Sariena

Enfin, les tests étaient terminés. Mon père vint me voir.

« Tu as été superbe! », me dit-il.

« Est-ce que ça a été aussi long avec tout le monde? »

« Non. Tout dépend de ta force. Habituellement, on se rend jusqu'à ce que l'élève demande grâce. Mais tous les professeurs se sont mis contre toi et tu as quand même réussi à les déjouer. »

J'haussai des sourcils. Bien sûr que j'allais réussir et ils le savaient tous. Ils voulaient juste me voir à l'œuvre!

Il y avait des débris de vases partout sur le sol. Je levai donc une main et tous les objets se reconstituèrent, pour revenir à leur état d'origine, sous le regard émerveillé des profs. Je les envoyai ensuite s'entasser dans un coin de l'énorme gymnase, juste à côté de ce qui devait être l'entrepôt qui servait à ranger les trucs de sport.

Le professeur Celzo s'approcha de moi après avoir discuté avec les autres professeurs.

« Gaëlle, nous avons une demande à te faire! », me dit-il, fébrile.

Je me tournai vers mon père. Il me fit un signe de tête qui m'incita à écouter la demande des professeurs.

« Alors voilà. Nous cherchons quelqu'un actuellement pour être notre professeur de défenses. Personne n'a vraiment réussi à remplir nos critères, car ils n'étaient pas très forts... pas comme toi! Nous avons donc besoin d'un deuxième professeur. Nous avions proposé à ton frère de le faire, mais il ne veut pas être seul, car il a peur de perdre patience et de blesser quelqu'un. Accepterais-tu le poste? »

J'aurais pu penser qu'il se moquait de moi... bien qu'avec ce que j'avais réussi à faire, j'aurais pu moi-même me moquer de lui. Bah, quoi? Faut bien rire parfois! Oh, faites pas cette tête, je ne l'ai pas fait tout de même!

Je ne pris pas beaucoup de temps à donner ma réponse.

« Seulement, mais seulement, si mon frère le fait avec moi. Et comme je doute que le cours soit donné seulement aux meilleurs, je veux que nous soyons remplacés par Jonarek et Janik quand nous ne pouvons pas assister aux cours! »

Un sourire illumina le visage du professeur. Il avait eu ce qu'il voulait.

Comme c'était la fin de la journée, j'en profitai pour aller manger et me doucher. Tout le monde était à la cafétéria. Mes amis aussi, mais j'avais envie d'être seule un peu. Je mangeai donc rapidement à une table vide et allai ensuite chercher mes effets personnels.

Les couloirs étaient sombres. Il n'y avait personne d'autre que moi sur l'étage. J'entrai donc dans la chambre. Au moment où je levai les yeux pour repérer le tiroir où se trouvaient tous mes trucs de toilette, je vis que quelqu'un était assis sur mon lit. Et avant même de me poser la question, je savais qui c'était. La Déesse m'avait avertie que c'était pour bientôt. Bon, je dois vous avouer que je ne croyais pas que ça allait être aussi près, mais je m'étais tout de même préparée à la voir.

« Que faites-vous ici? » demandai-je, même si je connaissais déjà la réponse.

La personne se tourna. Je remarquai tout de suite que nous avions un point en commun, nos yeux. Bleus, presque blancs. J'avais ma grand-mère démoniaque devant moi.

Faites pas cette tête, voyons! J'ai pas réussi à trouver un terme plus fort pour la décrire.

Elle était assez belle, quand elle ne devenait pas une bête énorme. Elle se leva. Elle devait mesurer 5 p 8, environ, car elle était de la même grandeur que moi.

« Tu sais très bien ce que je fais ici. Tu vas mourir aujourd'hui, fille d'Aquilöé. »

J'haussai des sourcils, m'attendant à ce qu'elle rie, comme si c'était une blague de mauvais goût. Mais non. Le souvenir de la douleur fulgurante qui m'avait traversée lors de ma première vision du futur me revint à l'esprit. Je pris mes jambes à mon cou et courues le plus rapidement possible.

Au passage, je vis mon frère. Il semblait affolé.

« Gaëlle, Sariena, elle est ici, je l'ai sentie! »

« Eh bien, figure-toi que je le sais, elle était dans ma chambre et si tu cours pas plus vite, tu vas aussi avoir affaire à elle! »

Il se mit à courir plus rapidement lui aussi. Mais elle nous rattrapa en un rien de temps. Je vis Darryl s'arrêter.

