Chapitre 16.
[Forêt; aux alentours de Lewistown, Pennsylvanie ; après-midi]
Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 6 mois et 1 jour.
La tête penchée en arrière afin de boire à sa gourde, Sasha ne quittait néanmoins pas le chemin de terre devant elle des yeux. Quelques minutes plus tôt, le groupe avait trouvé ce passage étroit qui menait à un chalet dont la description semblait correspondre à celui de cette femme. Avec des voitures aussi grosses, ils n'avaient pas pu s'y engouffrer alors Lucas, Toby et Kole faisaient le chemin à pied et allaient vérifier si c'était le bon endroit. Toujours ravie à l'idée de se dégourdir les pattes, Echo les avait suivi. Sa queue remuait joyeusement et sa truffe était en l'air, humant toutes les nouvelles odeurs. La pauvre bête... elle détestait être autant enfermée dans les petits espaces des véhicules. Surtout après que leur groupe ait marché à travers les états une bonne partie du mois dernier.
Un bruissement quelque part sur le droite fit se redresser Sasha. Elle s'éloigna du capot contre lequel elle était jusque-là adossée, posa sa gourde encore ouverte dessus et attrapa son fusil de chasse à deux mains. Un regard autour lui apprit que Winnie et Adam faisaient toujours la sieste dans le minivan derrière, qu'Alec inspectait leurs réserves et que Simon montait la garde à l'arrière de leur procession. Quand ils avaient trouvé le chemin de terre plus tôt, les conducteurs s'étaient directement arrêtés là où ils se trouvaient. Résultat, les trois véhicules étaient en fil indienne sur une route à virage fréquent et bordée de toute part par la forêt. Sasha n'était pas à l'aise. À cause de la végétation et des tournants, la vue n'était pas dégagée. Elle se sentait quelque peu piégée. Si des rôdeurs -ou des types aux mauvaises intentions- tombaient sur eux, ils les prenaient par surprise et le groupe aurait peu de place pour se défendre ou s'échapper. La jeune femme avait fait part de ses doutes au groupe mais Lucas lui avait promis qu'ils feraient vite tandis que Kole avait dit que c'était plus prudent pour eux que les véhicules soient le plus proche possible de là où ils se rendaient pour qu'ils y reviennent au plus vite en cas de problème.
Les fourrés s'agitaient de plus en plus, ça ne semblait pas juste être le vent qui faisait bouger les feuillages. Le cœur de Sasha battait à tout rompre à cause de la peur. Ou de l'adrénaline, ou des deux. Elle resserra sa prise sur l'arme et ajusta sa visée afin d'être prête à faire feu dès que la menace apparaîtrait. Elle sentait son index se crisper, presque au point d'appuyer sur la gâchette involontairement tant elle était tendue. Une silhouette s'élança hors des buissons et atterrit dans un saut gracieux juste devant elle. Sasha se retient tout juste de tirer : c'était Echo. Son pelage autour du museau était boueux, certainement parce qu'elle avait farfouillé dans le sol. La chienne ne s'offusqua pas du fusil braqué sur elle et vient plutôt saluer son humaine d'une coup de langue baveuse sur sa main. La jeune femme s'empressa de baisser son arme et d'éloigner son doigt de la gâchette avant de libérer une main pour caresser Echo. Les battements de son cœur ne se calmèrent pas immédiatement, toujours sous le coup de l'adrénaline. Sasha s'efforça de se concentrer sur l'animal pour s'apaiser et s'accroupit à son niveau.
‒ Heya ma belle, déjà de retour ? Tu as fait une bonne balade ? questionna-t-elle distraitement alors qu'elle la grattait derrière l'oreille, gagnant des couinements de joie de la chienne. Tu es toute seule ma gentille fille, ou les gars sont derrière toi mmh ?
Tout en parlant, elle leva ses yeux vers le chemin de terre et les plissa à la recherche d'un mouvement. Un bref aperçu d'une masse mouvante à travers les feuillages lui apporta la réponse attendue. La démarche maîtrisée était clairement celle d'un être humain, et le fait qu'Echo soit rentrée aussi enthousiaste pouvait attester que ce n'était pas des inconnus qui venaient sur eux. Sasha sentit les restes de sa peur disparaître alors qu'elle caressait une dernière fois la chienne et se relevait. Les trois hommes émergèrent finalement du chemin de terre, les chaussures et le bas de leurs pantalons tout aussi boueux que le museau d'Echo.
