Chapitre 30.

[Ranch ; Goliad, Texas ; matin]

Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 1 an, 8 mois et 28 jours ;


Sasha ouvrit lentement les yeux, sentant la piqûre glaciale de l'air sur sa peau malgré les couvertures entassées sur elle. Le froid, vif et implacable, s'était infiltré dans tous les recoins du ranch délabré. Un frisson incontrôlable parcourut son corps, la forçant à se recroqueviller davantage sous les draps. Le feu, désormais réduit à quelques braises mourantes dans le coin de la pièce, ne diffusait plus qu'une maigre chaleur, presque imperceptible. Elle se tourna instinctivement vers Lucas, cherchant la chaleur réconfortante de son corps endormi. Il était blotti contre elle, un bras protecteur enroulé autour de sa taille. Même dans son sommeil, il semblait vouloir la protéger du froid brutal qui les entourait. Son souffle lent et régulier s'élevait en petites volutes dans l'air, signe que la température avait chuté encore plus pendant la nuit. Sasha resserra un peu plus la couverture autour d'eux, espérant piéger un peu de chaleur. En vain.

Les murs du ranch étaient solides mais vieux, fatigués contre le vent impitoyable qui hurlait à l'extérieur. Le groupe avait fait tout ce qu'il pouvait pour calfeutrer les fenêtres avec des tissus, des planches, et même des sacs de sable, mais rien n'empêchait le vent du Texas, sec et coupant en ce mois de décembre, de se faufiler à travers les moindres fissures et interstices.

La mexicaine baissa les yeux vers Amy, blottie tout contre elle. La petite fille, profondément endormie sous une pile de couvertures supplémentaires, respirait calmement, ses paupières fermées et son visage paisible à moitié enfoui contre sa peluche préférée. Le vieux lapin de tissu, autrefois tout doux, avait perdu de sa superbe après des mois d'étreintes. Ses oreilles, autrefois dressées et vives, étaient désormais molles et affaissées, usées par le temps et les câlins constants. Le petit animal était serré contre sa poitrine comme s'il était capable de chasser tous les cauchemars et le froid.

De l'autre côté de la pièce, la jeune femme perçut des bruits feutrés. Toby et Kole s'étaient levés les premiers, comme à leur habitude, et s'activaient déjà dans le campement. Leurs pas prudents trahissaient leur intention de ne pas réveiller ceux qui dormaient encore. Elle les entendait chuchoter près de la cheminée, probablement pour programmer une mission récupération de bois pour relancer les flammes mourantes. Le groupe savait que sans le feu, le froid deviendrait rapidement insupportable, surtout la nuit quand leurs corps étaient à l'arrêt. Sasha leur jeta un œil avant de les refermer brièvement, cherchant à savourer ces derniers instants de calme avant que la journée ne commence réellement. Elle prit une profonde inspiration, sentant son corps encore engourdi par le sommeil, puis se blottit un peu plus contre Lucas, capturant de sa chaleur. Ce dernier bougea légèrement, resserra son emprise sur elle mais ne se réveilla pas pour autant. La mexicaine aurait voulu rester là, cachée sous les couvertures, dans ce cocon. Mais elle savait que cette tranquillité serait de courte durée. Bientôt, il lui faudrait se lever, affronter le froid, et retrouver les autres pour commencer la nouvelle journée.

Quand elle sortit enfin du lit quelques minutes plus tard, le soleil s'était timidement levé, projetant une lumière pâle et diffuse à travers la pièce. Elle avait repoussé les couvertures pour venir s'asseoir au bout de son matelas, un vieux châle miteux sur les épaules. Entre ses mains, elle tenait une tasse de café chaud gentiment offerte à son réveil par Simon et en savourait chaque gorgée. Lucas la rejoignit peu après, s'installant à ses côtés en silence. Il lui lança un sourire tendre quand elle le salua, ses yeux légèrement plissés de fatigue mais emplis de cette affection qui faisait fondre Sasha, et vient poser une main nonchalante sur sa cuisse. Elle sentit une vague de chaleur la traverser, bien plus forte que celle que le café ou le feu ne pouvaient lui offrir. De son autre main, l'homme vient attraper sa tasse avec un clin d'œil.

‒ Merci pour ça, taquina-t-il avant de boire une gorgée.

‒ Hé, rends-moi ça, protesta faussement Sasha, feignant l'indignation tout en souriant.

