Chapitre 36
Je passe le reste de la soirée avec Thomas, à discuter à voix basse tout en épiant les garçons à travers leurs esprits. Leur petite fête n'a pas dégénérée comme d'habitude. Il faut croire qu'ils savent se tenir lorsqu'il n'y a pas d'alcool dans l'équation. Lors ce que les gardes déclarent que la soirée doit se terminer, je profite de l'effervescence dans la dortoir des garçons et du départ des gardes extérieurs pour me glisser discrètement dans le baraquement, je me cache sous un lit tandis que les trois derniers gardes réprimandent Minho et Ben qui font encore les fous dans un coin du dortoir.
Les gardes éteignent les lumières, ne laissant que les quelques veilleuses au sommet du haut plafond avant de quitter la pièce pour surveiller le couloir. Je vérifie une dernière fois que la voix est libre et me glisse entre les lits de camps pour rejoindre Newt et Minho.
- C'est quoi ce bruit ? Chuchote Minho.
- La ferme, j'aimerais bien pioncer, grogne Newt.
- Non mais mec y a un truc qui glisse sous nos plumards !
- Ben sort de là dessous, grogne Alby.
- C'est pas moi ! S'exclame Ben.
J'étouffe un rire en arrivant en arrivant sous le matelas de Newt.
- Putain les mecs c'est sous mon lit, lance-t-il d'un ton soucieux mais aussi excessivement calme.
Newt prend les choses avec calme comme d'habitude. Il se ne panique pas, ne cri pas. Même si je suis sûr que ma présence l'intrigue et lui fait peur, il n'en montre rien. C'est le genre de personne à se dire que s'inquiéter c'est souffrir deux fois. Il se penche pour regarder sous son lit de camp. Je plaque une main sur sa bouche en lui faisant signe de se taire, il a dû m'apercevoir malgré la pénombre puisqu'il me fait un clin d'oeil et se redresse.
- Alors c'est quoi ? Demande Minho d'une voix inquiète.
Je passe sous son lit et donne un petit coup dans le matelas. Il pousse un cri strident et aigu qui fait se retourner dans leurs lits plusieurs personnes. J'éclate de rire, suivie avec Newt. Un garde ouvre la porte.
- On se calme !
Le silence se fait, le garde sort.
- Allez Nora sort de là ! Ricane Newt.
Je me redresse et m'assied sur le bord de son lit.
- Alors toi ! Grogne Minho en se jetant sur moi pour me décoiffer.
Je m'écroule sur les jambes de Newt, en plein fou rire tout en me débattant pour échapper à la poigne de l'ex-maton des coureurs.
- Minho ! Mes jambes bordel !
On se redresse en riant toujours. On s'assied tous sur les lits.
- Qu'est-ce-que tu fiches là ? Demande Alby.
C'est le seul qui a l'air de s'en soucier apparemment.
- J'avais pas envie d'être toute seule dans ma chambre, soupirais-je. Du coup je me suis dit que j'allais venir en douce vous faire un petit coucou.
- Ok...
Le visage d'Alby est mi-amusé mi-décontenancé. Je m'allonge aux côtés de Newt qui me prend dans ses bras.
- J'ai un truc à te dire, chuchotais-je.
- Dis moi mon coeur ?
- Tu es aussi immunisé que moi.
- C'est à dire ?
- C'est à dire que la braise a atteint ton esprit, je ne peux plus y entrer. Personne ne le peux.
- C'est pour ça que tu trainais dans la tête de Minho ?
J'acquiesce silencieusement tandis que sa main passe doucement au creux de mes reins.
- Tu lui as refiler une migraine effroyable, chuchote-t-il en rapprochant son visage du mien.
Son nez glisse le long du mien, ses lèvres cherchent les miennes, un jeu s'installe entre nous. On résiste, il pose son front contre le mien, caresse mon dos, cherche à me faire perdre.
- Ah ouais ? Dis-je à la fois pour répondre à sa dernière phrase mais aussi pour le provoquer.
Je glisse mes mains dans ses cheveux, passe ma jambe le long de la mienne. Je me mors la lèvre inférieur tandis que sa deuxième main glisse le long de ma cuisse.
Mais il cède le premier, m'embrassant d'abord lentement puis de plus en plus sauvagement.
- Les mecs vous allez pas faire ça à côté de nous quand même ! Lance Minho.
- Excuse mec, soupire Newt.
- Gardes la dans ton froc vieux, on est là pour dormir. Et seulement dormir.
- De toute façon, je vais me faire griller si je ne sors pas d'ici, chuchotais-je. Les gardes changent de place dans quelques minutes, il faut que j'y aille.
*
Par je ne sais quel heureux hasard, je réussi à quitter le baraquement sans me faire remarquer. Je rejoins ma chambre et me retrouve de nouveau seule dans cette pièce qui sens l'antiseptique. Je reste assise une bonne partie de la nuit sur mon lit. Le sommeil ne vient jamais. Que je sois couchée ou assise, dans mon lit, sur le sol, même dans la salle de bain, Morphée refuse de venir me chercher. Je tourne en rond dans cette pièce comme dans un lion en cage. Lorsque je m'affale sur le sol, en quête d'un peu de fraicheur, je remarque que la plainte est mal fixée au mur. Juste sous le lit. J'appuie fermement dessus pour essayer de la replacer mais elle me lâche entre les mains.
- Merde !
