Chapitre 17

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Je vous remercie encore mille fois pour vos commentaires sur le chapitre précédent, merci pour votre soutien, pour vos réactions et vos mots qui me touchent plus que tout!
J'espère que ce chapitre vous plaira!

...

CHAPITRE 17

(Mansion_NF, Fleurie)

INES.

Je tente d'accélérer le pas en même temps que mon coeur se met à battre beaucoup trop fort. Je baisse le son de ma musique jusqu'à ce que je n'entende plus rien d'autre que ma respiration saccadée et le son de mes pas. Je glisse ma main libre dans la poche de mon manteau où se trouvent mes clés. Je les serre de toutes mes forces, faisant en sorte qu'il y en ai au moins une qui passe entre deux doigts. Je déglutis difficilement et lance un nouveau regard par dessus mon épaule. Il est toujours là. Il a accéléré le pas lui aussi. J'ai envie de me retourner et de lui hurler de dégager mais j'en suis incapable. Je suis paralysée par la peur. Je ne peux m'empêcher de me demander en boucle: est-ce que ça va arriver? Maintenant? Est-ce que c'est mon tour? Les clés suffiront? Et si je hurle est-ce que quelqu'un m'entendra? Mais s'il m'empêche de hurler? Si personne peut m'aider? S'il s'en prend encore plus à moi?

Je déteste ces questions. Mais je déteste plus que tout cette position. Cette impuissance. Je l'ai remarqué en quittant le lycée. Il fumait dans une ruelle jusqu'à ce que son regard se pose sur moi et qu'il sourit en se mettant à prendre la même route que moi. Il a essayé de me parler mais j'ai fait comme si je ne l'entendais pas. Il m'a insulté, je crois. Je serre les poings alors que sa voix résonne de nouveau derrière moi:

« Allez beauté donne au moins ton numéro! »

Je déglutis difficilement, mon estomac se retournant dans tous les sens. J'ai envie de crier. De pleurer. De le frapper. Mon autre main serre de plus en plus fort mon téléphone. Je clique sur le numéro de ma mère mais elle ne répond pas. Je fais quand même semblant d'être au téléphone. Je parle toute seule juste pour qu'il pense que n'importe qui sait où je suis en ce moment-même.

« M'oblige pas à te rattraper! Salope va! »

Je serre la mâchoire. Une larme s'échappe de mes yeux. Une larme de peur mais surtout de rage. Le pire, c'est que ce n'est pas la première fois. Non, putain, c'est quotidien. Pour moi et pour toutes les autres. Mais c'est toujours la même peur. La même sensation d'impuissance, de détresse. Je l'entends rire derrière moi et je me retiens de le regarder par peur de lui donner une raison de plus de parler. Alors que je ne veux rien lui donner du tout. Le regarder ne devrait pas lui donner l'impression que j'accepte quoi que ce soit. Parce qu'il se donne ce droit tout seul. Lui et tous ces autres enfoirés.

J'entends ses pas s'accélérer derrière moi et mon pouce se met à trembler au dessus de mon écran alors que je cherche le contact d'Harry. Je suis sur le point de l'appeler et de me mettre à courir lorsqu'une autre silhouette apparait soudainement devant moi, sortant d'une ruelle.

Alexis.

Un bonnet sur sa tête, son sac sur le dos et les mains dans les poche de sa doudoune il semble se diriger vers le lycée. Moi j'en arrive. Il relève la tête et sourit en me remarquant. Mais son sourire s'efface lorsqu'il arrive à ma hauteur et qu'il voit mes yeux brillants et mon visage fermé. Pourtant, à cet instant, je ressens un soulagement immense à l'idée de ne plus être seule.

« Qu'est-ce qu'il... »

Il ne termine pas sa phrase, son regard se posant sur le gars plus loin qui s'est arrêté contre un muret. Alexis me regarde de nouveau et il n'en faut pas plus pour qu'il comprenne ce qu'il se passe. Son visage se ferme à son tour et, sans que je n'ai le temps de comprendre, il s'approche du gars.

« Hey mec! T'en a une pour moi? » Il lui demande en montrant son paquet de clope.

