger vers eux, terminés à faire des survivants leur prochain repas. Ils se rapprochaient assez rapidement.

‒ Il va falloir qu'on bouge. Tout ce bruit a dû attirer les infectés qui trainaient.

‒ Euh on peut venir avec vous ?

Avec un haussement d'épaules qui ne pouvaient pas êtretraduit par un oui ou par un non, la jeune femme attrapa la main de Winnie etla tira avec elle en direction de la forêt. Elles devaient rejoindre leurvoiture au plus vite et foutre le camp de cette ville maudite. Quand elle passadevant le fusil, elle le ramassa de sa main libre tout en continuant à courir.Sur ses talons, elle pouvait entendre les frères la suivre comme des canetonsavec leur mère. Ils traversèrent la forêt en moins de temps qu'il en avaitfallu pour tuer les infectés dans le champ et montèrent en voiture comme s'ilsavaient toujours fait partie du même groupe : Sasha derrière le volantavec Simon à côté d'elle, Adam et Winnie à l'arrière et Echo entre les deux,souriant de son sourire de chien. Sans perdre de temps, la jeune femme démarrale moteur et mit les gazes en direction de la sortie de la ville. 

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