Sans un mot, Lucas se pencha doucement vers elle et effleura ses lèvres avec les siennes dans un chaste baiser. Le contact fut à peine perceptible mais tout de même plein de tendresse. La jeune mère ferma brièvement ses paupières, profitant de cet instant, avant de se reculer avec un sourire flottant sur ses lèvres.

Ce n'était pas qu'ils se cachaient, mais ni l'un ni l'autre n'avait pris le temps d'aborder ouvertement leur relation naissante. Evidemment, ce n'était pas par manque de désir ou de sentiments, mais simplement parce que la survie quotidienne prenait toute la place.


◇ ◇ ◇

[Superette ; Goliad, Texas ; matin]

Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 1 an, 8 mois et 29 jours ;


Le petit groupe s'avançait prudemment vers le supermarché devant eux. La neige fondue s'infiltrait dans les bottes de Sasha à chaque pas, lui glaçant les pieds et ajoutant à l'inconfort de leur progression. Elle resserra son écharpe autour de son cou, tentant de se protéger du vent glacial qui soufflait à travers les rues abandonnées. Lyla marchait à sa gauche, sa hachette prête à frapper même si elle agissait de manière nonchalante et discutait à voix basse avec elle. Derrière elles, Toby et Adam fermaient la marche, échangeant à peine un mot, concentrés sur ce qui les entourait. Kole, toujours en tête, avançait avec détermination, son fusil baissé mais prêt à faire feu à la moindre alerte. Leur fidèle chienne, quant à elle, trottinait silencieusement à leurs côtés, reniflant l'air avec une attention particulière. Ses oreilles dressées captaient chaque mouvement, chaque bruit suspect. Echo était en général leur premier signal d'alerte.

Le supermarché se dressait devant eux avec une fierté inexpliquée avec ses portes à moitiés arrachées. Elles pendaient misérablement sur leurs charnières, battues par le vent glacial de décembre qui sifflait à travers les ouvertures béantes. Des traces de pillages passés étaient évidentes : les fenêtres brisées, les étagères visibles à travers l'entrée en partie vidées. Pourtant, même après tant de passages, ils pouvaient encore y trouver quelque chose d'utile. Dans ce monde, une simple boîte de conserve oubliée dans un coin ou un paquet de bougies caché sous des débris pouvaient être des trésors précieux. Ils faisaient la différence entre un ventre affamé ou une nuit passée dans le froid et l'obscurité.

‒ Comme d'hab, on reste sur nos gardes, dit Kole avec autorité alors qu'ils atteignaient l'entrée du supermarché.

Alors qu'elle faisait un pas à l'intérieur, l'odeur nauséabonde de pourriture et de moisissure lui prit la gorge et les narines, soulevant son estomac. L'air était vicié, saturé de relents de nourriture avariée et de corps décomposés. La lumière du jour perçait à travers les fenêtres sales et brisées mais ce n'était cependant pas assez pour voir l'entièreté du magasin. Sasha resserra sa prise sur son arme.

‒ On se sépare et on remonte les allées petit à petit pour vider le magasin. Une fois que c'est RAS, on fouille pour de la bouffe.

Sans un autre mot, ils se dispersèrent dans le magasin. La mexicaine, accompagnée de l'autre femme, se dirigea vers la gauche. Elles s'avancèrent prudemment dans un rayon dévasté, où des étagères à moitié renversées et des produits éparpillés créaient un obstacle chaotique. Les boîtes de conserve, certaines déformées ou écrasées, jonchaient le sol, mêlées à des débris de carton et de plastique. À mesure qu'elles progressaient, l'odeur âcre de moisissure se faisait plus forte, mélangée à une note plus nauséabonde d'humanité décomposée. Lyla s'arrêta brusquement, levant un doigt pour lui signaler de se figer. En scrutant la pénombre, Sasha remarqua quelque chose.

Une silhouette grotesque, déformé par la décomposition, était en partie coincée sous une des étagères renversées. L'infecté luttait pour se libérer et grognait faiblement dans leur direction tandis que ses bras décharnés battaient mollement l'air. La lumière vacillante de leur lampe torche révélait des détails macabres : des morceaux de chair pourrie pendaient de ses membres squelettiques et un filet de bave visqueuse dégoulinait de sa bouche sans lèvres. Son visage était écrasé sous le poids de l'étagère et créait une déformation qui amplifiait la monstruosité de la créature. Ses yeux vides fixaient les deux survivantes.

