Chapitre 17.

[Maison ; Lewistown, Pennsylvanie ; matin]

Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 6 mois et 2 jour.


Sasha manqua une marche alors qu'elle se précipitait dans l'escalier et se rattrapa de tomber au dernier moment grâce à la rambarde. Dans le salon, la chienne ne cessait d'aboyer férocement et les deux survivantes s'étaient empressées de venir à sa rencontre pour voir de quoi il s'agissait. Elles ne s'attendaient certainement pas à voir un homme debout dans l'encadrement entre cette pièce et la véranda. Ses mains étaient en l'air et il ne quittait pas des yeux une Echo frénétique.

‒ Je suis pas là pour causer des problèmes, déclara l'inconnu quand il les remarqua débarquer dans son champ de vision. Je m'appelle Zak, je suis pas un mauvais type.

Alors qu'il parlait, la jeune mère le tient en joue avec son pistolet et appela la chienne pour qu'elle se taise et vient à ses pieds.

‒ Le SUV garé devant la maison, il appartenait à mon groupe, continua l'homme en pointant l'extérieur de son pouce. Euh... je sais pas quoi vous dire d'autre ? Juste je cherche mes amis quoi...

‒ Tu penses vraiment qu'on va te croire ?

‒ Euh... oui ?

‒ T'es tout seul ?

‒ Non, une partie des miens se cache à Bellefonte, euh... c'est juste un peu plus haut. Peut-être trente minutes en voiture d'ici, précisa-t-il parce que parler semblait être sa manière d'extériorisé sa nervosité. On avait cette ville comme point de rendez-vous avec mon groupe alors je suis venu voir si certains étaient dans le coin.

‒ Pourquoi ils seraient ici ?

‒ Oh on a été attaqué, notre campement je veux dire, alors on a dû partir mais on est censé avoir une planque ici. Euh, comme un plan de secours vous voyez ? Et ouais je vous disais tout à l'heure, la voiture, on avait la même alors... j'ai pensé que peut-être... ouais, manifestement je me suis trompé. Mais je vous jure, je suis pas là pour m'en prendre à vous ou quoique ce soit du genre !

Les doigts de Sasha étaient crispés sur la crosse de son arme mais elle se redressa et modifia les traits de son visage pour tenter de faire croire qu'elle était sereine et qu'elle maîtrisait la situation. L'histoire de ce type collait avec celle racontée par le groupe d'Alec. Ce qui voulait dire que cet homme était un ami. D'un autre côté, elle n'était pas certaine de pouvoir lui faire confiance. Les avertissements d'Adam résonnant toujours au fond de son esprit. Winnie se rapprocha d'elle et murmura assez bas pour que l'inconnu ne l'entende pas.

‒ On pourrait lui dire de rester ici et on irait chercher les gars pour qu'ils viennent le rencontrer et confirmer ce qu'il dit.

‒ Mais, et s'il nous a menti ? S'il a des potes dehors et qu'ils nous suivent jusqu'au chalet pour s'en prendre à nous ?

À leurs pieds, Echo s'était calmée mais même assise ainsi elle se tenait prête à agir aux moindres mouvements de l'étranger. Elle émit même un faible grondement quand il fit mine de baisser les bras.

‒ Tu veux qu'on fasse quoi alors ?

‒ On va l'emmener avec nous.

‒ En quoi c'est mieux ? s'étonna la plus jeune.

‒ OK tu vas garder les mains en l'air et ne pas bouger, ordonna-t-elle. Si tu es un ami comme tu dis, tu vas me laisser attacher tes mains.

L'homme fit preuve de bonne foi en levant les mains plus haut et en hocha la tête alors, avec des mouvements hésitants et méfiants, Sasha rangea son arme à l'arrière de son jean et s'avança vers lui. Sur le chemin, elle attrapa un bout de tissu qui traînait et le roula pour créer un lien de fortune avec. L'inconnu rencontra son regard quand elle arriva devant lui et se retourna avec lenteur comme pour lui montrer qu'il ne voulait pas l'effrayer avec des gestes brusques. Il ramena ses mains dans son dos et attendit alors qu'elle nouait le tissu autour et testait la solidité.

‒ OK... on y va...

