Chapitre 14.
[Rue; Mount Pocono, Pennsylvanie ; fin d'après-midi]
Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 5 mois et 24 jours.
Le silence était dérangeant. Pas que Sasha ne l'appréciait pas mais elle venait de passer de longues minutes au milieu d'une cacophonie de grognements et de claquements de dents. Rien n'entendre du tout hormis leurs respirations était étrange. Cela lui rappelait les premiers jours de l'épidémie, après que le monde ait éclaté dans le chaos et la panique. Il y avait eu d'abord un flot constant de bruits : des hurlements, des voitures qui dérapent et le crissement de leurs pneus, des klaxons, des sirènes... et puis tout s'était tu. Le temps s'était comme arrêté. Plus de cris, plus de voitures, plus de sirènes... plus de vie. Rien. Le néant. Cette sensation de vide avait laissé pour toujours un goût amer dans la bouche de la jeune femme.
‒ -sha ? Winnie ?
La voix de Lucas les atteignit à peine tandis que le bruit de ses pas prudents se rapprochait. Il semblait incertain alors qu'il les appelait. À côté d'elle, Echo se tendit et dressa ses oreilles au son mais ne bougea pas, obéissant toujours à la commande émise plus tôt.
‒ Les filles ?
‒ On est là.
Lentement, elle ouvrit la porte du placard à balai dans lequel elles s'étaient réfugiées et passa sa tête dans le long couloir. Au bout de celui-ci se tenaient Alec et Lucas, l'air épuisé et recouvert de plus de sang que quand ils s'étaient séparés.
Quand ils avaient fui la rue et la maison dans laquelle une partie des leurs étaient coincés, le petit groupe était tombé -après quelques détours- sur un concessionnaire automobile avec le parking plein de voitures flambants neuves. Sur l'ordre des deux hommes, Sasha et Winnie avaient dû se cacher. C'était un accord commun non explicite dans le groupe que, s'ils le pouvaient, l'adolescente devait être écarté de tout danger. Pour ce qui est de la plus âgée des deux femmes, sa jambe était la justification. Sa blessure la ralentissait considérablement et courir lui avait ravivé sa douleur qui jusque-là était devenue sourde. De plus, Lucas avait été inquiet que trop forcer sur sa jambe pourrait lui réouvrit ses points de suture. Ainsi, elles s'étaient mises à l'abri à l'intérieur du concessionnaire pendant que Alec et Lucas conduisaient une voiture, les fenêtres ouvertes et la musique à fond, en direction de la sortie de la ville, une procession d'infectés impressionnante à leurs trousses.
‒ Vous allez bien ? les interrogea immédiatement la plus jeune alors qu'elle s'empressait de les rejoindre.
‒ Ouais, mais la voiture est morte par contre.
‒ On l'a laissé hors de la ville avec la musique allumée pour qu'ils restent focalisés dessus, précisa Lucas en acceptant la gourde que lui tendit Sasha. Et vous, ça va ?
‒ Que veux-tu qu'il nous arrive ? On est restées cachées, et on les a écoutés s'éloigner.
‒ On ne sait jamais, mais tant mieux. La voie est libre donc on ferait mieux de se remettre en route avant que ça change.
Et ce fut ce qu'ils firent. Le petit groupe s'empressa de rebrousser chemin vers la maison où se trouvaient auparavant les quatre autres survivants avec l'espoir qu'ils y étaient toujours, et sains et saufs. Alors qu'ils marchaient, pas un mot ne fut échangé. L'atmosphère était si épaisse à cause de l'inquiétude qu'on pourrait la couper au couteau. La maison entra dans leur champ de vision et Winnie ne put retenir un halètement choqué à son état pitoyable. Elle semblait à deux doigts de s'effondrer sur ses fondations. Qu'allaient-ils y trouver ? Au moins, plus aucun infecté n'y rôdait.
‒ Là !
Les yeux de Sasha balayèrent la maison jusqu'à se poser sur l'endroit que pointait son frère. Quel ne fut pas son soulagement quand quatre silhouettes accroupies se distinguèrent sur le toit du perron. Au plus ils avançaient vers la maison, au plus les traits de leurs amis étaient révélés. Les émotions sur leurs visages reflétaient sans aucun doute celles qu'elle ressentait à l'idée de les savoir bien vivant.
