Chapitre 25
Je cours vers l'ordinateur en poussant Alby. Je tape le plus vite possible sur le clavier les six mots trouvés lors de nos analyses des cartes.
FLOTTER
ATTRAPER
SAIGNER
MOURIR
RAIDIR
POUSSER
Bip
La porte ne s'ouvre pas. Pourtant l'écran m'indique que le code est correct.
- Il y a forcément un truc à faire ! Hurlais-je paniquée.
J'entends les cris des blocards, affolés par le griffeur. Un deuxième tombe de la faille, écrasant l'arrière train du premier. Je commence à tâter les murs avec l'aide d'Alby.
- Grouillez vous ! Hurle Minho.
- On essaie ! Rétorquais-je.
Je fouille même sous l'encastrement de l'ordinateur mais je ne trouve rien. Des larmes de panique commencent à couler sur mes joues. On a pas fait tout ça pour rien ! C'est hors de question !
- Nora attention !
On me bouscule brusquement, dans un bruit soure, le corps de Samuel tombe à mes pied. La peur quitte son regard pour laisser la place à la mort. Un piquant de griffeurs est enfoncé dans son abdomen. La vie le quitte et dans un dernier soupire, il me sourit.
- Samy, soupirais-je, les larmes aux yeux.
Ce que je redoutais le plus vient de se produire sous mes yeux. Mon ami est mort. À cause de moi. Le piquant a été lancé par le griffeur pour m'atteindre. Et Samy c'est interposé pour me protéger. Il est mort par ma faute. J'ai l'impression que cet instant est à la fois trop rapide et infiniment lent. Incapable de détourner les yeux, je serre le corps du coureur dans mes bras.
- Nora à ta droite ! Me cri Alby.
Je pivote. Un petit bouton rouge noté "Arrêt du labyrinthe" est encastré dans le mur à peine dix centimètre au dessus du sol. Je dois enfoncer mon bras dans le mur pour le pousser de toute mes forces et là, un bruit mécanique très étrange retenti.
Pjjjjjjjj Pcht
Lorsque je pivote vers les blocards, les griffeurs se sont avachis, dans la même posture que durant leur "fausse mort". Les blocards les contemplent hébétés, les lances toujours tendues dans leurs direction. Un autre bruit de mécanisme retenti derrière nous. La porte s'ouvre lentement. Avant de m'avancer vers la sortie, je cherche mes amis du regare. Alby est a côté de moi, Minho est couvert d'une substance gluante - probablement de la chaire de griffeur et Newt est couvert d'entaille. Je le sers dans mes bras et l'embrasse, les yeux toujours baigné de larmes.
- Ne refais plus jamais ça Nora, pleure-t-il.
Ses pensées sont encore focalisée sur la peur de me perdre, sur le chagrin pour nos compagnons mort au combat et le fait que j'aurais pu faire parti d'eux. Je pleure moi aussi. Il me rend mon collier, le rattache à mon cou et m'attrape fermement la main comme si a tout moment on allait de nouveau m'arracher à ses bras. Minho et Alby nous attendent devant la porte. Leurs yeux sont tristes, leurs expressions démunies. Nous passons la porte, laissant derrière nous un tas de cadavres d'adolescents. D'amis. Dont celui de Samuel.
Au bout du couloir se trouve un toboggan sombre dont s'échappe une odeur nauséabonde dû à la substance huileuse qui le recouvre. On aurait dit un mélange d'huile de moteur et de plastique brulé.
- Un toboggan sérieux ? Grognais-je. Bienvenue à Labyrinthe land le meilleur parc d'attraction de tout le bloc.
- On dirait de la bave de griffeur, commente quelqu'un l'air dégouté.
- Je crois qu'on a pas le choix, déclare Minho en se jetant en premier dans le tunnel.