‒ Alors ? s'enquit la jeune mère quand ils furent à son niveau.
‒ C'est le bon endroit, confirma Lucas tandis que ces deux acolytes continuaient leur chemin pour prévenir les autres. Mais pas une trace des autres.
‒ C'est pas normal... si ? Ils auraient déjà dû être là, ils ont des heures voire des jours d'avance sur nous.
‒ Ouais. C'est vrai... mais peut-être qu'eux aussi ont du mal à trouver l'endroit exacte.
‒ Dans ce cas, on aurait dû les croiser non ?
‒ Pas nécessairement, réfléchit le jeune homme. Restons optimiste d'accord ? On va s'installer dans le chalet et attendre quelques jours. S'ils ne sont toujours pas là alors on fera des patrouilles quotidiennes en s'éloignant de plus en plus pour essayer de les retrouver.
‒ D'accord. Restons optimiste, murmura-t-elle, peu convaincue.
Deux heures plus tard, le chalet avait été sécurisé et le groupe s'y était installé. Les véhicules n'avaient pas été abandonnés en haut du petit chemin de terre. À la place, ils avaient pris le temps d'aller les garer dans un petit parking de gravier à une trentaine de minutes de marche afin qu'ils ne soient pas laissés en plein milieu de la route. Adam avait insisté sur ce point. Il ne voulait pas que le groupe ne soit une cible facile pour toute personne malintentionnée qui tomberait sur eux. La presque rencontre dans ce restaurant en Ohio était toujours gravée quelque part dans l'esprit du jeune homme. Les survivants avaient fait le chemin en sens inverse à pied et, après avoir mis en place un périmètre de sécurité avec les cordes et les conserves, avaient investi le lieu. Alors qu'elle se débarrassait du tas de couverture serré entre ses bras, Sasha remarqua des photos accrochées sur un pan entier de mur. Curieuse, elle se rapprocha pour les contempler. Il s'agissait de photos de famille prises à des périodes différents mais dont les visages étaient majoritairement les mêmes, bien que vieillissant avec les années. Parfois une nouvelle personne montrait le bout de son nez. Un conjoint au sourire nerveux. Des nouveau-nés aux joues rebondies et aux moues boudeuses. Le bonheur transparaissait de ces images.
‒ C'est Violet.
Lucas, qui l'avait rejointe à un moment donné, pointa une femme présente sur la majorité des photos. Sa première apparition était sous la forme d'une fillette avec quelques dents manquant à son sourire. Elle tenait fièrement un poisson entre ses mains alors qu'une autre petite fille de son âge grimaçait de dégout à ses côtés.
‒ Et avec elle, c'est sa femme Petra.
Sur une des photos les plus récentes, les deux femmes étaient bras-dessus-dessous habillées de deux magnifiques robes de mariée et montraient fièrement des bagues identiques. Des cheveux blancs commençaient à se voir dans leurs coiffures élaborées. Sasha se souvenait du corps à moitié dévoré qu'ils avaient dû enterré. L'image qu'elle avait de cette femme était bien loin de celles étalées devant elle.
‒ Quand Alec ne pouvait pas s'occuper de ta fille, il confiait sa garde à Violet et Petra, indiqua Lucas en ramenant son attention sur elle. Et comme on a pas retrouvé le corps de Petra parmi les autres... j'ai bon espoir qu'elle ait réussi à s'échapper et qu'elle a emmené Amy avec elle.
‒ Si c'est le cas... si elle est en vie, hésita Sasha qui avait détaché son regard des images. Ca voudrait dire qu'ils ont rencontré un problème en chemin parce que sinon ils auraient déjà dû être au chalet. Cette femme aurait aucun problème à le trouver, non ?
‒ Oh... oui. Tu as sûrement raison.
Elle voyait bien que l'homme avait voulu la rassurer mais c'était peine perdu. En fait, cela a eu l'effet inverse. Sasha se demandait ce qui prenait autant de temps à ces gens de venir jusqu'ici. Tant de choses auraient pu se passer. Ils s'étaient peut-être perdus en venant, ou alors ils ne se rendaient pas du tout au chalet. Peut-être qu'ils s'étaient blessés en fuyant, ou après, et qu'ils étaient morts. Le groupe attendrait alors pour des fantômes. Et Sasha ne savait même pas si Amy était parmi eux.
