Chapitre 30

- Madame la Chancelière, la saluais-je en entrant dans son bureau.

La pièce était pourvue de la plus large fenêtre du complexe. Une vue sur la forêt se détachait en ombre chinoise dans le soleil du petit matin. Sur un autre mur, trône une énorme étagère empli de livre, de chemises à documents et autres paperasses. Assise derrière un bureau en ébène, la chancelière Paige relève la tête d'une tablette qu'elle range soigneusement dans l'un des tiroirs de son bureau. Un déclic m'indique qu'elle a verrouillé sa cache.

- Bonjour Mademoiselle Nora, assieds toi.

J'obéis et m'installe dans un fauteuil en similicuir noir. La chancelière replace un stylo, ménageant un silence. Elle détaille la robe blanche que l'on m'a forcée à porter. "Tu ne peux pas rejoindre la chancelière habillée comme ça" avait insisté mon escorte.

- Comment te sens tu ?

- Aussi bien que possible.

- C'est à dire.

- Vous voulez la vérité pur ou la version romancée ?

Elle sourit puis change de sujet.

- On m'a dit que tu avais repris tes recherches. Où en es-tu ?

- Au même stade qu'il y a trois semaines.

Son visage reste infaillible mais je sais pertinemment que cela ne la réjouis pas.

- Pourquoi m'avoir demandée ?

Elle ménage encore son effet, m'agaçant encore plus. Je pourrais être dans mon laboratoire à chercher un remède à la braise mais au lieu de ça je suis coincée dans ce foutu bureau bien trop luxueux pour cette femme qui pour une raison que j'ignore m'inspire encore du dégout. Probablement est-ce dû au fait qu'elle est la personne qui nous a accueilli une fois sortie du labyrinthe. A moins que ce soit dû au fait qu'elle ait ordonnée qu'on me sépare des garçons.

- Je dois m'assurer que tu te rends compte de l'importance de ton travail.

- Et ? Interrogeais-je. Il y a forcément un "et" sinon il vous aurait fallu demander à l'un de vos collègues.

Elle sourit.

- Je vois que tu n'as rien perdu de ton tact habituelle.

- Il parait.

Elle se lève pour sortir un dossier de l'une de ses nombreuses étagères. Derrière elle, une statue représentant un labyrinthe mange une grande partie du mur au dessus d'un meuble bas couvert de petites décorations inutiles et d'une cafetière. L'oeuvre de sa vie. Un labyrinthe où enfermer les sujets d'une expérience pour sauver le monde d'une maladie mortelle. Un mal pour le plus grand bien ? Elle ouvre le dossier et me tends quelques documents.

- Voici l'autorisation de lancer la phase deux des épreuves. Les sujets partent dans cinq jours. Chuck, Rachel, Aris, Thomas et Teresa se joindront à eux.

Alors ça. Pour un coup bas il est presque enterré. Je ne m'y attendais pas. Mille questions se bousculent dans ma tête.

- En quoi consite-t-elle ?

Je garde un visage neutre et des yeux froids d'après mon vague reflet dans le cadre qui se trouve derrière la chancelière. Elle sourit, fière de ce revirement de situation.

- Ils devront traverser la terre brulée. La peur de la mort et l'espace ouvert devrait nous permettre de dégager de nouveaux schémas.

- Tous ?

- Bien entendu.

- Vous plaisantez ?

- Pas le moins du monde.

- Certains d'entre eux ne sont pas immunisé !

Elle acquiesce en silence, pas le moins énervée.

- Vous ne pouvez pas risquer leurs vies pour rien ! Je sais que vous allez modifier leurs souvenirs ! Enlevez les non-imunisés de leurs souvenirs ! Problème résolu ! Vous n'avez pas besoin d'eux : ce sont des témoins !

- Au contraire, une expérience doit forcément avoir un échantillon témoin.

Je frappe la table du plat de la main :

- Vous voulez tuer trois garçons innocents pour rien ! Et une poignée de fille une fois qu'elles seront à leur tour sorties !

- Pour rien ? Répète-t-elle. Non. Pour le remède.

- Mais ouvrez les yeux ! Ils ne vous servent à rien dans la recherche d'un remède !

Elle attend calmement que je me calme, augmentant au contraire mon agacement. J'en tremble ! Je ne sais pas ce qui me retiens de baffer cette folle ! Je respire profondément, toujours tendue. Il faut que je trouve une issue.

- Sauvez les ou je cesse mes travaux.

- Tu crois pouvoir me faire chanter ? Rétorque-t-elle.

Elle pianote sur un clavier dissimulé dans le bois sombre. Un écran descend du mur, affichant une pièce blanche. Sur une chaise, une jeune fille blonde est secouée de sanglots. De toute part, des fondus se jettent sur les barreaux. L'image change. La même scène avec Minho, ficelé à la même chaise puis sur une pièce où Newt doit observer ses meilleurs amis se faire torturer. Paige me dévisage, l'air toujours aussi paisible.