« T'as quelque chose pour moi en échange? » Rit l'autre en me montrant d'un signe de menton.

Du dégout. C'est tout ce que je ressens à cet instant. Et l'envie de me barrer loin d'ici.

« Ouais j'ai quelque chose. » Répond Alexis.

Avant d'envoyer son poing dans le visage du mec. J'ouvre grand les yeux alors qu'un cri de surprise reste coincé au fond de ma gorge. Alexis enchaine avec un nouveau coup de poing avant d'envoyer son genoux dans le ventre de l'homme qui se retrouve plié en deux.

« Espèce de connard! » Lui crache Alexis en le poussant au sol.

L'homme retombe lourdement et Alexis en profite pour lui envoyer un nouveau coup de pied. Je savais qu'Alexis pouvait être sanguin, je le connais depuis la seconde, mais je ne l'avais jamais vu comme ça. Pendant deux secondes, j'ai l'impression de voir Harry. Il aurait fait exactement la même chose. Et même si j'ai envie de le frapper aussi, je ne peux m'empêcher d'aller attraper le bras d'Alexis pour le faire reculer:

« C'est bon, on se barre. »

Si la police débarque, Alexis aurait des ennuis alors qu'il n'y a que cette pourriture à terre qui en mérite.

Tendu, Alexis ne se retient pas de cracher devant le visage de l'homme qui gémit au sol, incapable de se relever pour le moment.

« Que je te recroise pas ici enfoiré! » Lui gueule Alexis alors que je continue de le tirer avec moi.

Ma main reste autour de son bras jusqu'à ce qu'on tourne dans une rue qui mène à mon quartier. Alexis finit par se calmer et je prends une légère inspiration, tentant de me remettre de ce qui vient de se passer:

« Tu n'allais pas en cours?

-Je m'en fous. Je te raccompagne. »

En général je lui aurais dit de se dépêcher de faire marche arrière pour ne pas être en retard et rater un énième cours alors qu'il passe son bac pour la seconde fois cette année. Mais tout ce que j'arrive à dire après ce qu'il s'est passé c'est:

« Merci.

-Ne me remercie pas, je sais que ça t'énerve. »

Je relève la tête vers lui et il soupire en continuant:

« Et t'as raison. Putain ce gros porc n'aurait peut-être pas arrêté si je n'étais pas intervenu! Et je te jure que ça me rend fou aussi parce que ça veut dire quoi? Que ton consentement ne valait rien à ses yeux jusqu'à ce qu'un autre homme dise non pour toi? Il faut forcement que tu sois la propriété de quelqu'un? Ça me dégoute. »

Je le regarde, surprise, et il rit tristement en voyant ma réaction:

« Tu ne me croyais pas féministe, hein?

-Non. » J'avoue avec culpabilité.

Alexis hausse simplement les épaules et s'arrête lorsque nous arrivons devant chez moi. Il ne cherche même pas à se justifier. Il sait comment les autres le voient. Comme le rigolo de la classe. Comme le redoublant qui s'en fout de tout. Comme un idiot pour certains. Et, ouais, moi qui déteste les préjugés, je réalise que j'en ai pourtant pas mal sur lui.

« Tu veux entrer? J'ai de quoi goûter. » Je lâche en le regardant.

Ma phrase arrive à lui arracher un sourire.

« Goûter? Tu as quel âge Inès?

-Je commençais presque à t'apprécier, c'est dommage. » Je réponds en haussant les épaules.

Je l'entends rire légèrement et, alors que je m'avance jusqu'à ma porte d'entrée, je l'entends finalement me suivre.

« Je déconne, hein. Ma grand-mère me prépare le goûter à chaque fois que je rentre. » Il avoue lorsque j'ouvre la porte.

Je ris légèrement et lève les yeux au ciel en entrant dans la maison, suivi de près par Alexis. Il est seize heures et Harry a terminé le travail mais il est à la boxe. Tante Agathe travaille également avec maman et...

« Coucou! »

Je fronce les sourcils en découvrant ma mère dans la cuisine.

« Oh, bonjour. » Répond Alexis en faisant un signe gêné de la main.

« Tu ne me présente pas? » Me demande ma mère.

