Et je partis sans me retourner. J'essaya de retenir mes larmes, juste assez longtemps pour ne pas m'humilier plus que je ne le suis déjà. Je sentis la première larme couler et cette sensation, que je connais si bien m'envahit complètement. Il faut que je me calme et que j'essaye de rester rationnel. Qu'est-ce que je vais faire maintenant ? Je n'ai aucune envie de voir Gally, Newt ou même Alby. Je veux sortir d'ici, obsessionnellement, j'ai besoin de sortir de cet endroit toxique pour moi. Mais dans l'immédiat je veux juste savoir si Minho va bien. Je me dirigea vers l'infirmerie, en essayant tant bien que mal d'échapper aux regards des autres blocards. Qu'est-ce qu'ils pensent ? Que c'est de ma faute si Newt et Minho se sont battu ? Encore ? Il faut que je me sorte ça de la tête, faire comme si ils n'existaient pas, comme si ce qu'ils pensaient n'avait pas d'importance. 

J'arriva devant la porte de l'infirmerie et j'hésita un instant. Entrer, ne pas entrer ? Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Désolée que mon copain t'ait tabassé à cause de moi ? Je resta là un instant, la main posé sur la poigné de la porte. Je tourna la tête sur le côté et je vis arriver le bleu qui marchait dans ma direction avec un air décidé. Je ne réfléchis pas plus longtemps et j'entra avec précipitation dans l'infirmerie en claquant quasiment la porte derrière moi et en mettant le verrou avec panique. 

je me tourna lentement vers l'unique lit utilisé, occupé par Minho, ayant bien conscience que je devais sûrement passer pour une folle. 

-Tu me surprendras toujours, dit-il avec un léger sourire. Clint est partit chercher des trucs en cuisine, tu sais qu'il va pas pouvoir rentrer ? 

Je voulu répondre mais je fus coupé par des coups à la porte. 

-Larra, ouvre moi ! Explique moi ! Et qu'est-ce que tu disais à Gally dans la forêt ? Je vous ai vu partir vers là bas, tu semblais même pas te préoccuper de la situation ! Hurla Mickael. Je comprend rien, personne ne me dit rien !

J'échangea un regard avec Minho, il sembla comprendre pourquoi j'étais entrée si précipitamment. Je le supplia du regard de parler à ma place, il leva les yeux au ciel et soupira. 

-Vire de là le bleu, t'auras sûrement des réponses demain. Tu vas juste réussir à réveiller tout le Bloc. Va dormir, et en passant si tu croises Clint, dit lui d'aller dormir aussi, que je vais bien. 

-Mais... 

-Maintenant le bleu ! Dit Minho en haussant le ton, avec cette voix autoritaire que tout le monde écoute. 

Rien ne se passa pendant quelques secondes, puis on entendit des pas s'éloigner. Minho tourna la tête vers moi et me fixa avec intensité. 

-Gally ? Demanda-t-il en levant les sourcils.

Je baissa immédiatement les yeux, puis les releva en affrontant son regard. 

-Newt ? Renchéris-je. 

On sembla se comprendre l'un l'autre. Je m'approcha du lit et je m'assis à côté de lui. 

-Comment tu vas ? 

-Ça va, j'ai rien de cassé. Il m'a bien démolit l'estomac et le nez mais je vais bien, j'en dirait pas autant de sa mâchoire, ajouta-t-il avec un sourire. 

Il dû voir la lueur d'inquiétude qui traversa mon visage car il essaya de se rapprocher de moi, mais il se stoppa en grimaçant.  

-Rien de cassé, tu disais ?

-Je vais bien, dit-il fermement. 

J'allais renchérir puis mon regard croisa le sien et je compris ce qu'il n'osait pas dire à l'oral : comment est-ce qu'on en est arrivé à ça, Larra ? 

-Je voulais pas que tu te battes avec lui, dis-je après un silence, sur un ton d'excuse. 

-Je sais bien, c'est pour ça que je t'ai poussé contre Gally, je me doutais qu'il te retiendrait d'intervenir, mais j'ai loupé un épisode il parait. 

Ce putain de bleu, il pouvait pas la fermer ? Trop dur pour lui apparemment. 

-Il y a rien à dire. 

-Raconte moi, Larra tu sais que je ne te jugerai pas.

-Parce que tu penses quoi ? Que je l'ai embrassé ? Encore ? Tu me portes si peu dans ton estimes ? Dis-je en me levant. 

-J'en sais rien Larra, t'as peur, t'es triste et à moitié bourré. 

L'entendre le dire à voix haute me fit l'effet d'un coup de poing. Il faut que je prenne l'air et que je respire un grand coup. Minho semblant comprendre en me voyant chercher mon souffle et il se leva en grimaçant et me prit dans ses bras. 

-Je sais que tu l'as pas embrassé. Allez vient on va prendre un peu l'air, murmura-t-il. 

On descendit les marches, lui en s'appuyant à moitié sur moi, moi essayant de contrôler la crise de panique qui me menace depuis quelques temps. L'air frais de la nuit m'apaisa et je pu enfin reprendre mes esprits.  