Alby saute à son tour tandis que Newt et moi nous proposons pour fermer la marche. Les blocards descendent en un grand cri de frayeur. Lorsque je m'assois sur le métal froid, l'odeur me vrille les boyaux. Je retiens un haut le coeur et dévale le toboggan. C'est une espèce de spirale grossière qui descend en apique. Plusieurs fois, je me tape la tête contre les côtés. A la sortie, Newt m'aide à me redresser. La salle sur laquelle débouche le tube est immense ! Environ 9 à 10 fois la taille du bloc et contient toutes sortes de machines, de câbles, de tuyaux et d'ordinateur. Le plus effrayant est la quarantaine de nacelles blanches en forme de cercueil qui se tiennent à ma gauche. Le chagrin cède la place à la peur. Elle me réveille, m'anime me faisant oublier qu'à l'étage, il y a des dizaines de cadavres.
- Regardez ! Cri quelqu'un.
Le mur du fond est couvert de vitres fumées derrière lesquels on devine des silhouettes vêtues de blanc. Je frissonne. Semblables à des fantômes, vingt personnes se tiennent assises calmement et griffonnaient dans de petits blocs notes.
- C'est qui ? Demande le jardinier roux que j'avais rencontré quelques jours plus tôt.
- Les Créateurs, répond Minho avant de cracher par terre. Je vais vous casser la gueule ! Cri-t-il si fort qu'il m'arrache une grimace.
- Qu'est-ce-qu'on fait ? Demande quelqu'un.
- Ils ont probablement rallumé les griffeurs, dit Newt. Ces saletés vont se ramener d'une minute à...
Une sonnerie - semblable à l'alarme de recule d'un camion - retentie. On aurait dit que le bruit venait de tous les endroits à la fois. La panique me gagne. Je me bouche les oreilles pour ne plus rien entendre. Je regarde dans tous les coins, imitée par les autres blocards. Lorsque la sonnerie cesse, une femme entre dans la salle. Elle n'est pas grande mais mince et élancée. Ses cheveux sont blonds et ses lèvres misent en valeur par un rouge à lèvre fuchsia.
- Docteur Paige ? m'écriais-je.
Newt me serre la main et m'attire derrière lui, comme s'il voulait former une barrière entre moi et cette femme. Se souvient il d'elle ? Ou lui inspire-t-elle juste la même peur qu'à moi ?
- Bienvenue chez vous, déclare-t-elle. Cela fait presque deux ans et vous avez eu si peu de mort. C'est remarquable.
La colère m'emporte.
- Pardon ? Retorque Newt avant moi.
Elle balaye de nouveau le groupe du regard avant de ramener son attention sur le blondinet.
- Tout s'est déroulé conformément au plan, monsieur Newton. Même si nous pensions que vous seriez plus nombreux à renoncer.
- A renoncer ? Rétorquais-je. Parce que vous croyez qu'on voudrait rester cloitrer dans cette saleté de labyrinthe ?
- Tu as décidée d'y aller Mademoiselle Nora, rétorque-t-elle d'une voix calme qui me donne envie de lui arracher les yeux. Maintenant, si vous voulez bien me suivre.
Elle se retourne et se dirige vers l'une des portes vitrées. Je dévisage Alby et Minho. Aprèsun hochement de tête, je leur emboite le pas. Le docteur Paige est la seule personne qui m'a paru fiable dans la plus part de mes souvenirs. Néanmoins elle trempe dans cette abominable organisation et est probablement haut placé pour nous accueillir ainsi. Il faut que je reste sur mes gardes. Tendue, je raffermie ma prise sur la main de Newt qui me regarde en avançant. Je me glisse dans son esprit où le tableau noir est réapparu.
"Ne t'éloigne pas."
J'acquiesce. Puis une idée me vient. Je me concentre sur le docteur Paige et tente d'entrée dans son esprit. Rien. Je visualise mes propres pensées et essaie de les projeter à l'intérieur de son crâne. On aurait dit un mur de plomb. Infranchissable. Comme si mon don se restreignait au blocards. Les yeux fermés, je force la connexion : rien à faire, à croire que mon don n'a jamais existé.
- Qu'est-ce-qu'il t'arrive ? Me demande Newt à voix basse.
- Je n'arrive pas à voir dans son esprit, m'agaçais-je.
