Chapitre 19

Hi! J'espère que vous allez bien?

Un chapitre avec un jour d'avance car demain ma journée sera chargée et que j'ai peur d'oublier de publier ou juste de ne pas en trouver le temps!

Je vous remercie encore mille fois pour tout et j'espère que ce chapitre vous plaira. Merci pour vos commentaires, votre soutien, pour donner une chance à cette histoire.❤️

...

CHAPITRE 19

(Why Am I Like This?_Orla Gartland)

HARRY.

Il ne m'a pas encore vu.

Ce qui est assez rare puisqu'il a toujours été le premier à remarquer ma présence. Depuis petits. Dès que j'entrais dans une salle, je savais que son regard allait se poser sur moi. De la maternelle au lycée. Des quartiers à nos chambres d'adolescents. Il savait toujours où et comment me trouver.

Mais, en réalité, il n'avait pas vraiment à me chercher.

Parce que je finissais toujours par revenir vers lui. Même quand je m'embarquais dans une sale histoire et qu'on se disputait parce qu'il me disait que c'était une mauvaise idée, que j'allais faire n'importe quoi. Je savais qu'il avait raison. Et c'est peut-être ce qui m'énervait le plus. La peur de le décevoir mais la débilité de n'en faire qu'à ma tête quand même.

Alors je partais, j'allais faire ma connerie. Et lorsque je voyais que Louis ne me rejoignait pas, trop énervé par mes idées, c'est moi qui revenais. Je sonnais chez lui et sa mère ne me demandait même plus ce que je venais faire. Elle me souriait et me laissait simplement entrer. Puis je montais jusqu'à la chambre de Louis qui , la plupart du temps, était en train de dessiner. Je crois que ça l'aidait à gérer sa frustration envers moi. Il tournait la tête, me regardait, puis dessinait à nouveau pendant que je venais m'installer à ses côtés, allumant la télé de sa chambre au passage. J'attendais patiemment qu'il veuille bien me parler à nouveau. Lorsqu'il le faisait enfin, je savais que notre petite dispute était terminée.

Lorsqu'il est parti, j'ai espéré le voir revenir. Je me suis répété qu'il ne pouvait pas me faire ça. Qu'on était toujours revenu l'un vers l'autre alors pourquoi ne le faisait-il pas? Il ne pouvait pas oublier à quel point j'avais besoin de lui. Il ne pouvait pas me faire croire qu'il n'avait plus besoin de moi. Puis les jours sont passés. Les mois. Les semaines. Les années.

Et j'ai fini par y croire.

Je ne sais plus quoi penser lorsque, comme à cet instant, je le regarde dessiner depuis le bureau de sa classe. Il n'a pas d'élèves avant la prochaine heure et le couloir est vide. J'avais des convocations à distribuer à l'étage du dessus et je n'ai pas pu m'empêcher de passer par ce couloir, le sachant ici.

Peut-être que je n'ai jamais arrêté de le chercher, finalement.

Je prends une inspiration et bouge légèrement, faisant frotter mon manteau contre le mur. A ce son, Louis relève la tête et la surprise qui traverse son regard laisse rapidement place à un sourire sur son visage. Un sourire léger, doux, que je pourrais reconnaitre à des kilomètres. Après son départ, on m'a sourit. Plein de fois. Dans la rue. Dans des bars. A la salle de boxe. Au lycée. Des sourires qui se ressemblaient tous. Mais aucun n'était semblable au sien. Aucun ne me faisait ressentir ce que je ressens à cet instant. Une douce chaleur qui réussit à réchauffer mon estomac tout en me donnant l'impression de le retourner lentement.

Un sourire qui me fait entrer dans la même pièce que lui sans que je ne puisse le contrôler. Par précaution, je referme la porte derrière moi. Louis suit mon geste du regard et j'ai l'impression de voir son sourire se faner légèrement. Et je n'ai pas besoin de lui demander pourquoi. Cet air sur son visage, il était déjà là lorsque je lui ai dit que nous devrons être discrets et garder nos distances lorsqu'on rejoindra Michael et Lucas au jour de l'an. C'est de la déception, j'en suis conscient. Même si je ne veux pas en parler avec lui maintenant. Parce que je ne saurais quoi dire. Je ne me sens juste pas prêt à assumer quoi que ce soit en sachant que je ne sais même pas ce que je devrais assumer. On n'a pas mit de mot sur ce qu'il se passe entre nous et je crois que ça me va pour le moment.

Il a dit que ça lui allait aussi.

