Révélations

J'avais tout dit d'un trait. Ils me regardaient tous, avec des yeux horrifiés. Ce fut l'oncle de Jonarek qui rompit le silence.

« Et ça arrive souvent, de la violence gratuite comme ça? »

Je le regardai, pas trop sûre de ce que je devais répondre.

« Bon, ça suffit comme ça, si on continue, les enfants vont être en retard à l'école. Théo, va les reconduire, s'il te plait. Gaëlle, demain matin, reviens ici, mais, si tu le peux, un peu plus tôt. Nous aurons ainsi le temps de discuter. » dit Kimberly, d'un ton qui ne voulait aucune réplique.

« Et si vous êtes chanceux, vous aurez les mêmes cours. » ajouta Thïodann, dit Théo.

Nous partîmes donc à l'école. Nous arrivâmes de bonne heure, ce qui nous laissa amplement le temps d'aller chercher l'horaire de Jonarek et finalement se rendre compte qu'en plus d'avoir les mêmes cours, nous avions le même casier.

« Tiens, j'étais sûre que j'allais rester seule toute l'année! » dis-je, en souriant.

Je perdis assez rapidement ce sourire lorsque je vis LA fille populaire de l'école s'approcher de nous. Jessie Andrews. Grande, fausse blonde, maquillée jusque sous les pieds, corps athlétique, yeux bleus, bref, elle avait tout.

« Tu dois être Jonarek, je suppose! » dit-elle, avec un sourire presque charmeur. (Presque, parce que je savais que ce n'était que pour le mettre dans sa poche.)

« En effet, c'est bien moi! »

« Si tu veux bien, je vais te faire visiter l'école! Oh et aussi peut-être te faire changer de casier, tu serais mieux avec les gens importants. » ajouta-t-elle, hautaine.

La réponse de Jonarek me surprit.

« Oh, mais Gaëlle est très importante. Bien plus que tu ne le seras jamais! Je suis très bien où je suis et je vais devoir refuser ton offre de visite, Gaëlle me l'a déjà proposé. Ne va surtout pas croire que parce que tu es la plus populaire ici que je vais te suivre comme un petit chien! Tu sais, cette couleur dans tes cheveux, c'est pas naturel et ça paraît! Et tout ce maquillage! Quel gâchis! Et ce faux sourire, que dire de lui! Non, je vais rester avec Gaëlle. Et si je te prends encore à l'agacer, je te dénonce au haut placé de la commission scolaire. T'es pas chanceuse, il s'agit de mon père. J'espère ne pas avoir le plaisir de te voir dans mes cours! »

Je le regardai, surprise comme un chat qui était en train de déchirer tous les papiers mouchoirs et qu'on vient de prendre en flagrant délit. Jessie me regarda avec un regard presque apeuré, comme si elle venait de se rendre compte de la faute qu'elle avait commise. J'allais enfin avoir la paix.

La journée passa assez rapidement, malgré mon mal de tête, qui ne cessait d'accroître depuis la bouteille de whiskey que je m'étais prise ce matin-là. Quand enfin la journée finit, ce fut un soulagement pour moi. Contrairement à ce que je m'attendais, je ne marchai pas pour retourner chez moi, mes parents m'attendaient devant l'entrée de l'école. Je regardai Jonarek, pas trop sûre de ce que je devais faire. Jamais ils ne venaient à l'école. Même les rencontres de parents, ils n'y venaient pas.

« Alix m'a envoyé un message tout à l'heure pour me dire que mon père et lui allaient faire un tour chez toi. Je dois venir aussi. »

Je fronçai les sourcils, mais ne dis rien. Il se dirigea vers la voiture de sa mère et moi, vers celle de mes parents. Je m'assis en arrière, puisque tous les deux étaient là. Durant tout le trajet, aucun mot ne fut prononcé. Tout fut dit quand nous fûmes dans la maison.

« Bon, nos voisins viennent dans 30 minutes. T'es mieux de te tenir tranquille. Si jamais j'apprends que tu leur as dit ce qui se passait ici, plus jamais tu ne sortiras de cette maison, autre que pour aller à l'école. » me dit mon père.

Je le regardai un moment et décidai de tout lui dire. C'était toujours comme ça. Je ne pouvais pas m'empêcher de lui lancer ses quatre vérités en face.

« Et bien, je te souhaite bonne chance pour ta couverture de gentils parents qui adorent leur fille chérie, parce qu'ils savent déjà tout. Et même si t'essayais de m'empêcher de sortir, tu sais aussi bien que moi que tu n'y arriverais pas, alors garde ta salive pour expliquer pourquoi vous êtes si incompétents. » répondis-je, arrogante.

Il me regarda, furibond. Ben quoi? J'allais tout de même pas me laisser faire! J'allais pas passer pour la petite fille, trop heureuse dans s famille, alors que ce n'était pas le cas. Surtout que le bonheur, ça s'invente pas. T'aimes ou t'aime pas, c'est tout. Dans mon cas... Ben vous aurez deviné, j'aime pas. Ma mère arriva à son tour. Heureusement, elle n'avait rien entendu de ce petit échange. Mon père était frustré (rien d'inhabituel quoi) et me lançait des regards meurtriers. Je passai devant lui, car de toute évidence, tout s'était passé dans le petit vestibule d'entrée et me dirigeai immédiatement vers ma chambre. Étrangement, jamais mes parents n'y entraient. Jamais je ne les avais vues y mettre ne serait-ce qu'un orteil.

