Chapitre 32
La chancelière sourit. Elle range sa tablette et verrouille le tiroir avant de se saisir d'un dossier noir. Elle l'ouvre, toujours silencieuse. Je reste debout au milieu du bureau. Son insensibilité m'agasse au plus haut point ! Le salut de l'humanité ne l'intéresse pas ou quoi ? Chuck trépigne à côté de moi. Il a insisté pour m'accompagner annoncer notre trouvaille à la chancelière. Elle finit par redresser la tête vers nous après avoir prit quelques notes :
- Expliquez moi, dit-elle simplement.
- Lors de mes recherches, aidée par Teresa, Thomas, Chuck -ici présent - et le docteur Rodiez, on a trouvé quelque chose : Le sujet A5 a développé le même variant de la braise que moi. Nous l'avons remarqué après des tests sanguins.
Je ménage une pause pour apprécier sa réaction. Ses yeux pétillent de joie. C'est très discret, comme un poisson au milieu des nénuphars, mais je le remarque. Elle garde une expression neutre, attendant que je finisse ma phrase.
- Je penses lui avoir transmit. Il me faut quelques jours de tests supplémentaires pour valider cette hypothèse avant de développer le vaccin.
- Très bien. Bravo Nora, tu t'es surpassée.
- Je n'aurais rien pu faire sans les autres, rétorquais-je.
Elle sourit en griffonnant de nouveau. Comment fait-elle pour retenir à ce point ses émotions ? Quels évènements horribles peuvent pousser quelqu'un à masquer toute sensibilité de la sorte ? Ah, j'oubliais les éruptions solaires, la braise et la purge. Autant pour moi !
- Bien. Que te faut-il pour tes prochains tests ?
- Du temps et une condition.
Son visage se fait plus amère, comprenant déjà où je veux en venir. Elle m'encourage à continuer en un signe de main.
- Repoussez d'au moins une semaine la phase deux, et si mon travail fonctionne, vous les libérez. Les blocards, les ex-blocards, le groupe B, tout le monde. Deal ?
- Je peux repousser d'une semaine. Pas plus. Si tes hypothèses ne sont pas confirmées, la phase deux démarre illico. D'accord ?
- Une autre chose. (Elle me dévisage de nouveau.) Il va me falloir un accès illimité au dortoir pour pouvoir récupérer des échantillons.
- Et voir tes amis, complète-t-elle.
J'acquiesce sans la moindre honte. Paige sourit.
*
Je pousse la porte. Le bruit des conversations cesse lorsque les gardes pénètrent dans la pièce. J'entre à mon tour. Mon image m'apparait d'une dizaine de points de vues différents : J'avance, vêtue de ma robe bleue nuit. Je l'avais mise au fond de mon sac à dos le jour de notre départ.
- Je vous ai manqué bande de tocard ? Lançais-je en écartant les bras, ménageant une entrée théâtrale digne de mon retour.
Une masse me heurte le thorax de plein fouet. Une odeur d'herbe coupée et de savon m'emplit les narines. On me soulève loin du sol. Je fourre mon visage dans le ceux du cou de Newt et enlace sa taille à l'aide de mes jambes. Je pleure de joie. Il caresse mon dos tandis que je fouille ses cheveux avec mes doigts. On se regarde droit dans les yeux. Ses prunelles brunes m'ont tellement manquées. Son corps contre le mien, sa présence, lui ! Tout m'a manqué. On s'embrasse.
- Vous avez de la chance, y a plein de plumard ici, ricane Minho derrière lui.
Newty me repose à terre. Je serre Minho, Alby et Ben dans mes bras. Eux aussi m'ont manqué. Ils sont tous vêtu de la même manière, à la mode du WICKED : T-shirt gris ou blanc, pantalon de jogging gris ou cargot beige. Je suis si heureuse de les revoir !
- Qu'est-ce-qu'il c'est passé ? S'enquirent-ils de savoir.
Je m'assied sur un lit, imitée par mes amis. Les autres ex-blocards se massent autour de nous.
- Bon, c'est une longue histoire donc n'essayez pas de m'interrompre.
Ils acquiescent puis je leur conte mes aventures des deux dernières semaines, en guettant la réaction des deux gardes qui m'accompagnent. Paige avait demandé à ce que je n'entre pas dans le baraquement sans garde, probablement par peur d'une potentielle évasion. Newt me caresse le dos, me tient fermement la main. Il a peur que je disparaisse à nouveau, je le sens. Après un bon quart d'heure de monologue, je balaie l'assistance du regard.