‒ Sasha, viens voir ! appela soudainement Winnie.
S'excusant avec un sourire, elle s'éloigna du mur de photos et partit à la recherche de l'adolescente. Sa voix provenait de plus loin dans le chalet, vers les pièces qu'elle n'avait pas encore eu le temps d'explorer. L'endroit avait deux chambres dont l'une était un bureau avec un canapé-lit pour recevoir les invités. La salle de bain était rudimentaire mais elle semblait posséder tout le confort nécessaire. C'était là que l'attendait Winnie. Le placard au-dessus du lavabo était ouvert en grand tandis que des protections hygiéniques trônaient fièrement dans sa main.
‒ Tadam !
Les réserves de serviettes et tampons étaient arrivées à leur fin quelques jours plus tôt quand l'adolescente avait utilisé les dernières. Elles n'avaient pas encore eu l'occasion de se réapprovisionner mais celles de Sasha arrivaient bientôt et c'était un soucis à prendre en compte. Le monde arrêtait peut-être de tourner correctement mais les cycles menstruelles non.
‒ Bien joué Winnie, encouragea la plus âgée avec un court câlin latéral.
‒ Je pense qu'on en a au moins pour deux fois, peut-être trois.
‒ C'est largement suffisant pour l'instant.
Avec un large sourire, l'adolescente rassembla les protections et se rendit au salon pour les ranger précieusement dans leurs sacs. Sasha flâna dans les restes des pièces, les inspectant distraitement et s'arrêtant parfois sur un objet étrange ou hors propos qui était certainement rempli de souvenirs. Quand elle retourna finalement au salon, la moitié du groupe était à l'extérieur en train de clouer quelques planches sur les fenêtres pour les protéger au cas où des rôdeurs s'amasseraient dessus. Sasha alla s'installer sur le canapé pour reposer ses jambes et faire un point sur l'évolution de sa cicatrisation. Couvrant ses hanches avec un coussin, elle baissa son pantalon, se désinfecta les mains avec une linguette à antiseptique et retira avec délicatesse le pansement qui couvrait la blessure. La plaie était belle. Elle n'était pas rouge, ou purulente ou quoique ce soit. C'était une bonne chose. Au moment où elle termina de la repanser, la porte du chalet s'ouvrit et le reste du groupe revient à l'intérieur, des outils dans les mains.
‒ On a presque plus de nourriture, informa Toby depuis la cuisine ouverte où il faisait l'inventaire de leurs réserves avec Adam. Ce serait une bonne idée d'aller en chercher demain avant qu'on tombe en panne ou qu'on soit piéger ici par un autre groupe de rôdeurs.
‒ Je peux y aller, proposa Sasha en remontant son pantalon et bouclant sa ceinture. Faut que je bouge et que je m'occupe.
‒ Tu es blessée-
‒ Mais je peux parfaitement marcher, et la cicatrisation avance bien.
‒ Oui mais-
‒ Echo et moi on peut l'accompagner, ajouta Winnie qui était assise par terre et grattait la chienne derrière les oreilles. Comme ça elle y va pas seule et si elle a un problème avec sa blessure on peut l'aider.
‒ Hors de question, refusa Simon.
‒ Comme si tu avais ton mot à dire dans ma décision.
‒ Sasha.
‒ Simon.
‒ Bonne chance pour essayer de la faire changer d'avis mon pote, participa Alec alors qu'il se jetait sur le canapé à côté d'elle et passait son bras autour des épaules de sa sœur.
‒ Et puis c'est pas une mauvaise idée, ajouta Lucas. Les filles pourraient aller chercher de la nourriture pendant qu'on s'organise pour la recherche.
Satisfaite du soutien, la jeune femme bascula sa tête sur le dossier du canapé pour lever son regard vers lui et haussa un sourcil taquin accompagné d'un petit sourire. Simon roula des yeux mais vient passer une main dans ses cheveux pour les ébouriffer comme un frère le ferait avec son cadet. Sasha ria en repoussant sa main.
‒ Bien. Mais tu feras attention, d'accord ? Encore plus que d'habitude je veux dire. Vous le ferez toutes les trois.
‒ Oui Sims.
‒ Oui papa, marmonna la jeune mère, amusée.