Au bout d'environ 25 minutes, j'entendis la voix familière de Thïodann, son frère et Jonarek, qui saluaient mes parents. Je choisis de descendre à ce moment. Lorsque Jonarek me vit, j'eus droit à un magnifique sourire. Ce qu'il était beau!!!

Ils étaient tous dans le salon quand finalement je les rejoignis. Thïodann et Alexaël avaient le regard grave et mes parents avaient de la difficulté à rester en place.

« Salut Gaëlle! Me dit Thïodann. Paraît que Jo t'a défendue aujourd'hui? »

« Heum... oui, en effet. »

Il me sourit, sans rien ajouter. Quelque chose n'allait pas. Je sus à ce moment que quelque chose allait arriver, que j'allais apprendre quelque chose d'important.

« Gaëlle, tes parents, mon frère et moi avons quelque chose à t'annoncer. » me dit Thïodann.

Je vous l'avais dit! Il me fit m'asseoir sur le sofa, entre son frère et Jonarek.

« J'espère que ce n'est pas pour m'annoncer que vous repartez! » dis-je, juste pour briser le silence déplaisant qui s'installait doucement.

« Bien sûr que non, voyons! Nous n'avons pas fait construire cette maison pour repartir quelques jours après y être emménagés, franchement! » me dit Alexaël presque moqueur.

« Non. Ce que nous avons à te dire est bien plus important. » ajouta le père de mon ami.

Je fronçai des sourcils, ne sachant pas trop quoi faire, autre qu'attendre.

« Tu sais, Gaëlle, le monde est parsemé de mystères. Beaucoup restent encore à élucider et... » commença Alexaël.

Je ne laissai pas finir.

« Venez-en aux faits. »

Jonarek me regarda. Je ne sus détecter ce qui animait son regard.

« Nous sommes des magiciens. Il y a une prophétie qui parle d'une grande magicienne, descendante directe de la Grande Déesse des vivants, Aquilöé. "Notre sauveuse ne connaîtra rien de son monde. Elle vivra dans le mépris et ne connaîtra le bonheur que lorsqu'elle trouvera son arme secrète et qu'elle apprendra sa vraie nature."

Tu es cette fille, Gaëlle! Ta mère était la dernière descendante d'Aquilöé, avant toi. Elle t'a donné à son frère, parce qu'elle ne voulait pas que le frère d'Aquilöé, Maïguel, le Dieu des Morts, te retrouve. Puisque ta mère est morte, elle se trouve entre ses mains en ce moment et il cherche par tous les moyens à te trouver et briser ainsi la prophétie! » me dit, d'un trait, mon ami.

Je le regardai, pas trop sûre si je devais rire ou le prendre au sérieux. L'expression de son visage me convainquit de la véracité de ses propos.

Une question s'imposa dans mon esprit.

« Vous m'avez parlé de ma mère. Qu'en est-il de mon père? » demandai-je.

Tous me regardèrent. Ce fut Alexaël qui prit la parole.

« C'est moi. » dit-il, simplement.

Tout se mit en place d'un coup. Ses yeux et ses cheveux de la même couleur que moi. Le fait qu'ils viennent s'installer ici, si peu de temps avant la fin de l'année. La lumière que j'avais vue autour de Jonarek le matin. Et tout ce que mon père et ma mère (ou plutôt, mon oncle et ma tante) m'avaient fait endurer sans que personne puisse expliquer ce qui m'arrivait.

Comme si Thïodann lisait mes pensées, il me demanda :

« Et qu'est-ce qu'ils te faisaient subir au juste? »

Je le regardai, surprise, mais en même temps ébahis. Je lui dis tout, sans omettre aucun détail.

« Et bien, quelquefois, quand il était en colère, je me sentais faiblir d'un coup, comme si cela faisait des jours que je n'avais pas dormi ou comme si j'étais très malade. Ma température corporelle montait en flèche et dans le temps de le dire, je sombrais dans l'inconscience. Une fois, j'ai dû aller à l'hôpital à cause de ça. Mais je ne savais pas à ce moment que c'était lui qui me faisait ça. Ensuite, ma mère, quand elle était en colère, elle lançait des objets. Souvent, je ne savais même pas d'où ils venaient. Une autre fois, nous étions dans le salon et elle m'a sermonnée parce que j'avais déplacé la carpette. J'ai répliqué. Le temps d'un battement de cils, un couteau à steak était enfoncé bien profondément dans mon mollet droit. Et sans même comprendre pourquoi, quelques heures plus tard, je n'avais plus aucune marque! »

Mon ami et sa famille me regardèrent avec des yeux furieux. Ils se tournèrent tous en même temps vers les deux fautifs. James fulminait. Disons qu'il n'aimait pas quand il n'avait pas l'avantage. J'eus droit au traitement expliqué au début de mes révélations fâcheuses. Soudainement, je sentis le malaise s'imposer en moi, sans que je ne puisse me défendre. En moins de 30 secondes, je sombrai dans l'inconscience.

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