‒ Hé là-haut, les interpela Lucas quand ils ne furent plus qu'à quelques mètres d'eux. Ça va ?
‒ Salut ! Désolé d'être en retard, on a rencontré un petit problème, ironisa Adam en se penchant au bord du toit pour mieux les apercevoir. Mais on va bien.
‒ Grâce à vous, affirma Toby. Merci de les avoir éloignés.
‒ C'était moins une, ajouta Simon avec une grimace. On est content que vous soyez arrivés à temps. Merci.
‒ Pas de soucis mon pote, on est une équipe.
Durant les minutes suivantes, ils aidèrent les quatre hommes à descendre du toit puisque, cherchant à créer une barrière entre les infectés et eux, ils avaient refermé la fenêtre par laquelle ils étaient sortis et s'étaient retrouvés bloqués dehors quand elle avait refusé de se rouvrir. Le toit était légèrement trop haut pour qu'ils sautent sans se blesser. Le petit groupe s'engouffra alors dans la maison et rejoignit la chambre avec prudence tout en s'assurant que tous les rôdeurs étaient bien partis ou morts. Alec rouvrit la fenêtre et les aida à revenir à l'intérieur. Dès que les frères Matthews touchèrent le sol, Sasha et Winnie se précipitèrent sur eux et les attirèrent dans une étreinte empreinte de peur et de soulagement. Echo se joint à la fête et sauta sur ses pattes arrière pour lécher le visage des garçons qui rirent et rendirent le câlin. Comme une mère poule, Sasha vérifia les deux frères pour toutes traces de blessure ou de morsure et ne les lâcha qu'après qu'ils aient assuré trois ou quatre fois qu'ils allaient bien.
‒ On est heureux de vous voir en vie, les accueillit Lucas en venant taper dans la main de son meilleur ami.
‒ Ouais, on est heureux de l'être. C'était vraiment l'horreur dehors.
‒ Et maintenant on fait quoi ? s'enquit Kole. On a pas trouvé d'essence et l'autre voiture est foutu, on a troué le réservoir avec nos balles.
‒ On a trouvé un concessionnaire auto avec plein de voitures, on en trouvera là-bas.
‒ Il va faire nuit, c'est pas plus prudent d'attendre ? proposa Simon. J'veux dire on vient de faire face à une horde, je veux pas la rencontrer ou une autre sur la route alors qu'il fait noir.
Bien qu'impatiente de retrouver sa fille, Sasha devait admettre que son ami n'avait pas tort. Mieux valait privilégier la prudence à l'empressement. Le reste du groupe sembla d'accord avec cela.
‒ J'ai vu une maison avec des panneaux solaires à quelques pâtés de là, révéla Toby. Avec un peu de chance ils fonctionnent encore et on aurait de l'eau courante.
‒ Eh bien je sais pas vous les mecs mais je serais partante pour une douche si c'est possible, répondit Sasha en s'éloignant des frères Matthews pour se diriger vers la porte.
‒ Montre la voie alors Toby.
◇ ◇ ◇
[Rue; Mount Pocono, Pennsylvanie ; début de soirée]
Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 5 mois et 24 jours.
Un sifflement mélodieux se propagea dans l'air et fit se redresser Sasha, c'était le signal. Lentement, elle se releva et jeta un coup d'œil par-dessus le muret derrière lequel Winnie, Echo et elle étaient camouflées. Simon se tenait à plusieurs mètres d'elle, dans l'encadrement d'une jolie porte d'entrée bleue. Il rencontra son regard et lui fit signe de venir alors, sans attendre, la jeune femme entraîna son amie et la chienne vers la maison sur deux étages. Toujours selon le même schéma que plus tôt dans la journée, les deux femmes avaient été mise à l'abri pendant que le reste du groupe faisait le boulot. Ils avaient investi l'endroit et avaient vérifié que c'était vide d'infectés et sécurisé avant de leur permettre de les rejoindre. Dès qu'elle mit un pied à l'intérieur, Sasha entendit une exclamation de joie et le bruit de l'eau qui coule. Les panneaux solaires marchaient donc bien. Elle échangea un regard avec Simon qui lui fit un sourire laissant transparaître son contentement mais aussi sa fatigue. Bien qu'elle ait envie de retrouver Amy, cette pause était nécessaire et faire du bien à tout le monde. Cela faisait bien des mois qu'elle n'avait pas pris une douche. Si elle avait de la chance et qu'il ne faisait pas trop froid, elle se laverait entièrement dans un lac ou une rivière ; mais la plupart du temps elle n'avait pas l'occasion d'épargner quelques minutes à faire plus que se frotter le visage, les aisselles et les parties intimes avec un morceau de chiffon qui avait vu des jours meilleurs, un peu d'eau et un vieux savon solide qui arrivait sur sa fin.