D'une poussée, elle signifia à l'homme d'avancer vers la véranda et le tient par ses menottes de fortune. Afin de lui rappeler qu'il ne devait pas faire le con avec elles, Sasha ressortit son pistolet et enfonça le canon dans son dos. Au moindre signe qu'il leur tendait un piège, elle n'hésiterait pas à tirer. Ou du moins c'est ce qu'elle lui dit d'un ton menaçant. Une partie d'elle, au fond de son esprit, lui demanda si elle était vraiment prête à tirer sur un être-humain. Tuer des rôdeurs était un grand pas qu'elle avait eu du mal à franchir mais c'était nécessaire. Ces choses n'étaient plus des humains, toutes traces de qui ils avaient été avaient entièrement disparu quand ils s'étaient relevés de leur tombe. Mais des vivants... c'était un tout autre type d'étage à franchir. Était-elle prête ? Le serait-elle un jour ? Elle espérait ne jamais savoir, ne jamais avoir à y faire face.

Arrivée à la voiture sans encombre, Sasha ouvrit la portière passager en enfonçant son arme dans les côtes de leur invité surprise et fouilla la boîte à gant pour récupérer un vieux foulard abandonné par les anciens propriétaires du véhicule. Elle le tendit à Winnie et lui demande de bander les yeux à l'inconnu. L'adolescente lui obéit, bien que réticente à se rapprocher de lui, et le noua fermement à l'arrière de son crâne après avoir vérifié que le tissu était assez opaque pour qu'il ne voit rien. L'agencement dans le SUV fut maladroit alors qu'elles prirent un instant pour réfléchir à l'endroit où il représenterait le moins de menace pour elle. Finalement, elle le poussa sur le siège passager et confia son arme à Winnie qui grimpa à l'arrière avec leur chien. La jeune fille s'assit au milieu de la banquette arrière et le tient consciencieusement en joue pendant que Sasha montait derrière le volant.

‒ J'espère pour toi que tu mens pas, marmonna-t-elle en direction de l'étranger tandis qu'elle démarrait en direction de leur abri.


◇ ◇ ◇

[Chalet ; aux alentours de Lewistown, Pennsylvanie ; fin de matinée]

Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 6 mois et 2 jour.


Au virage suivant, la voiture ralentit jusqu'à s'arrêter sur le bas-côté et son contact fut coupé. À leurs gauches, le chemin de terre inempruntable qui menait au chalet était là. Si elle plissait les yeux, Sasha pouvait avoir des aperçues légers du bâtiment mais il se fondait si bien dans son environnement. La jeune mère se tourna vers Winnie et récupéra l'arme entre ses mains avec un sourire de remerciement avant de tenir à son tour en joue l'inconnu qui avait été étrangement silencieux tout le long du trajet. Trouvant qu'il était plus facile de conserver son attention sur son prisonnier dans l'habitacle relativement sécuritaire du véhicule, Sasha décida qu'ils attendraient ici pendant qu'elle envoyait Winnie le reste de leur groupe. Sans demander son reste, cette dernière ouvrit la portière arrière et s'élança hors du véhicule en direction du chalet. Echo, sage jusque-là, gémit de consternation alors que ses yeux canins alternaient entre les deux humaines.

‒ Va, commanda l'aînée après un léger sifflement pour requérir son attention.

La chienne sauta alors de la voiture et courut à la poursuite de la petite humaine. Toujours avec son arme braqué sur l'étranger, Sasha se pencha difficilement sur le côté de son siège et referma la portière dans un claquement. Mieux valait être prudent et ne pas tenter le diable en laissant la possibilité à des rôdeurs -ou autre- de s'engouffrer dans le véhicule.

‒ Où on est ? demanda l'homme un moment plus tard.

Le fait d'avoir les yeux bandés semblait l'avoir rendu plus nerveux encore que pendant leur rencontre à Lewistown.