Mais je ne suis plus sûr que ça soit encore le cas.

Dans tous les cas, s'il y a bien un lieu où on se doit d'être discrets, c'est dans cette salle. Des élèves pourraient passer dans les couloirs et ,même si je ne prendrais pas le risque de me jeter sur Louis, le simple fait de nous voir souvent discuter ensemble pourrait les rendre curieux.

« Tu prépares ton prochain cours? » Je demande en m'avançant jusqu'à son bureau, désignant son dessin d'un signe de la tête.

« Non, je dessine juste. Mais ce qui est bien quand tu es prof d'art plastique c'est que ça donne l'impression que t'es en train de travailler. »

Je souris, amusé, et Louis rit pendant que je regarde son dessin de plus près, me mettant debout à côté de lui toujours assis. Je me penche légèrement, sentant son regard brûler mon profil. Je me retiens de tourner la tête vers lui, ignorant cette chaleur qui semble venir nous envelopper.

Les vacances de Noël sont dans une semaine et ça semble l'avoir inspiré puisqu'il a dessiné une place avec des décorations de Noël autour des lampadaires. Des silhouettes de passants sont dessinées de chaque côté de la rue, portant des gros manteaux et des bonnets. La place est immense avec une fontaine au milieu, quelques bars et un bâtiment au fond que je ne saurais définir.

« Qu'est-ce que c'est? » Je demande en pointant le bâtiment du doigt.

« Un théâtre. Ça représente la place de la comédie à Montpellier. »

Oh. C'est pour ça que je ne reconnais absolument pas l'endroit. Je pensais qu'il l'avait inventé. Je continue de regarder le dessin. Et, soudain, c'est comme s'il me blessait. Il est très beau, certes, mais il est surtout l'endroit où s'est réfugié Louis pendant des années. Cet endroit où je n'ai pas pensé à le chercher. Il s'est faufilé autour de ses silhouettes, au milieu de ses visages, derrière une fontaine ou encore en face d'un théâtre. Il était exactement là. Et si je l'avais vu, j'y serais allé. Qu'il veuille me parler ou non, je l'aurais cherché.

J'aurai reconnu son sourire.

Je ne sais pas si Louis sent le malaise s'installer ou si la tristesse se lit sur mon visage mais il me tend soudainement son crayon en disant:

« Vas-y, rajoute quelque chose au dessin. »

Je fronce les sourcils et plante mon regard dans le sien.

« Je ne sais pas dessiner.

-Ça n'empêche pas de dessiner.

-Tu aurais peut-être dû être prof de philo.

-La ferme. » Il rit en passant une main dans ses cheveux.

Il tend le bras pour faire bouger son crayon juste sous mes yeux et je pouffe en le regardant, attrapant ce stupide crayon juste pour qu'il arrête. Il rit en me regardant et vient poser sa tête contre sa main, attendant que je fasse quelque chose.

« Je ne connais même pas cet endroit. » Je soupire en montrant la feuille.

« On s'en fiche. » Il hausse les épaules. « C'est pas obligé de rester la place de la comédie.

-C'était pas le but?

-A la base oui. Mais un dessin ça évolue.

-Ouais bah là ça va plutôt régresser. » Je le préviens en marmonnant.

Il lève les yeux au ciel puis me regarde me pencher sur le dessin. J'ai aucune idée de ce que je peux y dessiner. J'essaie de réfléchir mais c'est encore plus compliqué lorsque tout est si silencieux et que je peux entendre la respiration de Louis près de moi. Je n'aurais qu'à tourner la tête pour n'être qu'à quelques centimètres de son visage. De ses lèvres.

« Tu me déconcentres.

-J'ai rien fait.

-Tu respires.

-C'est vital. »

Je souris en coin et lui lance un coup d'oeil. Lui me regarde avec amusement et défi à la fois. Mais surtout avec impatience.

« Allez! » Il me rappelle en montrant le dessin d'un signe de menton.

« Donne-moi une idée.

-Non je veux que ça vienne de toi. »

Je soupire, encore, et avec toute la mauvaise foi du monde je décide de rajouter un simple bonhomme bâton qui fait complètement tâche au milieu des passants dessinés par Louis. Je lâche mon crayon et tourne la tête vers Louis qui me regarde d'un air blasé.

« Quoi?

-T'as pas fait d'effort.

