Chapitre 21
Je me réveille avec le peu de lumière qui filtre par les fenêtres crasseuses de la salle du conseil. Newt est toujours endormi. Ses cheveux recouvrent une partie de son visage détendu. Je souris en ramenant ses mèches blondes derrières son oreille. Il ouvre lentement les yeux, un petit sourire sur les lèvres.
- Salut, lance-t-il d'une voix ensommeillée.
- Salut, répondis-je.
- Il est quelle heure ? Demande-t-il en baillant.
- Six heures.
Il se redresse et s'étire. Je roule sur moi même en grognant puis sors de mon duvet. Newt pouffe de rire. J'attrape un t-shirt et un short dans mon baluchon. Je commence à me changer lorsque j'entends Newt s'éclipser par la fenêtre. Je ricane. Je l'imagine écarlate. Je me glisse dans son esprit. L'image de moi même soulevant mon t-shirt, dévoilant mon dos nu flotte encore dans ses pensées.
"Vas-t-en ! " Rétorque-t-il mentalement.
C'est très étrange comme façon de communiquer. C'est comme si l'on s'envoyait des lettres. Je le lis mais je n'entends pas sa voix. C'est très étrange et en même temps assez rassurant de pouvoir communiquer avec lui à tout moment. Même si cela ne va que dans un sens.
Je rejoins les coureurs à table suivie quelques instant plus tard par Newt qui s'instale à mes côtés.
- T'as pioncé où ? Lui demande Minho, un demi-sourire aux lèvres.
Newt rougit. Minho sourit, fière de son effet. Je lui lance un sourire sarcastique. Il me répond avec le même sourire. J'avale mon petit déjeuner avec un grimace.
- Comment va Nick ?
Le visage du maton des coureurs s'assombri.
- Il dort pour moment. Clint a relayé Jeff il y a deux heures.
Bon, pas de mauvaise nouvelle. Tant mieux. Mon regard se perd dans la contemplation du bloc. La plupart des garçons dorment près du jardin. Quelque chose me chiffonne. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Je fouille les pensées des garçons. Minho aussi à cette impression.
- Y a un truc qui cloche non ? Demandais-je comme si de rien n'était.
- Les portes ne se sont pas encore ouverte, répond Minho.
En effet, les fentes murales sont toujours close alors qu'il est déjà six heures et demi. Les portes s'ouvre habituellement bien avant mon reveil. Trop bizarre.
- C'est déjà arrivé ? Insistais-je.
- Quelques fois. Le plus tard c'était sept heures et demi.
Bon, si ce n'est pas un énième problème, tant mieux. Newt lance le fameux sujet : La falaise et la disparition du griffeur. Les autres coureurs se joignent au débat.
- Vous croyez que c'est la sortie ? S'interroge Ben. Qu'il faut genre, sauter dans le vide ?
Ça parait totalement fou. Sauter dans le vide, le geste le plus contre intuitif qu'il soit. Pas étonnant que personne n'est trouvé la sortie avant. Même avec le code, je pense qu'on aurait pas trouvé sans voir le griffeur tomber.
- Je penses pas qu'on puisse juste sauter et paf être dehors, commente Newt.
- Développe, réclame Minho.
- Ce griffeur n'est pas juste tombé. Il a plongé.
- Tu crois qu'il y a une sorte de trappe ? Demande le coureur de la section 5.
C'était un garçon tout en muscle d'un mètre soixante quinze environ. Il avait une longue cicatrice sur le bras, probablement causée par un griffeur. C'est la première fois que je l'entendais parler. Sa voix est grave et pourtant extrêmement douce, presque maternelle.
- Peut-être, répond Newt avec un haussement d'épaule. En tout cas on ne peut pas sauter à l'aveugle.
- Et si on définissait la zone avec des lianes ? Propose Samuel - le coureur de secteur 5.
Les théories et propositions se succédèrent. J'écoute et participe activement au débat. Trouver une sortie. Le but de notre petit groupe. On entend Nick hurler dans la ferme au bout d'une bonne demi-heure de débat. Un bon nombre de blocards se réveillent suite à ses cris de douleurs. Sa détresse me tord les entrailles. Je n'ai beau ne pas être proche du chef du bloc, c'est insupportable d'entendre quelqu'un souffrir à ce point. Newt et Minho subissent eux aussi se supplice. Leurs pensées fendent mon cerveau, me ramenant des dizaines de fois l'image de la piqûre et du réveil du griffeur. La bête a détalé comme s'elle c'était senti menacé par les trois garçons. Cette créature fait tout de même deux fois notre taille ! Rien de tout cela n'a de sens.
Je triture instinctivement mon poignet traçant les mots imprimés par la brulure sur ma peau. Newt passe discrètement sa main sur ma cuisse pour me rassurer. Je redresse la tête et lui sourit.
*
Les portes ne s'ouvrirent pas de la matinée. On aurait dit que le labyrinthe avait cessé de fonctionner. Comme si les créateurs ne voulaient pas que l'on sorte. Privé de notre unique travail du jour, on aide au jardin et à l'abattoir. Newt me suit à travers les rangs de légume, arrosant les plantations, arrachant les vieilles feuilles et cueillant les fruits murs.
Je m'amuse à me glisser dans son cerveau pour voir à quel vitesse il s'aperçoit de ma présence. On rit en se lançant des mottes de terres. Les habits couverts de boue, on quitte le jardin pour rejoindre les douches aux alentours de sept heures. Newt m'attrape alors soudainement la main :
- Il faut qu'on aille demander un verrou à Gally.
