[Pʀᴏʟᴏɢᴜᴇ: ʟ'ᴇxᴘᴇ́ʀɪᴇɴᴄᴇ]
La jeune fille brune était là, étendue sur le lit d'hôpital. Elle dormait profondément, sa respiration constante étant le seul bruit qui régnait dans la pièce lumineuse.
Deux hommes entèrent alors. Le premier, le gérant du laboratoire, semblait curieux. Le médecin qui l'accompagnait le guida jusqu'au lit et tous deux se mirent à observer la fille en parfaite santé.
- C'est un beau prototype que nous avons là! S'exclama le gérant, satisfait. Un prototype apte à de nombreux tests.
- Comment ça, un prototype apte à de nombreux tests? Protesta le médecin. Il ne s'agit pas d'un rat de laboratoire, mais d'un sujet humain et unique.
- Vous m'avez expliqué l'autre jour que...
- Peu importe! S'exclama le scientifique. Nous avons beau en avoir... profité pour expérimenter de nouvelles découvertes, cette fille reste tout de même en dehors de ces histoires.
- Très bien, envoyez la dans le labyrinthe, dans ce cas.
- C'est contraire à la logique des choses, répliqua le médecin. La chancelière a un programme que nous devons suivre à la lettre.
- Alors ne l'envoyez pas directement avec les autres sujets. Envoyez la dans le labyrinthe, insista le gérant. Sinon, qu'allez vous en faire? Elle pourrait être extrêmement utile.
- Très bien, c'est à discuter, céda le médecin. Il nous faut en parler avec la chancelière. Mais n'oubliez pas que ce n'est pas une expérience!
- En quoi consistait l'opération, dans ce cas? Demanda le gérant.
- À la sauver. Cette jeune fille...
Soudain, un mouvement les fit sursauter. Sur son lit d'examen, la fille s'était brusquement redressée. Les gardes à l'entrée accoururent précipitamment et braquèrent leurs armes sur elle.
- Que m'arrive t'il? Ou suis je? Paniquai t'elle.
- Baissez vos armes! S'écria le médecin en se précipitant au chevet de la patiente.
- Comment te sens tu? Lui demanda t'il.
Confuse, elle fronça les sourcils et porta une main hésitante à sa nuque.
- Je me sens... bien. Je me sens bien, souffla la fille. Mais je vais me...
Elle ne put terminer sa phrase, elle s'endormit littéralement debout. Le médecin la rattrapa pour la rallonger doucement.
- Ça a marché, lâcha t'il. Ça a très bien marché, même.
- Vous savez très bien que tout cela va intéresser Ava Paige, déclara le gérant en se dirigeant vers la porte. C'est évident. Cela constitue une avancée énorme dans les recherches.
Le médecin soupira. Il jeta un coup d'œil anxieux au sujet A0, qui dormait paisiblement. Et c'était certainement ses derniers instants de tranquillité.
Second soupir de la part de l'homme. Il avait beau ne pas approuver le fait qu'elle puisse être utilisée pour les projets du WICKED, il devait bien reconnaître qu'elle était unique.
Il quitta la pièce à la suite des autres.
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Le médecin observait la jeune fille. En quelques semaines seulement, elle s'était complètement remise de son opération. Elle s'entraînait au lancer de couteau et au tir à l'arc.
Quelque chose de peu courant: la plupart des sujets qui s'entraînaient au combat choisissaient de s'assurer une maîtrise parfaite du maniement de la lance et de la dague.
L'homme se mit alors à penser aux sujets prisonniers du Labyrinthe. L'envoi des jeunes avait commencé depuis déjà des années. Aujourd'hui, il n'en restait que quelques uns.
Et elle en faisait partie, bien qu'elle n'ait jamais été prévue pour cela. Seulement, la décision était prise, et le médecin ne pouvait rien y faire, elle allait être envoyée dans le Labyrinthe. Bientôt.
Après des examens, Ava Paige avait assuré qu'elle s'en sortirait avec succès et qu'il y avait de fortes chances qu'elle soit plus performante que les autres. En d'autres termes, la femme était fascinée par ce « phénomène » comme elle l'appelait.
La fille n'avait rien dit. Elle ne disait rien et n'ouvrait presque jamais la bouche. Elle semblait vide. Plus étrange encore: elle semblait accepter son sort. Elle avait été présente à toutes les réunions la concernant, et jamais elle n'avait protesté ou manifesté le moindre signe de peur ou de désaccord. Comme si elle n'en avait pas conscience.
Elle ne lui adressait même pas la parole, à lui. Quand ils se croisaient, son regard glissait sur lui comme s'ils ne se connaissaient pas. Elle avait la même routine tous les jours: se lever, manger, s'entraîner, faire des tests, manger, dormir. Rien d'autre. Comme... comme un robot programmé.
Cette comparaison lui glaça le sang et il éloigna toute pensée a propos de son opération et du comportement qui avait suivi.
Alors qu'elle sortait de la salle d'entraînement, en sueur, une autre jeune fille la rejoignit. Le médecin sourit. Elle était la seule à qui elle adressait la parole, ainsi qu'un autre jeune homme. Les trois étaient inséparables. Et la chancelière semblait beaucoup tenir à ces trois sujets en particulier.
Les deux amies se saluèrent et discutèrent un moment avant de se séparer. Le médecin s'approcha de sa patiente et lui posa une main sur l'épaule pour qu'elle se tourne vers lui.
- Ne me touchez pas! S'exclama t'elle en reculant vivement.
Il s'écarta et leva les mains en signe de paix. Voyant qu'elle le fusillait toujours du regard, il laissa retomber ses bras le long de son corps.
- Tu n'es plus la même, déclara le médecin.
- Comment voulez vous que je sache de quoi vous parlez? De celle que j'étais, visiblement? Rétorqua t'elle.
Elle fronça les sourcils et baissa la tête, tout d'un coup soucieuse et triste. Elle se détourna et fit mine de partir, mais elle s'arrêta une seconde.
- Je ne sais même pas qui je suis, murmura t'elle.
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