-Si. Il a une tête, deux bras, deux jambes, j'ai rien oublié. »

Louis rit et secoue la tête avant d'ancrer de nouveau son regard dans le mien. Sans rien dire de plus. Il me regarde simplement et je réalise notre proximité en sentant son souffle s'échouer non loin de ma joue. Je suis toujours penché sur le bureau, me tenant sur mes coudes alors que Louis s'est légèrement penché vers moi pendant que je dessinais. Il pose sa main à côté du dessin pour le récupérer mais ce mouvement lui fait frôler la mienne toujours sur la feuille. Un doux frisson me traverse et je me pince les lèvres en me redressant totalement, de nouveau debout face au bureau.

« Evite de le revendre sans mon autorisation. » Je dis pour détendre l'atmosphère.

« Je fais attention aux droits d'auteurs. » Il répond en rangeant le dessin dans une pochette qu'il sort de son sac.

Je le regarde ranger de nouveau la pochette, avec notre dessin à l'intérieur dans son sac, et je me demande pourquoi il a tant voulu que j'y ajoute quelque chose. Est-ce pour que je vois ce dessin d'une autre façon que l'endroit où il s'est caché? Peut-être. Est-ce que ça a marché? Peut-être aussi. C'est un peu comme s'il y avait un peu de moi là-bas. Alors que je n'y suis jamais allé.

« C'est comment? » Je me surprend à lui demander.

Louis relève la tête vers moi alors que je viens m'appuyer à son bureau, toujours à ses côtés. J'ai des collègues qui m'attendent en vie scolaire mais je n'arrive pas à bouger d'ici. Peut-être parce que je sais que dans une semaine il repartira là-bas pour fêter Noel avec sa famille. Il va repartir plusieurs jours alors que je me suis de nouveau habitué à le voir tout le temps. Au lycée. Chez lui. C'est tellement ironique quand on sait que j'ai passé des années loin de lui. Une semaine de vacances sans le voir devrait être un jeu d'enfant à côté. Pourtant j'ai le sentiment que ça ne le sera pas. Et il y a aussi cette peur que je refoule au fond de moi. Cette pensée qui me rappelle que, la dernière fois qu'il est parti là-bas, il n'est pas revenu. Pas avant trop longtemps.

« Montpellier? » Il me demande en retour pour être sûr de ma question.

Je hoche la tête et il s'humidifie les lèvres, hésitant. Comme s'il avait peur de me blesser. Et je comprends pourquoi lorsqu'il m'avoue calmement:

« J'aime beaucoup Montpellier. J'aime la place de la comédie. J'aime les musées qui s'y trouvent même s'il y en aura toujours moins qu'à Paris. J'aime certains restaurants que j'y ai découvert. Cette petite librairie café cachée dans une ruelle où j'avais l'habitude de me rendre. J'aime les gens que j'ai rencontré. J'aime les villages aux alentours. La campagne. La plage à quelques minutes en voiture. Oui, je vais pas te cacher que j'ai adoré y vivre et y étudier. »

Au moins il est honnête. Mais je n'arrive pas à ne pas mal le prendre. Je devrais être content pour lui. Pourtant il y a cette pointe de jalousie. Et d'égoïsme aussi. Il était bien là-bas pendant que moi je vivais mes pires années ici sans lui. Je sais qu'il méritait tout ça. Toute la colère que j'ai pu ressentir envers lui ne m'a pour autant jamais poussé à lui souhaiter du mal. Ça non. Jamais. J'ai essayé de le détester sans jamais vraiment y arriver.

Oui, ce que j'ai ressenti toutes ces années n'était pas comme la colère qu'on ressent envers un ennemi.

Mais plutôt celle qu'on ressent envers une personne qu'on aime trop.

« Le quartier dans lequel j'ai vécu avec mes parents était bien. Il n'y avait pas tous les problèmes qu'on avait ici. C'était plus calme. Moins dangereux aussi. Et tu sais à quel point je ne me sentais pas à ma place dans notre quartier. »

Je ne peux que hocher la tête. Oui. C'est vrai. Il ne l'a jamais caché. Louis fuyait les conflits dans un quartier où il y en avait beaucoup. Il a souvent été emmerdé et ça ne s'arrêtait que lorsque Sacha et moi nous en mêlions. Il ne l'avait jamais dit mais c'était évident qu'il n'était pas bien ici. Chez nous. Je voulais juste pas me l'avouer.

« Mais ça n'empêche pas que je me sentais à ma place près de toi, Harry. » Il ajoute soudainement.

