Préparer ses armes

- Altéria, concentre-toi ! cria Camexen depuis la barrière sur laquelle il était assis, à ce rythme c'est toi que l'on servira rôtie ce soir.

La jeune femme laissa échapper un sifflement entre ses dents tout en tâchant de maintenir le bouclier de glace qui les protégeait, elle et Rymian, du geyser inépuisable de flammes que Saosa déversait sur elle depuis plusieurs minutes. Elle sentait son don de saphir faiblir à mesure qu'elle s'épuisait et son emprise sur l'eau lui échappait petit à petit sans qu'elle ne puisse rien y faire. Rymian, de son côté, semblait plongé dans ses pensées, comme incapable de bouger et inconscient du danger qu'il encourait si la glace venait à lâcher complètement sous les assauts infernaux.

- Maintenant serait vraiment le bon moment, grogna Altéria en réduisant la surface du bouclier pour focaliser ses forces là où elles étaient nécessaires.

- Essaie de trouver une faille dans l'esprit de quelqu'un qui a appris dès l'enfance à te cacher ses pensées et nous pourrons en rediscuter, répondit le jeune homme sur le même ton sans même prendre la peine d'ouvrir les yeux.

- Tu peux toujours essayer ! cria Saosa par-dessus le tumulte des flammes, mon esprit est une véritable forteresse ! Jamais tu n'entreras !

- Saosa, toi aussi reste concentrée sinon...

Leur nahori n'eut pas même le temps de finir sa phrase que Rymian relevait la tête brusquement vers sa jumelle avec un sourire aux lèvres.

- Je te tiens.

Le torrent de flamme cessa brutalement et Saosa chancela une seconde comme frappée par un brutal malaise. Altéria ne lui laissa aucune chance de reprendre ses esprits. Relâchant un instant l'emprise du Nolensat sur la glace, elle laissa le bouclier reprendre sa forme aqueuse avant de le projeter sur son adversaire pour la prendre au piège d'une prison qui se solidifia sitôt au contact de Saosa qui commença immédiatement à se débattre pour briser l'étreinte gelée.

- Et voilà ce qu'il arrive aux fanfarons, déclara Camexen en quittant son perchoir pour se rapprocher de ses pupilles, tu avais l'ascendant sur eux jusqu'à ce que tu décides de tout gâcher.

Altéria s'empressa de libérer sa camarade de l'étreinte glacée et puisa dans ses dernières forces pour extraire le maximum d'eau des vêtements trempés de Saosa. Cette dernière lui adressa un franc sourire avant de passer sa main autour des épaules de la niméenne.

- Mais que de progrès depuis le soir où tu n'étais pas certaine de pouvoir me dégeler le bras, admira-t-elle avec sincérité, j'aimerai bien avoir une évolution aussi explosive que la tienne !

- Si tu n'en faisais pas qu'à ta tête et que tu écoutais les conseils qu'on t'apporte peut-être que cela arriverait, proposa son frère avec sarcasme.

- Je ne veux strictement rien entendre de la part de quelqu'un qui repose l'intégralité de son attitude de combat sur ses capacités physiques et qui ne fait aucun effort pour utiliser ses dons.

Rymian poussa un soupir et commença à s'éloigner pour aller récupérer l'outre d'eau qu'il avait posé auprès de la barrière. Cela n'empêcha pas pour autant sa sœur de continuer à lui déverser un torrent d'explications sur son manque d'implication dans l'utilisation de ses pouvoirs au combat. Altéria de son côté, s'était accoudée sur le large rebord de la fenêtre de la cour d'entraînement des gardes impériaux que Merim leur avait proposé d'utiliser autant qu'ils le souhaitaient. Le spectacle attirait d'ailleurs souvent les plus jeunes recrues de la garde qui venaient régulièrement admirer les Enartiens à l'œuvre. Le grand terrain d'entraînement, situé dans l'enceinte du palais, était l'un des endroits offrant les plus belles vues sur les environs de la résidence impériale.