-Il... Il m'a dit qu'il fallait que j'ai le choix, il a commencé à délirer à moitié en me disant que Newt me correspondait pas, qu'en gros il était mieux pour moi que lui. Minho je sais même pas ce qu'il se passe en ce moment, il m'a fait boire, il a quasiment lui même organisé cette bagarre, je suis tellement perdue... 

Je luttais tant bien que mal pour ne pas m'effondrer en larme une nouvelle fois. Il faut que j'essaye de sortir la tête de l'eau et essayant de ne pas me noyer au passage. Je vis dans les yeux toute la pitié et la compassion qu'un homme est capable de partager, même si je n'ai plus personne je l'ai toujours lui. 

-On en discutait avec Newt cet après-midi, il m'avait parler de ses soupçons pour les sentiments de Gally envers toi. Il faut que tu sois forte. Il a raison sur un point, tu as le choix, Larra. 

J'avais l'impression que la Terre tournait autour de moi, tellement j'étais à bout. 

-Et si j'ai pas envie de choisir ? 

Je sentis un énième larme couler sur ma joue, il faut que ce soit la dernière, je n'arriverai pas à rester comme ça plus longtemps. Je bascula la tête en arrière pour observer les étoiles en passant mes mains dans mes cheveux. En les reposant je vis des mèches de cheveux bruns dans mes mains. Je les observais avec stupeur, je ne m'étais même pas sentis les arracher. Je vis la main de Minho prendre la mienne avec douceur. On échangea un regard qui voulait dire plus que tous les mots réunit. 

-Tu vas t'en sortir Larra, il faut que tu y crois. Tu verras, tu vas discuter avec Newt demain, tu lui raconteras tout, vous en parlerez et tout sera réglé. 

-Tu penses que ce sera aussi simple que ça ? Et Gally ? Et Alby ? J'arrive plus à faire la part des choses Minho... C'est trop dur, murmurais-je. 

Il réfléchit un instant, se leva et me prit par la main, m'insistant à le rejoindre. Une fois debout, il m'amena dans les champs, loin de tous les bâtiments, au centre de tout. Il s'assit sur ses genoux et regarda le ciel, comme si il faisait une prière. Il ne dit rien de plus, il observa juste les étoiles sans une parole. Je m'assit de la même façon que lui à ses côtés, à regarder les astres briller. 

-Tu penses parfois à ceux qui nous ont enfermés ici ? 

Je réfléchis quelques secondes à la question, pensivement. 

-A vrai dire non pas du tout, je trouve la vie ici déjà assez horrible pour m'obliger à y penser. 

-Moi j'y pense constamment, murmura-t-il après une courte pause. Quand je suis dans le Labyrinthe, quand on mange tous ensemble, quand je m'apprête à dormir le soir, quand je te vois totalement ravagée comme je te vois maintenant. Ces gens ont un but, un objectif, ou est-ce qu'ils ressentent juste de la satisfaction à l'idée de nous voir souffrir ? En quoi est-ce que brisé la vie d'adolescent comme ils le font peu aboutir à quelque chose ? 

Je tourna la tête un instant et je vis une unique larme couler sur sa joue. Lui qui sourit tout le temps, qui est toujours joyeux, qui a toujours un sourire aux lèvres, est aussi brisé que les autres en fin de compte. 

-Où est-ce que tu veux en venir, Minho ?

Il arrêta lui aussi de contempler les étoiles et croisa mon regard. 

-Vit, Larra. Ne te laisse pas atteindre pas Alby, par Gally, par tous les autres... Ne leur donne cette satisfaction. Il faut que tu sois forte. 

-J'y arrive plus, dis-je en secouant la tête. C'est trop dur, je ne suis pas comme toi, je suis faible, émotive, lâche... 

-Tu es sensible, me coupa-t-il. Et c'est pour ça que Newt t'aime, et qu'il t'aimera toujours. C'est quelque chose qu'on ne peut pas t'enlever, il faut que tu en fasses une force. 

J'ai envie d'hurler, d'évacuer ma douleur par n'importe quel moyen, pourvu que ça marche. J'ai l'impression de comme suffoquer de l'intérieur, et le fait d'entendre ma douleur à voix haute me fait encore plus de mal, comme si j'évacuais quelque chose de beaucoup trop gros. 

-Je sais ce que tu ressens, je l'ai ressentis aussi. Et le Labyrinthe m'a aidé, d'une certaine façon. C'est un échappatoire, Larra, c'est mon échappatoire. Je ne sais pas si ça peut t'aider, mais autant tenter le coup, tu n'as rien à perdre. Je ne peux pas continuer à te voir comme ça, sans vie. 

J'ai comme une envie de plonger ma tête dans une bassine remplit d'eau froide, pour atténuer mes pensées, mes sentiments, pour atténuer tout. 

-Ok Minho, dis-je en essuyant les larmes qui coulaient sur mes joues du revers de la main. Je veux bien essayer. Si ça peut me permettre d'aller mieux, d'évacuer, je suis prête à tout. J'irai dans le Labyrinthe.