Les deux groupes se rassemblèrent dans le salon et, avec une facilité déconcertante après ne s'être connu que quelques jours, se répartirent les tâches. Pendant que Sasha, Adam et Alec fouillaient la maison à la recherche de vêtements propres, Kole et Toby iraient essayé de faire fonctionner le four pour y préparer un repas bien chaud. Winnie était chargée de s'occuper d'Echo, de la mettre à l'aise de la nourrir et la désaltérer et vérifier qu'elle n'avait aucune blessure. Les deux derniers membres, Simon et Lucas, devaient installaient tous les matelas disponibles dans le grand salon pour créer un espace sommeil où ils dormiraient tous ce soir. Une demi-heure plus tard, ils se sont tous retrouvés autour de la table et partagèrent un copieux repas.
‒ Comment vous vous êtes rencontrés tous les quatre ? demanda curieusement Alec à sa sœur.
‒ Winnie et moi s'étaient y a quelques mois maintenant, elle me suivait depuis plusieurs jours mais je le savais pas.
‒ Oh ouais... sourit l'adolescente en venant poser sa tête sur l'épaule de la jeune femme. Je l'avais vu passé dans une rue et je voulais plus être seule alors je l'ai suivi pour être sûre qu'elle était sympa puis j'ai proposé qu'on fasse équipe !
‒ Un mois plus tard on a trouvé Echo, et quelques jours après les gars.
‒ C'était franchement un coup de chance, ajouta Simon à l'histoire. Mon frère et moi on était dans un campement dans le Michigan depuis le commencement mais, quand il a été détruit par les marcheurs, on a décidé de se rendre plus au sud. À un moment donné on est tombé sur les filles en fuyant une horde.
‒ Je suis contente que vous soyez tombés sur nous, affirma Winnie. Vous êtes ma famille maintenant.
‒ Ouais, on l'est, confirma Adam avec son propre sourire.
Le reste du repas se passa dans une ambiance agréable, chacun racontant comment ils avaient rencontré ses compères et échangeant des anecdotes sur ces rencontres. Finalement, il fut l'heure des douches et la jeune femme fut envoyé en première pour se nettoyer ainsi que sa blessure tandis que les autres débarrassaient la table de leurs déchets. Sasha attrapa un paquet de vêtements et se dirigea dans la direction indiquée par Lucas. La salle de bain était assez petite comparée à la taille des pièces principales mais elle ferait largement l'affaire. Les vêtements furent posés sur la vasque juste à côté de son couteau dont elle ne se séparait pas depuis qu'elle l'avait. Juste au cas où. Elle releva ses yeux et eut un mouvement de recul en voyant son reflet dans le miroir.
