Chapitre 16

Au bout du quatrième jour de recherche, nous avons découvert six mots : FLOTTER, ATTRAPER, SAIGNER, MOURIR, RAIDIR, POUSSER. Etranges, intrigants et malheureusement sans queue ni tête. Attablée avec Minho et les autres coureurs au matin du cinquième jours, je les tourne et retourne dans ma tête sans réussir à leur trouver un sens. J'essaie de trouver des anagrammes, des mots cachés, des liens mais rien. Rien du tout. On dirait une devinette idiote ou simplement un attrape couillon. Je soupire en vidant pour la énième fois le contenu de ma cuillère dans mon assiette.

- Tu m'explique ce qu'il se passe ? gronde Minho.

- Ça m'agasse de ne pas comprendre.

- On est à deux doigts de trouver la solution et tu râle encore ?

- Oh la ferme, soufflais-je en lâchant ma cuillère.

Il me lance un regard noir. Je baisse les yeux, réalisant mon agressivité et ma mauvaise humeur. 

- Excuses moi, soupirais-je. J'ai mal dormir.

- Ouais, bah va falloir te détendre où tu vas finir au gnouf, rétorque-t-il.

- Et te laisser courir tout seul ? Nan, j'aurais trop peur que tu te perdes.

Il lève les yeux au ciel tandis que je souris, fière de ma blague en rejoignant la porte Ouest. Je lance un regard à Newt qui s'élance en direction de la section 1 avec Ben. Je lui fais un signe de main et l'aperçoit me répondre d'un hochement de tête. Je me connecte à ses pensées tandis que l'on entre dans le labyrinthe. Il pense à moi, je vois mon image flotter dans son esprit tandis qu'il parcourt les couloirs. Ses murs semblent plus clairs que dans les notre - peut-être à cause du soleil qui vient de se lever. Je reviens à moi près de l'entrée du secteur 8.

Durant plusieurs heures, on slalome en silence entre les murs. Au alentour de dix heures, après un demi tour dans un énième cul de sac, on se dirige vers la droite, longeant les murs couverts de lierre quand soudain, on tombe nez-à-nez avec un griffeur. Nous reculons brusquement. Minho part en courant dans la direction opposé. Je reste là statique. Quelque chose cloche. Le corps gélatineux de la bête semble trop plat, ses piquants sont à moitié rétractés comme si la chose était assommée.

- Minho ?

- Amènes-toi avant qu'il se réveille, rétorque le maton.

- Je crois qu'il est mort, rétorquais-je.

- Hein ?

Il s'approche de la bestiole, la détaillant lui aussi. Je sens la peur lui serrer l'estomac. Je reste étonnamment calme par rapport à la situation. "A tout moment elle peut se réveiller et te tuer mais toi tu préfère jeter un coup d'oeil" songeais-je.

- Il faut qu'on rentre, lance Minho. On peut pas se permettre de passer devant ce truc.

J'acquiesce et nous revenons sur nos pas. Il est à peine deux heures de l'après midi lorsque nous regagnons le bloc. Newt et deux autres coureurs sont eux aussi revenus. Les blocards se massent autour d'eux. On traverse la foule pour venir aux nouvelles.

- Il était mort, j'en suis sûr, raconte un garçon d'un bon mètre quatre-vingt dix.

- De quoi vous parlez ? Demande Minho.

Les regards se tournent vers nous.

- Des griffeurs, mec. On en a trouvé un chacun. Mort.

- Vous aussi ? M'étonnais-je.

Les garçons acquiescent. Je vois dans chaque esprit un griffeur semblable à celui que nous avons croisé.

- Quatre griffeurs morts. Ça peut pas être une coïncidence.

- Qu'est-ce-que ses tocards attendent encore de nous, grommelais-je.

Les blocards me dévisagent.

- Quoi ? C'est bien les créateurs qui les ont mit dans le labyrinthe, qui vous dit que ce n'est pas un piège ? C'est hyper calme depuis deux jours.

- C'était calme aussi avant que tu débarque, rétorque l'un des trancheurs.

- Fermes là, tête de pioche, rétorque Minho avec un regard noir au garçon brun.

