Blessures passées

Zao'wi fut la première à se précipiter au chevet de Rev lorsqu'il reprit conscience, bientôt suivie par les autres novices. Seul Dyros se contenta d'un coup d'œil avant de se diriger à l'opposé de la pièce vers l'unique guéridon sur lequel reposait un simple plateau de bois chargé d'une cruche et de trois verres. Insensibles aux regards que lui jetaient ses camarades, le jeune homme s'appliqua à remplir l'un des récipients. Il eut à peine le temps de le soulever vers ses lèvres avant que la main de Zao'wi ne vienne s'en saisir avec une telle rapidité qu'il n'opposa aucune résistance.

- Excellente idée, merci de m'avoir devancée, déclara la chapardeuse en retournant auprès de son camarade blessé.

- Ce n'était pas pour lui, répondit Dyros en serrant les dents.

- Maintenant ça l'est et je te remercie de ta participation, poursuivit la guérisseuse improvisée en aidant Rev à se redresser.

Ce dernier se pencha avec difficulté pour essayer de boire une gorgée mais l'eau s'échappa de son contenant et alla traverser la pièce pour venir léviter au-dessus de celui que l'Enartien blond tenait désormais en main. Lorsqu'il relâcha son don de saphir, le précieux liquide se déversa dans le gobelet de métal en débordant, laissant tomber quelques gouttes au sol. Altéria et les jumeaux virent Zao'wi se lever d'un bond, les yeux brillants d'une fureur qu'ils n'avaient encore jamais vue. D'un geste, elle envoya voler le gobelet qui percuta le sol dans un tintement, déversant son contenu sur le sol de pierre. Plantant son regard aussi sombre que sa peau dans les yeux de Dyros, les deux novices se toisèrent le temps d'un souffle qui sembla durer une éternité.

- Je peux savoir depuis quand tu as décidé de te comporter comme le pire des naldar ? gronda la première avec une rage contenue.

- Si tu cherches un vrai naldar tu ferais mieux de te tourner vers celui que tu couvres de ton attention depuis le début de la soirée !

- Contrairement à toi, Dyros, je suis capable d'agir en adulte et de mettre mes émotions de côté plus de deux secondes.

Zao'wi se dirigea à son tour vers le guéridon pour y remplir le dernier gobelet avant de retourner auprès de Rev qu'Altéria et Saosa avaient aidé à s'asseoir en entassant dans son dos les oreillers des autres lits. D'une main tremblante, le jeune homme vint tremper avec précaution ses lèvres sèches dans l'eau claire. Une quinte de toux vint rapidement l'interrompre et son visage se tordit d'une grimace de douleur alors qu'il se rabattait en arrière dans les oreillers.

- Doucement, chuchota sa camarade avec douceur en reprenant le gobelet des mains du blessé, je n'ai pu soigner que les plus grosses lésions. Toutes les contusions en revanche vont rester plusieurs jours.

- J'ai perdu l'habitude... répondit Rev dans un geignement.

- De te faire battre à mort ?

- De boire avec ce visage.

Altéria et Saosa échangèrent un regard silencieux pendant que le blessé reprenait son souffle. La niméenne ne s'était jamais posé la question des conséquences que l'utilisation de leurs dons pouvait avoir sur le corps des Enartiens. Jusqu'à présent elle avait toujours considéré ses pouvoirs comme une partie étrangère à elle-même, une entité à part entière à laquelle la déesse lui avait donné le droit de commander. Mais depuis peu, la jeune femme commençait à comprendre que la réalité était autre. Après tout, le terme de « sceau » n'était pas un choix innocent. Les dons faisaient partie intégrante de ce qu'était un Enartien et n'étaient qu'entravés jusqu'à la rupture du verrou qui les emprisonnait. Cette vérité avait ses propres conséquences et Altéria avait déjà pu commencer à en percevoir les effets sur elle-même et ses compagnons. L'utilisation de leurs dons était un effort qui avait son coût en énergie tout aussi bien physiquement que mentalement, et Rev était actuellement en train d'en payer le prix fort.

Soutenu par sa camarade à la peau sombre le jeune homme se pencha de nouveau et, avec toute la concentration du monde, parvint à avaler quelques gouttes sans provoquer de nouvelle quinte de toux.

- Rev, reprit doucement Zao'wi en déposant le gobelet au sol auprès d'elle, depuis combien de temps est-ce que tu... enfin, tu sais...