Je tourne la planche avant d'essayer de la replacer. Mais quelque chose bloque. Qu'est-ce-que c'est que ça ? Callé entre le mur et le carrelage, je remarque un trou qui semble avoir été creusé à la petite cuillère, comme dans les films. Je glisse un ongle dans le trou et tire méticuleusement la chose qui y est caché. Je n'ai aucun souvenir de cette cachette... Pourquoi ? Est-il possible qu'on est vraiment supprimé une partie de ma mémoire ? Un petit carnet dont la couverture est décorée d'un dessin au crayon de bois. Un visage caricaturé barré d'un "REPOSES ÇA !" C'est mon écriture. Je la reconnais.
Je l'ouvre. La première page est vierge, la seconde est arrachée et celle d'après représente une caricature de Minho entrain de courir dans les couloirs. Ensuite, celle de Thomas avec un air déprimé, puis Teresa avec un ordinateur greffé au bout du bras, un autre dessin représente Alby avec un air sévère exagéré. Sur la page suivante, le visage de Newt, avec une expression interloquée que je connais très bien me fait pouffer de rire. Les dessins s'arrêtent là. Je feuillette les dernières page blanche jusqu'à tomber sur la fin du carnet. D'autres dessin y sont. Le premier - en partant de la fin du carnet - est un visage très réaliste. Une femme dont la peau à l'air pâle, un sourire tendre sur les lèvres, les yeux rieurs. Qui est-ce ? Je ne ne me souviens pas d'avoir déjà croisé cette personne dans ma vie. Peut-être inventais-je des visages ? Pourquoi je ne me souviens pas du tout de ce carnet alors que je vois mon nom noté sur chaque bas de page de mon écriture ?
Lorsque je tourne la page, c'est face au visage de Newt que je me retrouve. Il est plus jeune, il doit avoir quatorze ans. Son visage est paisible, un peu amusé. Ses cheveux blonds forment un halo autour de sa tête. Je tourne la page et tombe en face du visage de Minho, rieur comme toujours, puis celui de Thomas, ou encore, celui de Ben. Je devais avoir un talent pour le dessin. Comment ça se fait que je ne me souvienne pas de cela ? Trop bizarre.
*
Au petit matin, on toque à ma porte.
- Entrez, répondis-je, allongée par terre, les jambes levées contre le mur.
Rodiez pénètre dans la pièce accompagné par deux gardes.
- Bonjour m'sieur, lançais-je en basculant ma tête au maximum en arrière contre le sol.
- Euh... Bonjour Nora, (son étonnement me fait rire intérieurement) les blocards viennent d'arriver.
Je me lève d'un coup, me tordant la cheville au passage.
*
On traverse les couloirs, rejoignant le réfectoire. Les blocards se sont rassemblés autour d'une table. Je me fraye un passage dans la foule jusqu'à Newt qui est aux premières loges.
- C'était comment Gally ? Demande Alby.
L'ex-maton des bâtisseurs, se tient vouté devant la table. Ses joues sont creuses, sont regards vides et ses mains serrées autour d'une tasse de chocolat chaud. Tout autour de la table, les derniers blocards du groupe A ressemblent à des fantômes. Affamés par le manque de ressource, l'air perdu et éblouis par la lumière qu'ils n'ont pas vu depuis un long moment. Qu'est-ce-qu'il a bien pu leur arrivé pour qu'ils aient l'air aussi... Vide ?
- On est rester là bas tout ce temps. Sans lumière, tout a commencé à crever. Les murs du labyrinthe ne s'ouvraient plus. On était coincé là entre ses quatre murs, comme des cons. A crever de faim, à tourner en rond et à savoir qu'on pouvait mourir à tout moment.
Newt passe sa main sur son visage pour masquer sa tristesse et sa pitié.
- Puis là, la porte Ouest s'est ouverte. Le chemin était tout tracé. On a juste eux à filer tout droit jusqu'à la falaise où vos lianes montraient la sortie. On a dévalé cet espèce de toboggan gluant jusqu'ici.
- Toute cette lumière et ce bruit d'un coup. Ça faisait deux jours que on entendait que nos estomacs. On avait plus rien à manger, dit quelqu'un dans le fond de la pièce.
C'est Nick. Il a l'air à la fois plus en forme mais tout aussi faible que les autres blocards. Ses cheveux sont gras, son visage couvert de crasse comme si les douches aussi avaient été coupées.
- Mangez un bout, dis le cuisinier en apportant leurs assiettes.
Elles ne sont remplies qu'à moitiés, pour leur éviter de trop manger d'un coup. On les regarde se jeter sur la nourriture, manger avec les mains tellement il meurt de faim. J'ai mal au coeur de les voir dans un tel état. Rodiez rentre de nouveau dans le réfectoire.
- Nora, il faut qu'on y aille.
Je me détourne des autres, partant seule avec lui. On rejoint le laboratoire où Paige nous attend.
- Bonjour docteur, lançais-je en m'installant derrière ma payasse. Vous acceptez de participer à l'expérience ?
- Bonjour Nora. Oui. Je me prête au jeu.
Et voilà que les rôles s'inverse. Elle passe de directrice à cobaye et moi de cobaye à cheffe des opérations. Qu'elle belle revanche.
- Parfait. Asseyez vous, on va faire les prélèvements. A moins que vous préfériez que je vous roule une pelle ?
Je ris toute seule. Elle non.
***
C'est bientôt la fin...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top