Je me réveillai dans la même chambre. Des murs peints lilas, couette chaude et mon frère, encore endormi sur la chaise, près de moi. Le seul détail différent, Janick. Elle était assise sur le coin de mon lit et lisait un livre. Je l'observai mieux. Elle avait de longs cheveux roux, parsemés de petites mèches blondes. Son visage était embelli par les nombreuses taches de rousseur et ses yeux verts venaient équilibrer le tout. Elle semblait très petite. Son corps était élancé, elle devait même être très sportive. Sa peau était d'un blanc à faire peur.

Elle ferma soudainement son livre pour me regarder.

« Salut! », dit-elle, joyeusement.

Apparemment, elle faisait partie des gens qui gardaient toujours le sourire, même quand tout semble mal aller.

« Salut », répondis-je, d'une voix rauque. « Janick, c'est bien ça? »

« Oui! Je suis trop contente de te rencontrer! Ça fait tellement longtemps que je t'attends!!! »

Je la regardai, perplexe.

« Je t'ai vue en vision, quand j'étais très petite. Ma mère me prenait pour une folle, je n'arrêtais plus de te décrire! Et j'ai eu des visions de toi jusqu'à aujourd'hui! Et je sais que nous allons devenir de très bonnes amies! C'est aussi grâce à moi si ton père a réussi à te retrouver! Oh, et Jonarek, il est trop canon! Et ton frère! Ah, non, ça je ne te le dirai pas!!! »

Elle m'avait tout balancé d'un coup, si bien que ça me fit sourire. J'avais réussi à la suivre (je dois vois avouer que je suis un peu comme elle... Je parle beaucoup quand je suis énervée!). Sa dernière phrase suscita ma curiosité. Je m'assis et posai ma question :

« Qu'est-ce que tu ne peux pas me dire par rapport à mon frère? Je te promets de ne pas me fâcher! »

J'avais un doute sur ce qu'elle allait me dire. Elle sembla quitter le monde et entrer en transe durant quelques secondes et revient avec un sourire.

« T'as promis hein! »

« Oui! »

« Il est mon âme sœur... Nous sortons ensemble depuis qu'il est arrivé. Du moins, âme sœur... Vous l'êtes tous les deux! »

Je la regardai, pas trop certaine de ce qu'elle venait de me dire.

« Que veux-tu dire exactement? », demandai-je.

« Ce que je veux dire, c'est que puisque vous êtes des jumeaux, lorsque vous êtes ensemble, vous ne faites qu'un. Mon âme sœur ne peut pas être juste une moitié de lui-même, il doit être complet! Et tu es ce qui le complète! »

Ce qui sembla assez logique dans ma tête.

« Bon, je veux bien, mais je ne veux pas faire partie de vos petites chamailles d'amoureux, si tu vois ce que je veux dire! »

Elle rit aux éclats, réveillant Darryl en même temps. Il regarda Janick et sourit. Ce qui me semblait drôle, c'est que dans la description qu'on m'avait donnée de lui, le fait d'avoir une petite amie super joyeuse ne semblait pas en faire partie. Il semblait du genre rebelle, à ne jamais rien écouter et ne pas suivre les règles. Et elle semblait toujours à son affaire. Je les observai se regarder en souriant. Je vis alors une lumière autour d'eux, comme celle que j'avais déjà vue autour de Jonarek. Je compris alors la complexité du phénomène de l'âme sœur. Jonarek me complétait. Mon frère ne faisait qu'un avec moi. Janick allait remplir la partie féminine que les deux garçons n'allaient pas pouvoir me donner. Je sus que j'allais vraiment m'amuser avec eux.

Au moment où je faisais cette réflexion, mon père entrait. Il semblait de bonne humeur.

« Bon matin, Gaëlle! Je vois que tu as fait la connaissance de Janick! C'est elle qui t'accompagnera dans tout ce que tu feras, que ce soit ton parcours magique que social. Et ne t'inquiète pas, elle est toujours aussi souriante! », ajouta-t-il, en riant.

Je n'avais pas vraiment peur pour ça!

« Merci pour l'info, mais je crois que j'avais remarqué! », dis-je, avec un sourire amusé.

Janick se leva d'un trait, posa son livre sur ma table de chevet et alla droit sur Darryl. Elle l'embrassa sur le front puis se tourna vers moi.