- Comment c'est possible ?
- Elle ne doit pas avoir d'implant comme nous.
On arrive dans un long couloir blanc, en tout point similaire à celui dans lequel se déroule la plus part de mes souvenirs. Des portes s'alignent tout du long, placardées de petites affichettes indiquant le nom des salles. "Laboratoire" est celui qui revient le plus. On prend plusieurs bifurcations et même des ascenseurs immenses. Nous ne sommes plus que vingt et un. Douze blocards viennent de perdre la vie et nous, on suis l'ennemie comme si de rien n'était. L'ascenseur débouche sur un nouveau couloir blanc. Les portes y sont plus espacées. Je reconnais cet endroit ! C'est le couloir du baraquement ! On nous ramène au dortoir ! Ma chambre est à l'autre bout du complexe, dans l'aile gauche. Mais celles de Thomas et Teresa sont ici. Agrippant d'une main Newt et de l'autre Minho, je leur fait signe d'attraper Alby et pousse la porte de la chambre à ma droite. On s'y glisse avec un maximum de discrétion.
- Qu'est-ce-que...
Alby est coupé par un garçon brun de seize ans. Mince et athlétique, le jeune homme nous regarde à la fois décontenancé et heureux.
- Que faites vous là ? S'écrit-il.
- Caches ta joie Thomas, rétorquais-je.
Toujours abasourdit, mon ami nous fixe sans rien dire.
- On vient de sortir du labyrinthe, annonçais-je. Maintenant, il faut que tu nous aide. Qu'est-ce-que Paige compte faire de nous ?
- Je n'en sais rien. Ils ne nous disent rien ! On est hyper surveillé depuis ta fugue !
Ma fugue. Lorsque j'ai rejoins les autres dans le labyrinthe. C'était il y a une éternité.
- Quelqu'un veut bien nous expliquer ? Demande Newt d'un air agassé.
- Les gars, voici Thomas, il était notre ami avant d'aller dans le labyrinthe. C'est la personne en qui j'ai le plus confiance ici en dehors de vous.
Les garçons me dévisagent, totalement perdus. Je me retourne vers Thomas qui lui aussi a l'air décontenancé. Je me glisse dans son esprit et y sens quelque chose d'étrange. Comme dans l'un de mes derniers souvenirs, on aurait dit un présence. "Teresa" Songeais-je.
- Qu'est-ce-qu'elle dit ? Demandais-je tout haut.
Thomas, toujours aussi surprit me fixe.
- Tu n'as pas perdu la mémoire ? S'étonne-t-il.
- Si, mais une partie me revient. Bon, qu'est-ce-qu'elle raconte ? Insistais-je.
- Elle se demande ce qu'ils comptent faire de vous maintenant.
"Exactement ce que je viens de te demander" voulus-je rétorquer.
- Au pire, dit lui de ramener ses fesses ici, se sera plus simple. Et trouve nous une pièce qui se verrouille de l'intérieur.
Thomas nous indique la salle de bain dont il allume la lumière. Etonnamment spacieuse, la pièce sent l'eau de cologne et la douceur de l'eau chaude savonneuse. On rentre tous à l'intérieur. Minho s'assoit sur le rebord de la baignoire avec Alby. Les ex-blocards me dévisagent.
- Tu peux nous expliquer là ? Grogne Alby.
Je leur raconte pour la énième fois les quelques souvenirs que j'ai de Thomas et Teresa. J'insiste sur notre proximité et le fait que Thomas était très impacté par leur départ pour le labyrinthe. Je masque néanmoins une partie non négligeable : Teresa. Elle apparaît dans moins de souvenir que Thomas mais surtout, j'ai l'impression qu'elle est bien plus proche de cette organisation que nous.
- Pour résumer, lance Minho, on est dans la salle de bain d'un mec qui travaille avec l'ennemi ?
- Il n'est pas notre ennemi. J'en suis certaine. Et je ne me trompe pas sur les gens, ajoutais-je en me tapotant la tempe.
