Chapitre 20

Newt ouvre la salle du conseil. Elle est petite mais une fois les quelques chaises entassées, on y dégage suffisamment d'espace pour deux sacs de couchage. L'image de Nick se tordant de douleur est gravée sur ma rétine. Les yeux dans le vague, je triture mon collier. Des images en vrac me reviennent à l'esprit. Des veines noirs, des yeux fous, une langue qui humecte une bouche crasseuse. Un fou. Voilà à quoi je penses. Un vrai fou quelqu'un qui aurait totalement vrillé, qui serait totalement taré.

- Ça va aller ? Me demande Newt.

- Non, répondis-je.

Il me serre dans ses bras.

*

- Tu aurais du les voir Newt, pleurais-je. Ils étaient tous fou. Ils se piétinaient, se jetaient sur les barreaux, disaient des trucs incompréhensibles !

- Je sais Nora, ils m'ont montré la vidéo.

Je relève la tête. Ses yeux sont - eux aussi - baignés de larmes. Il me serre dans ses bras. Je dois avoir treize ans. On vient d'essayer de fuir pour la deuxième fois.

- Combien de temps je suis restée là bas ? Demandais-je totalement perdue.

- Deux semaines.

Deux semaines enfermées avec des fondus. Des fous qui se frappent contre les barreaux, qui essaient de m'attraper pour me manger. Un bandage entour ma main, masquant la morsure du fondu qui m'a permis de m'échapper de cette pièce infernale.

- Des fois, j'ai l'impression que tu as de la chance de ne pas être un immune, soupirais-je.

- Parce que tu crois que ça m'a plus de te voir enfermée là bas ? Hurle-t-il. Tu crois que je n'aurais pas préféré prendre ta place ?

Je pleure, lui aussi.

*

- Des fondus, chuchotais-je.

- Quoi ? Me demande Newt, incrédule

- Nick va devenir un fondu. Il va devenir totalement fou. Il.. Il..

- Calmes-toi Nora !

Je le regarde dans les yeux, totalement paniquée. Je tressaute, mes mains tremblent, je suis en transe.

- Il ira mieux dans quelques jours. Ok ? Répond-t-il sèchement. Explique moi ce dont tu te souviens.

Je lui raconte le souvenir qui m'étais revenu. Je détaille les visages des fous, leurs expressions, leurs tics nerveux, leurs paroles sans queue ni tête. J'ai l'impression de moi-même devenir tarée.

- Je crois que c'est comme un truc qui vous ronge la cervelle, ajoutais-je. Je n'arrives pas à me souvenir mais je crois que ces gens travaillaient dessus.

- Quels gens ? M'encourage Newt.

- J'en sais rien. Ceux avec qui on vivait dans cet endroit...

Une larme coule sur ma joue. Je l'essuie, d'un coup prise d'un courage que je n'avais pas deux secondes plus tôt. Je me redresse d'un bond.

- Assez pleurniché, déclarais-je. Il faut qu'on parle de ce que l'on a vu aux autres.

Newt se redresse totalement perdu. 

- Des fondus ?

- Non, de la falaise.

Il revoit mentalement le plongeon du griffeur dans le gouffre et son étrange disparition. Puis la piqûre de Nick ainsi que ses nombreux spasmes sur son lit. 

"Demain" écrit-il mentalement.

Je soupire, en réalisant qu'il a raison, que l'on ne peut pas embêter Minho avec ça ce soir. Pas après ce qui vient de se passer.

- Allons manger, propose Newt.

En réponse à ses paroles, mon estomac gargouille. Je n'ai rien avalé depuis mon départ ce matin. J'étais trop inquiète pour lui et Minho. On rejoint les autres blocards. L'heure n'est clairement pas à la fête. Tout le monde a l'air triste et renfrogné. Je m'assied avec Newt dans un coin. Minho et Alby ne sont pas là. J'avale mon repas avec bien du mal.

- Pourquoi les murs n'ont pas bougé ? Demandais-je.

Newt avale sa purée. Il se passe une main dans les cheveux puis hausse les épaules. Encore un fichu mystère dans ce foutu labyrinthe. Comment les blocards ont-ils pu vivre ici pendant deux ans sans devenir totalement fou à force de chercher une sortie ? Ça me dépasse.