« Tu vas voir, il n'y a pas beaucoup de règles dans cette école! La seule importante est de respecter tes pairs et tes supérieurs. Sinon, y'a pas grand-chose! Tu as le droit de faire de la magie comme tu veux, tout dépendant de ta puissance, tu pourras même t'exercer avec quelqu'un d'autre. Mais vu ton expérience avec la Déesse, il y a peu de chance que tu t'exerces avec quelqu'un d'autre que nous trois! », dit-elle, en parlant d'elle, mon frère et Jonarek.

Il y eut un petit silence avant que le Directeur, mon père, ne prenne la parole.

« Je suppose que tu aimerais te lever? »

« Oui, en effet! »

J'eus soudain le souvenir de ma dernière vision.

« J'ai vu maman! », dis-je à mon frère.

« C'est impossible! Maman est morte depuis longtemps, Gaëlle! », dit-il, les yeux tristes.

« Je t'assure que non! Quand on t'a kidnappé, on a aussi essayé de l'assassiner, mais la Déesse est venue à la rescousse de maman! Elle est bien vivante! La Déesse ne m'a pas seulement envoyé une vision du futur, elle m'a envoyée voir notre mère! Elle m'a dit de vous dire qu'elle vous aime toi et notre père. », ajoutai-je en me tournant vers ce dernier.

Il baissa les yeux. Quelque chose dans son attitude me laissa croire qu'il le savait déjà, mais qu'il n'en était pas certain. Mon frère choisit de ne rien ajouter. Peut-être que c'était parce qu'il n'y avait rien à redire ou tout simplement parce qu'il ne voulait pas se faire trop d'espoir. Ce fut la même chose pour mon père.

À la fin de la journée, je pus enfin me lever. J'avais mal partout, mais je savais qu'après un bon jogging et une bonne douche, ça allait passer. Darryl était resté avec moi toute la journée, avec Janick et Jo vint nous rejoindre juste après le repas du soir.

« T'as pas l'air d'une fille qui va aller se coucher toi! », me dit-il avec un sourire.

« Non, en effet. Y a-t-il une place pour faire du jogging dans le coin? »

« Bah, tu peux faire le tour du collège, ça va revenir au même, je crois... sinon, il y a le gym, mais nous ne pouvons pas y aller tout de suite. Ils veulent te faire passer des tests pour savoir l'étendue réelle de ta magie », me dit mon frère.

Je réfléchis un instant. Je n'avais pas vraiment de choix.

« Quelqu'un veut venir avec moi courir autour du collège? », demandai-je.

« Moi! »

Darryl, Jonarek et Janick avaient répondu en même temps. Apparemment, je n'étais pas la seule amateure de jogging!

« Mais avant, tu vas devoir aller te changer! », me dit Janick.

« Et où est-ce que je fais ça? »

Je ne me souvenais même pas de l'endroit où j'avais posé mes bagages.

« Dans ta chambre, bien sûr! », me répondit ma nouvelle amie.

« Et où est-elle? »

« Oh là là! Je crois que j'en ai beaucoup à t'expliquer! Donc, en gros, nous avons des chambres partagées. Il peut y avoir de 2 à 4 personnes dans la même chambre, fille comme gars. Quelque chose que tu auras remarqué rapidement, c'est que plus ton niveau de magie est fort, plus ta chambre est près de la salle de la Déesse. La raison est la suivante, tu seras de nouveau sollicité par la Déesse. On a remarqué qu'elle sollicitait l'aide des plus forts régulièrement », me dit Janick.

« Mais pourquoi les moins forts ne le sont-ils pas? »

« Nous ne le savons pas. Peut-être que la prochaine fois que tu iras, tu pourrais lui poser la question! Ça m'étonne que Jo ne l'ait pas encore fait! », dit-elle, en se tournant vers celui-ci.

Celui-ci nous fit une moue du genre « c'est pas de ma faute! » qui nous fit rire.

« Et pour finir ton histoire, avec qui suis-je? »

« Nul autre que nous! », me dit mon frère.

Je souris. C'était évident, voyons! Ils me conduisirent donc à notre chambre. Quand ils avaient mentionné la chambre, je pensais plutôt à une pièce avec des lits. Eh non! Il y avait bien quatre lits. Quatre gigantesques lits. Et une salle de bain et une petite cuisine.

Je sus tout de suite lequel des lits était le mien. Il se trouvait centré à la grosse fenêtre. Ainsi, je pouvais regarder le ciel quand je n'arrivais pas à dormir et je pouvais aussi admirer le vaste territoire où se trouvait le collège.

« Je savais que tu aurais voulu cette place! », me dit Janick, comme si elle avait lu dans ma tête.