Ses cheveux châtains qui avaient été rassemblé à un moment donné dans un chignon étaient en pagaille, des mèches volaient dans tous les sens, et l'ensemble semblait gras. Son visage et son cou étaient sales, et du sang séché était posé en surcouche sur la saleté. Sasha ferma ses paupières un long instant puis elle se mit en mouvement et commença par essayer de détacher ses cheveux. L'élastique céda difficilement mais, alors qu'il finit par se casser, ses cheveux restèrent en place. Tout ce qu'elle pouvait voir était une masse abimée et emmêlée. Elle tenta de les discipliner en passant ses doigts dedans mais c'était peine perdu alors elle fouilla dans les placards de la salle de bain jusqu'à trouver un ciseau et, avec un pincement au cœur, elle coupa une bonne partie de sa longueur dont elle avait été si fière jadis. Elle tempéra son chagrin en se disant que ce serait plus facile à entretenir et que les rôdeurs auraient moins de manière à attraper s'ils étaient plus courts. Ne voulant pas laisser cela la travailler plus longtemps, la jeune femme s'empressa de se déshabiller et de retirer ses pansements et sauta sous la douche. Elle actionna la poignée et retient un cri surpris quand l'eau froid l'éclaboussa. Très vite, elle se réchauffa et un voile de chaleur coula sur son visage et son corps, la revigorant. L'eau prit une teinte maronnasse à cause de la saleté et du sang et Sasha se frotta à l'aide d'une éponge jusqu'à ce qui coule dans le drain soit clair. Quand elle sortit de la douche une bon quart d'heure plus tard, sa peau et ses cheveux étaient propres et sentaient la vanille. Elle s'enroula dans une serviette douce bien qu'elle sentait un peu la poussière et entreprit de chercher un brosse. Ses cheveux lui arrivaient désormais juste un peu au-dessus des épaules et, si on regardait bien, étaient déséquilibrés – légèrement plus long par endroit et plus court à d'autre- mais ça lui importait peu tant qu'ils étaient propres et démêlés. Elle prit rapidement soin de sa blessure, s'assura que les points avaient tenus, que la plaie était propre et la désinfecta avant de remettre un pansement et un bandage.
Alors qu'elle enfilait les vêtements propres et s'apprêtait à sortir de la pièce, elle rencontra son reflet et la vue fut tellement inattendue qu'elle se figea, le souffle coupé. Ce qu'elle voyait dans ce miroir était plus proche de la version d'elle avant l'épidémie que celle actuelle, et pourtant elle semblait aussi tellement loin. Tout ce qu'elle avait vécu ces derniers mois... ça l'avait changé. Cette douche, après des mois sans y avoir accès, avait abattu un sentiment de normalité sur son cerveau mais en vérité là-dehors, le monde était toujours plongé dans le chaos. Ce n'était pas parce qu'elle ressemblait de nouveau à celle qu'elle était avant que rien ne s'était passé, que ce qui était advenu était le fruit de son imagination. Cette réalisation eut du mal à passer.
Deux heures plus tard, tout le monde était propre y compris Echo et s'était installé dans le salon pour la nuit avec un programme de roulement pour que deux personnes montent toujours la garde. Sasha était assise en tailleur derrière Winnie et lui tressait ses longs cheveux blonds en écoutant Simon parlait de son travail de tatoueur et partageait quelques histoires amusantes sur certains de ses clients. Adam ajoutait quelques commentaires savamment choisi pour aider les autres à avoir un contexte. Et même si cette soirée avait un gout doux-amer à cause de l'épisode de la douche, Sasha ne pouvait pas arrêter son cœur de se sentir plein alors qu'elle passait un moment avec ces personnes. Dans un monde parallèle, l'apocalypse ne serait peut-être pas arrivée et tous les siens seraient encore en vie mais alors cela voudrait dire qu'elle n'aurait jamais connu les frères Matthews et Winnie. Elle n'aurait jamais ressenti cette impression d'appartenance quand elle passait un moment avec eux... était-ce mal de ressentir cette joie alors que tant de ses proches étaient morts ?
◇ ◇ ◇
[Maison; Mount Pocono, Pennsylvanie ; nuit]
Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 5 mois et 24 jours.