Un nouveau roulement d'yeux plus tard, son ami poussa légèrement sa tête pour l'embêter et alla s'effondrer sur le fauteuil en face d'elle.
◇ ◇ ◇
[Chalet ; aux alentours de Lewistown, Pennsylvanie ; matin]
Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 6 mois et 2 jour.
Sa barre de céréales coincées entre les dents, Sasha enfila les bretelles de son sac et ajusta le dos de sa veste puis récupéra à la main sa nourriture non sans avoir pris un croc conséquent. Elle remercia son frère qui l'aidait à s'équiper et jeta un coup d'œil à Winnie pour vérifier qu'elle était prête.
‒ On y va ? s'enquit cette dernière, la regardant déjà, avec Echo sagement assise à ses pieds.
‒ Faites attention à vous, rappela Simon. Ne prenez pas de risques inutiles.
L'homme se tenait à côté de la plus jeune et les regardait se préparer avec nervosité. L'inquiétude qui transparaissait sur son visage exaspérait et attendrissait en même temps Sasha. Quelle autre preuve elle avait besoin pour savoir qu'il tenait à elles ? Winnie se leva sur la pointe des pieds, attrapa l'épaule de Simon pour maintenir son équilibre et déposa un léger baiser sur sa joue.
‒ On fera gaffe, on promet, assura-t-elle.
‒ Y a deux marcheurs dehors, informa Adam qui s'était posté près d'une fenêtre pour voir si l'accès était libre. Assez loin du chalet, mais proche l'un de l'autre. Attention y en a un qui est très grand.
‒ OK, merci Ad.
Après une dernière vérification auprès de Winnie, elle ouvrit la porte et sortit sur le perron. Leur chienne, qui avait bien appris maintenant, attendait sur celui-ci alors que Sasha repéra le plus grand infecté et s'élança dans sa direction. Alors qu'elle se rapprochait, le bruit l'attira et il commença lentement à se retourner avec des grondements excités. Ne lui laissant pas le temps de lui faire face, elle lui asséna un coup à l'arrière du genou pour qu'il s'effondre et planta son couteau dans son crâne dès qu'il fut à son niveau. Le second rôdeur s'était rapprochée d'elle pendant ce temps mais Winnie était déjà en train de s'en occuper. Sa main était agrippée au vêtement au niveau du cou afin de le retenir tandis qu'elle cherchait une ouverture pour enfoncer son arme. Sasha l'encouragea tout en se dépêchant de la rejoindre pour l'aider mais fut ravie de constater qu'elle n'était pas la seule à s'être améliorée. Les compétences d'attaque et de défense de l'adolescente étaient bien meilleures que quand les deux s'étaient rencontrées. Quand le deuxième corps toucha le sol, elle félicita Winnie et regarda vers le chalet. Le groupe s'était regroupé sur le perron sauf Simon qui se tenait prêt à intervenir, déjà à mi-chemin des marches et sa main sur le manche de son couteau. Le pouce levé pour indiquer qu'elles allaient bien, Sasha siffla de son autre main et appela la chienne à ses pieds. Echo, trop heureuse comme toujours à l'idée de se dégourdir les pattes, se précipita vers elle et se jeta dans ses jambes avant de s'empresser de rejoindre Winnie qui ramassait son couteau.
‒ Allez en route les filles, commanda-t-elle.
Près d'une heure plus tard, le SUV fut garé au bout d'un quartier résidentiel de Lewistown -si on pouvait décemment appeler cela un quartier- et ses occupantes en étaient descendues. La première maison était un bon point de départ selon Sasha. Deux étages, plusieurs accès, de multiples jouets sur la pelouse indiquant la présence d'enfants... de plus, elle semblait avoir été laissée tranquille de tout pillage. La porte arrière donnant dans une véranda était déverrouillée alors ce fut par là qu'elles entrèrent en silence. Du bout du pied, Sasha repoussa les lego éparpillés sur le sol afin de se créer un chemin et s'avança dans la pièce. Le soleil entrait dans la maison par les diverses fenêtres et éclairait chaque recoin. Pour la première fois depuis un moment, les ombres ne régnaient pas en maître. La jeune femme fit un pas plus confiant dans le salon et tendit l'oreille. Lucas lui avait parlé d'une méthode dont se servait le groupe pour vérifier si un lieu était vide, c'était le moment de l'appliquer. Tout en restant proche de leur sortie, Sasha tapa plusieurs fois contre le mur pour faire résonner le bruit dans l'endroit et attendit. Rien. Aucun mouvement. Pas de pieds qui traînent, pas de grognements... après une bonne minute, elle entra pleinement dans le salon.
