Chapitre 12

Je m'éveille, à peine plus reposée que la veille. Mon corps tout entier est endolori. J'ouvre les yeux. Newt est assit dans son sac de couchage, les cheveux en pagaille, torse nu.

- Bien dormi marmotte ? Me demande-t-il.

Je m'étire, sentant les multiples coupures de mes bras réveiller la douleur. La lumière déjà filtre à travers la fenêtre.

- Il est quelle heure ? Grognais-je.

- Déjà huit heures passées. Minho va me tuer.

J'étouffe un rire. J'essaie de me redresser en grimaçant. Je me glisse hors des draps, m'asseyant sur le rebord du lit. Mes jambes sont couvertes de plaie et d'hématomes. La coupure de mon genoux fait grise mine.

- Faudra que tu passes voir Clint, commente Newt. Pour désinfecter.

Je soupire en acquiesçant. Combien de temps vais-je être coincée au bloc ? Comment puis-je être utile si je ne peux pas aller courir dans les couloirs du labyrinthe ?

Je laisses mes idées noires de côté et me relève en m'appuyant sur la table de chevet pour éviter de forcer sur ma jambe droite. J'avance lentement, testant la douleur. Je souris en réalisant que je peux marcher sans avoir mal.

Newt me soutient dans les escaliers,  une main autour de ma taille. Nous n'avons pas reparlé de cette nuit. S'est on vraiment embrassés ? J'ai l'impression que ce souvenir a été chassé de ma mémoire par la folie du reste. Le scaralame, la transformation, les réflexions de Nick, le regard des autres blocards... Tout se bouscule encore dans ma tête me faisant rater une marche et arriver sur les fesses.

J'éclate de rire en tapant dans mes mains. Pliée en deux, j'essaie de me calmer avant de me relever avec l'aide de Newt qui est tout aussi hilare que moi.

- Et bah ! Dit-il en passant la main dans ses cheveux. Tu t'es pas fait mal ?

- Non, répondis-je entre deux éclats de rire. Aide moi à me relever tombeur !

Il me hisse sur mes jambes avec une telle force que je me retrouve contre son torse. Je me décale, toujours hilare tandis qu'il rougit. On traverse la ferme pour rejoindre Poêle-à-frire et les jardiniers qui mangent tranquillement installés. Newt m'aide à m'installer à une table aux côtés d'Alby et de Nick. Il s'éclipse pour aller nous chercher de quoi manger.

- Bien dormi ? Demande Alby.

- Super, pestais-je. Je me suis fais attaquer par un foutu lézard, très agréable comme nuit.

Il pouffe de rire puis croque dans sa pomme.

- Et vous ? Dis-je en désignant les chefs du bloc. Encore désolée de vous avoir réveillé.

- Oh, nous ça va, c'est pour Minho que ça a été le plus dur.

- Il avait vraiment une tête de déterré en partant ce matin, commente Nick avec un sourire aux lèvres.

Je me sens soudain mal. Minho n'a pas dût dormir plus de quatre heures à cause de moi. Lui qui avait déjà prit ma défense lors du conseil va encore s'en prendre une version par les autres blocards en rentrant. Newt revient avec les bras chargés. Il pose le tout sur la table.

- Je sais pas ce que tu prends d'habitude, explique-t-il. Donc j'ai prit un peu de tout. Poêle-à-frire n'était pas ravi.

Mon regard croise celui du cuisto. Dur comme la glace. Je me mords la joue pour retenir un grognement. La culpabilité me ronge. Et si Newt se brouillait avec les autres garçons à cause de moi ? Comment se fait-il qu'ils ne m'aiment pas bordel !

- Merci, répondis-je simplement, masquant mon inquiétude.

J'attrape une pomme. Le jus me coule sur le menton. Les autres pouffent de rire. J'essuie ma bouche en riant avec eux. 

*

Suite à notre petit déjeuner, Newt m'accompagne voir les Medjacks. Clint m'accueille avec un vague salut de la main. Il détaille les multiples coupures qui courent sur mes jambes - dénudées par un short emprunté à mon ami - et mes bras.

- Tu vas me coûter cher en désinfectant toi, ricane-t-il.

- Je te promet que c'était pas mon but !

On rit. Puis il sort un gros flacon d'un liquide brun qui m'arrache une grimace. Le souvenir de la piqûre qu'inflige le désinfectant me fait regretter d'être passée à l'infirmerie.

- Ça va piquer, m'avertit-il.

- Sans blague ? Grognais-je.

Il  passe lentement et avec énormément de douceur un tissu imbibé de désinfectant. Je sers les dents pour retenir un grognement de douleur. Malgré son apparence rude, Clint fait très attention à chacun de ses gestes et essaie de ne pas me faire trop mal. Lorsqu'il passe sur la plaie de mon genoux, je me mord la lèvre en m'agrippant à la chaise.