- T'es entrain de me dire que tu as réussi a trouver un remède à une espèce de peste en deux semaines ? Rétorque Minho. Bah putain.
- Ça c'est ma copine. (Il pose une main sur mon épaule) C'est la meilleure.
- C'est aussi grâce à toi, dis-je en embrassant Newt.
- Je n'ai pas fais grand chose.
- Tu l'as quand même ken, ricane Minho.
Je lui lance un coup de pied sans être capable de me retenir de sourire. Qu'est-ce-que ces mecs m'ont manqué bordel ! Même leurs blagues de beauf m'ont manquées ! Je remarque que certains blocards - dont les Medjacks qui ont étonnamment survécus - se lancent des regards soit étonnés soit blasés. Désolé les mecs, la seule fille du groupe est déjà casées.
- Maintenant, excuses-moi Newty mais je vais avoir besoin de toi. A plus tard les blocards, je vous le ramène pour diner !
On quitte le baraquement, retournant au laboratoire, sur la route je détaille à Newt les découvertes que nous avons fait. En passant devant l'un des laboratoires dont la porte est restée ouverte, j'aperçois Rodiez, une aiguille dans le doigt qu'une infirmière actionne. Il s'est porté volontaire pour que l'on utilise son sang et sa salive pour les prochains test.
- Maintenant, il reste à savoir comment je t'ai immunisé.
- C'est à dire ?
Sa voix est légèrement timbré d'inquiétude. Je le rassure avec un sourire tout en entrant dans l'ascenseur. Ce dernier est vide, plus étriqué que celui que nous avions utilisé pour quitter le labyrinthe. Il sourit à son tour en regardant alternativement mes lèvres et mes yeux.
- C'est à dire est-ce-que tu l'as eu comme ça. ( Je l'embrasse) Ou autrement.
Il m'attrape les mains et me plaque contre le mur pour m'embrasser. Ses lèvres dévales mon cou, ses mains glissent le long de mes cuisses dénudées par ma robe.
- Autrement, ça veut dire plutôt comme ça, rétorque-t-il en remontant sa main, toujours plus haut.
- Tu es sûr de vouloir que je continu de parler ? Ricanais-je.
- Tais-toi et embrasses moi tocarde.
Etonnamment j'obéis et le plaque à son tour contre le mur. J'entends les déclics qui indiquent que l'ascenseur dévale les étages mais peu importe. Clic clic clic. Je l'embrasse, le serre contre moi. Il me repousse contre l'autre mur, me soulève par les hanches. Je laisse échapper un soupire de plaisir. Il m'embrasse encore, passe sur mon cou, mes épaules, la naissance de ma poitrine. Bordel ce que je l'aime.
Bruit de roulement.
- Portes de merde, grognons-nous au même moment en nous délaçant.
On rit en rejoignant le laboratoire.
- J'espère que je l'ai eu par la première option, lance-t-il.
- Imagines un peu si le vaccin contre la Braise était une putain d'orgie, pouffais-je.
*
Je pose deux gouttes de ma salive dans celle de Rodiez. Jamais je n'aurais cru faire ça un jour : mélanger ma salive à celle d'un homme qui a le double de mon âge dans un tube à essaie avant de prélever le résultat pour le dépister à son tour. Hyper bizarre dit comme ça. Ces tests ci sont bien plus précis et avancés mais prennent aussi beaucoup plus de temps. Ils nous permettent de savoir très exactement la quantité de Braise dans une substance en mol/L. C'est énorme ! Newt a du mal à suivre tous nos essais. Il a dévisagé chacune des personnes ici présente mais surtout Thomas. Je me souviens de leur complicité avant le labyrinthe, avant que Newt lui en veuille de ne pas faire parti de l'expérience. Ils n'étaient pas aussi proche que Newt l'était de Alby et Minho mais presque.
- Je peux t'aider ? Me demande-t-il lorsque les autres sortent faire une pause.
- Je ne sais pas trop. Maintenant, il faut surtout attendre les résultats des tests.
- Et tu ne penses pas que ta Braise peut me contaminé ?
Un pli soucieux barre son front, ses sourcils blonds légèrement froncés lui créent une moue beaucoup trop mignonne. Mon coeur fond.
- Elle prolifère sans attaquer ni le cerveau, ni les organes, répondis-je, toujours plongée dans mes notes. Elle est parfaitement inoffensive. Rassures toi.
Il pose ses mains sur mes hanches, me faisant pivoter pour me forcer à me tenir face à lui. Mes yeux plongent dans ses prunelles. Sous la lumière des néons elles ressortent plutôt noisette. J'en lâches mon crayon. Ces yeux sont si lumineux et doux à contrario de son visage soucieux.