A la place, je regarde plutôt le verre qu'elle vient de cacher derrière la cafetière.

« Tu n'es pas censé être au travail?

-Je devais faire un remplacement mais finalement il n'y avait plus besoin de moi. » Elle me répond en postillonnant.

Ses grands yeux se posent sur nous deux et elle ne ressemble plus à ma mère à ce moment-là. Elle en oublie même le fait qu'elle m'a demandé de lui présenter Alexis. A la place elle vient embrasser ma joue, son haleine puant l'alcool. Elle sourit simplement à Alexis et quitte la cuisine pour se diriger vers les escaliers. Elle va sûrement se coucher.

« Est-ce qu'elle est...

-Tu devrais t'en aller finalement, désolée. » Je coupe Alexis.

Ce dernier tourne la tête vers moi et je sais qu'il peut voir de nouveau les larmes dans mes yeux. Je n'ai pas la force de les cacher. Je n'ai qu'à repenser à ce gars, ce porc, et maintenant à ma mère pour avoir envie de craquer.

« Ou alors on va prendre le goûter dehors? »

Je regarde Alexis et il sort un billet de vingt euros de sa poche pour appuyer ses propos:

« Je connais une bonne crêperie. Et je t'invite. »

J'hésite. Et, en même temps, je n'ai aucune envie d'être ici. Alors je finis par hocher la tête, mon sac toujours sur le dos.

« Ok. Pourquoi pas.»

Avant de sortir de la maison, je me dirige vers le meuble dans l'entrée où ma mère et ma tante laissent toujours de l'espèce au cas où on en aurait besoin avec Harry. Je sors un billet du petit pot caché entre deux livres et souris en le montrant à Alexis.

« Mais c'est moi qui t'invite. »

(idfc_blackbear)

HARRY.

Je retire mes gants pour faire une pause. Je pars les poser à côté de mon sac et en sort ma bouteille d'eau dont je prends plusieurs gorgées avant de récupérer ma serviette pour essuyer la sueur sur mon front et dans ma nuque. Je reprends mon souffle. Ça fait tellement de bien. Je pense que je vais aller voir les gars après pour leur demander s'il y en a un qui veut qu'on s'entraîne ensemble puisque je me contente de frapper dans le sac depuis que je suis arrivé. Mais, avant ça, je récupère rapidement mon téléphone et mon sentiment de bien être s'envole en découvrant le message qu'Inès vient de m'envoyer.

De Inès: Un mec m'a suivi pendant que je rentrais du lycée mais Alexis est arrivé et m'a raccompagnée. Maman était bourrée quand je suis rentrée alors je suis repartie avec Alexis. On est à une crêperie je rentre pas tard.

Mon sang ne fait qu'un tour et je l'appelle aussitôt. Et décroche rapidement. Elle savait que je l'appellerais. Même si je culpabilise de ne pas l'avoir fait avant en voyant que ça fait déjà une heure depuis l'envoie de son message.

« Salut.

-Est-ce que ça va? » Je lui demande aussitôt.

« Mieux.

-C'était qui cet enfoiré? On le connaît ? Il est du quartier?

-Non. Je sais pas qui c'est.

-Putain. Je vais t'emmener porter plainte.

-Je crois pas que ça soit une bonne idée...

-Quoi? Pourquoi?

-Alexis lui a cassé la gueule. Je veux pas que ça se retourne contre lui. Il a déjà des soucis...»

Je serre un peu plus mon téléphone et soupire. Ouais, Alexis a déjà eu des soucis avec la police. Surtout à cause de ses fréquentations. Il s'est déjà laissé embarqué dans pas mal histoire...

« On peut toujours passer à la gendarmerie pour leur dire qu'un gros connard traîne dans le quartier et devant le lycée. On ne parlera pas d'Alexis. Il faut le signaler. Parce qu'il recommencera que ça soit avec toi ou d'autres filles.

-Oui, t'as raison... »

Je me pince les lèvres avant de lui demander plus calmement:

« Alexis est toujours avec toi?

-Oui, on est encore à la crêperie.

-Tu peux me le passer deux secondes?

