Chapitre 24

Au petit matin, lorsque je rouvre les yeux, réveillée par les premières lueurs de l'aube, la première chose que je vois est le visage de Newt. Ses cheveux blonds retombent sur ses yeux paisiblement endormis. Ses bras m'encerclent toujours. Je caresse son coude du bout des ongles, remontant lentement jusqu'à son épaule. Il ouvre doucement les paupières. Ses prunelles brunes croisent les miennes et ses lèvres se tendent en un large sourire.

- Bonjour princesse.

- Salut Newty.

Il m'attire à lui pour m'embrasser. Je lui rend son étreinte.

- Il faut qu'on s'habille avant que les gars commencent à nous chercher, chuchotais-je.

Je n'ose pas parler fort comme si je risquais de briser cette atmosphère de paix. Ce moment de pur tendresse avant de se jeter dans la falaise. Newt m'embrasse de nouveau, plus brièvement avant de quitter les couvertures pour se retrouver en caleçon au beau milieu de la clairière. Je m'enroule dans le duvet et me redresse pour fouiller mon baluchon à la recherche de vêtement propre. Durant que j'enfile un jean, j'aperçois Newt qui m'observe du coin de l'oeil.

- Ne te gène pas surtout ! Ricanais-je.

- Je penses qu'après cette nuit, y a pas grand chose que je n'ai pas vu rétorque-t-il.

Il s'approche de moi et passe ses doigts chauds le long de mes cicatrices, vestiges des nombreuses expériences aux quelles ont m'a soumise avant mon arrivée au bloc et des évènements de des deux semaines écoulées. On avait parlé une partie de la nuit. Il m'avait avoué que mes chants lui revenait à l'esprit, il n'avait pas de souvenir visuel comme moi, seulement les paroles des chansons. Cela l'a réconforté de savoir que lui aussi pouvait retrouver la mémoire. Moi, je lui avais raconté toutes les brides de souvenirs le concernant qui m'était revenues. Je lui avais parlé de sa soeur, Sonya, ce qui l'avait plutôt secoué.

J'enfile mon t-shirt puis enroule mon sac de couchage. J'ai mal aux jambes et pas seulement à cause de mes courses dans le labyrinthe ou de mes danses de la veille. Newt rit lorsqu'il me voit marché en canard. Je le foudroie du regard tandis que nous marchons côte à côte pour rejoindre la ferme. Les coureurs étaient déjà regroupé autour de leur petit déjeuner. Ils nous saluèrent en passant. La plupart d'entre eux avaient les traits tirés ou l'air malade - probablement à cause d'un abus d'alcool la veille. Pour ma part, je n'avais - étonnement - aucun symptôme d'une gueule de bois. On vient s'installer à leur côté, toujours collé l'un à l'autre.

- Bah dit donc, ricane Minho. Vous êtes pas très discret.

- Quoi ? bafouillais-je.

Ils éclatent de rire. Je me glisse dans les pensée de Minho, morte de honte pour savoir s'il avait réellement entendu quelque chose ou si tout ceci était un coup monté. La deuxième option se confirme. Je lui lance un coup de pied sous la table qui le fait bondir sur le banc. Je sourie, fière de ma vengeance en croquant dans ma pomme. Pour une fois, il ne réplique pas et les coureurs changent de sujet pour venir à celui qui nous intéresse le plus : notre plan d'évasion du labyrinthe.

- Et si le griffeur nous attend de l'autre côté ? S'inquiète Ben.

- On lui passera dessus, rétorque Minho. Un griffeur contre quarante blocards, il ne fera pas long feu.

- Ouais mais on a jamais tué de griffeur !

Sa peur est fondée. Je m'imagine face à l'une de ses gigantesques limaces. En un tour de piquant il aurait vite fait de tuer la moitié des blocards. Mon coeur se soulève en imaginant la mort de mes compagnons. Que ferais-je si Newt ou Minho se faisait tuer dans la bataille ? La boule au ventre, je finis tant bien que mal mon repas, appréhendant la suite de la journée.

*

A midi, après un repas copieux, les blocards étaient près à partir. Les sacs à dos bien garnis, on se rassemble devant la porte nord. On lit la peur sur les visages mais une excitation fébrile traverse tout de même la foule. Tout le monde veut quitter cette prison de béton mais nous avons tous peur du prix à payer. Le prix du sang. La valeur inestimable d'une vie. Les créateurs ont-ils vraiment prévus que l'on meurt aux portes de la liberté ? Se serait un sacré coup bas.

- Quelqu'un devrait peut-être prononcer un discours pour motiver les troupes, non ? Suggère Minho.

- Va-y, réplique Newt.

