Chapitre 9

Toujours sous le choc, je fixe mon poignet sans dire un mot. A SEPARER. Séparer de quoi ? De qui ? Qu'est-ce-que ça veut dire. Où suis-je ? Je reporte mon attention sur Newt qui me fixe d'un air désemparé.

- Je.. Je .. J'oublie encore...

Je n'arrive pas à aligner plus de mot, plus j'essaie de me souvenir de ce que je fais ici, plus j'oublie. La panique me gagne, je me cramponne la tête à deux mains tandis que mon cerveau tourne à plein régime. Je revois passer des cartes, des murs, des visages. Tous couvert par un voile de fumée qui devient de plus en plus opaque. Seul celui de Newt semble resté intacte.

- Nora. Nora ! Ecoutes moi ! Me cri-t-il en agrippant mes mains.

Il sert un peu trop fort mon poignet droit, me lançant une vive douleur dû au récent marquage. Je le regarde droit dans les yeux, les larmes montant aux miens. Ses prunelles brunes fouillent en moi. J'essaie de caller ma respiration sur la sienne. J'ai besoin d'un effort sûr humain pour concentrer mes pensées sur sa seule présence. Il faut que je me calme. Je ne veux pas l'inquiété plus qu'il ne l'est déjà.

- Voilà, c'est ça, m'encourage-t-il.

- Newt, balbutiais-je entre deux sanglots, j'oublie tout !

Il pince les lèvres. Un sentiment de gène et de panique se faufile en moi. Je me souviens de cette sensation. De cette sorte d'empathie, qui me fais ressentir les sentiments des autres. Le brouillard  se dissipe un peu. Chaque respiration me permet d'y voir plus clair. C'est comme si mon corps l'éliminait. Ma mémoire des derniers jours me revient. D'abord des images de Newt, puis du labyrinthe, de Minho, d'Alby, la voix de Nick, le terminus. Les scaralames planqués un peu partout.

Je sens mes lèvres se redresser en un sourire tandis que Newt repose délicatement mes mains sur le lit.

- Quoi ? Me demande-t-il.

- Ça revient, dis-je en posant mon regard sur le sien.

- Tout ? Même avant ? Me questionne-t-il, plein d'espoir.

Je ferme les yeux, c'est très étrange comme sensation. Savoir que l'on retrouve la mémoire, sans savoir exactement si elle est complète ou identique à celle d'avant. Cet sensation de perdre pied puis de revenir petit à petit à soi. J'essaie de raconter chaque souvenir à Newt. Ils ne se suivent pas, se bousculent, s'entre coupe. J'arrive bientôt à les réorganiser, à me souvenir de ce que j'ai mangé la veille ou de mon réveil dans cette même chambre quelques jours plus tôt.

Les sourcils toujours froncés, Newt me fixe. Il a essuyé son visage avec le dos de sa main, on y voit encore des traces de mon sang qui sèche peu à peu.

*

- Nora !

Un large bandage autour de la taille, je titube dans le baraquement. Je dois avoir treize ans. Newt et Minho viennent m'épauler tandis qu'Alby libère un lit pour que je puisse m'asseoir. Les autres garçons sont en cour, mais comme toujours, ces trois là se sont échappés en attendant mon retour.

- Qu'est-ce-qu'ils t'ont fait, grogne Newt.

Son regard est dur et triste. Il ne cesse de passer de mon visage à la gaze qui m'encercle.

- Nouvelles expériences. Nouveaux monstres. Nouvelle torture.

Ma voix est roque. Je meurs de faim.

- Je suis désolé, dit Newt, les lèvres pincées.

*

Newt m'aide à me lever et nous descendons les escaliers. Une dizaine de blocards attendent en contre bas, les yeux gonflés par la fatigue. Mes cris ont ils réveillés tant de gens ? En me voyant tituber, couverte d'entaille, Minho, Alby et Nick accourent nous rejoindre. Je vois des regards glisser le long de mes cuisses découvertes ou de mon t-shirt déchiqueté. Nick renvoie les blocards dormir mais certains reste à me fixer.

- Qu'est-ce-qui c'est passé ? Demande Nick.

- On en parlera plus tard, va chercher un Medjack.

- Ça ira, rétorquais-je. Il faut jusque je prenne une douche. Et toi aussi d'ailleurs, ajoutais-je à l'intention du blondinet.

Minho laisse échapper un sourire tandis que je me dirige vers la porte. Newt me suis, me portant toujours à moitié. Je suis pied nu sur les pavés, chaque cailloux m'arrache un mouvement de recule. Il m'attrape les genoux.

- Qu'est-ce-que tu -

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il me soulève dans ses bras. Je m'agrippe à son cou pour ne pas tomber, laissant échapper un cri de surprise.