‒ Vous allez me faire du mal ? continua-t-il quand elle ne répondit pas. Vraiment je suis... j'ai vu la voiture et j'ai pensé que c'étaient mes amis, je voulais pas vous surprendre ou quoi. S'il vous plaît. On peut juste faire comme si on ne s'était jamais rencontré. Chacun continue son chemin et-

Son monologue anxieux continua pendant de longues minutes parfois entrecoupé de rares silences mais Sasha avait décroché dès les premiers instants. Ses hésitations et ses digressions le rendaient attachant, elle avait de la compassion pour lui et voulait le rassurer mais peut-être que c'était ce qu'il attendait d'elle. L'attendrir pour qu'elle baisse sa garde, tirer sur ses cordes sensibles... elle préférait se détacher et cela passait par l'ignorer alors qu'il parlait. Du mouvement dans son champ de vision attira son attention. Au milieu des troncs et des feuillages, des aperçues de silhouettes qui couraient sur le chemin et dans sa direction. Son groupe. Ils arrivaient. Avant même qu'elle puisse faire quoique ce soit, Simon sortit de la forêt les yeux écarquillés par l'inquiétude. Il se précipita vers la voiture et s'empressa d'en ouvrir la portière pour pouvoir la voir dans son intégralité et s'assurer qu'elle allait bien. L'inconnu s'était stoppé dans sa phrase et était tourné vers les nouveaux bruits avec un froncement de sourcils inquiet. L'aîné des frères Matthews ouvrit la bouche pour poser une question mais fut arrêté dans son élan par la voix de Lucas qui apparut derrière son épaule.

‒ Zak ?

Un battement.

‒ Lucas ?

‒ Tu le connais ? interrogea Sasha en baissant enfin son arme.

Et aussi vite que les autres étaient apparus, les menottes de fortune et le bandeau sur les yeux du dénommé Zak furent retirés et il fut autorisé à sortir de la voiture. Immédiatement, une avalanche d'accolade accueillit le nouveau venu tandis que son groupe s'enthousiasmait de le voir en vie. Des présentations fut faites durant lesquelles Zak s'excusa auprès des deux filles pour les avoir effrayées et inquiétées.

‒ Ouais et désolée de t'avoir traité comme ça, grimaça Sasha. Tu m'as prise au dépourvu là-bas, je savais pas trop quoi faire.

‒ Hé pas de mal, sourit-il en lui serrant la main. Je comprends.

‒ Sasha est ma sœur, informa Alec à côté d'elle.

‒ Oh ! Je suis heureux de te rencontrer, Alec et Amy ont pas arrêté de parler de toi.

La mention de sa fille la fit se redresser mais avant qu'elle puisse poser des questions, Kole la devança.

‒ Il s'est passé quoi au campement ? Quand on est revenu tout était détruit et y avait des morts partout.

‒ Une meute de marcheurs nous ait tombé dessus quand on était pas prêt. Gabby et moi rentrions tout juste d'une patrouille quand Petra s'est jetée dans notre voiture avec la petite dans les bras. On a pas chercher à comprendre et on a redémarré, expliqua Zak.

‒ Pourquoi vous êtes pas venu directement ici ? s'enquit Toby. On avait décidé que c'était le point de rendez-vous.

‒ On a dû s'arrêter dans une ville juste à côté. Petra, elle... elle a été mordu. Son état s'est empiré rapidement et on voulait pas que ses dernières soient se passer dans une voiture inconfortable sous les yeux de la petite.

‒ Oh non Petra...

Sasha puisait en elle pour se contenir. Elle ne voulait ni paraître impolie, ni sans cœur ou même encore irrespectueuse alors qu'ils pleuraient l'une des leurs mais Zak avait mentionné une « petite » et son cerveau s'excitait tout seul. Lucas lui avait parlé de cette femme et du fait qu'elle était celle à qui Amy était confiée quand son frère s'absentait du camp. Elle avait besoin de savoir, ça la démangeait.

‒ Y a que vous ici ? demanda le nouveau venu en observant autour de lui. Parce qu'on peut partir maintenant et vous pourriez la voir avant qu'elle, euh...

‒ Y a que nous, confirma Toby.

‒ D'autres ont réussi à partir du camp. La famille Graham, Lorelei et Jessi Webb, Tessa... je pensais qu'ils seraient là.

‒ Ils ont peut-être tracé leurs propres chemins.

‒ Peut-être...