Sans une once d'hésitation, Lyla brandit sa hachette et ajusta son angle pour un coup décisif. La lame brillante se balança dans un mouvement fluide, trancha net à travers la chair décomposée et les os fragiles et mit fin aux spasmes désespérés du rôdeur. Un éclat sanguinolent jaillit, éclaboussant le sol et les murs environnants dans un bruit écœurant.

‒ Beurk, se plaignit-elle en observant le spectacle avec une grimace de dégoût. Eh bah, c'était pas du joli.

Au moment où Sasha s'apprêtait à lui répondre, un bruit métallique répétitif résonna à quelques mètres d'elles, comme un chariot qui glisse puis se renverse sur le sol, suivi d'un juron étouffé. La jeune femme se figea instantanément, ses muscles tendus à l'extrême, tandis qu'elle se concentrait sur les sons environnants. Les gémissements lointains se mêlaient aux bruits de pas lourds qui traînaient sur le sol.

‒ Merde, murmura-t-elle, sa main se crispant sur le manche de sa batte de baseball.

Plus loin, à travers le dédale de rayons en désordre, la voix grave d'Adam se fit entendre, claire malgré le brouhaha environnant.

‒ Faites gaffe, ils arrivent nombreux, avertit-il.

Sasha échangea un regard rapide avec Lyla, et ensemble, elles se dirigèrent vers la source du bruit. Le supermarché semblait s'étirer à l'infini, un véritable labyrinthe de désolation. Les allées étaient encombrées de débris éparpillés, des étagères renversées, et des produits jonchant le sol. Les ombres des étagères et des caisses formaient des silhouettes inquiétantes qui dansaient sur les murs. Les débris crissaient sous leurs pas, amplifiant chaque bruit et rendant l'atmosphère encore plus oppressante.

En tournant au coin d'un rayon, les deux survivantes se retrouvèrent face à une petite bande de rôdeurs, une douzaine environ, qui se traînaient dans leur direction. Les créatures avançaient avec une hargne palpable, leurs yeux vides reflétant une haine insatiable. Les vêtements étaient en lambeaux, suspendus aux corps décharnés comme des haillons. L'un d'eux, dont la jambe semblait brisée et pendait grotesquement, se traînait avec une lenteur désespérée, son pied balançant de façon saccadée à chaque mouvement. Une autre, une femme à peine reconnaissable à cause de la putréfaction avancée de son visage, émettait un grognement guttural, les mâchoires se balançant d'un côté à l'autre comme si elles cherchaient désespérément quelque chose à mordre. Leurs mains décharnées et griffues cherchaient à attraper tout ce qui passait à leur portée. De l'autre côté du groupe, elle pouvait voir Toby et Adam en pleine action. Le premier enfonçait des crânes avec son pied de biche tandis que le second les abattait à distance avec son fusil.

Lyla s'élança dans la mêlée et balaya l'air avec sa hachette, tranchant dans le visage d'un infecté qui s'effondra dans une éclaboussure sanguinolente sur le sol. Pendant ce temps, Sasha se battait avec une détermination féroce, frappant un autre rôdeur avec sa batte de baseball. Le craquement sec de l'impact se mêlait au son des moignons d'os brisés et à la chute brutale de la créature sur le sol sale. Echo, fidèle à elle-même, se jeta sur un ennemi isolé, ses crocs se refermant sur un bras. La chienne secoua sa tête avec force, déchirant les lambeaux de chair restants avec une rage sauvage. Kole, quant à lui, était un modèle de précision dans le chaos. Avec une rapidité presque chirurgicale, il enfonça son couteau dans la tête du rôdeur, l'éliminant d'un coup décisif.

Les coups se faisaient de plus en plus espacés alors que les membres du groupe éliminaient méthodiquement les derniers marcheurs. Le bruit des grognements se réduisait peu à peu, remplacé par les respirations essoufflées des survivants. Adam s'essuya le front d'un revers de la main, le sang et la sueur mélangés sur ses traits épuisés. Ses yeux scrutaient le magasin en désordre, cherchant tout signe d'un autre danger imminent.

‒ C'est fini, je crois, dit Toby avec soulagement.

‒ On a dû en éliminer une douzaine... bon boulot tout le monde ! ajouta Lyla en faisait un high five avec l'homme.