- Lâches moi ! Protestais-je. Je peux marcher !

- Ouais, mais moi j'ai des chaussures.

- A quel moment tu as pensé à en mettre ? Rétorquais-je.

- Réflexe. 

Je ricane malgré la situation. Newt sourit, retenant son propre rire. Il pousse la porte des douches et m'installe sur le sol. Fatiguée, je peine à me hisser de nouveau sur mes pieds. L'adrénaline étant retombée, je prend conscience des multiples douleurs qui courent sur mon corps meurtris. Avec une grimace, je prend appuie sur ma deuxième jambe. Une plaie plus profonde suinte toujours de mon genoux. Le sang coule le long de mon mollet. Je soupire et me rassois, forcée d'immobiliser ma jambe gauche.

- T'es sûr que tu ne veux pas aller voir Clint ou Jeff ?

- Il faut que je nettoie ça.

J'enlève mon t-shirt, me retrouvant en sous-vêtement sur le carrelage. Newt détourne le regard en rougissant.

- C'est bon, rôh, vous prenez bien vos douches à plusieurs !

- Ouais 'fin, c'est pas pareil.

- Tu veux bien allumer l'eau s'il te plait, rétorquais-je.

Il actionne le mécanisme puis quitte cette partie de la pièce. Je frotte méticuleusement chaque plaies avec mon t-shirt. Certaines sont déjà refermées tandis que celle de mon genou dévoile une coupure profonde.

- Plonk ! Crachais-je.

- Tout vas bien ? Demande Newt depuis l'autre côté du mur qui sépare la pièce en deux.

- Ouais, tu peux me ramener une serviette s'te plait ?

Il rapplique, coupe l'eau et me tend de quoi essuyer mes plais. Le tissu se teinte de rouge, me piquant au contacte des quelques plaies encore ouvertes. Je m'enroule dedans et Newt m'aide à me relever. J'essaie de prendre appuie sur ma jambe droite. L'hémorragie s'est arrêtée mais la douleur reste vive lorsque je force un peu trop.

- Tu devrais te laver toi aussi, lançais-je pour changer de sujet en relevant les yeux vers lui.

Son regard me dévore toute entière, passant sur chaque parcelle de mon corps. Je rougis. Il me soutient d'une main en détournant le regard, tout aussi écarlate que moi. Je ne peux réprimer un sourire.

- Tu veux que je sorte ? Demandais-je d'un air narquois.

- Euh, T'inquiète, va t'asseoir de l'autre côté.

J'obéis et me pose de l'autre côté du mur qui sépare les douches d'une sorte de vestiaire. Je frissonne. Autour de moi se trouvent des casiers, comme dans les lycées. Encore une bride de mémoire sémantique. Bien que je n'y ai peut-être jamais mit les pieds, ce lieu est gravé dans ma mémoire. Je fouille le casier de Newt et tombe sur un t-shirt noir. Je l'enfile tandis que l'eau de la douche se coupe. Le blondinet apparaît, torse nu, son t-shirt humide à la main. On s'observe mutuellement, gêné.

- Il te va mieux qu'à moi, lâche-t-il en désignant le t-shirt.

Je souris en m'asseyant à califourchon sur le banc central. Newt fouille son placard et en sort un autre t-shirt. Il vient s'assoir devant moi pour regarder l'entaille de mon genou.

- C'est pas beau à voir hein ? Commentais-je.

- Pas top pour une coureuse, commente-t-il.

Je soupire. Il relève la tête et nos regards s'accrochent. 

- Je suis désolé, lance-t-il. Pour l'autre jour. J'aurais pas dû douter de toi.

- C'est normal. Une fille qui débarque de nul part en t'appelant par ton nom, c'est pas anodin.

Il pouffe.

- Tu n'es pas comme les autres filles. Même si je ne me souviens pas d'elle.

- C'est la plus belle déclaration qu'on ne m'est jamais faite. Enfin, je me souviens pas des autres donc.

On rit de nouveau, sans jamais se lâcher du regard.

- Tu te souviens de notre première rencontre ? Me demande-t-il.

- Si tu parles d'avant le labyrinthe, non. Et si tu parles du labyrinthe seulement de ton point de vu.

Il sourit en se rappelant ma capacité secrète à déchiffrer certaines de ses pensées.

- Je sais juste que ça remonte à notre enfance, continuais-je. Qu'on a toujours été très proche.

- Et tu crois qu'on était proche comme ça ? Me demande-t-il en se penchant vers moi.

Ses lèvres rencontrent les miennes. La chaleur se repend dans tout mon corps, m'enveloppant dans un cocon de douceur et de sécurité. On se sépare, un sourire sur les lèvres.

- Je crois que c'est possible, répondis-je.

***
Nouveau chapitre. J'espère qu'il vous plait autant que les autres !

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