-Ok. »

J'entends Inès parler rapidement à Alexis et le brouhaha de la crêperie derrière eux jusqu'à ce que la voix d'Alexis résonne à travers le téléphone:

« Salut Harry.

-Salut, ça va toi?

-Moi ouais. Ce connard m'a pas touché.

-Si tu le croises de nouveau faut que tu me le dise, ok?

-Ça marche. Mais je pense pas qu'on le reverra de si tôt. »

Il y a intérêt. J'ai beau avoir fait un travail sur moi-même, pour Inès j'aurais eu la même réaction qu'Alexis.

« Merci beaucoup d'être resté avec Inès.

-C'est normal.

-Tu peux me la repasser?

-Ouais bien sûr. A plus Harry.

-A plus, encore merci. »

Je passe une main dans mes cheveux humides et je me sens finalement aussi tendu que si je ne m'étais pas encore entraîné.

« Oui? » Résonne de nouveau la voix de ma cousine.

« Tu m'envoie l'adresse de la crêperie et je viendrais vous chercher en voiture, ok? Je déposerais Alexis chez lui comme ça.

-D'accord mais tu peux encore t'entraîner on n'est pas pressés.

-T'as pas envie de rentrer à la maison, pas vrai? » Je demande plus doucement.

« Ouais. » Elle murmure.

Mon coeur se serre et je prends une grande inspiration.

« Ok. Je reste encore un peu à la boxe et je t'enverrais un message quand je décolle. Préviens-moi juste si jamais vous bougez.

-D'accord, merci.

-Je vais faire plus souvent le trajet avec toi quand mes horaires me le permettent. J'irais à la boxe qu'après t'avoir raccompagné.

-Alexandre le fait la plupart du temps. Il terminait juste plus tard aujourd'hui.

-Et bien je le ferais aussi.

-Ok. Merci. »

Son merci est sincère mais je sais à quel point ça la frustre également. Et je comprends. Elle ne devrait pas à avoir peur de juste rentrer chez elle. Elle ne devrait pas avoir besoin d'un garde du corps.

« A tout à l'heure, du coup. Entraîne-toi bien.

-Merci, à tout à l'heure. »

Il y a un silence. Aucun de nous ne raccroche.

« Et Inès ?

-Hm?

-On en reparlera ce soir, ok? T'as le droit de craquer.

-Merci...

-Je t'aime ma puce.

-Moi aussi. »

Elle raccroche et je soupire longuement, déjà prêt à récupérer mes gants. Mais, en même temps que je me baisse pour ranger mon téléphone, je vois une silhouette s'approcher de moi. Je me redresse et ouvre un peu plus grand les yeux en découvrant Louis, habillé d'un t-shirt avec une veste de sport noire et un jogging de la même couleur. La capuche rabattu sur la tête et les mains dans les poches il sourit en s'approchant de moi.

« Ça fait cinq minutes que je suis là mais ton appel avait l'air sérieux. » Il me lance.

Il n'était pas revenu ici depuis la fois où il a croisé Sacha. A midi on a pu prendre notre pause repas en même temps et pendant notre conversation j'ai lâché que j'allais m'entraîner ce soir même si Michael m'avait lâché, beaucoup moins motivé à l'idée de faire du sport cette année. Mais je ne pensais pas que Louis prendrait ça pour une invitation.

Même si ça ne me déplaît pas de le voir ici.

« J'étais avec Inès. Elle s'est fait suivre en rentrant des cours.

-Oh merde.

-Ouais. Alexis l'a rejoint et il est resté avec elle. » Je résume.

Parce que si je me remets à en parler je risque de m'énerver encore plus.

« J'espère qu'il lui a mit sur la gueule. » Lâche soudainement Louis.

Je hausse un sourcil en le regardant.

« T'es pas censé être contre la violence? Surtout quand il s'agit de ton élève?

-Ouais mais il s'agit aussi d'Inès. »

Puis il hausse les épaules en ajoutant:

« Et je suis pas le plus neutre non plus lorsqu'il s'agit d'un gros détraqué.

-Ça nous fait un point commun. » J'avoue en m'avançant vers lui.