- Presque chaque heure du jour et de la nuit depuis trois ans.

La réponse avait été directe, franche, Altéria pouvait sentir dans le ton de leur camarade la profonde fatigue qui l'étreignait mais aussi ce qui lui semblait être une pointe de mélancolie.

- Pourquoi ?

A la grande surprise de tous la question avait émané de Dyros, qui se maintenait toujours éloigné du lit du blessé et dont l'attitude ne laissait en aucun cas suspecter la moindre forme de compassion pour l'état de ce dernier qui esquissa un petit rire sans joie.

- Je pensais que la démonstration de ce soir aurait amplement suffit à comprendre pourquoi, répondit Rev en grimaçant à nouveau de douleur.

- Arrête de jouer, tu sais très bien de quoi je parle.

Le blessé se laissa retomber sur les coussins du lit, s'enfonçant dedans comme s'il avait voulu ne jamais en ressortir et s'y noyer. Autour des deux protagonistes de cette polémique naissante, les autres novices restaient silencieux. Enartia avait fait le choix de les rapprocher et ils devraient trouver le moyen de vivre aux côtés l'un de l'autre pendant encore plusieurs années. Une telle animosité ne pouvait être laissée à pourrir et autant laisser les deux hommes crever l'abcès maintenant qu'ils étaient tous en sécurité.

- Pourquoi avoir rejoint l'Ordre ? insista Dyros en se rapprochant les poings serrés, quel est ton plan ? A quel jeu joues-tu ?

- Pourquoi m'interroger sur des sujets auxquels tu ne croiras aucune de mes réponses ? répondit Rev d'un ton las, pose-moi plutôt la vraie question qui te brûle les lèvres ?

- Qui était Revalinor ?

Le blessé ne répondit pas immédiatement et se contenta de fermer les yeux en inspirant profondément comme s'il s'apprêtait à vivre une épreuve pire que ce que cette soirée lui avait déjà réservé. Puis il se redressa et, avec l'aide de Zao'wi, parvint à s'asseoir sur le bord du lit pour faire face à son camarade avant de reprendre la parole.

- Revalinor était le fils héritier de la lignée principale des Vipères de l'Ombre. Probablement l'un des meilleurs assassins de sa génération et promis à un grand avenir au sein de la vie criminelle de Xéphios.

- Que lui est-il arrivé ?

- Il t'a rencontré.

- Ne joue pas à ça avec moi ! s'emporta Dyros en s'approchant encore plus à tel point que Zao'wi dut s'écarter pour laisser les deux hommes face à face.

- Tu ne me reconnais donc vraiment pas ? s'exclama Rev et son ton sonnait comme une supplique.

La réponse figea Dyros dans son élan. Face à lui, son camarade levait son visage dont la lumière chaude des torches éclairait chaque détail. Puis se fut au tour du visage de l'accusateur de se transformer, blêmissant et passant de la surprise à la tristesse avant de reprendre le masque d'une colère farouche.

- C'était toi... reprit-il d'une voix blanche, celui qui a tué ma famille.

- Non ! nia Rev avec une telle force que ses contusions lui arrachèrent une nouvelle grimace, je suis celui qui a sacrifié son existence entière pour les sauver !

Autour d'eux, les autres novices restaient interdits, comme prostrés. Pour sa part, Altéria n'aurait su dire ce qui la choquait le plus entre le fait que leur camarade admette pleinement avoir pris de nombreuses vies ou la possibilité que parmi la multitude figurent celles de la famille de Dyros.

- Tu es celui que j'ai cru sauver d'un règlement de comptes et que j'ai mené jusqu'à la cachette où nous vivions, reprit ce dernier dont le teint avait revêtu une pâleur maladive, tu es celui que nous avons hébergé pendant plusieurs semaines jusqu'à ce que mon père ne revienne.

- Il était notre cible, avoua Rev en continuant de fixer son compagnon droit dans les yeux comme prouver qu'il ne fuyait pas l'épreuve qui lui était imposée.

- C'est toi qui as ouvert la porte au milieu de la nuit pour laisser entrer les autres. Et qui tenait ta lame sous ma gorge pendant que celle d'un de tes frères était sur celle de ma sœur.

- Cousin...

- Peu m'importe ! Cela aurait pu être l'Impératrice en personne que cela ne m'importerait pas plus !