Nick débarque enfin, accompagné par Winston. Il disperse les blocards et convoque le conseil. De nouveau, je me retrouve dans la pièce poussiéreuse aux fenêtres crasseuses. Mais cette fois je ne suis pas sûr le banc des accusés mais celui des témoins en compagnie de trois de mes collègues.

Chacun raconte sa version des faits. Dans tous les cas, on retrouve le même schéma : un griffeur mort en plein milieu d'une section, nous empêchant de poursuivre l'exploration.

- Est-ce-que vous avez remarqué autre chose d'inhabituel ? Demande Poêle-à-frire.

- Non, répond Minho en écho à mes propres pensées.

- Et s'ils bloquaient une sortie ? Propose le maton des torcheurs.

L'idée fait le tour du groupe en un chuchotement de plus en plus fort. Moi même je suis frappée par cette sujétion. Et si on avait loupé la seule chance de sortir d'ici en deux ans ? Et si les blocards restaient coincés ici parce qu'on a eu la frousse de se faire bouffer par un griffeur ? La culpabilité me ronge, je sens la tension parcourir les autres coureurs. Minho fixe Newt qui lui même le dévisage. J'alterne le regard entre mes deux amis qui ont l'air de mener une discussion silencieuse. Je me glisse dans la tête de Newt. Il se repasse chaque centimètres du labyrinthe et visualise le plan de ce dernier. Il ne panique pas. Il est parfaitement calme comme s'il maitrisait la situation. Il cherche à imbrique les pièces du puzzle, repassant tous les évènements récents dans son esprit, de mon arrivée à aujourd'hui.

On en revient toujours au même : Nora qui déboule dans le bloc et fout la merde. Qu'ai-je bien pu faire pour que les évènements s'enchaînent si vite ?

- Bon, on va pas se torturer, annonce Nick. Demain vous retournerez dans le labyrinthe, et si les griffeurs sont toujours là, on avisera.

*

En sortant de la salle du conseil, tout le monde est silencieux. Il est encore tôt, à peine trois heures. Je ne sais pas quoi faire de ce temps libre. En passant devant l'une des portes, je me souviens des paroles de Gally. La transformation. Le pic du griffeur était à ma porté ! J'aurais pu la subir de mon plein gré ! Oui, mais Minho aurait dut me porter jusqu'au bloc et il m'est inenvisageable de le mettre en danger.

Je suis les garçons jusqu'à la salle des cartes. Chacun trace un demi plan de section. Les quatre autres coureurs ne sont pas encore revenus. Il reste encore plusieurs heures avant la fermeture des portes. Après avoir tracé un demi plan - qui correspond à celui tracé deux mois plus tôt - on décalque et superpose les plans d'il y a trois mois. Au bout de deux mots identiques, on laisse tombé. Le schéma est revenu à zéro. On a déjà trouvé tous les mots. 

FLOTTER, ATTRAPER, SAIGNER, MOURIR, RAIDIR, POUSSER. Je les retourne de nouveau dans ma tête. 

- On flotte sur l'eau, on attrape les gouttes, on saigne sur les rochers, on meurt noyé, on se raidit lorsque l'eau est froide et on pousse sur nos pied pour plonger.

- Quoi ? Demande Newt qui m'a entendu marmonné.

- Rien, je réfléchi.

- Répète s'il te plait, insiste-t-il.

- J'en sais rien, bafouillais-je. Je cherche un lien entre tous ses verbes. Genre l'eau : on flotte dessus, on attrape les gouttes, on saigne sur les rocher, on meurt noyé, on se raidit lorsque l'eau est fraiche et on pousse sur nos pied pour...

Plonger. Pourquoi ce verbe me parait d'un coup le plus important. Probablement parce que aucune de mes autres phrase de contenait un verbe autre que ceux de la liste. Je l'écrit sur un coin de ma feuille de recherche déjà noire de calcules et réflexions en tous genre.

- Newty, Min', dans quoi peut-on plonger ?

- L'eau, répond Minho du tac au tac.

- La falaise, ajoute Newt en suivant mon résonnement.

Un sifflement violent se déclenche dans mes oreilles. J'ai la tête qui tourne.

*

J'ai quatorze ans, je suis face au docteur Paige et son équipe. Thomas, Teresa, Aris et Rachel sont là eux aussi. On présente enfin le sujet 0 officiellement aux candidats du labyrinthe. Je suis le sujet 0. 