Sans m'en rendre compte, je fixais le sol depuis sa première réponse. Mais, à cet instant, je relève mon regard pour l'ancrer dans le sien. Mon coeur se retourne douloureusement alors que son regard se fait plus triste mais pas moins sincère lorsqu'il continue:

« J'aime Montpellier, c'est vrai. Mais tu n'y étais pas. »

Il se pince les lèvres et prend une grande inspiration avant de terminer:

« C'est pour ça que je suis là. »

Je le savais déjà, ça aussi. Il m'a déjà dit qu'il était revenu pour moi. Ce n'est pas un secret. Le secret c'est plutôt de savoir pourquoi il est parti. Parce que ce n'est pas seulement à cause du quartier. Maintenant je le sais. Je le sens. Il y a autre chose qu'il n'a pas la force de me dire. Cet autre chose que j'attends impatiemment de découvrir.

Et, en même temps, j'ai envie de l'embrasser. Là maintenant. Et je sais qu'il le voit dans mon regard. Je sais qu'il le sent dans cette bulle qui vient nous envelopper à cet instant. Tout est si contradictoire. J'aimerais lui hurler que je veux des réponses là maintenant et en même temps je voudrais le prendre dans mes bras et l'embrasser pour tout ce qu'il vient de me dire. Et même s'il n'avait rien dit. Parce qu'il y a cette force invisible qui me pousse à lui. Quoi qu'il fasse. Quoi que je ressente.

On en revient à la raison même pour laquelle je me suis retrouvé à l'observer dessiner tout à l'heure.

Parce que je suis attiré par lui. Dans tous les sens du terme.

Lentement, Louis se redresse sur sa chaise pour s'approcher de mon visage. Mon estomac se met à brûler tandis que je murmure sans vraiment essayer de me reculer:

« Très mauvaise idée.

-Je sais. » Il chuchote contre mes lèvres.

Puis il y dépose un baiser. Un seul et unique baiser qui me retourne le coeur et qui, en même temps, n'est pas assez. Mais Louis ne me laisse pas le temps de répondre à son baiser qu'il se recule pour s'installer plus confortablement sur son siège. Je fronce les sourcils et il sourit en me répondant de façon innocente:

« Quoi? C'est une mauvaise idée non? »

La tension, je la ressens plus que tout à cet instant. Et c'est tellement frustrant parce que je souris en regardant Louis mais que, en même temps, j'aimerais qu'on soit autre part à cet instant. Que je puisse m'approcher de lui et l'embrasser sans redouter que quelqu'un entre dans sa classe. Alors ça me donne encore plus envie de le faire. L'attraction de l'interdit j'imagine. Du danger. Mais ce n'est pas seulement cette porte le danger. C'est Louis tout court. Et ce qu'il me fait ressentir de plus en plus fort. Comme le désir qui brule en moi en ce moment et qui me fait vraiment peur.

Cette envie de plus.

« Tu m'énerves. » Je dis en partant me mettre à l'opposée de lui. C'est à dire de l'autre côté du bureau.

« Pourquoi? Parce que je respire encore?

-Quelque chose comme ça. »

Louis secoue la tête en riant alors qu'on entend une notification résonner depuis ma poche arrière. J'en sors mon téléphone et lis le message tandis que Louis me demande d'un air détaché:

« Un collègue de travail qui te rappelle à l'ordre?

-Non. » Je pouffe.

Je relève quelques secondes mon regard de l'écran pour voir Louis regarder le dos de mon téléphone depuis sa place. Je fronce légèrement les sourcils et ,comme si je ressentais soudainement le besoin de me justifier, je dis:

« Ma mère.

-Ah. Ok. »

Il détourne le regard, gêné, et j'ai à peine le temps de comprendre ce qu'il se passe qu'il tente de tourner la chose d'une autre façon:

« Tu sais, on a parlé de Clément la dernière fois.

-Comment oublier. » J'ironise.

Je risque pas d'oublier le prénom de l'homme avec qui Louis a passé cinq ans de sa vie.

Il sourit légèrement à ma réponse mais la gêne, voir la timidité, revient rapidement lorsqu'il ose enfin me dire:

« On n'a pas parlé de tes relations à toi. »

Je m'y attendais. A la seconde où j'ai vu le regard qu'il lançait à mon téléphone j'ai compris que lui aussi avait tant de questions sans réponses. Et je n'ai pas vraiment de problème à y répondre. Je n'ai vraiment rien à cacher.

« Je sais pas si on peut parler de relations. Il n'y a que des histoires de sexe. » J'avoue.

Louis me regarde et hoche la tête avant d'ouvrir la bouche mais de la refermer aussitôt.