Du coin de l'œil, Altéria put apercevoir Saosa et Rymian se raidir à mesure que la conversation s'envenimait et la jeune femme put clairement distinguer ses compagnons reprendre leur attitude de combat pour intervenir au moindre moment.

- Je t'ai accueilli, écuma Dyros dont la fureur faisait vaciller chaque mot, comme n'importe lequel de ces gamins des rues sur lesquels ma mère veillait. Et tu as mené ta famille à nous !

- C'était la mission qu'on m'avait confiée ! tenta de se justifier Rev dont toute l'attitude trahissait qu'il n'acceptait pas ses propres explications, je devais m'infiltrer et attendre que ton père réapparaisse pour...

- Dis-le ! Explique-leur qui tu es !

- Pour le tuer.

- Mais ce n'était pas le vrai le plan n'est-ce pas ?

Le silence qui tomba fut si profond qu'Altéria aurait presque pu en sentir le poids sur ses épaules. Devant elle, Dyros toisait de toute sa hauteur Rev qui ne semblait plus avoir la force de soutenir son regard.

- Non, murmura ce dernier, ce n'était pas le plan que mon père avait en tête.

Le jeune homme marqua une nouvelle pause, comme pour rassembler le reste de son énergie pour la suite.

- Quand j'ai compris... ce qui était réellement prévu, poursuivit-il, j'ai refusé d'obéir. La vie de ton père m'importait peu mais ta famille n'avait pas à payer sa dette de sang.

- Va dire ça à ton père...

- Parce que tu penses que j'en ai vraiment eu l'occasion ! rétorqua Rev qui commençait lui aussi à succomber à la colère, quand j'ai refusé de te tuer et que j'ai attaqué Ynotel j'ai trahi ma propre famille pour sauver la tienne ! Vous avez pu vous enfuir parce qu'en voyant ce que j'avais fait les autres ont décidé de m'exécuter sur place ! Ils m'ont laissé pour mort sur les berges du lac et j'y serai encore en train de pourrir si un des membres de la division de l'Emeraude ne m'avait pas trouvé !

Rev ploya la tête comme si cette confession venait ajouter à chaque mot des poids supplémentaires sur ses épaules.

- J'avais toujours caché aux miens le fait que je possédais des dons énartiens. J'ai pu rester à Xéphios en utilisant le Clamsat pour changer mon apparence jusqu'à avoir l'âge de me présenter à l'Appel.

Le blessé s'interrompit, à bout de souffle, au prix d'un effort qui parut surhumain, il releva la tête pour venir vriller son regard brun dans celui de Dyros qui le surplombait.

- Donc, pour répondre à ta question, finit-il par reprendre après quelques secondes, Revalinor est l'homme que j'ai condamné à mort pour vous protéger toi et les tiens.

Personne ne prit la parole et seul le bruit des gouttes de pluie d'une nouvelle averse se firent entendre pendant les minutes qui suivirent. Altéria n'aurait pas su décrire les émotions qui la traversèrent pendant ces instants de silence. Lorsque son regard se posait sur Rev, les premières émotions qui lui venaient étaient pitié et compassion. Ces sensations se voyaient cependant rapidement remplacées par une peur sourde qui grandissait dans son ventre, comme si une petite voix dans sa tête venait lui chuchoter qu'un prédateur blessé restait un animal dangereux malgré tout. Le jeune homme ne lui avait jamais fait le moindre mal et avait même supplié son oncle de l'épargner lorsque ce dernier avait voulu l'empoisonner. Mais combien de gens, innocents comme elle, n'avaient pas bénéficié de cette clémence. Combien avaient péri au fil de sa lame comme avaient péri les hommes qui avaient menacé Zao'wi et qui gisaient désormais dans cette ruelle sordide. Combien de familles détruites, combien d'orphelins.

- Rev, reprit le novice blessé avec difficulté, est celui qui a choisi de te suivre à travers les rues d'Agathil pour franchir la même porte que toi en espérant que tu saurais le guider comme ta famille avait déjà pu le faire autrefois.

Dyros se détourna brutalement et resta un instant immobile. Malgré la main qui tentait de masquer son visage, Altéria et les jumeaux purent clairement voir le sillon humide des larmes qui coulaient sur ses joues alors qu'une grimace de colère mêlée au chagrin déformait ses lèvres. De son côté Zao'wi posait avec douceur une main condescendante sur l'épaule de leur compagnon comme pour lui apporter un soutien muet.

