[Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 2: ʟᴇ ʙʟᴏᴄ]

Au bout d'un long moment, mes sauveurs firent une pause. On me déposa délicatement sur le sol froid, et les trois gars commencèrent à chuchoter entre eux. Je saisis les mots "tard", "nuit", "danger", "portes".

Au prix d'un immense effort et de la mobilisation de toute ma volonté, je parvins à ouvrir les yeux et tourner légèrement la tête. Mon regard se posa sur le trio. Il y avait un grand blond bronzé, un asiatique aux bras bien formés et un brun plus jeune qui aiguisait un long et grand couteau.

- Les portes se ferment dans une quinzaine de minutes, soupira le blond.

- On va y arriver, asséna son jeune camarade en se levant. On ne peut pas rester coincer. Allons y.

De ce que je comprenais, ils devaient être rentrés je ne sais où avant que de certaines portes ne se ferment et les bloque.

- Laissez-moi alors, soufflai-je en me redressant avec difficulté. Vous n'aurez pas le temps de rentrer.

Ils tournèrent vivement la tête vers moi et me rejoignirent précipitamment.

- Tu vas bien? s'inquiéta le blond. On a cru que tu étais en train de mourir.

- C'est peut être le cas, soupirai je. Euh, d'ailleurs, qui êtes vous?

- Les présentations se feront plus tard, on doit filer, déclara l'asiatique en me tendant la main pour l'aider à me relever.

J'y voyais là clairement une invitation à les suivre et leur faire confiance. Je saisis sa main sans hésiter et il me remit sur pieds. Je me stabilisai pour ne pas tomber.

- Tu peux courir? Questionna t'il en baissant les yeux sur ma blessure, qui était dissimulée sous ma chemise et ma main.

J'acquiesçai, ne voulant pas faire ma chochotte, en priant pour que je puisse tenir.

- Si on se dépêche, on sera à temps au bloc, dit il.

- Le bloc? C'est quoi, le bloc? Demandai je.

- C'est notre base.

- Votre base ou vous devez être avant la tombée de la nuit, c'est ça? Murmurai je. Je vous ralentis. Laissez moi.

- On va pas te laisser, t'es folle! On a beau pas savoir qui t'es, pourquoi et comment t'es là...

- Il est hors de question qu'on t'abandonne, répliqua l'asiatique en me regardant dans les yeux. T'es ici, alors on est tous dans le même pétrin. On s'entraide et on survit.

Je hochai la tête. Ils semblaient inquiets et pressés. Un danger nous guettait sûrement, et je me doutais que ça devait être les monstres. Je devais survivre avec eux pour l'instant, et on verrait la suite après.

- J'ai une question, les monstres, ils reviennent quand?

- Toutes les nuits, me répondit le blond après avoir échangé un regard grave avec ses acolytes.

- On y va!

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Alors que nous courions depuis une dizaine de minutes, les premiers signes de faiblesse se manifestèrent: je trébuchai et faillit tomber. Je me savais sportive, là n'était pas le problème. Je me sentais capable de courir assez longtemps sans m'arrêter.

Mais cette blessure au ventre était plus grave que ce que je croyais. Je n'avais même pas vérifié son étendue, mais la douleur n'étant pas très vive, j'en avais déduit qu'elle n'était pas très importante.

Je jetai un coup d'œil à mes camarades, en essayant de ne pas ralentir. Tous trois avaient des carrures athlétiques assez impressionnantes.

L'asiatique me semblait être le chef du trio, il courait en tête et ne montrait aucun signe de fatigue ou autre; sa respiration était restée incroyablement constante. Il devait être habitué. Les deux autres s'en sortaient tout aussi bien.

- Tout va bien? Me demanda le blond en me voyant grimacer.

- Tu as de l'endurance, fit remarquer l'asiatique en me jetant un bref coup d'œil par dessus son épaule. Même blessée, tu nous suis sans problème.

- La blessure ne doit pas être très grave, leur assurai je en tentant de m'en convaincre en même temps.

C'est alors qu'un fracas retentit non loin de nous.

- Merde! Jura le jeune brun en accélérant. Les murs commencent à bouger! On ne sera jamais...

- On accélère, coupa le leader.

Ce que nous fîmes. Je serrai les dents et continuai sans un mot. Je pris conscience que ma vie était en jeu. Nos vies étaient en jeu. Et il était hors de question de mettre mes trois sauveurs en danger à cause d'une petite coupure.

- On y est, c'est au tournant, me dit l'asiatique d'un ton rassurant.

- Les portes vont se fermer! S'écria le jeune brun entre deux foulées, alors que nous arrivions à ce fameux tournant.

- Courage, on va y arriver! S'exclama le blond. On y est presque...

Au bout du couloir, il y avait une ouverture qui laissait apparaître une plaine d'herbe et un groupe de personnes qui semblait nous attendre. Je plissai les yeux. Il y avait d'autres gens?

C'est alors qu'un fracas similaire à celui que nous avions entendu plus tôt retentit.
Le chef du trio piqua une sprint et nous le suivîmes immédiatement. Les murs de pierres qui donnaient sur l'ouverture au bout du couloir se refermaient, à quelques dizaines de mètres devant nous.

Je ne peux pas mourir. Je ne peux pas mourir. Ils ne peuvent pas mourir à cause de moi. Je dois y arriver.

Cette pensée, ainsi que celle de l'idée de recroiser l'un des monstres qui rodaient là, me suffirent pour me forcer à ne rien lâcher.

Nous franchîmes les portes de justesse. Alors que les murs de pierre se heurtaient derrière nous, je tombai à genoux en plaquant mes mains sur ma blessure tandis que mes trois sauveurs reprenaient leur souffle.

J'observai l'endroit autour de nous. Une grande plaine herbeuse avec dans un coin, une forêt, et dans l'autre, un espace avec un grand édifice et des constructions.

Le garçon aux airs asiatiques se pencha vers moi d'un air soucieux et prit mes mains tremblantes et couvertes de sang dans les siennes pour les écarter et observer ma blessure. Même si avec tout ce sang et la chemise déchirée, on ne voyait pas grand chose.

- Il faut s'en occuper avant que ça s'infecte, déclara t'il en lâchant mes mains pour m'attraper les épaules et m'aider à me relever.

Je hochai la tête et aperçus la trentaine d'inconnus regroupés qui nous fixaient avec effarement et chuchotaient entre eux. Je reculai vivement, en trébuchant; contre les grands murs derrière moi.

- Qui c'est, tous ces gens? Paniquai je.

- Du calme, me dit le gars blond en s'approchant doucement. Ce sont nos amis.

Un homme grand à la peau noire s'avança vers moi, les mains levées en signe d'apaisement.

- Ne crains rien, me dit il. Tu es en sécurité ici. Je m'appelle Alby.

- Elle est blessée, intervint le chef du trio. Il faut l'aider.

- Bien, occupons nous de ça avant de discuter.

Au même moment, une douleur atroce me vrilla le crâne et je me laissai glisser contre le mur en haletant.

- Clint, Jeff, Théo! Appela le dénommé Alby. Les autres, du vent!

La foule se dispersa, et trois jeunes hommes sortirent du groupe pour venir vers nous.

- On va t'emmener à l'infirmerie, m'expliqua le jeune brun du trio qui m'avait sauvée.

Le plus grand des inconnus qui approchaient, un blond aux gros bras, me prit dans ses bras et suivit les deux autres qui traversaient la plaine jusqu'au grand bâtiment.

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