- C'est vraiment votre spécialité, ricanais-je. Torturer des gamins "pour le plus grand bien".

- WICKED est bon.

- WICKED oui, mais pas toutes ses méthodes. Ce sera tout ?

- C'est tout.

*

J-5

Je m'active autour de ma paillasse. J'ai laissé un mot à Thomas pour lui demander de me rejoindre avec Teresa et Chuck. J'ai aussi demandé à l'une des doctoresses d'aller chercher le docteur Rodiez. J'ai besoin d'un maximum de personnes pour mettre à bien mon plan. Pour sauver Newt et les autre non-immunisé, il ne me reste qu'une solution : trouver le remède. Je me suis jetée dans le labyrinthe pour le sauver de lui même. Aujourd'hui je dois le sauver de la braise. Je ferais d'une pierre deux coups : sauver Newt, libérer les blocards et les blocardes.

- Nora ?

Le médecin vient d'entrer dans la pièce. Vêtu de son habituelle blouse blanche, il a l'air soucieux.

- Merci d'être venu. Tenez.

Je lui tends une feuille résumant ce que je lui demande tandis que je continu de m'activer devant mon microscope.

- Pardon ?

- Vous avez bien lu. J'ai besoin de vous, faites moi d'autre prises de sang, j'ai besoin de plus de matière pour travailler, j'ai une idée.

Les trois jeunes gens nous rejoignent à leur tour. Ils nous dévisagent.

- J'ai besoin de vous les gars, dis-je en leur tendant le même document. 

J'avais rédiger ce dernier en les attendant. Mon but est simple : trouver un vaccin. Pour cela il me faut plusieurs points de vue, plusieurs méthodes, des cobayes mais surtout des alliés pour m'accompagner dans cette folie.

- Je te suis, lance Thomas.

- Moi aussi ! Ajoute Chuck.

Teresa acquiesce elle aussi, probablement après une rapide concertation mentale avec Thomas. On se met au travail. Rodiez plonge une seringue dans mon bras et me prélève huit tubes de sang. J'ai la tête qui tourne mais je tiens bon et commence une première expérience : mélanger mon sang avec celui de Thomas. J'observe la réaction au microscope. Les deux se mélanges parfaitement, ses lymphocytes détruisent le virus inoffensif comme prévu.

- A-t-on un échantillon de braise ? demandais-je à Rodiez.

- On a bien un moyen...

- Mais ?

- Ça ne va pas te plaire.

*

Rodiez me conduit jusqu'à une pièce où il se recouvre d'une combinaison verte semblable à celle des gardes. Il porte un masque à gaz qui lui recouvre le visage. Le sas souffle puis aspire avant de s'ouvrir vers une salle sombre. L'odeur est horrible. Ça pu le cadavre. Lorsque la lumière s'allume, je comprend l'origine de cette odeur : nous sommes à la morgue. Des dizaines de cercueil en verre recouvrent les murs. Je retiens un haut le coeur. C'est si.. étrange.

- Je te l'avais dit, rétorque Rodiez, lui même dégouté.

- Je suppose qu'on a pas le choix, ruminais-je.

Au fond de la pièce, un corps est étendu dans un cercueil, comme tout les autres, mais en approchant, je comprend ce qui est si bizarre : Je connais ses gens. Ce sont des membres du WICKED. Derrière cette vitre est étendu la personne que je haïs le plus : Levitt. Je dévisage Rodiez qui n'a pas l'air de comprendre.

- La purge, chuchotais-je.

- Pardon ?

La purge, le souvenir qui ronge l'esprit de Thomas depuis trop longtemps maintenant. Cette horrible nuit où Paige nous a poussé à assassiner tous ses gens. Les larmes me montent aux yeux. Les souvenirs horribles de seringues et de lanceurs me bouffent les entrailles. J'ai du mal à respirer. Rodiez me soutient d'une main. Je dois être forte. Je n'ai que cinq jours. Alors j'ouvre le cercueil, prélève le sang du corps cryogénisé puis quitte la morgue.

De retour au laboratoire, je m'assied car je ne tiens plus sur mes jambes. Thomas et Teresa échangent un regard tandis que Chuck vient me réconforter. Je lui dis de ne pas s'en faire. Chucky doit rester en dehors de tout cela.

Je brasse les échantillons sanguins de Tommy et Levitt. La braise attaque le sang et prolifère à la recherche d'un système nerveux, les lymphocytes n'agissent pas. Première théorie rejetée.

***

Chapitre chargé en émotion. Si vous n'avez pas lu les romans / les préquels, je vous invite à les lire pour mieux comprendre ;)

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