[Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 13: Rᴇ́ғʟᴇxɪᴏɴ]

Sur ce, l'asiatique se détourna après m'avoir touché le bras pour m'indiquer de le suivre. Intriguée, je lui emboîtai le pas alors qu'il traversait le Bloc.

- Tu devrais venir avec nous, me dit il sans me regarder. Comme ça quand tu seras Coureuse...

- Minho, je peux pas être Coureuse, dis je en m'arrêtant.

- Bien sûr que si, protesta le jeune homme en se retournant vers moi. Me dis pas que tu te rend pas compte de tes capacités physiques, parce tu...

- C'est pas ça... coupai je.

- C'est quoi alors? Demanda t'il en croisant les bras.

Je refermai la bouche. Je ne pouvais pas lui dire ça, quand même. Je ne pouvais pas dire à Minho que cet endroit... oh et puis merde. Si je ne parlais pas je n'avais aucune excuse et je serais obligée d'y aller.

- C'est... c'est juste que... bégayai je. Cet endroit... me flanque une peur bleue. Je suis incapable d'y remettre un pied. Et puis maintenant, il y a ces choses le jour...

- Oh... je vois, souffla t'il. Je comprend totalement, hein, mais... c'est dommage de pas avoir quelqu'un comme toi parmi les Coureurs.

- Désolée... me sentis je obligée de dire avant de tourner la tête, incapable de le regarder en face. Tu vois... je suis vraiment tout sauf courageuse.

- T'as pas à être désolée, c'est normal, répliqua t'il. Ça ne veut pas dire non plus que tu n'es pas courageuse. Tous les autres sont pareils, cet endroit terrifie tout le monde tu sais. Mes propres collègues m'ont laissé tomber, et personne veut être Coureur. C'est bien pour cette raison.

- Sauf Thomas, rappelai je, ce qui lui arracha un sourire.

- Thomas, et bien... c'est Thomas.

Suite à cet échange, un long silence gênant s'installa. Je jetai de discrets coups d'œil aux alentours. Personne n'était assez près pour nous remarquer et venir nous parler. Autrement dit, personne pour mettre fin à ce malaise.

- Je... je vais chercher des gars qui voudraient bien aider, déclara finalement Minho. Bon... bonne continuation de tes stages, j'espère que tu pourras occuper un poste qui te plaît.

- Et vous, faites attention, lui répondis je avant qu'il ne se détourne. Revenez entiers.

- T'inquiète pas pour ça. On fera vite.

Je ne pus m'empêcher de me maudire en le regardant s'éloigner. En réalité, il ne m'aurait fallu qu'une minuscule once de courage en plus pour les accompagner. Parce que malgré ma frayeur pour le Labyrinthe et les Griffeurs, je souhaitais aider mes camarades à sortir d'ici. Oui, j'allais me maudire longtemps.

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La journée passa lentement, à mon grand désespoir. Je n'attendais que le retour de Minho, Thomas et les gars qui avaient accepté de les accompagner. Avant de vouloir savoir s'ils trouveraient quelque chose, je voulais les voir débarquer vivants, entiers et intacts.

À la pause du midi, je rejoignis la Ferme, qui faisait office de cuisine et de réfectoire en plus d'infirmerie et de chambres personnelles. Je ne me retrouvai heureusement pas seule pour manger: Théo, le Bâtisseur qui m'avait portée jusqu'à l'infirmerie à mon arrivée, m'invita à sa table et je parvins à me détendre en écoutant ses blagues et celles de ses camarades. J'en vins même à trouver Gally sympathique. Il semblait avoir mis de côté son début d'hostilité pour moi, ce qui était bon signe.

L'après midi de stage à l'infirmerie fut bien ennuyeuse. Seulement un Trancheur blessé très légèrement à l'avant bras et un Sarcleur au bord de l'insolation venu se reposer. Les Med-jacks m'assignèrent à la surveillance de la fille et d'Alby, dont l'état avait empiré. Ce qui ne m'offrait pas un spectacle plaisant.

Quand Clint me héla pour m'indiquer que je pouvais partir, je quittai le bâtiment presque en courant. Je me dirigeai vers les hamacs avec l'espoir qu'une sieste ferait passer le temps plus vite. Il n'y avait presque personne. Enfin, il n'y avait qu'une personne. Rayan, assis par terre contre un bâtiment, avait l'air abattu.

- Tu n'es pas partie avec eux? Me demanda le jeune brun surpris quand je me plantai devant lui. Je pensais que Minho...

- Il m'a proposé, oui, dis je en m'adossant au mur à côté de lui. Mais je ne veux pas y retourner.

- Je comprend. Tu sais, je fais partie de ceux qui ont lâché Minho, alors... avoua t'il d'une petite voix.

- Comme tous les Coureurs, constatai je.
D'un côté, c'est normal.

- D'un autre, c'est embêtant et lâche, répliqua t'il.

- Toi au moins tu étais Coureur, fis je remarquer. Avant ça tu n'avais pas peur d'aller là bas.

- Oui... mais tu sais, je ne suis arrivé qu'il y a quelques mois, affirma Rayan. Au tout début, je n'y arrivais pas. La simple pensée du Labyrinthe et de ce qu'il contenait suffisait à provoquer des crises de panique qui me valaient chaque jour un tour à l'infirmerie.

- Et qu'est ce qui a changé? Questionnai je, curieuse.

- Minho, répondit il. Tous les jours, je le voyais revenir du Labyrinthe. Je trouvais ce mec incroyable. Il courait toute la journée, sans relâche, dans ces couloirs infinis avec la pression constante du risque d'y rester bloqué. Juste pour que nous puissions avoir l'espoir de nous tirer d'ici un jour.

Il marqua une pause, et je réfléchis à ses paroles. C'était vrai que Minho avait de quoi recevoir de tels compliments.

- Alors j'ai commencé à me remettre en question, reprit Rayan. J'ai observé plus souvent les Coureurs partir et revenir, matin et soir. Un jour, je n'en pouvais plus: je voulais faire quelque chose. Je me sentais tellement faible et inutile que ça en était devenu plus insupportable que mes crises de panique. Alors le soir même, quand Minho est rentré, je me suis planté devant lui et je lui ai parlé de mon souhait d'intégrer les Coureurs. Deux semaines plus tard, j'ai été sélectionné.

- Est ce que Minho le sait? Demandai je. Que c'est grâce à lui que tu as pris cette décision?

- Non, fit il avec un petit rire. Je ne lui dirais jamais en face, j'ai beaucoup trop de fierté pour ça. Et je trouve que son ego est déjà assez développé.

Cette remarque sarcastique m'arracha un sourire amusé, qui n'échappa pas à Rayan.

- En tout cas, aussi grâce à lui, j'en suis venu à la conclusion que... commença t'il. Enfin, dorénavant, selon moi, il n'y a pas de liberté sans courage.

Ce qui s'appliquait parfaitement à notre situation. Sans courage et force d'esprit, nous ne sortirions jamais d'ici. Les mots de Rayan me restèrent en tête le restant de la journée. Ma réflexion fut longue et je ne pus même pas faire ma sieste. Mais je savais ce que j'aurais à faire dès que Minho rentrerait.

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