Je souris. Je trouvai mes bagages tous défaits. Quelqu'un les avait rangés pendant que je me reposais. Sous le lit se trouvaient de nombreux tiroirs. Tous mes vêtements y étaient. J'ouvris le dernier tiroir, qui contenait tous mes effets sportifs. Je choisis donc une paire de shorts et une camisole de sports. Sur la droite je trouvai mes souliers de course et enfin, mon lecteur de musique mp3. Je remarquai que mon frère avait le même que moi. Je choisis ma liste de lecture de sport et partie vers la sortie. Janick, Jo et Darryl me suivirent.

Je pensais pouvoir courir longtemps, mais non. Encore une fois, je me sentais attirée par la salle de la Déesse. Nous fîmes donc le tour du collège, qui était vraiment énorme, et rentrâmes. J'eus le temps de me doucher avant de ne plus pouvoir tenir. Je me dirigeai vers la pièce en question, qui était juste à côté de ma chambre.

Mon frère me suivit. Janick resta à l'extérieur avec Jonarek. Comme l'avait dit la Déesse la dernière fois, il fallait quelqu'un pour aider s'il arrivait quoi que ce soit.

Mon frère ferma la porte derrière nous. La lumière qui semblait éclairer la pièce n'avait pas changé, malgré le fait qu'il commençait à faire nuit. Ça devait être une lumière surnaturelle, ce qui expliquerait pourquoi il s'agissait de la salle de la Déesse.

Je m'assis en tailleur au milieu de la pièce, comme je l'avais fait les deux dernières fois. Mon frère fit la même chose. Je le sentis mettre sa main dans la mienne. Nous fermâmes les yeux. Au bout de quelques secondes, nous sentîmes la présence de notre ancêtre.

J'ouvris les yeux en premier.

« Pourquoi nous avoir fait venir cette fois alors que je viens à peine de me réveiller? », demandai-je, curieuse.

« Je voulais vous avertir. Une chose terrible arrivera bientôt. Mais vous allez pouvoir aider. Je veux que vous sachiez que vos pouvoirs ensemble sont d'une force incroyable. À un tel point que tout comme moi, vous pouvez ressusciter quelqu'un. »

J'eus peur de sa dernière phrase.

« Qui va mourir? », demandai-je, énervée.

« Vous ne connaissez pas encore cette personne. Elle essaiera de te tuer, Gaëlle. Mais quand elle saura qui tu es, elle se rachètera. Elle s'appelle Sariena. »

« La même que la créature que j'aie vue dans ma vision? », demandai-je, perplexe.

« Oui, c'est elle. »

« Mais comment va-t-elle mourir et pourquoi devons-nous la sauver? », demanda Darryl.

La Déesse sembla chercher ses mots.

« Elle a une sœur jumelle. Et c'est elle qui la tuera. Et vous devez la sauver, car vous aurez besoin d'elle plus tard. »

C'était clair, net et précis.

« J'ai une dernière question. Pourquoi les moins forts de ce collège ne peuvent-ils pas venir vous voir comme nous le faisons en ce moment? », demandai-je.

Elle sourit.

« Parce qu'ils ne sont pas assez forts pour supporter ma magie. Une personne est morte ici. C'était une adolescente au cœur d'or, qui savait exercer son corps pour supporter les plus grandes souffrances physiques. Son corps était fort, mais son esprit n'avait jamais eu autant de dommages. Quand quelqu'un vient ici, son esprit est aussi sollicité que lorsque vous faites ce que vous appelez un marathon, mais dix fois pire. Après la mort de la petite, j'ai décidé de n'appeler que ceux qui étaient assez forts pour supporter mon poids. Ainsi, ceux que j'appelle deviennent mes porte-parole. Et vous êtes les deux plus fort. Je vous appellerai régulièrement. Parce que vous êtes les plus forts aussi vous serez dispensés de cours. Ce que vous aurez à apprendre sera de vous coordonner et cette partie de votre apprentissage ne se donne pas. Vous allez devoir vous entraîner quand je ne vous appellerai pas. Jonarek et Janick savent comment le faire, ils pourront vous aider. Ainsi, je pourrai vous rencontrer et vous pourrez vous reposer. Il en sera de même pour Janick et Jonarek. Alix est déjà au courant, je l'ai appelé il y a quelques heures. Et Gaëlle, ne parle pas de ce que viens de vous dire aux tests. Ils ne sont pas obligés de le savoir tout de suite. »

« D'accord. Une dernière question. Pour quand est l'évènement terrible que vous avez mentionné? », demanda Darryl.

« Je ne peux pas vous le dire. C'est très près. Tu le sauras assez rapidement, car Gaëlle sera attaquée elle aussi! »

Elle disparut sur ces dernières paroles.