A la fin du repas, on prépare deux grosses assiettes qu'on apporte à Minho et Alby. Ils sont tous les deux au chevet de Nick. Chacun d'un côté du lit. Les yeux plongés dans la contemplation de leur ami assoupi.

- Room service, lançais-je en poussant la porte délicatement.

Je dépose une assiette sur le chevet tandis que Newt apporte l'autre à Alby.

- Tenez les gars, ça vous fera du bien, dit-il doucement.

Les garçons acquiescent et commencent à manger. On s'assied en tailleur au pied du lit. Nick est bien plus calme. Les Medjecks l'ont ficelé au matelas avec de la grosse corde. Une seringue semblable celle dont je m'étais servi pour m'effacer la mémoire est posée sur le chevet. Je crois même apercevoir "WICKED" d'écrit sur la bague. Bizarre.

- C'est la boite qui fourni le remède à la piqûre ? Demandais-je, en désignant le cylindre métallique.

Les blocards hochent la tête en silence. Je me connecte aux pensées de Newt, espérant y trouver plus d'information. Il songe au futur et à Gally. Il le revoit lui aussi se tordre de douleur sur le lit. Comment Gally a-t-il pu se faire piqué ? Il n'est pas coureur. Bizarre.

"A quoi tu penses ?" Me demande-t-il mentalement.

J'aimerais lui répondre mais comment ? Je ne peux que lire ses pensées pas lui envoyer les miennes !

"J'aimerais pouvoir le savoir."

Il pivote vers moi. Je lui souris tristement.

- Vous devriez aller dormir, dis-je à Minho et Alby. On prend le relais

Il quitte la salle, leurs assiettes à la main. Alby me remercie d'un petit hochement de tête et ferme la porte derrière lui. Je prend la place de Minho, prêt du chevet, côté porte.

- Je pensais au remède, dis-je en saisissant la seringue.

Les lettres WICKED étaient belles et biens gravées sur la bague argentée. Méchant. Il n'y a pourtant rien de méchant là dedans. Au contraire, c'est un antidote ! C'est incompréhensible ! Comme si on avait écrit "DANGER" en grosses lettres rouges sur une boite de bonbons.

- Pourquoi c'est écrit absolument partout ? Ruminais-je en passant la seringue à Newt.

- J'en sais rien. Probablement une blague entre les gens qui nous ont fermé.

- Faudra penser à leur demander de nous la raconter en sortant, raillais-je.

Il soupire, un sourire en coin fendant son visage. Il passe une main dans ses cheveux, attrape sa chaise et vient s'asseoir à côté de moi. Je pose ma tête sur son épaule, fatiguée. Mes pieds ramenés contre ma poitrine. Je triture le médaillon entre mes doigts.

- Tu l'as ouvert ? Demande-t-il, la main dans mes cheveux.

- Ouais.

- Et ?

Je ne répond pas. Mon coeur se déchire de nouveau en me souvenant de nos adieux dans ce couloir. Avant qu'ils ne l'envoient dans le labyrinthe. Avant qu'ils me privent de sa présence. Jamais je ne pourrais survivre à cette même privation. J'avais déjà failli devenir folle en l'attendant toute la journée devant la porte Ouest alors qu'est-ce-que ça serait si je ne pouvais pas le voir, pas lui parler pendant des jours ? Des semaines ? Des mois ? J'avais du vivre cette détresse pendant deux longues années. Par chance, je ne m'en souviens pas. Au moins une bonne chose à retirer de mon amnésie.

- Qu'est-ce-qu'il y avait dedans ? Insiste-t-il en posant sa tête sur la mienne.

- Rien.

- Je ne te crois pas, rétorque-t-il calmement.

Je soupire mais n'ajoute rien. Il n'a pas besoin de savoir. Je me blottis contre lui, essayant d'oublier un peu les horreurs de la journée.

*

J'entends la porte grincer derrière moi. Je me redresse brusquement. Je me suis assoupie, appuyée sur la table de chevet. Jeff entre, les yeux gonflés par le sommeil.