- Et ses gens, tu te souviens d'eux ? Tu te souviens de tout ?
- Je penses, oui.
Il me dévisage. J'ai détourné le regard, comme une menteuse. Quelque chose me chiffonne depuis que j'ai retrouvé la mémoire. Ça fait un moment que ça me tourne dans la tête, mais mes souvenirs me paraissent... Améliorés ? Changés ? "Romancés" pour reprendre le terme que j'ai employé devant Rodiez quelques jours plus tôt.
- On devrait prendre une pause nous aussi.
Sans plus poser de question, Newty me suis jusqu'à ma chambre qui se trouve à quelques embranchements du laboratoire. Nous sommes enfin seuls, sans garde, sans personne pour nous embêter. Je cale ma chaise dans la poignée de la porte - puisque celle-ci n'a pas de verrou intérieur - à fin d'avoir un peu d'intimité. Je m'assied sur le lit, imitée par Newt dont le visage est toujours soucieux. Je soupire, comprenant qu'il ne se dériderait pas tant que je ne lui aurais pas raconté mon étrange impression.
- Qu'est-ce-que tu me cache Nory ?
Je prend un instant pour rassembler mes pensées, un boule au ventre. Les blocards avaient l'air heureux mais dans leurs cerveaux tournent en boucle la question que tout le monde se pose : que vont ils faire d'eux ? Newt, Alby et Minho se la posent bien plus que les autres et quelques idées dévasions leur sont déjà passées par la tête. Je le sais car chaque midi, chacun se repasse son petit scénario dans ses pensées. "La phase deux", songeais-je. "En quoi consiste-t-elle au juste ?" Comment lui en parler si moi même je ne sais pas de quoi il s'agit?
- C'est Thomas ? Demande-t-il, me sortant de mes ruminations silencieuses.
J'écarquille les yeux, décontenancée.
- Quel rapport avec Thomas ?
- J'ai vu comment il te regarde.
J'en ai le souffle coupé ! Thomas ? Tommy ? Le pote que je viens de retrouver après deux semaines à essayer de reconstituer les fragments de ma mémoire le concernant. Moi amoureuse de Tommy ? Tommy amoureux de moi ? Mais dans quel monde on est !
- Pardon ? Mais pour qui tu me prends sans déconner ? Grognais-je. C'est toi que j'aimes Newt ! Personne d'autre ! ( Je marque une pause, attendant que le calme revienne entre nous.) En plus, Tommy est pas suffisamment drôle pour moi. Il ne t'arrivera jamais à la cheville.
Ses lèvres pleines s'étirent en un sourire angélique lorsqu'il éclate de rire. Je le coupe dans son fou rire d'un baiser. Il répond à mon étreinte, me couche sur le lit. Nos corps s'attirent, se repoussent, se confondent. Mes mains lui hottent son t-shirt gris moulant sans que j'ai à y penser. Ses lèvres glissent de nouveau le long de mon cou, de mes bras, reviennent lentement vers ma bouche. Je mordille mes lèvres pour retenir un soupire. Ses mains soulèvent ma robe, glissent le long de mon ventre. Je me redresse, évitant des mouvements trop brusque à cause du pansement sur ma taille, guide ses mains vers la fermeture à glissière dissimulée dans la couture du dos de ma robe. Ses longs doigts font glisser lentement le curseur tandis qu'il me regarde droit dans les yeux, déclenchant en moi mille réactions incompréhensibles et envoutantes. Je sens le crêpe glisser sur mon dos, le dévoilant, lui et les nombreuses cicatrices qui le marquent. Newt attrape le bas de ma manche et la fait glisser avec cette même lenteur sensuelle, dévoilant de plus en plus la naissance de ma poitrine. Je frissonne. Au bout d'un moment, je ne tiens plus et arrache moi même la deuxième manche puis hotte ma robe pour la balancer par terre en un jet de tissu bleu nuit.
Newt me dévore des yeux, avec un large sourire mi satisfait, mi fasciné, ses mains glissent sur mes cicatrices et le bandage qui marque encore mon flan. Je l'attire contre mon corps, le forçant à s'allonger sur moi. Il m'embrasse, mes mains défont la braguette de son cargot. En un étrange mouvement de jambe, il le propulse à côté de ma robe. On pouffe de rire avant de continuer nos sauvageries.
- Je t'aime, susurre-t-il à mon oreille.
- Moi aussi, répondis-je, un sourire aux lèvres.
***
Chapitre tout mignon <3
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