La tension se lit sur son visage, il serre ma main et me pousse à me rapprocher de lui malgré le peu de distance qui nous sépare. Minho hoche la tête et se retourne vers la foule :

- Soyez prudent, leur dit-il sèchement. Ne vous faites pas tuer.

J'étouffe un rire face à cette déclaration des plus "rassurantes".

- Super, commente Newt en écho à mes pensées. Nous voilà bien motivé.

Minho lui décoche un coup de coude avant de s'élancer vers le labyrinthe.

- Attendez !

C'est Gally qui vient de s'arrêter en plein milieu de la foule des blocards. Son visage est dur mais on sent la peur dans ses yeux gris. Il nous dévisage, la tête de cortège - Alby, Newt, Minho et moi - Nick se tient à côté de lui, l'air tout aussi désespéré.

- Vous êtes sûr de votre coup ? Pourquoi partir se faire tuer dans ce trou de griffeur alors qu'on peut vivre sereinement au bloc ?

- Parce que tu vis sereinement emmuré ici ? Rétorque Newt.

- Oui. Je ne veux pas risqué ma vie sans savoir si c'est réellement la sortie.

Je serre la main de Newt sous l'impulsion de la colère qui monte en moi. Après deux ans à courir dans le labyrinthe, Minho trouve enfin une sortie et c'est comme cela qu'il le remercie ? En lui répondant qu'il ne veut même pas tenter sa chance ? Qu'elle bonne blague !

- Gally, on a enfin trouvé une sortie, dit calmement Minho. Ecrases et suis nous.

Il se retourne et reprend sa course vers le labyrinthe lorsqu'une autre voix s'élève.

- Moi je reste.

C'est Nick. Il est tendu, son corps tout entier tremble. Il se repasse en boucle des images de terres dévastées et de fondus qui me viennent par vague. Je l'ai esquivé toute la journée pour ne pas revoir ce spectacle d'horreur qui nous attend peut-être au delà des murs. D'autres blocards se joignent à eux, se regroupant derrière le chef du bloc et le maton des bâtisseurs. Une dizaine de blocards apeurés qui se lançent des regards intimidés.

- Sans déconner les gars ? S'étonne Newt. Vous allez nous laisser tomber maintenant ?

Sa voix était calme contrairement à moi qui m'énervait déjà. Il a un étrange don pour calmer les choses et comprendre les autres. J'avais beau pouvoir capter leurs émotions, je ne suis pas capable de contrôler les miennes comme lui.

- Si vous voulez rester, déclare Alby, tant pis pour vous. Nous, on se tire de ce trou à rat.

Et c'est ainsi qu'une trentaine de blocards s'élancèrent dans le labyrinthe, abandonnant derrière eux une dizaine d'amis. Je voyais leurs visages flotter dans les esprits. Samuel songe à un garçon brun et baraqué qui avait choisi de rejoindre Gally, Newt et Minho rumine le sauvetage de Nick. Il nous a permit de trouver la sortie mais a surtout risqué nos vies. Le coeur serré, les mains bien agrippé à nos armes : des épeurons de fortune pour la plupart des blocards bien que certains - comme Newt - tiennent des couteaux, des épieux ou un arc. Alby m'a vaguement formé au tire à l'arc avant de partir mais, il c'est vite avéré que je tire aussi bien que lui. Mon arc dans le dos, deux couteaux aux épaules, je suis la cadence malgré mon léger claudiquement.

Au bout d'une demi heure, nous atteignons la falaise. Alignés devant le gouffre, quatre griffeurs nous attendent. Ils ont à peine la place de tenir les uns à côté des autres. Je lance un regard paniqué à Minho qui lui aussi, terrifié, raffermi la prise sur son épieu.

- Qu'est-ce-qu'on fait ? demande Alby.

- Il nous faut un plan et vite, répondis-je. On ne peut pas forcer le passage. On perdrait la moitié des gars.

- On peut les faires venir un par un et les esquiver sur les côtés comme on a fait lors du sauvetage de Nick ? Propose Newt.

C'était la meilleure idée possible le problème reste :

- Et comment on fait ça tête de pioche ? Rétorque Minho. Je ne crois pas que ces bestioles jouent à la loyale en un contre un.

Les blocards s'impatientent. La panique s'installe, faisant remuer la foule. J'en aperçois qui piétinent, d'autre qui se triturent les phalanges ou encore d'autre qui s'agasse à haute voix. Je fouille les pensées des uns et des autres. Des plans farfelus trônent dans certains cerveaux comme gripper au lierre pour passer discrètement. Comme si trente adolescents suspendus aux lianes n'allaient pas être remarqué. D'autres se demandent pourquoi les griffeurs n'attaquent pas maintenant. La réponse est simple : parce qu'il y a encore trop d'issu pour nous. On peut rebrousser chemin et rentrer au bloc sans eux. 