L'homme regarda dans le vide un instant avant de se reconcentrer sur eux et de leur proposer de partir pour Bellefonte. Ils acquiescèrent mais ne reprirent pas la route immédiatement. Leurs affaires avaient d'abord besoin d'être rassemblé et leurs autres voitures récupérées. Ainsi, tandis que Toby, Adam, Alec et Kole allaient jusqu'au parking récupérer les minivans, le reste du groupe retournait au chalet pour faire leurs sacs. Les mains de la jeune mère tremblaient de nervosité. Sa fille semblait soudainement si proche que l'espoir était euphorisant mais elle essayait de se tempérer. Peut-être que ce n'était pas d'Amy dont il était question quand Zak parlait d'une « petite ». Y avait-il une autre enfant dans ce campement ? Sasha attrapa le survêtement qui servait de pyjama à Adam et le fourra dans son sac pour se concentrer sur autre chose mais son cerveau était en boucle. À côté d'elle, Lucas lui lança un regard incertain et lui donna un petit coup de coude pour attirer son attention avant de lui murmurer un « ça va ? » quand leurs yeux se croisèrent. Le hochement de tête qu'elle lui donna était peu convaincant, le jeune homme lui laissa passer cependant.

‒ Hé Zak, interpela-t-il avec une fausse décontraction pendant qu'il finissait son propre sac. Tu as dit qu'Amy était avec vous ?

‒ Ouais.

‒ Comment elle va ?

‒ Un peu bouleversée. Elle tenait beaucoup à Petra, t'sais.

‒ Mmh mmh.

La jeune femme leva son regard et rencontra une nouvelle fois celui de Lucas qui lui offrit un sourire. Il avait compris ses inquiétudes. Il avait vu à travers elle -ce n'était pas bien difficile de son avis- et avait su. Sasha était touchée qu'il cherche toujours un moyen de la rassurer.

‒ Oh. Je n'y avais pas pensé. Tu es sa mère, réalisa Zak en la montrant d'un geste de la main.

‒ Oui, acquiesça celle-ci d'une petite voix, comme si l'émotion voulait l'empêcher de parler.

‒ Amy est en bonne santé, ne t'inquiète pas.

Le soulagement fut tel qu'elle sentit ses jambes se dérober sous elle. Heureusement, Lucas et le canapé étaient proches d'elle. Le premier se précipita en avant et passa un bras autour de sa taille dans un reflex presque inhumain puis l'aida à s'asseoir avec douceur sur le second. C'était ça. Amelia était toute proche. Après des mois de recherche, sa fille n'était plus qu'à quelques kilomètres de là. En vie. Sasha avait l'impression que si elle tendait le bras elle pourrait la toucher. J'arrive Amy, pensa-t-elle.


◇ ◇ ◇

[Rue ; Bellefonte, Pennsylvanie ; début d'après-midi]

Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 6 mois et 2 jour.


La maison devant eux avait été peinte de deux couleurs bien distinctes dans sa hauteur afin de montrer qu'il s'agissait bien de deux logements séparés. C'était un peu comme une maison mitoyenne mais dont l'extérieur avait été réalisé pour donner l'impression qu'il s'agissait d'un seul et même espace. Zak leur expliqua qu'ils avaient choisi cet endroit parce qu'elle était déjà un peu protégée grâce à ses fenêtres barricadées de planches et qu'elle possédait une sortie arrière en cas de problème. Alors qu'ils sortaient des voitures et avançaient dans la petite allée, l'homme lui pointa les magasins et la station-service juste en face et précisa que c'était pratique d'avoir de tels bâtiments tout proche. Ils avaient pu se ravitailler dans les petits magasins sans craindre qu'une horde d'infectés les attentent à l'intérieur. La peinture de la porte d'entrée était écaillée et marquée de traces de griffures, comme si quelqu'un s'était acharné dessus. Ou quelque chose. Zak y frappa une sorte de code en morse avec son poing et colla son oreille au bois pour écouter. Excitée et nerveuse, Sasha se balança sur la pointe de ses pieds alors qu'elle tendait elle aussi l'oreille. Des raclements sur du parquet, comme si on déplaçait un meuble, puis la porte s'entrouvrit suffisamment pour qu'un humain puisse passer. Zak leur fit signe de le suivre et s'engouffra dans la maison. Le cœur battant à tout rompre, elle se faufila dans le hall et observa autour d'elle la pièce plongée dans la pénombre. Elle distinguait à peine le nouvel inconnu qui discutait avec Zak.

‒ ... attachée au radiateur. Elle avait peur de se réveiller et de s'en prendre à nous si j'étais pas assez rapide.