Couverte de sang mais triomphante, Echo trottina jusqu'à eux, remuant la queue joyeusement. Sasha s'agenouilla pour la caresser, lui offrant des gratouilles méritées de ses mains tremblantes. La chienne lui lécha la main en signe et s'allongea sur le dos pour lui montrer son ventre.

‒ Bien joué, ma grande. Tu as été formidable.

‒ Allez, vous avez la liste de ce qui nous faut en prio, on y va, leur rappela Kole. On ne sait pas combien de temps le calme va durer, et il nous reste encore beaucoup à faire.

Ils se remirent en mouvement, s'assurant que chacun avait repris son souffle et était prêt à poursuivre leur recherche. Sasha jeta un dernier coup d'œil autour d'elle, son esprit encore tendu malgré la victoire.


◇ ◇ ◇

[Route ; Goliad, Texas ; matin]

Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 1 an, 8 mois et 29 jours ;


L'épais manteau gris du ciel hivernal lui donnait envie de retourner au lit et de se blottir sous une couverture chaude. L'air glacé mordait sa peau, et des flocons de neige tombaient paresseusement, tourbillonnant dans le vent avant de fondre dès qu'ils atteignaient le sol. Ce n'était pas un froid intense, mais assez désagréable pour transformer les rues en un mélange boueux et glissant, rendant leur progression plus lente et laborieuse.

‒ T'es sûr que tu sais où tu vas Toby ? questionna Sasha alors qu'elle scrutait les alentours avec un doute profond.

L'homme marchait en tête du groupe. Ses bottes s'enfonçaient profondément dans la neige fondue, laissant des traces irrégulières derrière lui. Chaque pas soulevait une éclaboussure de boue, mais cela ne semblait pas le déranger le moins du monde. Il avançait avec assurance, son pied-de-biche reposant nonchalamment sur son épaule. On pouvait l'entendre fredonner une mélodie que Sasha reconnut : Let It Snow. Le contraste entre l'atmosphère postapocalyptique et la chanson de Noël lui tira un sourire.

‒ Ouais, t'inquiète, assura-t-il sans se retourner. On a juste fait un petit détour, on sera vite sur la route principale.

Autour d'eux, les ruines de Goliad semblaient avalées par le temps et les éléments. Des maisons aux murs fissurés et aux toits effondrés bordaient leur route, leurs fenêtres béantes comme des orbites vides, offrant des aperçus d'intérieurs délabrés, où des meubles brisés gisaient dans un désordre macabre. Certaines des structures semblaient avoir été abandonnées bien avant l'apocalypse, comme si le temps avait commencé à ronger la ville bien avant l'arrivée des zombies.

‒ Ces maisons se ressemblent toutes, mais je suis certaine qu'on est pas passé par là à l'aller. Y avait une école élémentaire ici ?

Le bâtiment semblait bien plus imposant que ce qu'elle aurait imaginé pour une ville aussi petite que Goliad. Les lettres du panneau rouillé en bord de route n'étaient que partiellement lisibles, formant un "–liad Elem– –ary School" presque effacé. Elle échangea un regard avec Lyla, qui leva un sourcil sceptique, mais arborait tout de même un sourire amusé. Elles avaient vécu cette scène trop de fois pour ne pas la reconnaître. Dès que Toby prenait les commandes pour les diriger, une fois sur trois, il finissait par se perdre. Il avait ce don pour marcher avec assurance, convaincu de savoir où il allait, même quand ce n'était clairement pas le cas.

‒ Toujours aussi doué, hein ?

Lyla étouffa un petit rire avant de demander, amusée mais pragmatique :

‒ Tu veux pas qu'on sorte la carte ? Au cas où ?

‒ Mais non, vous inquiétez pas les filles. Sérieusement, est-ce que je nous ai déjà perdus ?

‒ Oui, en fait. A Bastrop, tu te souviens ? Et une deuxième fois à Bismarck.

‒ Sans parler de Junction City, participa Adam avec un rire, toujours prêt à taquiner les autres. T'as même failli nous faire tomber dans une rivière avec la voiture. J'en ai encore des frissons, tu sais.

Le silence de Toby dura un peu trop longtemps. Il tourna la tête légèrement, comme s'il pesait ses mots avant de répondre. Le vent glacial soulevant les quelques mèches de cheveux qui s'échappaient de son bonnet. Le soupir qu'il poussa fit condenser son souffle en un nuage vapeur blanche.

‒ Ok, bon... peut-être que je me suis un peu perdu, cette fois. Mais c'est vraiment juste un petit détour ! 