La capitale d'Orlegon, Xephios, était bâtie sur la berge nord de l'immense lac Nezpi qui s'était formé là sur le lit du fleuve Nezpidi comme une pause sur le chemin du cours d'eau avant de repartir vers l'océan et de finir sa course à Nirbo. La ville s'était alors étendue le long des berges du lac comme une étreinte tentaculaire qui chercherait à encercler l'immense masse indolente. En son centre, construit sur la grande falaise qui s'élevait pour surplomber le lac de toute sa hauteur, se trouvait le palais impérial, monument de pierre blanche et ocre, éblouissant de sa clarté ceux qui levaient les yeux vers lui depuis la ville sous-jacente. La vue qui s'offrait à Altéria était digne de ce que les contes qu'elle avait écoutés étant enfant auraient pu décrire, Rymian n'avait d'ailleurs pas tardé à faire de la fenêtre à laquelle elle était accoudée l'un de ses lieux de peinture habituels.

Dans la lumière du soleil couchant, le lac paraissait n'être qu'une immense étendue d'or liquide frémissant au gré du vent de l'automne. La ville en dessous jouait entre ombres et lumières, ses ruelles cachées du soleil par la hauteur des bâtiments dont les façades s'illuminaient une dernière fois avant la nuit. Les arbres millénaires du palais qui venaient accrocher leurs branches le long de l'ouverture de pierre encercler la vision de leur feuillage rougeoyant d'automne, lui offrant un cadre flamboyant. Le spectacle provoquait chez Altéria un sentiment mitigé. Elle ne pouvait s'empêcher d'admirer la magnificence du palais et de la vue imprenable qu'il donnait sur la capitale en contrebas mais sa situation géographique n'était que le reflet trop parfait d'une société où la hiérarchie impériale dominait tous ses sujets, et dans l'ombre de laquelle naissaient et croissaient misère et danger.

- Tu n'étais pas concentrée sur l'exercice tout à l'heure.

Camexen s'était approché discrètement et vint s'accouder de l'autre côté de l'immense ouverture sur l'extérieur. Le regard opalescent du nahori vint balayer un instant le spectacle du coucher de soleil en contrebas avant de se reporter vers sa pupille.

- Je peux savoir ce qui te pèse comme ça ? demanda-t-il avec calme sans le moindre reproche déguisé.

- J'appréhende la visite de demain, répondit sobrement la jeune femme.

- La princesse se rend en visite officielle ?

- A la demande de l'impératrice, le Joyau honorera demain par sa présence le Haut-Monastère pour une visite qui durera la journée.

- Et tu ne crois pas aux coïncidences, n'est-ce pas ?

- Uradiss elle-même semble préoccupée par cette visite, expliqua Altéria en laissant son regard arpenter les toits de la cité qui s'étendait en contrebas.

Ses yeux s'arrêtèrent finalement sur la haute structure entourée de remparts qui s'élevait à l'autre bout de la capitale. Du palais, elle pouvait apercevoir les taches verdoyantes des jardins cultivés par les ecclésiastes qui vivaient reclus derrière les imposantes murailles de pierre.

- D'après elle, poursuivit-elle en scrutant les moindres détails de l'édifice qui commençaient à disparaître à mesure que le soleil continuait de plonger sous la ligne d'horizon, la princesse n'a jamais été confrontée à ce genre d'exercice et l'initiative de cette visite vient probablement du Clairvoyant.

- Qu'en pense selven Lacemil ?

- Elle n'est bien évidemment pas à l'origine de cette visite. Et bien que la décision ait été prise au conseil, elle reste du même avis qu'Uradiss sur l'auteur de la proposition. Mais là où cette dernière y voit une tentative du monastère de commencer à influencer la princesse, notre selven pense que le but est aussi de s'approcher de ses protecteurs.

- Et c'est là ce que tu crains ? demanda Camexen en se tournant vers sa protégée.

Altéria ne répondit pas. Elle n'imaginait pas une seule seconde que le chef du culte d'Enartia tente quoi que ce soit envers eux durant la visite de la princesse. Personne ne pouvait sérieusement envisager que quelqu'un qui était parvenu à se hisser aussi haut dans les jeux de la cour soit assez imprudent pour agir de manière si évidente.