- Je vais le surveiller, chuchote-t-il. Allez dormir.

Je m'exécute et suis Newt hors de la chambre du malade.

- J'ai pas de sac de couchage, réalisais-je soudain.

Newt me fait signe de la suivre, un doigt sur les lèvres. On se faufile entre les blocards. Il fait nuit noire derrière les fenêtres. Je regarde ma montre à la lueur de la lune. 23h et bah ! On va être frais demain matin ! Newt me guide jusqu'à un placard dont il extrait deux duvets. L'un d'eux est marqué d'un N vert sur la housse. Il regarde autour de lui. Il ne reste pas une seule place dans toute la pièce. Il se dirige vers la porte mais je le retiens et lui fait signe de me suivre. Il tapote sa tête. Je me glisse dans ses pensées où le tableau noir a réapparu.

"Je ne peux pas."

Je fronce les sourcils et lui fait de nouveau signe de me suivre. Il insiste. Je lui force la main, lui volant son sac de couchage et il fini par céder, comprenant que je ne lâcherais pas l'affaire.

"T'es une vrai tête de mule", grogne-t-il mentalement.

- Je sais, chuchotais-je en entrant dans la salle du conseil.

On déroule nos sacs de couchage, l'un à côté de l'autre. Je me couche dans le mien, dos à lui. Mais j'ai envie de le voir. C'est une sensation étrange qui me traverse, réclamant que je me retourne. Incapable de résister, je roule sur moi-même pour lui faire face. Lui aussi c'était mit dos à moi. Il pivote et nous voilà face à face. L'air chauffe. Je me sens à la fois sereine, en sécurité et tendue. Il passe une main dans mes cheveux. Je rapproche mon sac de couchage du sien. Il fait de même. Seules deux épaisseurs de duvet nous séparent. Encore une fois, je cède à cette sensation étrange et m'avance pour l'embrasser. Il sort les bras de son duvet pour me serrer contre lui. Je fais de même. Nos corps sont liés. Notre étreinte se fait plus farouche.

- Qu'est-ce-qui nous prend ? Chuchote-t-il entre deux baisers.

- J'en sais rien, répondis-je.

- Je crois que je t'aime.

- Je crois que moi aussi.

Je l'embrasse de nouveau et bascule au dessus de lui. A trois quarts sortie de mon sac de couchage. Il se redresse en position assise, sortant lui aussi de son duvet. Il est torse nu, seul mon t-shirt nous sépare désormais. Je tire sur la fermeture de son duvet tout en me séparant du mien pour me rapprocher encore plus de lui. Il m'attrape par les hanches, m'attirant à lui. Je l'embrasse. Il m'embrasse. La sensation étrange envahi la totalité de mon corps, elle guide mes mouvement, me tord l'estomac et me vide la tête. C'est comme si tout mon être était focalisé sur lui et lui seul. A califourchon sur ses jambes, on continu de s'embrasser, ses lèvres glissent sur mon cou, mes bras agrippent son dos. Il revient lentement sur ma bouche. Je glisse à mon tour le long de sa joue, de sa mâchoire, des ses épaules musclées.

- Il faut qu'on arrête, souffle-t-il.

- Je sais, répondis-je en l'embrassant toujours plus.

Il me rend toujours mon étreinte.

- Vraiment ou ça va mal tourné, dit-il entre deux baisers.

- Je crois que je m'en fou, rétorquais-je encore.

- Nora, vraiment, dit-il un peu plus sérieux sans pour autant me repousser.

Un mouvement plus bas attire mon regard. 

- Ah, lâchais-je simplement en souriant, gênée et amusée.

On se regarde un court instant qui pourtant pourrait duré une éternité puis éclatons de rire. Un rire malgré nous sonore.

- Je suis désolé Newty, mais je préfère éviter de finir en cloque, ricanais-je.

- Tu m'étonne, rit-il à son tour. Je vais prendre une douche.

Il s'éclipse par la fenêtre tandis que je retourne me lover dans mon duvet. Je m'endors avant son retour.

***

Nouveau chapitre un peu caliente. J'espère que ça vous plait. N'hésitez pas à voter. Bisous !

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