Avant même d'ouvrir les yeux, Sasha savait qu'il y avait un problème. Elle ne sentait ni la fourrure d'Echo sous ses doigts ni la chaleur corporelle de Winnie à ses côtés. Quand elle souleva ses paupières, la jeune femme ne vit pas le chandelier suspendu dans la maison où le groupe passait la nuit mais plutôt un plafond familier. Celui de sa chambre, dans leur maison à Costa Mesa. Sa respiration commença à devenir saccadée alors que la confusion et la panique prenaient possession de son cerveau. N'étant pas maître de son propre corps, elle se vit se lever du lit et se précipiter vers la chambre d'Amy en face de la sienne. Il faisait nuit dehors mais la guirlande d'étoiles lumineuses accrochée au-dessus du lit lui permit de distinguer le visage de la fillette. Cette dernière dormait paisiblement, sa peluche calamar serrée contre son petit torse. Alors qu'elle sentait sa panique s'apaiser, Sasha ne pouvait pas chasser le sentiment que quelque chose clochait. Elle s'approcha lentement de sa fille et, alors qu'elle allait s'asseoir au bord du lit pour lui caresser les cheveux, ses yeux s'ouvrirent brusquement. Prise par surprise, la jeune femme fit un pas en arrière et trébucha sur un jouet, s'étalant sur le sol. Tout aussi soudainement qu'elle s'était éveillée, Amy avait perdu de son humanité. Son visage portait les traits zombifiés effrayants caractéristiques des rôdeurs. Des lambeaux de peau déchiquetés pendaient au niveau de ses joues autrefois rebondies, ses yeux avaient perdu de leur lueur malicieuse pour devenir vitreux et sa bouche était maculée de sang. Ses petites mâchoires claquaient dans le vide et ses bras gesticulaient dans la direction de Sasha pour essayer de l'attraper tandis qu'elle se débattait pour se libérer des draps et se jetait sur sa mère. Celle-ci voulut crier mais aucun son ne dépassa la barrière de ses lèvres. C'était comme si elle était figée, attendant l'inévitable mort. Ses paupières se fermèrent d'eux-mêmes et ne se rouvrirent qu'involontairement quand un poids s'abattit sur elle. Au lieu du visage décharné de son enfant, elle fit face à un chandelier.
Tout était revenu à sa place. Sa main droite était posée sur la tête d'Echo qui ronflait. Winnie était blottie de son autre côté. C'était juste un rêve. Juste un affreux cauchemar. Cela faisait longtemps qu'elle n'en avait pas fait un, étrangement pas depuis le début de l'épidémie en tout cas. Après la mort de Reed, Sasha était devenue sujette à ce genre de rêve désagréable. C'était devenue fréquent et ça l'empêchait de dormir, à tel point que sa mère l'avait poussé à voir un psychologue pour qu'il l'aide à comprendre ce qui les provoquait et comment essayer d'atténuer leurs effets.
‒ Sasha ? Ça va ?
Encore déphasée à cause de son cauchemar et du réveil brusque qui s'ensuivit, la jeune femme mit du temps à comprendre qu'on lui parlait. Elle releva son visage vers le bow-window sur lequel étaient assis Lucas et Alec qui montaient la garde. Si c'était ces deux-là cela voulait dire qu'il était aux alentours de minuit et qu'elle se lèverait dans deux heures pour prendre le prochain tour.
‒ Ça va ? répéta Alec en se redressant.
‒ Ca va. Juste un cauchemar, répondit-elle dans un marmonnement afin de ne pas réveiller les autres.
‒ Tu veux en parler ?
Pas très à l'aise avec cette idée, elle secoua la tête et se reblottit dans le lit de fortune pour essayer de finir sa nuit. Elle tira la couverture jusqu'à son cou comme si un simple bout de tissu la protégerait. Dès qu'elle fermait ses paupières, l'image zombifiée d'Amy apparaissait et la hantait. Elle ne savait pas si elle serait capable de se rendormir après un tel rêve. Pendant une bonne demi-heure, elle tourna et se retourna plusieurs fois sur le matelas avant de soupirer et de s'extirper des draps. Mieux valait se lever plutôt que ses mouvements ne réveillent tout le monde. En prenant garde de ne marcher sur personne, elle se faufila à travers le salon jusqu'à Lucas et son petit frère et vient s'asseoir sur le bow-window à côté de ce dernier. Immédiatement, il la laissa se blottir contre lui, passa un bras autour de ses épaules et la poussa à poser sa tête sur la sienne.
‒ T'arrives plus à dormir ?
‒ Non.
‒ C'est à cause de ton cauchemar ? renchérit Lucas.
‒ Mmh mmh, fredonna-t-elle en accord.
‒ Mmh... tu te souviens quand on était petit et que je faisais des cauchemars ? Si je voulais me rendormir je devais venir dans ton lit sinon je restais éveillé toute la nuit.
‒ Je me souviens.
‒ Tu sais pourquoi je faisais ça ? C'était parce que tu me faisais me sentir en sécurité, continua le jeune homme après qu'elle ait secoué la tête. J'étais convaincu que si un monstre nous trouvait il te mangerait d'abord et que j'aurais le temps de m'échapper, ajouta-t-il sur le ton de l'humour mais Sasha savait qu'il devait y avoir une part de vérité.
Cela réussit à lui tirer un sourire.
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