- Ce qui m'inquiète, reprit-elle en se redressant, c'est que je n'ai aucune idée de ce qui nous attends, ni même de ce qui attend la princesse.

- Qu'est-ce que j'essaie de t'apprendre sur la situation à avoir en combat contre un adversaire que tu ne connais pas ?

- Tant que je n'ai pas assez d'informations pour comprendre pourquoi mon opposant agit, je me protège et je continue d'amasser des informations.

- Cette stratégie ne fonctionne pas qu'au combat, expliqua Camexen tout en passant la tête par-dessus l'encadrure de pierre pour observer la chute vertigineuse le long de la falaise qui attendait quiconque sauterait à travers, elle s'applique aussi à cette situation.

- Donc tu me conseilles d'agir comme si je n'avais aucune idée du piège tissé autour de nous ?

- Tu découvriras très vite, qu'à l'exception de ceux qui tirent vraiment les ficelles, ceux qui penseront avoir l'ascendant sur toi seront bien plus à même de trahir leurs intentions que ceux qui te considèrerons comme une menace.

La leçon du nahori laissa la jeune femme silencieuse tandis qu'elle tâchait d'intégrer les implications de celle-ci. Lorsqu'elle avait pénétré dans la grande tente de Saisio, il y a ce qui lui semblait comme une éternité, jamais elle n'aurait pu imaginer qu'il lui faudrait apprendre à survivre aux intrigues politiques de l'empire. Personne dans les récits épiques ne parlait du héros devant affronter les rouages des jeux de pouvoir de la cour. Personne non plus ne se rassemblait au coin du feu pour écouter l'histoire de celui qui avait habilement manœuvré en secret pour se retrouver à manipuler un souverain.

- En tout cas, personne sur Niméo ne l'aurait fait, se dit la jeune femme en silence.

Mais les semaines écoulées au palais lui avaient laissé apercevoir un autre monde, dans lequel les enfants ne croyaient pas aux héros sauvant le royaume dans un glorieux combat contre les forces du mal. Un monde dans lequel ces mêmes enfants apprenaient dès le plus jeune âge à naviguer dans les eaux troubles des intrigues de la cour, sous peine de s'y noyer et de finir à la merci de ceux qui aurait appris à nager plus vite.

Les jumeaux vinrent interrompre les réflexions de leur camarade lorsque Saosa vint passer son bras autour des épaules de la niméenne.

- Sans vouloir vous arracher à votre leçon privée, très chère. Mais Dame Uradiss nous a demandé de venir la voir pour préparer la journée de demain. Et nous ne voudrions pas faire attendre une vénérable préceptrice.

- Camexen ? demanda Altéria pour demander la confirmation du nahori.

Ce dernier resta un instant à regarder le paysage du lac en silence avant de se tourner vers les novices et d'acquiescer. Les trois jeunes gens se hâtèrent alors de récupérer leurs affaires avant de filer à travers les longs corridors du palais. Le labyrinthe de couloirs s'entrecroisant les avait plus d'une fois pris aux pièges mais ils ne se perdaient désormais plus sur le trajet qui les menait de la cour d'entraînement de la garde à l'imposante porte de bois séparant le petit monde de la princesse Eliryn du reste du palais.

Le jardin clos était dépourvu de son habituelle agitation lorsqu'ils y pénétrèrent et seuls le bruissement des feuilles d'arbre et les derniers piaillements des oiseaux accueillant la nuit venaient rompre le silence qui y régnait. Même si elle s'évertuait à reproduire pour sa fille la cour qui était la sienne, l'impératrice ne pouvait pas aller contre l'âge des simili-courtisans qui retournaient auprès de leurs parents le soir venu. Il n'était ainsi pas rare de voir à la fin de l'après-midi une meute d'enfants et d'adolescents traversant le palais pour rejoindre les quartiers résidentiels pour ceux dont les parents avaient le luxe de posséder une suite dans les murs de la résidence impériale. Les autres, comme le petit Rig, rejoignaient les résidences des différents serviteurs dont ils étaient la progéniture.