- Et si on essayait à distance ? proposais-je en désignant mon arc.

Les autres acceptent, Alby, Jonas - qui lui aussi a quelques talent d'archet - et moi, nous plaçons dans le couloir, face aux créatures. Elles ne bronchent pas. Je vise l'une des têtes mécaniques mais rate ma cible. La flèche vient s'enfoncer dans la chaire visqueuse sans un bruit ni un mouvement. Ses bestioles n'ont elles aucun système nerveux ? Je tire de nouveau, atteint ma cible tout comme les garçons. Ma flèche ricoche et vient s'écraser sur les dalles de béton. Malgré notre pluie de projectile, aucune créature ne bouge. 

On se replie avec les autres blocards dans le couloir adjacent. De plus en plus nerveux, les garçons s'agitent. Je me triture machinalement les mains. Mes doigts passent sur ma brulure.

SUJET 0

A SEPARER

Et si c'était mon but ? Ma mission ? De me séparer d'eux pour tenter ma chance. Me sacrifier pour le plus grand nombre. Je retire mon collier. Le dépose dans la main de Newt, l'embrasse et avant que qui que ce soit est eu le temps de comprendre ce que j'ai en tête, je me précipite vers les griffeurs. Je cours le plus vite possible. Les créatures se mettent en marche, fonçant à leur tour vers moi. Le couloir étant trop étroit, la créature centrale s'avance la première, tous piquants dehors tandis que les deux autres attendent pour la suivre. J'entends Newt hurler mon nom mais je cour aussi vite que possible à la rencontre de la bête. Arrivée à sa hauteur, je prend mon arc en métal à l'horizontal et fauche les pattes avant du griffeur qui commence à s'effondrer sur moi. Je bondis en avant, juste devant la falaise. J'y suis arrivée ! Mais je suis seule face à deux bêtes gigantesques. Un bouquant du diable semblable au tonnerre me fait lever la tête. A travers le peu de champ de vision que me laisse le griffeur, j'aperçois les blocards qui foncent eux aussi vers le gouffre. L'une des créature tente de m'empaler sur l'un de ses piquants mais j'agrippe ce dernier tel une barre de traction et repousse du pied un autre piquant. Les griffeurs se gênent, se tapent dedans. Les garçons me rejoignent. Minho, Newt et Alby se bâtent contre celui à ma gauche, le repoussant pour faire de la place.

- Les plus jeunes d'abord ! Hurle Minho.

- Dès que vous arrivez vous sautez, ne réfléchissez pas, renchérit Newt. 

Je descend de mon perchoir, bombarde de flèche les griffeurs, esquive les blocards. Je bondis de côté pour esquiver une nouvelle attaque mais l'un des torcheurs se fait piquer. J'entends Samuel hurler quelques part derrière moi. Mon corps et mon esprit sont à la bataille. Je ne peux pas anticiper les griffeurs comme les blocards, mais leurs gestes sont suffisamment lents et répétitifs pour me permettre de rester en vie. Je pousse les garçons en avant, restant pour me battre. Mon dos touche celui de Newt. On se lance un regard par dessus nos épaules. Nos visages sont déterminés, je vois le mien dans son esprit. Puis le pique du griffeur derrière lui.

Je brandis mon arc comme une épée et bloque l'attaque. Au même moment, Newt se glisse dans mon dos et j'entends son éperons frapper autre chose de métallique. Nous avions subit la même attaque en même temps. Nous défendant l'un l'autre face aux trois griffeurs - dont un a vraisemblablement perdu ses pattes avant dans la bataille - on enchaine les coups de pieds, de lance et d'arc en tous sens. Nous sommes des partenaires, un duo de combattant que nul ne peut arrêter.

- Les deux N c'est bon ! Cri Minho en courant vers nous. 

Il esquive un dernier piquant en bondissant en avant et se jette dans la falaise. J'attrape la main de Newt qui me propulse en avant lors de notre arrivé au bord du gouffre. Mes pieds sont les premiers à plonger dans le trou. C'est comme si je passais un mince filet d'eau glacée avant que mon corps s'écroule sur le sol. Newt me tombe dessus quelques secondes plus tard. On se redresse en dénouant nos jambes et nos bras.

- On a réussit, soufflais-je.

- Pas encore rétorque Alby derrière moi.

Le second chef du bloc est posté devant un ordinateur sans savoir quoi faire.

- Il nous faut un code.

Au même moment, un bruit de métal se fait entendre. Un griffeur vient de tomber du trou.

***

C'est bientôt la fin du labyrinthe :) !

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