Amusée par la situation, Sasha haussa les épaules et se contenta de le suivre, bien que ses doutes persistent. Elle ne baissa toutefois pas sa garde, ses doigts serrant fermement sa batte de baseball. Son regard vagabonda distraitement sur le paysage autour d'eux. Un vieux panneau de signalisation, couvert de rouille, penchait dangereusement, à moitié arraché. Plus loin, une balançoire solitaire, figée dans le temps, grinçait sous l'effet du vent glacial.

‒ Bon allez, soupira Kole après un moment. Sors la carte Lyla, on a pas le temps de se perdre.

La jeune femme obéit sans protester et sortit la carte froissée de sa poche intérieure. Le papier était usé à force d'être manipulé, ses coins cornés et tachés par l'humidité. Elle la déplia soigneusement avant de la tendre devant eux, ses doigts légèrement tremblants à cause du froid. Le vent glacé soufflait par à-coups, faisant battre le papier entre ses mains. Elle l'étudia sous la lumière morne de la journée, essayant de repérer leur position par rapport au ranch.

‒ Adam, appela l'homme en pointant un rôdeur qui émergeait de l'ombre d'un bâtiment à quelques mètres.

Il titubait maladroitement, une jambe traînant derrière lui comme si elle était brisée. Son visage était à moitié arraché, laissant à nu une mâchoire osseuse et une partie de son crâne. Des lambeaux de chair pendaient de son torse, tandis qu'un œil, à moitié sorti de son orbite, semblait observer la scène avec une fixité inquiétante. Son souffle rauque résonnait dans l'air froid, chaque gémissement couvert par le vent.

‒ Je m'en occupe.

Il s'avança d'un pas sûr, levant son couteau d'une main experte. Comme une maman poule, Echo le suivit en trotinnant, assurant ses arrières. D'un geste rapide et précis, il planta la lame dans le crâne du rôdeur, le faisant s'effondrer dans un bruit sourd sur le sol gelé.

‒ Là, je crois qu'on est ici, dit Lyla, toujours concentrée sur sa carte, pointant une intersection. On est complètement à côté. Il fallait tourner à droite, pas à gauche.

‒ Je t'avais dit qu'on n'etait pas passés par là à l'aller, nargua Sasha en tirant puérilement la langue à Toby.

‒ Très mature Sasha, vraiment, grommela celui-ci en secouant la tête, mais elle remarqua le coin de sa bouche se relever légèrement, trahissant son amusement.

‒ Si on continue tout droit et qu'on tourne à gauche au prochain croisement, on devrait retrouver le bon chemin.

‒ Alors on fait ça, décida Kole en reprenant la marche.

Le groupe reprenait sa marche. Le vent sifflait à travers les ruines des maisons, soulevant de petites volutes de neige fondue qui tourbillonnaient autour de leurs pieds. Le silence retombait, seulement interrompu par le craquement de leurs pas dans la boue gelée et le léger grincement d'une vieille porte battante quelque part au loin, à peine audible mais assez pour faire se dresser les oreilles de la chienne.

Alors qu'ils contournaient un virage, une silhouette métallique apparut au loin, se découpant contre le ciel gris et lourd. Un vieux panneau de signalisation, penché sous le poids des années, attira l'attention de Sasha.

‒ Attendez...

Ses yeux plissés, elle s'approcha du panneau pour tenter de déchiffrer ce qui restait des lettres à moitié effacées par le temps et les intempéries. Ses doigts gantés frôlèrent le métal froid et rouillé et tracèrent la peinture noire.

‒ Refuge militaire à Waco... Assistance et protection disponible, lut-elle à haute voix.

On pouvait encore distinguer un texte gravé sous les indications principales. Avec un peu d'effort, la jeune femme réussit à lire le message.

Pour rejoindre le refuge : suivez la route 183 jusqu'à Austin. De là, prenez la Route 130 jusqu'à la jonction avec la Route 35.

Veuillez noter : l'accès peut être restreint en raison des conditions actuelles. Assurez-vous de vérifier la présence de patrouilles et de respecter les consignes de sécurité. Restez attentifs et signalez immédiatement toute activité suspecte aux équipes de sécurité du refuge.

La sécurité est notre priorité, mais nous ne pouvons garantir l'absence de danger.

Nous offrons aide humanitaire, abri, et soins médicaux de base.

Rejoignez-nous pour un nouveau départ.

Les Forces Armées du Texas.  

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