La princesse, quant à elle, avait ses appartements jouxtant la réplique infantilisée de la salle du trône et ne quittait donc que très rarement la sécurité de ses murs enclos. Elle rejoignait ainsi dès la fin de journée ses appartements et, le soir venu, lorsqu'Uradiss rejoignait son propre logement situé à l'autre extrémité de la cour-jardin, elle verrouillait les quartiers de la princesse. Deux gardes s'assuraient ensuite de la protection de cette dernière jusqu'au lendemain. Lacemil avait d'ailleurs expliqué aux novices que l'impératrice avait initialement exigé que l'un des trois participe systématiquement à cette garde nocturne, ce que la selven avait catégoriquement refusé, avec l'aide de Merim.

C'est donc à travers un jardin vidé de ses habitants diurnes, plongé dans les teintes bleutées de la nuit tombante qu'Altéria et ses camarades cheminèrent jusqu'à la salle d'audience où la confidente de la princesse leur avait donné rendez-vous. La pièce vide prenait avec la faible lueur d'une unique lampe à huile des airs lugubres de ruine du passé. Ici une table couverte des plans d'une bataille imaginaire et inachevé, là un tapis sur lequel étaient posés en désordre partitions et instruments de musique. Le trône vide recouvert de son voile évoquait un énorme berceau vide. L'image plut à Altéria pour laquelle le comportement de la princesse ressemblait plus à celui d'un nourrisson capricieux qu'à celui d'une princesse adolescente.

Les novices patientèrent ainsi de longues minutes dans le silence sans qu'ils aient le moindre indice de la présence de préceptrice impériale. Uradiss leur avait pourtant bien précisé lorsqu'ils s'étaient quittés un peu plus tôt de revenir la trouver dans la salle du trône au coucher du soleil. Il n'y avait pourtant personne ni aucune activité.

- Vous pensez qu'elle nous attend ailleurs ? finit par demander Altéria circonspecte.

- Ses instructions paraissaient claires, répondit Rymian en commençant à déambuler dans la pénombre en observant avec attention les décors animaliers et guillerets peints sur les murs.

- Je pense que nous sommes au bon endroit, finit sa sœur en se dirigeant vers le tapis aux instruments de musique pour pincer la corde de l'un d'entre eux.

Les notes émises étaient discordantes et tirèrent une grimace à Saosa qui cessa aussitôt sa courte carrière de musicienne. Le bruit ne parut pas pour autant attirer l'attention de quiconque.

- Nous devrions peut-être aller vérifier à ses appartements, insista Altéria en commençant à se sentir mal à l'aise.

- Uradiss reste avec la princesse jusqu'à l'arrivée de la garde, et ils ne sont visiblement pas là.

- Vous avez entendu ? s'exclama Saosa en tournant la tête vers le trône-berceau.

Les deux autres se turent et tendirent l'oreille avec attention, en effet un bruit étouffé leur parvint, comme le son d'une lutte qui aurait lieu de l'autre côté du mur, dans les appartements princiers.

Les novices n'eurent pas besoin de se concerter pour agir. Ils se précipitèrent vers la porte qui menait au logement de la princesse et s'y engouffrèrent sans arrière-pensée. L'impératrice, dans sa volonté de ne pas apeurer sa précieuse enfant, leur avait interdit toute forme de port d'arme au sein du palais, c'est pourquoi Camexen les avait entraînés depuis le début à l'utilisation exclusive de leurs dons pour le combat. Lorsqu'ils pénétrèrent dans la pièce, Altéria et Saosa étaient en première ligne tandis que Rymian se préparait à les protéger en cas de riposte. La scène qui les accueilli ne présentait cependant pas le danger auquel ils s'étaient attendus.

Au milieu de ce qui devait être un bureau d'étude ravagé comme après le passage d'une tornade, se trouvait la princesse Eliryn, le visage empourpré de colère et zébré de larmes, faisant face à sa préceptrice, une lettre à la main. Les deux femmes tournèrent la tête à leur arrivée et dévisagèrent un instant les trois protecteurs entrés en trombe qui restaient figés sans savoir quoi faire. Ce fut finalement la princesse qui fit le premier geste et approcha le papier qu'elle tenait de la flamme la plus proche pour le laisser s'embraser avant de le laisser tomber sur le sol de pierre où il finit de se consumer.