Les traits de son visage se détendent en me voyant un peu plus près et ce serait mentir de dire que je ne veux pas l'embrasser. Surtout lorsqu'il me regarde comme ça après toute une journée à se croiser et à jouer aux collègues lors de notre pause. Pourtant c'est ce qu'on est également. Des collègues. Mais avec un passé. Et des baisers. Ouais, ça résume un peu la situation.

« Qu'est-ce que tu fais là?

-J'ai besoin de faire du sport.

-Tu détestes le sport. »

Du moins, il détestait. Ses bras plus musclés que dans le passé me laissent imaginer qu'il a dû un peu se réconcilier avec le sport depuis.

Un sourire naît aux coins de ses lèvres et il s'éloigne d'un pas en me disant:

« OK. C'était une excuse pour te voir toi faire du sport mais si t'es pas dispo je peux toujours trouver quelqu'un ici pour me casser la gueule. »

Je ris en levant les yeux au ciel et, après avoir fait semblant de balayer la salle du regard, ses yeux se posent de nouveau sur moi.

« T'as des gants au moins?

-Il faut des gants pour faire de la boxe? » Il ironise.

Je secoue la tête, un sourire amusé sur les lèvres, alors que Louis reprend:

« Je me suis dit qu'ils devaient bien en prêter ici.

-C'est vrai. Mais pas besoin, j'ai une deuxième paire dans mon sac.

-Parfait alors. » Répond Louis en retirant sa veste.

Lorsqu'il passe devant moi pour la poser à côté de mon sac, y laissant son téléphone au passage, je ne peux m'empêcher de le regarder. Je suis content qu'il soit là. Surtout après cet appel avec Inès. Ça me fait du bien. Peut-être même plus que frapper dans un sac en tout cas.

Je me penche vers mon sac pour en sortir la deuxième paire de gant et aide Louis à les mettre. Pendant que je m'occupe de les lui enfiler, son regard ne lâche pas mon visage à quelques centimètres du sien.

« Quand tu as dit que tu préférais garder ça secret... Ça compte aussi pour tes copains de boxe? » Il murmure.

Mon estomac se réchauffe et je lance un regard à Sofiane un peu plus loin en train d'entraîner un jeune garçon. Puis je tourne de nouveau la tête vers Louis, mon regard glissant sur ses lèvres qui s'étirent dans un sourire provoquant.

« Oui. Parce que mon coach connaît Sacha.

-Dommage. » Chuchote Louis, lançant un dernier regard à mes lèvres avant de s'éloigner de moi.

Frustré, mais ne pouvant m'en prendre qu'à moi-même, je le regarde monter sur le ring le plus proche. Et c'est tellement bizarre de le voir dans cet élément, loin des carnets à dessin, des toiles et de sa peinture.

Je le rejoins rapidement et Louis lève un bras pour tenter de coiffer ses cheveux en arrière. A ce mouvement, son t-shirt se relève légèrement, laissant apparaître le bas de son ventre. Mon regard y glisse naturellement et une douce chaleur me traverse jusqu'à ce que je me concentre de nouveau sur son visage. Au regard qu'il m'envoie et au sourire qui naît sur son visage je comprends que je n'ai pas été discret.

« Faut se coiffer avant d'enfiler des gants de boxe. » Je lui envoie.

« Merci pour ce conseil capillaire. Et pour frapper ça se passe comment? »

Je souris et décide de lui expliquer les bases même si je sais clairement que Louis s'en fout un peu et qu'il n'est pas vraiment venu pour devenir un pro de la boxe. Il m'envoie quelques coups, n'importe comment, que j'esquive facilement avec un sourire moqueur sur les lèvres, en profitant pour lui envoyer de légers coups sur le corps. De très légers coups qui ne font pas mal et qui servent surtout à le faire chier puisqu'il ne les voit pas venir.

« Viens frapper dans le sac plutôt. Au moins lui tu es sûr de ne pas le rater. » Je lâche.

Louis lève son gant dans ma direction.