‒ La maison semble vide mais reste sur tes gardes Winnie.
‒ Oui chef.
Sans attendre, la jeune fille disparut dans la cuisine et on put entendre les placards être ouverts. D'un geste de la main, Sasha encouragea leur chienne à grimper sur le canapé et à s'y allonger.
‒ Pas bouger Echo, commanda-t-elle en lui caressant la tête. Aboie si tu vois un truc.
Se séparant pour couvrir plus d'espace, elle se dirigea vers les escaliers visibles depuis là où elle se trouvait tout en observant les environs, juste pour être sûr qu'elles étaient bien seules ici. À l'étage, plusieurs chambres aux couleurs pétantes s'offrirent à elle mais elle entra dans celle qui semblait appartenir à une adolescente. Winnie avait besoin de nouveaux vêtements, les siens étaient presque tous en lambeaux ou couverts de boue. Distraitement, elle fit le tour de la pièce et observa les souvenirs accumulés. Son regard tomba sur un panneau en liège où une médaille pour « la meilleure basketteuse de l'année » était accrochée avec différentes photos. Elle survola les visages heureux de l'équipe de basket du lycée de Mifflin, les mots d'amour écrits par un garçon nommé Ben et atterrit sur un flyer de la bibliothèque municipale de la ville où les horaires d'ouverture étaient entourées en rouge. Peut-être qu'elles pourraient y faire un tour ? Récupérer quelques livres pour tuer le temps dans le chalet ? Mettant de côté cette information, Sasha alla fouiller dans le placard de l'adolescente et récupéra une tenue convenable pour de la survie puis passa aux pièces suivantes. La décoration et les meubles des autres chambres lui indiquèrent l'âge des autres enfants. Ils étaient trop jeunes pour que leurs vêtements aillent à quiconque dans le groupe. Winnie fit par la rejoindre alors qu'elle était à mi-chemin enfouie dans le placard de la chambre parentale.
‒ Ces gens étaient fans de soupe de maïs, ils en avaient une réserve dans un placard, indiqua-t-elle en venant s'allonger sur le lit.
‒ Ou alors ils détestaient ça et se sont retrouvés à devoir se les coltiner.
La jeune fille gloussa mais n'ajouta rien de plus et, pendant de longues minutes, le silence prit place dans la pièce. Assise à même le sol dans le placard, Sasha tenait à bout de bras un jean et essayait de deviner si Kole pourrait rentrer dedans ou non. Dans la pièce, elle entendit Winnie se lever du lit, flâner et toucher tous les objets qui requéraient son attention.
‒ Tu penses qu'ils sont morts ? questionna-t-elle finalement après ce long silence.
‒ Mmh, qui ça ?
‒ Les gens qui vivaient ici, ceux à qui on pique des fringues et de la bouffe.
‒ Ah eux, réalisa Sasha alors qu'elle mettait de côté d'autres habits utiles.
‒ Ouais, eux.
‒ Eh bien s'ils ne sont pas morts, ils ne sont plus ici en tout cas.
‒ Mais... tu crois que c'est bien ce qu'on fait ? Leur voler leurs affaires.
Les sourcils froncés, la jeune mère se pencha en arrière et referma légèrement la porte du placard pour pouvoir la regarder. Winnie se tenait devant une commode et tenait dans sa main une photographie encadrée. En passant devant tout à l'heure, elle l'avait vu. Cela montrait une joyeuse famille de six personnes posant avec des grands sourires à ce qui était certainement la naissance du plus jeune de la fratrie.
‒ Je pense pas que ce soit mal... articula Sasha avec hésitation. Les choses ont changé et je pense que si on inversait nos rôles et que cette famille était à notre place alors elle ne se priverait pas pour prendre nos affaires.
‒ Tu crois ?
‒ Mmh mmh. Si quelqu'un en a besoin, cela me dérange pas que mes vêtements soient pris. Il faut aider son prochain, non ?
Avant que la jeune fille ne puisse répondre, un aboiement résonna dans la maison. Echo. Il y avait un problème.
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