‒ Je suis content d'être rentré avant qu'elle soit déjà... euh tu sais.

‒ Tu as trouvé des chats errants en chemin je vois, remarqua l'inconnu en les regardant Adam et elle.

‒ Oh ouais, et pas que ! Regarde qui va là !

Le hall était un peu serré avec tout ce monde à l'intérieur mais cela n'empêcha pas les gars de saluer avec enthousiasme leur ami, heureux d'être en présence d'un des leurs. Pendant ce temps, Simon repoussait le meuble qui bloquait la porte plus tôt et Adam détachait la chienne qui n'aimait pas rester trop longtemps en laisse. De son côté, Sasha fit un pas timide vers l'entrée du salon et chercha autour d'elle la présence de sa fille. Du salon elle ne pouvait voir qu'une grande table remplie de bazar et c'était tout. L'agencement des murs l'empêchait de distinguer quoique ce soit d'autre. Heureusement, le groupe migra lentement vers cette pièce et ce fut là qu'elle la vit. Assise par terre sur une moquette bleue moche. La fillette était au milieu de jouets et faisait galoper dans les airs un dinosaure comme s'il était un cheval. Sa petite bouche sortait les bruits de sabots les plus approximatifs qu'elle n'avait jamais entendu. Sonnée, Sasha resta à la contempler, les bras ballants. Ses cheveux châtains étaient rassemblés dans une tresse dont s'échappaient des mèches rebelles. Les habits qu'elle portait étaient clairement enfantins avec leurs fées et étoiles brodés mais ils avaient été pensé avant tout pour leur praticité. La petite fille était propre, ou autant que l'on pouvait l'être sans accès à l'eau courante, et en bonne santé. Au cours de tous ces mois, la jeune femme avait parfois rêvé de ce moment, de ces retrouvailles où elle et sa fille se jetaient dans les bras l'une de l'autre... mais aujourd'hui, elle était comme figée. Incapable du moindre mouvement, du moindre son. Sa fille était juste là devant elle, et elle ne pouvait pas l'atteindre.

‒ Amy, appela Zak en venant à la hauteur de Sasha et en posant une main sur son épaule. Je suis rentré et je t'ai ramené quelque chose.

Au ralenti, la fillette détacha son regard de ses jeux et le leva vers l'homme pour s'arrêter sur sa mère. Pendant une fraction de seconde, rien ne se passa. Puis elle abandonna son jouet et se précipita vers Sasha en criant.

‒ Maman !

Cette dernière ne put rien faire d'autre que de se laisser tomber à genoux. La chute fut assez forte pour qu'elle ait des bleus le lendemain mais elle l'ignora et ouvrit plutôt ses bras pour la réceptionner. La petite fille se lança de tout son poids contre elle, certaine qu'elle serait rattrapée, et enroula ses bras autour de son cou pour un câlin de cette force surprenante que possédaient les enfants. Sasha la serra contre elle et ferma ses yeux alors que les larmes coulaient librement sur ses joues.

‒ Amy... oh mon bébé, pleura-t-elle en la soulevant légèrement pour avoir une meilleure prise sur son étreinte. Mon bébé, tu m'as tellement manqué.

‒ Maman.

‒ Je t'aime mon cœur. Je t'aime, je t'aime, je t'aime, répéta-t-elle contre sa peau, désespérée de faire connaître à son enfant l'étendu de son amour.

‒ Maman tu pleures ?

La fillette s'était légèrement détachée d'elle pour attraper son visage de ses petites mains alors qu'elle la regardait avec inquiétude.

‒ Pourquoi tu pleures maman ?

Avec un sourire au milieu de ses larmes, la jeune femme prit une de ses mains dans la sienne et en embrassa la paume.

‒ Je pleure parce que je suis heureuse Amy. Je te cherchais depuis si longtemps.

‒ Tu m'avais perdue ?

‒ Pas pour très longtemps. Tu es là maintenant, je t'ai retrouvé.

Ses propres mots déclenchèrent quelque chose en elle. C'était comme si tout ce temps elle avait manqué d'une partie d'elle et qu'ici et maintenant, elle était de nouveau complète. Oui, elle l'avait retrouvé. Ce bout d'elle. Sa fille. 

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