- Les enfants, lance le docteur Paige. Le labyrinthe est presque achevé. Il ne nous reste plus qu'à sécuriser la sortie de secours.

Un flash.

Nouveau souvenir. Je suis dans une salle face à un ordinateur. Seule cette fois si. On me demande de créer un moyen d'évasion du labyrinthe. J'ai peur. Je ne veux pas participer à tout cela. C'est hors de question. 

Un flash.

Un grésillement d'électricité, une douleur dans tout le corps, l'impression de bruler de l'intérieur. Une chaise de métal.

- Tu vas nous aider Nora, et ne plus tenter de t'évader, grogne Levitt.

- Promis.

- Je ne te crois pas.

Nouvelle douleur.

Un flash.

J'ai quinze ans, un large bandage autour de la taille, d'autres sur les bras.

- Voilà le code docteur Paige.

La femme blonde glisse l'enveloppe dans sa poche.

- Merci Nora. Maintenant retourne au laboratoire.

- Quoi ? Vous aviez dit que si je le faisais, les tests s'arrêteraient là ! Que j'irais dans le labyrinthe puis basta !

- Les épreuves commencent bientôt.

*

- Nora !

Une voix étouffée m'appelle. Je n'arrive pas à vraiment la comprendre. Elle est si loin. Mon corps aussi est lointain.

- Nora ! Réveilles-toi bordel !

- Newt...

J'arrive enfin à ouvrir les yeux, me redressant d'un bond. Les coureurs reculent d'un pas. Je suis couchée dans les bras de Newt qui me force à me rallonger.

- Putain tu m'as fait une peur bleue tocarde !

Newt me sert dans ses bras et me ramène lentement vers le sol comme pour poser avec délicatesse comme une poupée de porcelaine. Une migraine assourdissante me vrille le crâne.

- Qu'est-ce-qu'il s'est encore passé ? Grognais-je.

- Tu t'es évanouie tête de pioche, rétorque Minho.

- Combien de...

- Chut, m'arrête Newt en posant un doigt sur mes lèvres. Il faut que tu te repose. Je te ramène dans ta chambre.

- Attends, grognais-je en me redressant en position assise. Oh bordel, ce que j'ai mal au crâne.

- Tu m'étonne, ta tête a heurté le sol.

Je me masse les tempes, toujours maintenue par Newt qui est accroupit à ma droite. Minho me fixe d'un air tendu. Je me vois avec des cernes violacées, les yeux gonflés et le teint pâle dans son esprit. Il repense à mon effacement, le soir du premier jour. A la façon où je me suis écroulée d'un coup.

La porte grince en s'ouvrant, m'arrachant une grimace. Jeff arrive avec une mallette en plastique marquée d'une croix rouge.

- Alors, qu'est-ce-que tu nous as encore fait, ricane-t-il.

- J'en sais rien. De quoi on parlait déjà ?

- De plonger, répond Newt, avec un regard inquiet à Minho.

Jeff m'ausculte rapidement. La fraicheur du stéthoscope me réveille. Quand a-t-il apprit à se servir de ce truc ? Avant ou après son arrivée au bloc ? Il n'a pas plus de seize ans et à pourtant tous les réflexes d'un médecin.

- Tu devrais aller te reposer, annonce-t-il en se levant.

"Toi aussi" me retiens-je de rétorquer face à son visage fatigué.

Newt me soulève dans ses bras musclés. J'étouffe un petit cri tandis qu'il m'emporte vers la sortie.

- Je peux marcher, grognais-je.

- Pour que tu te vautre encore ? Pour une coureuse t'as vraiment deux pieds gauches.

Je lui lance un coup de poing rageur dans l'épaule, déclenchant son hilarité. La tête me tourne encore un peu.

- Minho, lançais-je en penchant la tête pour voir derrière Newt.

- Quoi ? demande le maton en quittant la salle des cartes.

- Amène mes feuilles et tes fesses dans ma piole, il faut qu'on parle.

***

Nouveau chapitre qui j'espère vous a plus, si c'est le cas, n'hésitez pas à liker et à commenter ! Bisous :)

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