- J'aurais préféré que tu obéisses à ton père, déclara finalement Dyros d'une voix nouée.

La réaction des autres novices fut unanime et tous se tournèrent vers le jeune homme qui pivotait à nouveau en direction de Rev. Ses yeux bruns contenaient avec peine les larmes qui y affluaient et brillaient d'une colère qui semblait douloureuse même à contenir.

- Parce que tu n'as pas tué que Revalinor ce soir-là, Rev.

Dyros avait insistait sur le nom raccourci de son compagnon, comme pour s'en moquer.

- Est-ce que tu sais ce qu'il s'est passé, quand tu attendais patiemment la mort sur les berges du Nezpidi ? Oh tu nous as permis de nous enfuir, oui. Mais tout le monde n'a pas la chance de pouvoir se fabriquer un nouveau visage comme toi ! Il n'a pas fallu très longtemps à ta famille pour retrouver la mienne une fois notre seule cachette fiable découverte. La simple dette de mon père qui aurait dû être soldée par mon sang s'était transformée en une vengeance personnelle du tien. Un exemple pour tous a-t-il dit. Alors, quand les vipères nous ont trouvés, sais-tu ce qu'ils ont fait ?

Pour la première fois, Rev parut désarçonné et son visage laissa transparaître une peur véritable que ses compagnons n'avaient jamais vue.

- Non..., murmura-t-il sous le choc.

- La colère de ton père avait visiblement changé de cible et pour l'avoir privé de son héritier j'en étais devenu l'objet principal, poursuivit impitoyablement Dyros, alors il a adapté son châtiment en conséquence. Il nous a laissé partir et s'est délecté de m'arracher un à un tous les membres de ma famille.

- Vous auriez dû quitter la ville, se désola le blessé dans les yeux se lisait une douleur similaire à celle qu'affichait son camarade.

- Oh merci pour ce conseil si avisé ! Quels idiots avons-nous fait de ne pas penser à fuir en laissant tout derrière nous !

Un mouvement à la lisière de son champ de vision attira l'attention d'Altéria qui détourna le regard un instant pour découvrir avec inquiétude que l'eau renversée précédemment au sol commençait à se rassembler en grosses gouttes pour s'élever doucement du sol tandis qu'un courant d'air dont elle ne parvenait pas à déterminer l'origine semblait s'être engouffré dans la pièce, faisant vaciller les flammes des torches autour d'eux.

- Nous n'avions pas eu le temps de réfléchir par quelle porte de la cité nous partirions que nous avons vu mon petit frère mourir empoisonné par le venin de l'un de vos maudits serpents, continuait Dyros sans prêter la moindre attention à ce qui se passait autour de lui.

- Ce n'est pas ce que je voulais, répondit en vain Rev qui lui ne semblait pas remarquer la menace qui se profilait face à lui.

- Quelques jours à peine plus tard, alors qu'elle devait prendre contact avec un marchant pour nous emmener loin de la ville, ma sœur a tout simplement disparu sans laisser de traces. Ma mère ne l'a pas supporté, elle...

Le jeune homme s'interrompit, incapable d'en dire plus sur le sort de sa mère.

- Quant à mon père... je ne l'ai jamais aimé. Mais voir son corps sans vie cloué au mur de notre ancienne habitation n'était certainement pas le sort que je lui souhaitais.

Le courant d'air qui balayait la pièce commença à s'intensifier et les gouttes d'eau jusqu'à lors immobiles se cristallisèrent en milliers de fragments qui se dispersèrent au gré des bourrasques. La rage de Dyros le rendait aveugle aux éléments qu'il était en train de déchaîner autour de lui et Altéria commença à se demander quand elle et ses camarades devraient intervenir pour prévenir une catastrophe. Le grand Enartien s'approcha de quelques pas et vint s'agenouiller à hauteur du visage de Rev qui restait immobile face à lui.

- Alors tu vois, Revalinor, si tu avais vraiment voulu en finir avec ton chemin de morts et de tragédies, tu aurais mieux fait de laisser ton serpent te mordre dans ton sommeil. Au moins tu n'aurais entraîné personne d'autre avec toi.