Mon frère tourna la tête vers moi. Il dut voir que la dernière phrase de la Déesse m'avait prise au cœur.

« Tu sembles en savoir un peu plus que moi sur cette attaque, toi. », dit-il.

« Oui. C'est la vision qu'elle a choisi de me montrer la première fois! », dis-je, avec un tremblement dans la voix.

Nous nous levâmes. La Déesse avait raison. Venir la voir n'avait rien de relaxant. Je sentais à peine mes jambes. Mon frère semblait mieux s'en sortir que moi, alors il m'aida à me relever et à marcher un peu. Rendu à la porte, il me laissa me débrouiller toute seule. Heureusement que notre chambre se trouvait juste à côté, car j'aurais mal imaginé qu'on me porte jusqu'à mon lit!

Rendu là, je me couchai sans même le défaire et m'endormis immédiatement.

Le lendemain, je fus réveillée par mon père. Tout le monde était déjà réveillé. Mais ils avaient choisi de me laisser dormir.

« Bon matin! », me dit-il.

« Bon matin à toi aussi! », dis-je.

J'avais assez bien dormi, si bien que je me sentais assez en forme pour affronter la journée.

« Prête pour les tests? », me demanda-t-il.

« Oui. En quoi consistent-ils? »

Il m'expliqua qu'ils voulaient voir jusqu'où ma magie pouvait aller. Ils voulaient tester mes réflexes et voir si j'étais vraiment apte à manquer les cours comme Jonarek, Janick et mon frère. Après avoir mangé rapidement un sandwich dans le petit frigidaire de la cuisine et m'être changée, je le suivis jusqu'au gymnase où j'allais être testée.

« Je t'avertis tout de suite, tous les professeurs sont là. S'ils te critiquent, ne les interromps pas. S'ils te donnent des conseils, prends-les. Et s'il y en a un seul qui doute de tes capacités, montre-lui ce que tu sais faire! »

« Heum... je ne veux pas te ralentir dans ton enthousiasme, mais je n'ai jamais fait de magie avant! »

Il rit de ma remarque.

« Comme tous ceux qui sont passés avant toi, Gaëlle! Ils te diront comment faire et tu n'auras qu'à exécuter! »

« D'accord. »

Nous entrâmes dans le gymnase. Si j'avais eu à donner un nom à cette salle, ça aurait été « le stade olympique intérieur ». Il était immense. Quand il m'avait dit que tous les profs allaient être là, je m'attendais à quelque chose de gros, mais non. Ils étaient seulement une trentaine. L'un d'entre eux avança vers moi. C'était un petit homme, trapu et chauve, habillé d'un complet impeccable.

« Bonjour, jeune fille. Mon nom est Sandro Celzo. Je serai le premier à t'évaluer ce matin. », se présenta-t-il.

Je me présentai aussi. Les tests durèrent toute la journée. Plusieurs de mes aptitudes les marquèrent. La première était que j'assimilais tout ultra rapidement. La deuxième était que je pouvais lire dans la tête de tout le monde, même s'ils avaient érigé un mur autour de leurs pensées. Ensuite, je savais maîtriser les quatre éléments. Le dernier test fut celui qui les marqua le plus.

M. Celzo s'approcha de moi et me donna les directives.

« Il est maintenant temps de passer à l'attaque! C'est maintenant que nous allons vraiment voir de quoi tu es capable. Nous allons utiliser notre magie et t'envoyer des vases que tu devras détruire. Mais je t'avertis, ça ne s'arrêtera pas là. Ça sera bien plus difficile, car quelques uns de nous essaieront aussi de t'atteindre mentalement. Est-ce que tu comprends? »

Je fis signe que oui de la tête et me préparai mentalement. Comme l'avait dit M. Celzo, des vases venaient vers moi, contrôlés par les autres professeurs, à toute vitesse. Je réussi à tous les éviter. Pendant cet exercice, je sentis que quelqu'un essayait de s'immiscer dans mon esprit. Je réussi à le repousser, avec une telle force que je sus qui c'était, car il réagit physiquement à ma riposte.

Les vases devenaient de plus en plus nombreux, mais je réussi à tous les détruire. Soudainement, je sentis que plus d'une personne essayaient de s'introduire dans ma tête. Tous les professeurs de la salle essayaient de me percer à jour. Et comme je l'avais fait avec le premier, je réussi à les sortir de là, comme le vent repousse une feuille d'automne sur le sol. Ils tombèrent tous sur le sol.

J'avais terminé. Enfin les tests étaient terminés.