« Vas-y. » Je l'incite, le connaissant par coeur.

Il hésite encore et je comprends enfin pourquoi lorsqu'il me surprend avec cette question:

« C'était qu'avec des femmes? »

Peut-être que je ne me sens plus aussi sûr de moi finalement. Parce que je sais que Louis ne s'intéresse pas seulement à mes anciennes histoires en me posant cette question. Il se demande aussi sûrement si je suis ok avec le fait que lui soit un homme.

« Oui. Qu'avec des femmes. » Je réponds.

Après que Louis m'ait embrassé ce jour-là, juste avant son départ, il m'a laissé avec une multitude de questions. Je voulais comprendre ce que j'avais ressenti pour lui à ce moment-là mais aussi me demander si je pouvais vraiment ressentir ça pour un garçon? Pour les garçons en général? Ça ne m'était jamais arrivé. Et je pense que j'avais tellement de clichés en tête. Trop. J'entendais des insultes homophobes au lycée ou encore dans le quartier. Et même si je ne comprenais pas l'intérêt de s'en prendre à une personne pour ça je ne me sentais absolument pas concerné. Jusqu'à ce que Louis m'embrasse et que j'aime ça.

Mais après lui aucun garçon n'a suscité mon intérêt. Pas de désir. Pas vraiment d'attirance. J'en ressentais pour les femmes avec qui j'ai passé des nuits mais par contre je n'ai jamais ressenti pour elles ce que Louis a su me faire ressentir en un seul baiser. Parce que, finalement, c'est ce qu'il me faisait ressentir depuis des années. Ce n'était pas seulement le baiser. C'était notre relation. Ce lien. Cette complicité. Cette confiance aveugle que j'avais en lui. Il n'y aura jamais assez de mots pour expliquer ce que me fait ressentir Louis. Parce que c'est toute une vie de mots. Toute une vie pour créer un lien qui, même après huit années de silence, est toujours là.

Il est fragilisé, oui, mais il n'est pas rompu.

Sinon je ne serais pas face à lui en ce moment-même.

« Et... tu en vois encore? » Il demande enfin.

Parce que c'est la question qui lui brulait les lèvres depuis le début. Même si je pense qu'il retient énormément de questions sur le fait que je sois attiré ou non par d'autres hommes que lui. Mais ce n'est pas ce qui l'inquiète le plus à cet instant.

On ne s'est rien promis. Pas officiellement en tout cas. On le sait tous les deux. On ne s'est pas dit en couple. On ne s'est pas dit exclusifs. Mais depuis qu'il se passe quelque chose entre nous je ne ressens aucune envie d'aller voir ailleurs. Il occupe beaucoup trop mes pensées. Il est partout. Dans ma tête, sur mes lèvres, dans mes désirs que j'essaie de repousser le plus loin possible tant j'en ai peur.

« Non. » Je réponds simplement, ignorant mon coeur qui bat un peu plus fort.

Je crois voir le soulagement dans son regard et dans les traits de son visage qui se détendent soudainement. Même s'il tente de ne rien montrer en hochant simplement la tête.

« Et toi? » Je demande en retour.

Je tente de rester détaché mais, en réalité, je ne sais pas comment je réagirais si sa réponse était différente de la mienne. En fait, si, je le sais. Je réagirais mal. Et il le sait sûrement déjà. Surtout après les doutes que j'avais envers Thomas et que je n'ai pas su lui cacher longtemps. Mais est-ce que je serais légitime de lui dire quoi que ce soit? Oui on est deux à ne pas mettre de mot dessus mais je reste persuadé que si j'avais le courage de le faire, Louis le ferait aussi. Et c'est encore moi qui lui demande d'être discret. De le cacher à notre entourage. Je suis pas le mieux placé pour lui dire quoi que ce soit si sa réponse s'avérait positive.

« Moi non plus. » Il finit par dire en me regardant.

Sans que je puisse le contrôle, une vague de soulagement me traverse. Comme si un poids retombait de mes épaules mais surtout de ma poitrine. Et ça doit autant se lire sur mon visage que sur celui de Louis il y a quelques secondes puisqu'un sourire vient le trahir.

« Ok. » Je réponds simplement.

« Ouais, ok. » Il répète avec ce même sourire.

Alors je souris légèrement aussi. Même si je ne devrais peut-être pas. Parce qu'on s'est toujours rien promis. Mais j'imagine qu'un part de notre réponse se cache dans celles que nous venons de donner.

Une notification retentit de nouveau de mon côté et je sors mon téléphone en montrant directement l'écran à Louis face à moi.