- Tu as de la chance, lâche-t-il une fois son travail achevé. La plaie est fermée, pas besoin de cautériser.

- Encore heureux, ricanais-je. Tu crois que je t'aurais laissé me cramer la jambe ?

- On t'aurais pas laissé le choix, rétorque Newt.

Je le dévisage, septique. Croit-il vraiment être capable de me forcer à faire quoi que se soit ?

- Tu aurais préféré une infection ? Grogne-t-il.

Je secoue la tête, comprenant où il voulait en venir.

- Les créateurs ont le moyen de nous effacer la mémoire mais pas de nous donner un remède aux infections ? Ronchonnais-je.

Les garçons secouent la tête en même temps, un air sombre sur le visage. Combien de camarade ont ils perdus de cette façon ? Zappant cette idée de ma tête, je quitte la pièce accompagnée de Newt. Les garçons se sont tous massés autour de la boite. Je dévisage mon ami d'un air interrogateur.

- La boite a dut remonter. Ils vont décharger le matériel.

Une chaine humaine s'organise. Des provisions passent de mains en mains. Des sacs de farine, de nourritures. La chaine observe un croisement à mi-chemin, bifurquant vers un appentis où les bâtisseurs rangent leurs matériels. Des planches, un marteau, des boites de clou et d'autres matériaux remontent la chaîne. Impressionnée, je me dirige vers la boite pour voir ce qu'il peut y avoir d'autre. Gally en sort au même moment, sa besogne achevée, avec un sac de grosse toile sur le dos.

- C'est pour toi, grommelle-t-il en lâchant son fardeau à mes pieds. A croire que même là bas ils t'aiment bien.

Je ne relève pas, esquive son regard noir et me penche vers le sac. Je donne un coup de pied dedans pour m'assurer qu'il ne renferme pas un tocard de scaralame prêt à me sauter à la gorge. Newt pouffe de rire. Le sac est mou, comme rempli de tissu. Je l'ouvre. En effet, beaucoup de vêtement et tout un tas d'autre chose.

- Il faut vraiment que je file, me dit-il en posant une main sur mon épaule. Minho va me tuer si je zappe ma section ce matin.

- Je viens, répondis-je en délaissant le sac.

- Même pas en rêve ! Rétorque-t-il.

- Je suis coureuse ! 

- Apprentie coureuse, corrige-t-il. Et blessée. Tu reste ici aujourd'hui. Je reviens vite. Profites en pour fouiller ce sac. Demande un coup de main à Jeff si tu as besoin.

Avant même que j'ai pu le contredire, il part en courant vers la porte nord.

- Tocard, grognais-je.

*

Je pose le sac sur mon lit puis défais de nouveau la corde qui le ferme pour commencer à vider son contenu. Des t-shirts, une veste, des pantalons - bien mieux coupés que ceux des garçons - et une paire de basket blanche semblables à celle que Minho m'avait donné. Une brosse à cheveux, des élastiques et des protections hygiéniques. Un sacrée starter pack. Mais au moins je n'aurais plus à me soucier de comment attacher mes cheveux lorsque je pars courir. J'organise le tout dans ma commode. 

Je vérifie que le sac est bien vide en le secouant. Une étoffe bleue nuit en tombe. En la dépliant je reconnais une robe. Ma robe. Je l'ai déjà porté, j'en suis sûr. Un vague souvenir s'impose à ma mémoire : une pièce blanche, des adultes assit en arc-de-cercle qui me fixent. Leurs visages ne me reviennent pas. De chaque côté de moi se tiennent respectivement une femme blonde à la peau pale - le docteur Paige - et Levitt. Impossible de me souvenir du sujet de la conversation, seulement que c'était très officiel et sérieux. Du genre d'une entrée à la fac ou d'un entretient d'embauche bien que je pense ne jamais en avoir passé.

Je caresse le tissu. Pourquoi les créateurs m'apporteraient-ils un souvenir du passé alors qu'ils ont tentés de m'effacer la mémoire hier ? Ça sent le piège à plein nez. Je fouille les poches dissimulées dans les côtés de la robe. Je sens quelques choses de froid à l'intérieur. Retirant vivement ma main, je recule. Encore une foutue seringue ? Ou pire ?

J'attrape un t-shirt pour protéger ma main et retourne chercher l'objet. J'extrais de la poche une fine chaîne en argent assortie d'un petit médaillon. Décoré de gravure en bas relief, le pendentif est rond et pas plus gros que le cadrant de ma monte. Une charnière sur le côté m'indique que je peux l'ouvrir. Intriguée mais aussi méfiante, je décide de le garder dans ma poche en attendant le retour de Newt. Qui sait ce qu'il renferme ?

***

Nouveau chapitre un peu plus calme :)


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