Pour une fois que mon don peut m'être utile, je ne vais pas me priver ! J'arrive à atteindre le cerveau de Teresa, elle est dans sa chambre et guette les bruits dans le couloir. Elle en sort et vient se glisser dans la chambre de Thomas. J'averti les garçons de leur arrivée prochaine. Teresa lui demande comment on est arrivé là et il lui résume les trois dernières minutes.
La porte bascule laissant entrer les deux adolescents. C'est fou ce qu'ils se ressemblent. Au détail près que Teresa a la peau tellement pâle qu'elle se confondrais avec le mur si il n'y avait pas sa masse de cheveux bruns ramenée en un chignon sévère pour les séparer.
- Bon, c'est quoi le plan ? Demande-t-elle.
- Les gars, Teresa, présentais-je.
- Très drôle Nora, commente-t-elle. Non réellement, qu'est-ce-que tu veux ?
Je me tourne vers elle un demi-sourire sur le visage. Elle commence déjà à m'agacer. Pourquoi me parle-t-elle sur ce ton ? A croire qu'elle ne voulait pas que je sorte de ce foutu trou à rat.
- C'est quoi leur plan.
- J'en sais rien ! S'exclame-t-elle. C'est toi qui était tout le temps fourrée avec Paige, pas nous. Nous on nous a refilé le sale boulot. La création des labyrinthes, les préparations, la purge...
- Attends, l'arrête Minho. Les labyrinthes ?
Au même moment, on toque à la porte. Silencieusement, Thomas nous fait signe de nous cacher dans la baignoire. Teresa se glisse avec nous. Je suis littéralement collée à Newt. J'entends son coeur battre à travers son t-shirt. Thomas quitte la salle de bain après c'être mouillé les cheveux dans la lavabo - l'histoire de paraître crédible. Je me glisse dans son esprit pour suivre la conversation.
- Oui ? demande-t-il sans fermer la porte.
Il essuie ses cheveux à l'aide d'une serviette. Son air nonchalant contraste avec la profonde haine qui vient d'apparaitre en lui. Cet homme -que je ne reconnais pas - n'est pas Levitt, il porte une combinaison verte hideuse qui rappelle celle des éboueurs d'antan, une barbe bien taillé et une arme dans son dos.
- On sait qu'ils sont là Thomas, rétorque l'homme.
Newt me fixe, totalement paniqué. Je ne peux rien faire pour nous sauver. On s'est auto-coincé dans cette pièce minuscule. Teresa sort de la baignoire, découvrant notre cachette. Elle rejoint Thomas et dépose une main sur son épaule.
- Ça sert à rien Thomas. Il faut les laisser faire.
Les gardes embarquent chacun des garçons et moi même. Je tente de plaider notre cause.
- On voulait juste discuter !
Thomas vient à mon secours, essayant de négocier. Il est souvent doué pour ça. Il arrive à garder son calme dans les moments les plus critiques. Je me souviens qu'il nous avait évité une punition ici même de la même manière. L'image du garçon de onze ans et celle de l'adolescent de seize se superposent.
- Comprenez nous, ça fait deux semaines que l'on ne sait pas regroupé et deux ans qu'on n'a pas revu Newt, Alby et Minho.
- Désolé Thomas, répond l'homme d'une voix étonnamment douce. Mais les ordres sont les ordres.
Toujours empoignée par cette homme qui me pousse dans le couloir dans la direction inverse au baraquement, je hurle en me débattant.
- Où m'emmenez vous ?
- La chancelière Paige a demandé à ce que tu sois placée à l'isolement.
- Non ! Je dois rejoindre mes amis !
- Les ordres sont les ordres, répètent-ils.
Je me débat mais sa poigne de fer m'encercle. Je n'arrive même pas à le mordre ou lui donner des coups de genoux. Sa prise est trop solide. Ma seule issue est un coup de maitre. Je n'ai qu'une seule chance.
- Lâchez moi ! Vous me faites mal ! Pas le ventre gros tocard : je suis enceinte !
***
Je suis horrible je sais :)
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