Cette dernière phrase eut plus d'effet sur son camarade que tout ce qui avait pu lui être asséné au long de leur conversation. Comme à bout de force, il s'effondra, la tête entre les mains. Autour de lui le blizzard miniature que déchaînait Dyros sembla gagner en force et de nombreuses coupures apparurent sur la peau de Rev qui ne broncha pas. Finalement, ce dernier releva la tête et planta son regard dans celui de son camarade.

- Alors prends ma vie en compensation, déclara-t-il à l'adresse de son camarade.

- Ça suffit arrête ! lui cria Zao'wi qui reprenait la parole pour la première fois depuis le début de l'altercation.

- La seule action louable de ma vie a mené à la mort de trois innocents et tu voudrais me laisser continuer à semer plus de mort autour de moi ? l'interrogea Rev d'un air désespéré, sa colère est légitime et je ne m'opposerai pas à sa vengeance.

- Dyros ! interpella la jeune femme en se tournant vers son autre camarade, je t'en supplie ne l'écoute pas !

L'intéressé resta un instant immobile, toisant celui qui était indirectement responsable du massacre de sa famille. Autour des deux hommes, le tourbillon mêlé de glace s'intensifia à tel point qu'il fut difficile de les distinguer à travers. Incapable d'attendre plus longtemps, Altéria rassembla quelques forces qui lui restaient pour opposer son Nolensat à celui de Dyros.

La jeune femme n'avait jamais affronté quelqu'un pour le contrôle d'un élément, Saosa et elle n'ayant pas brisé les mêmes sceaux élémentaires jusqu'à présent. La tâche lui parut tout d'abord insurmontable, le don de saphir de leur camarade semblait avoir une emprise absolue sur chaque goutte d'eau, sur chaque éclat de glace. Ne trouvant aucun moyen de le contourner, elle se résolut à forcer pour gagner le contrôle des dangereux éclats dispersés au sein de la tempête. L'effort que cela lui demanda fut supérieur à tout ce qu'elle avait pu ressentir et elle comprit immédiatement pourquoi la première chose qu'il leur avait été enseignée était de toujours chercher à esquiver la moindre attaque élémentaire. Face à un Enartien plus entraîné, jamais la jeune femme n'aurait eu la moindre chance de disputer le contrôle de l'eau au Nolensat de Dyros.

De son côté, Saosa avait eu le même réflexe vis-à-vis des vents tourbillonnants qui séparaient les deux hommes des autres novices et employait toute sa force à imposer son Gwedsat à la tornade furieuse. Lorsque celle-ci faiblit suffisamment pour permettre de voir à nouveaux ceux qui se trouvaient au cœur, Rymian se précipita pour maîtriser Dyros qui resta de marbre, dévisageant Rev avec fureur.

- Arrête-toi, ordonna le thénéite en bloquant les bras du novice de sorte qu'il ne puisse pas se débattre, s'il te plaît ne m'oblige pas à te neutraliser.

- Il ne vaut pas la peine que vous vous donnez, rétorqua le prisonnier en quittant Rev des yeux.

A l'instant où Dyros se tourna vers Rymian qui l'entravait, les vents retombèrent et le blizzard se désagrégea en une pluie fine qui vint retomber partout dans la pièce.

- Lâche-moi Rymian s'il te plaît.

Après un regard de confirmation auprès de sa sœur pour s'assurer que cette dernière soit prête à réagir à la moindre incartade, le jeune homme relâcha son étreinte et libéra son camarade. Ce dernier avança d'un dernier pas, surplombant Rev de toute sa hauteur.

- Tu penses pouvoir échapper à ta culpabilité en mourant ? demanda-t-il d'une voix glaciale, non ce serait bien trop facile. Je veux que tu vives. Je veux qu'à chaque seconde que tu me vois tu repenses à ceux qui sont morts par ta faute. Je veux qu'ils hantent chacun de tes jours et chacune de tes nuits. Je veux que chacune de tes actions se fasse avec l'amertume de ne jamais pouvoir payer cette dette que tu me dois. Et peut-être qu'un jour, je me considèrerai vengé de ce que tu m'as fait.

A ces mots, Dyros tourna les talons et quitta le logement d'un pas rageur, laissant là dans le silence ses camarades qui n'osèrent pas partir à sa poursuite et abandonnant Rev dont le regard fixait un point bien au-delà des murs de la pièce.

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