« COURS, GAËLLE! » me cria-t-il.

Mais je ne pus me résoudre à le laisser seul. Il se défendit du mieux qu'il put. Mais je n'eus pas l'occasion de l'aider, car ma grand-mère, qui s'était transformée en une bête atroce de deux mètres, l'envoya valser plus loin et m'empoigna par le cou. Elle me souleva d'au moins 30 centimètres de terre.

« Je t'avais dit que tu allais mourir, fille de Déesse! »

Comme dans ma vision, je la vis enfoncer ses griffes dans mon abdomen, lentement. Très lentement. Mon cri de douleur se répercuta contre les murs du collège. J'entendis la bête rire. Un rire rauque, mais clair. Elle me lâcha d'un coup, me laissant tomber comme une poupée de chiffon. Je m'effondrai sur le sol et ne bougeai pas d'un seul millimètre. Je vis mon père arriver. Il ne me vit pas tout de suite.

« Sariena! » dit-il entre ses dents.

« Mon fils! Juste à temps pour assister à la mort de la dernière fille de la Déesse! » dit-elle, en redevenant humaine.

« Mais qu'as-tu fait? Tu m'avais promis de ne jamais toucher aux membres de notre famille! Tu n'es qu'une créature fourbe et horrible! »

Il se précipita vers moi. Étrangement, je ne sentais rien. Pas même la douleur. J'étais juste fatiguée et j'avais froid. Je m'appliquais à respirer lentement, pour ne pas perdre les forces qu'il me restait. Il passa sa main au-dessus de mon abdomen et je sentis une chaleur bienfaisante m'envahir.

« Elle va mourir, Alix! »

« Non. Elle ne peut pas mourir, car elle est du même sang que toi et moi. »

Sa mère le regarda avec de gros yeux. À voir la figure qu'elle faisait, elle devait bien se demander comment c'était possible!

« Elle est ma fille. Et le garçon que tu as complètement sonné est son frère jumeau. Mais, tu le connaissais déjà, puisque tu l'as kidnappé alors qu'il n'était qu'un bébé. »

Je sentis quelque chose de chaud se propager en moi. Quelque chose de brûlant. Je gémis. La douleur s'intensifia. Ma vue se brouilla.

Je ne devais pas perdre conscience. Je vis mon frère se relever et venir lui aussi vers moi.

« Hé merde! Gaëlle! »

Malgré la douleur, je ne bougeai pas. Je ne voulais pas épuiser mes forces, même si cela me coûtait beaucoup de ne pas le faire. Je ralentis ma respiration.

« Gaëlle, tu ne résisteras pas longtemps comme ça. Laisse-toi aller, s'il te plait! » me supplia mon frère. « Je sais que ça fait mal. Mais ne t'en fais pas, ça va passer. Laisse-toi aller. »

Je sentis une vague de douleur puissante me prendre. Une larme s'échappa de mon œil droit. Mon corps s'arqua sous la force de cette vague.

« Ne peux-tu pas faire quelque chose pour réparer tes torts ou n'es-tu qu'une bête assoiffée de sang et de haine? Ta petite-fille est empoisonnée par ton propre poison et tu restes debout, à côté, à ne rien faire, à la regarder souffrir! Tu es la seule à pouvoir l'aider! Je t'ordonne de l'aider! » s'énerva mon père.

« Je suis désolée, Alix. Je ne peux rien faire. J'ai déjà essayé. La seule chose à faire est d'attendre. », dit-elle, piteusement, en baissant la tête.

La douleur devint insupportable et l'inconscience ma gagna.

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Alix vit sa fille sombrer. Son corps devint inerte. Le seul indice qui laissait indiquer qu'elle était toujours vivante était sa respiration haletante. Son visage était en sueur et du sang recouvrait presque la totalité de son t-shirt. Son sang.

Cette vue le révulsa. Il eut un haut-le-cœur. Sariena s'approcha de la jeune fille et passa à son tour une main au-dessus de l'abdomen de celle-ci. Une douce lumière bleue éclaira ses mains. La respiration de Gaëlle se calma.

« C'est tout ce que je peux faire pour elle. Si elle est aussi forte que toi, elle s'en sortira assez rapidement. », dit-elle, avant de se volatiliser.

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