Il m'entraine vers le repère des bâtisseurs qui n'ont d'ailleurs pas encore fini leur journée. Il réclame un verrou à Gally qui lui rétorque qu'il écrit ça sur la liste pour la prochaine boite.
- Une liste ? Interrogeais-je.
- Ouais, on y note tout ce dont on a besoin et ils nous le fournissent, m'informe Gally. Comment crois-tu qu'on a eut tout ça, ajouta-t-il en désignant les matériaux derrière lui.
- Vous leur avez déjà demandé la sortie ?
Ils échangent un regard puis éclatent de rire. Je pouffe moi aussi, ravie de ma blague.
- En vrai, oui, me répond Newt en passant sa main dans ses cheveux. Et on ne nous a jamais répondu.
- Pas ouf le service après vente.
*
Je sors de la douche une bonne heure plus tard. Il a fallu que j'attende que la pièce se vide. Je n'ai pas à me plaindre, je suis seule à me doucher. J'ai tout mon temps et toute la place que je veux. Il me prend même l'envie de chantonner. Une autre chanson dont seul l'air me revient. Quelque chose d'assez aigu et doux. Je m'enroule dans ma serviette en me dirigeant vers le vestiaire.
- Tu chantes bien, ricane Minho dans un coin de la pièce.
Surprise, je fais volte face. Le chef des coureurs se tient devant son casier avec pour seul habit une serviette. Il fouille dans son casier en ricanant.
- T'es là depuis combien de temps ? Grognais-je.
- Une dizaine de minutes.
- Dix minutes ! M'exclamais-je.
- Et ouais, j'ai entendu toute ta sérénade.
Je lui lance un short en pleine figure. Il réplique en me lançant sa chaussure au visage. S'en suit une bagarre à coup d'objet. Pas si simple avec une serviette qui glisse ! On éclate de rire. Comme des enfants. Des enfants, ce que nous sommes.
Je quitte les douches vêtue d'un t-shirt blanc et d'un jean. La fraicheur du froid me fait frissonner. Je rejoins Newt à table. Puisque je n'ai pas entendu Nick crier depuis le matin, je prends de ses nouvelles. Le visage toujours grave, Alby me répond que le chef du bloc est sur la voix de la guérison. Tant mieux. Newt me passe sa veste sur les épaules.
- Tu grelotte, ricane-t-il.
Je lui donne une bourrade dans le bras mais ne refuser le vêtement chaud. L'odeur du cuir se mêle à celle de Newty, m'entourant comme une bulle de réconfort.
- Vous croyez que les portes vont bientôt se rouvrir ? Demandais-je.
Tout le monde hausse les épaules.
- J'espère bien ! Lance Minho en nous rejoignant les cheveux encore dehoulinant d'eau. Ils ne vont pas nous garder enfermé là dedans !
Je pouffe de rire.
- C'est pas comme si ça faisait deux ans qu'ils vous retiennent ici, rétorque Newt.
- Très drôle bande de tocard, rétorque le chef des coureurs. Faites gaffe que je foute pas au gnouf.
Je regarde Newt, un sourire malicieux sur les lèvres. Mes pensées se tournent vers les siennes.
"Quoi ?"
Je lui saisit la main en me levant.
- Fuyons avant que le grand méchant Minho nous enferme au gnouf, ricanais-je en filant vers la ferme.
Il me suis en riant lui aussi. On regagne la salle du conseil où on a abandonné nos sac de couchage la veille. Newt récupère le sien et quitte la pièce.
- Eh ! L'hélais-je. Où crois-tu aller comme ça ?
- Dormir.
- Restes ici ! Rétorquais-je.
- J'avais dit une seule fois !
- Et tu l'as déjà fait deux fois ! Ripostais-je du tac au tac.
- Bonne nuit princesse, répond-t-il, un sourire narquois sur le visage.
J'attrape mon baluchon et mon sac de couchage et le suis dans la pièce principal.
- Non, non, non, grogne-t-il. Retournes dans ta chambre jeune fille.
- Désolé papa mais, elle est occupé par un mourant.
Il sourit, exaspéré en ramenant ses cheveux en arrière. Je l'embrasse. Il m'embrasse, une main sur ma taille. Je le supplie du regard, il secoue la tête. Je fais la moue, insiste du regard, le tirant légèrement vers la salle du conseil. Mais il ne cède pas donc je décide d'abandonner mes affaires dans la salle du conseil avant de quitte la ferme.
- Tu vas où ? S'étonne-t-il.
- Ailleurs !
Il me suis hors de la ferme. Je ne suis pas énervée. Bien au contraire, ma technique fonctionne. Je me fraye un passage dans le bosquet du Terminus. J'esquive le cimetière et atteint une petite clairière au bord du mur. J'entends les pas de Newt derrière moi.
- Qu'est-ce-que tu fais, ricane-t-il.
- Je t'attire dans mon piège, plaisantais-je en l'attirant vers moi.
Il sourit encore. Ses prunelles brunes pétillent. J'adore ce doux visages. Je l'attire contre moi. Il me regarde, la tête baissée puisque je fais une tête de moins que lui. Je l'embrasse, fouille ses cheveux à deux mains. Newt m'encercle la taille.
- Je crois que je suis tombé dedans. Tu sais comment on appelle ça ici ?
Je secoue la tête.
- L'amour.
***
N
ouveau chapitre calme et cute j'espère que ça vous plait
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