- Eliryn ! tonna la préceptrice impériale au moment où elle vit le geste.

- J'ai dit, Uradiss ! objecta avec véhémence la princesse et Altéria fut frappée par le changement de ton si différent de ses habituelles minauderies.

La grande femme aux cheveux d'argent balaya un instant la pièce, son regard allant de la princesse aux novices puis de nouveau à la princesse, avant de pousser un profond soupir.

- Nous continuerons cette conversation plus tard, déclara-t-elle d'une voix sèche, en attendant tâchez de remettre de l'ordre ici.

Avec un grognement de colère, Eliryn envoya voler une nouvelle pile de papier qui s'amoncelait sur une table, les faisant s'envoler comme un vol d'oiseaux migrateurs avant qu'ils ne s'effondrent inertes sur le sol autour d'elle.

- Jetez autant de papier que vous le souhaitez, vous serez la seule à les ramasser, insista Uradiss d'une voix forte, j'y veillerai.

D'un geste, elle se retourna et fit signe aux novices de la suivre qui obtempérèrent sans piper mot. Lorsque la porte se referma sur derrière eux, et qu'Uradiss la verrouilla derrière elle, ils entendirent le cri strident d'une adolescente en colère de l'autre côté, suivi d'un vacarme étouffé par le mur qui les séparaient. Alors qu'Altéria et Rymian n'y prêtèrent aucune attention et emboîtaient le pas de la préceptrice, Saosa se retourna et hésita un instant devant la porte close.

- Laissez-la, ordonna Uradiss, elle a besoin d'être seule.

- Qu'il y avait-il sur cette lettre pour la mettre dans cet état ? demanda Saosa avec sérieux.

- Rien d'important.

- Elle paraissait bouleversée, insista la novice.

- Ce n'est pas de votre ressort.

La jeune femme n'insista pas plus et se détourna de la porte des appartements princiers. Le petit groupe traversa rapidement la cour et suivirent Uradiss jusqu'à ses quartiers. Le logement était simple et fonctionnel et après un vestibule austère, ils pénétrèrent dans un bureau dénudé, agrémenté d'une grande étagère où, au milieu de nombreux tomes entretenus avec soins, était logée une petite figurine de terre cuite biscornue. Uradiss vint prendre l'unique chaise et vint s'y asseoir face à ses invités. Ses longs doigts fins vinrent se nouer sur ses genoux avant qu'elle ne leur adresse la parole.

- Demain, vous serez seuls chargés de la protection de la princesse, déclara-t-elle sans préambule.

- Vous voulez dire que nous ne serons pas accompagnés par la garde ? demanda Rymian.

- Je veux dire que vous ne serez accompagnés de personne, pas même moi.

La nouvelle surprit les novices et Altéria sentit l'anxiété que Camexen avait réussi à contrôler remonter en elle à la vitesse d'une grande marée.

- Je ne sais pas ce que ce serpent de Belen a prévu, ni pourquoi il agit si brusquement, annonça Uradiss, mais il a convaincu l'impératrice que ma présence n'était pas nécessaire et pouvait même être délétère pour, je cite, « l'expérience religieuse que cette visite doit être pour notre princesse ».

- Qu'en pense la princesse ? demanda Saosa.

- Quoi qu'elle en pense, même elle doit obéir aux ordres de l'impératrice. C'est pourquoi je vous charge tous les trois d'être vigilants. Quoi qu'il se passe demain, je veux que votre seule et unique préoccupation soit de la protéger de ce que ce perfide moine aura prévu pour elle.

Les novices acquiescèrent en silence avec sérieux et les traits d'Uradiss s'adoucirent un instant.

- Je tiens à cette enfant comme si elle était la mienne, poursuivit-elle avec tendresse, et si les Enartiens vous ont dit que le prodige qui est parmi vous est un espoir pour l'avenir, sachez que cette enfant est le véritable espoir de notre empire. Vous serez par conséquent un jour responsables en partie des choix qu'elle fera. En bien ou en mal. Tâchez de faire les bons choix.

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