« Tu ne le vois pas, là, mais je te fais un doigt. »

Je ris en lui tournant le dos et quitte le ring pour rejoindre le sac dans lequel je frappais un peu plus tôt. Louis me rejoint et se met face à lui dans une très mauvaise position. Je m'approche alors de lui et retire rapidement mes gants que je laisse retomber au sol pour poser mes mains sur la taille de Louis, le faisant pivoter. Je sens sa peau sous son fin t-shirt et ne peut m'empêcher de ressentir de nouveau cette chaleur dans mon ventre. Encore plus lorsque le regard de Louis s'ancre dans le mien, traversé par mille lueurs.

« Comme ça c'est mieux. » Je lui dis sans pour autant retirer mes mains.

« Effectivement. » Il répond.

Mon ventre se retourne et je finis par le lâcher pour faire quelques pas en arrière et lui montrer le sac d'un signe de menton.

« Je t'en prie. Frappe. »

Louis hoche la tête et, s'il commence par frapper sans y donner une réelle importance, je vois son regard changer au fur et à mesure. Et il n'y a pas que son regard qui change. Tout son corps se crispe. Son visage, ses bras. Il se met à frapper de plus en plus fort, comme si c'était incontrôlé. Il y met beaucoup de puissance. Mais puissance n'est pas le bon mot.

Justement, Sofiane passe derrière moi à ce moment-là. Il lance un regard à Louis qui ne le voit même pas tellement il est concentré sur ce sac. Il s'acharne. Il se défoule. Mon coach fronce les sourcils puis me regarde en disant:

« Il est sacrément en colère, ton pote. »

Et il a raison. C'est exactement ça. De la colère. C'est ça qui déforme son visage. Ça qui crispe son corps. Qui le pousse à frapper toujours plus fort sans s'arrêter quitte à s'épuiser.

« On dirait toi quand tu es arrivé. » Me glisse Sofiane avant de s'éloigner.

Cette phrase me glace le sang un instant. Parce que, encore une fois, il a raison. Alors je regarde Louis se défouler, me sentant complètement impuissant. Lorsqu'il finit par arrêter, il tente de reprendre sa respiration, la transpiration coulant le long de sa tempe. Son torse se soulève rapidement et il lève son bras pour s'essuyer le front avant d'enfin me regarder dans les yeux.

« Je crois que c'est bon pour aujourd'hui. » Il dit à travers sa respiration haletante.

Les bras croisés contre mon torse, je hoche simplement la tête. Je ne m'attendais pas à le voir dans cet état. Et lui agit encore une fois comme si de rien était, réussissant à retirer ses gants tout seul à l'aide de ses dents.

« Il y a des douches? J'ai pas prit de rechanges mais j'aimerais bien me passer la tête sous l'eau. » Il me demande.

« Ouais, suis-moi. »

Je passe devant lui pour récupérer mon sac et me dirige vers les vestiaires avec les douches juste à côté. Je pose mon sac sur le banc et Louis y pose simplement sa veste et son téléphone. Sans que je m'y attende, il retire son t-shirt pour le poser sur le banc également. Mon regard se pose sur son torse et les fins abdominaux qui s'y dessinent. Il est beau. Vraiment beau.

Sentant mon regard sur lui, Louis tourne la tête vers moi. Je remonte alors le mien jusqu'à ses yeux et, cette fois, il ne sourit pas de m'avoir surpris. Non. L'atmosphère change et c'est une autre lueur qui traverse son regard. Cette lueur qu'il doit sûrement lire dans le mien aussi. Le désir se mêlant à toute la frustration de cette journée.

Alors si je fais un pas vers lui, il fait rapidement le second et ses mains viennent entourer mon visage en même temps que j'attrape ses lèvres avec les miennes. Je penche la tête pour approfondir directement notre baiser alors que mes mains viennent désespérément glisser le long de sa peau nue pour finalement s'accrocher à ses hanches, le rapprochant de moi dans un geste instinctif. Louis glisse une de ses mains dans ma nuque, me voulant aussi toujours plus proche de lui. Cette chaleur dans mon bas ventre explose dans le reste de mon corps et je gémis lorsque, à travers un nouveau baiser, le bassin de Louis vient accidentellement percuter le mien.

« Louis... » Je murmure lorsque nos lèvres se séparent.