« Et là c'est vraiment un collègue.

-T'as pas besoin de me le...

-Michael pour être précis.

-Harry arrête de...

-Je te mens pas il y a son numéro juste là et sa tête ici et...

-Sors de ma salle! » Il râle et rit en même temps.

Il se lève de sa chaise et attrape mon téléphone au passage pour le mettre dans la poche arrière de son jean. Je le regarde, fier de pouvoir un peu me venger quand lui rigolait bien de ma jalousie envers Thomas. Parce que c'était bien ce dont il s'agissait. De la jalousie. On est à égalité maintenant je crois.

« Allez, t'es encore au travail si jamais t'avais oublié. » Il me dit en me poussant vers la sortie.

« Dit-il alors qu'il est payé à dessiner.

-Je t'emmerde. »

On rit tous les deux et, alors que ses mains étaient posées dans mon dos, il les glisse jusqu'à mes hanches, sans pour autant arrêter de me pousser vers la porte de sortie toujours fermée. A ce touché, mon coeur se met à battre un peu plus vite et mon ventre se retourne lentement. Je me surprends à vouloir rester là. Juste pour sentir ses mains sur ma taille, encore.

Une fois devant la porte, Louis ne me lâche pas. Lorsque je me retourne pour lui faire face, il ne me lâche toujours pas. Mon dos collé à la porte et ses mains sur ma taille je tente de ne rien laisser paraitre lorsque, lentement, ma main vient se poser dans son dos pour glisser de plus en plus bas. La surprise se lit dans les yeux de Louis mais pas seulement. Je sais que je peux y lire le même désir qu'il lit dans les miens. Son torse se soulève un peu plus rapidement et lorsque son regard glisse sur mes lèvres j'en profite pour récupérer mon téléphone coincé dans la poche arrière de son jean. Parce que c'était mon but depuis le début.

Je mets fièrement mon téléphone sous son nez, un sourire moqueur sur les lèvres.

« Je voulais juste récupérer ça.»

Louis entrouvre les lèvres, ses mains toujours autour de ma taille, avant de se mordre la lèvre inférieur en secouant la tête. Je suis ce mouvement du regard sans pouvoir m'en empêcher alors qu'il finit par rire de mon petit jeu. Il commence à me lâcher en disant:

« Ok ça c'était vraiment... »

Il n'a pas le temps de terminer sa phrase que je le retiens et fonds sur ses lèvres. C'est plus fort que moi. Et c'est surtout ce dont j'avais envie depuis la seconde où je me suis posé derrière cette porte pour le regarder dessiner. Et c'est ce que voulait Louis aussi. Parce que ses mains retrouvent aussitôt ma taille tandis que les miennes viennent encadrer son visage. Mes lèvres jouent avec les siennes. Elles les lâchent pour aussitôt les récupérer. D'abord lentement. Puis plus passionnément. Cette passion qui me fait tant peur lorsque je sens mon bas ventre s'enflammer et que je sens les mains de Louis s'accrocher un peu plus fort à moi, l'une d'entre elles glissant dans mon dos, sous mon manteau mais toujours par dessus mon pull. Et je me surprends à repenser à ses doigts nus qui peignaient ma peau. Je me surprends à vouloir ressentir ça. Encore. Ici.

Mais lorsqu'on entend soudainement un bruit de porte claquer dans le couloir et des rires s'élever, on sursaute tous les deux. Nous risquons rien, nous sommes toujours dans la classe, mais ça a le mérite de nous rappeler où nous sommes. Toujours dans la même position l'un en face de l'autre, nous nous regardons avec de grands yeux, tendant l'oreille pour entendre derrière la porte les élèves s'éloigner dans le couloir. Je soupire de soulagement en comprenant qu'ils ne venaient pas toquer à la porte de Louis. Je tourne de nouveau la tête vers Louis qui me lâche dans un rire à la fois amusé et nerveux. Et ça semble contagieux puisque je me retrouve à rire aussi, posant déjà une main sur la poignée afin de m'échapper avant que ça ne dérape à nouveau.

« Mauvaise idée, pas vrai? » Répète Louis en me regardant.

Je m'humidifie les lèvres sous son regard avant de répondre dans un sourire:

« Très mauvaise idée. »

lousombre

...

J'espère que ce chapitre vous a plu?

Un chapitre calme... avant que la suite vienne accélérer les choses 👀

Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour le chapitre 20 qui, j'aime le dire, est en réalité le début de tout...❤️

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