Mais je suis tellement tenté de les attraper à nouveau. De n'écouter que ce désir, cette chaleur qui semble s'échapper de nos corps collés l'un à l'autre. Sauf que, en même temps que Louis ouvre les yeux pour me regarder, une nouvelle personne entre dans les vestiaires. On se sépare rapidement et Louis s'assoit carrément sur le banc en récupérant son t-shirt entre ses mains.

Un homme avance dans les vestiaires sans faire attention à nous et se dirige directement vers les douches cachées par des murs. Quelques secondes plus tard, on entend l'eau se mettre à couler et Louis relève la tête vers moi, les yeux brillants et les joues aussi roses que ses lèvres. Je veux encore l'embrasser.

« Je crois que je vais juste attendre de prendre ma douche chez moi. » Il dit en enfilant de nouveau son t-shirt.

« Moi aussi. » Je réponds en hochant la tête.

Louis se relève alors pour me faire face et son regard glisse quelques secondes sur mes lèvres avant de me demander:

« Tu veux venir chez moi? »

Mon estomac se retourne à cette simple question. Et, ouais, j'en ai envie. J'en ai envie autant que j'appréhende le jour où tout ce désir nous consumera. Mais je suis obligé de secouer négativement la tête en lui rappelant:

« Je dois aller chercher Alexis et Inès. Et je préfère rester avec elle après la journée qu'elle vient de passer. En plus on doit passer à la gendarmerie.

-Tu as raison, elle a besoin de toi. »

Je hoche de nouveau la tête et mon regard glisse de nouveau sur les lèvres de Louis avant qu'il ne se retourne pour prendre mes affaires et me les tendre. Je les récupère, balance mon sac sur le dos, puis lance un regard en direction de l'entrée des vestiaires.

Lorsque je me tourne de nouveau vers Louis c'est pour glisser une main dans sa nuque et l'embrasser une dernière fois. C'est beaucoup plus court, beaucoup plus doux, et pourtant mon estomac se retourne dans tous les sens. Louis a à peine le temps d'y répondre que je m'éloigne déjà, me dirigeant vers la sortie des vestiaires.

Je lui lance un regard par dessus mon épaule et le surprend en train de sourire discrètement avant de me rejoindre. Nous disons au revoir à Sofiane dont le regard s'attarde un peu plus longtemps sur Louis avant qu'il ne lui dise qu'il peut revenir quand il veut. Louis ne sait pas trop quoi répondre et si moi je vois la gêne dans ses yeux il semble réussir à duper Sofiane avec son sourire et son air détaché lorsqu'il le remercie et lui dit que ça sera avec plaisir.

« Tu veux que je te dépose chez toi? » Je lui demande une fois sorti du club.

Nous avançons jusqu'à ma voiture garée juste devant et j'ouvre le coffre pour y ranger mes affaires.

« Non c'est bon t'inquiète je prends le métro.

-Sûr? » Je demande en m'appuyant contre la portière.

Louis hoche la tête et remet correctement la capuche de sa veste sur sa tête. Un sourire naît aux coins de mes lèvres. Il le remarque et fronce les sourcils.

« Quoi?

-Une simple veste de jogging. A Paris. En novembre.

-J'ai pas froid.

-Hm hm. »

Mon regard glisse sur ses bras qu'il resserre contre lui. Je soupire, toujours un sourire moqueur sur les lèvres, et ouvre la portière côté passager en lui disant:

« Allez monte.

-Je t'ai dit que...

-T'es plus dans le sud maintenant. » Je le coupe en allant m'installer derrière le volant.

Voyant que j'ignore ses contestations, Louis finit par soupirer à son tour avant de s'installer à mes côtés, refermant directement la portière. J'allume rapidement le chauffage et il soupire de bien être, un sourire le trahissant lorsque je lui lance un regard en coin.

Puis, en même temps que je démarre, je l'entends finalement me répondre:

« Je suis très bien où je suis. »

lousombre
...

J'espère que ce chapitre vous aura plu...?

Je vous remercie encore mille fois pour tout et vous donne rendez-vous vendredi prochain pour la suite!

Merci d'être là. Et bon week-end !❤️

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