Deuxième chapitre du jour !
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Elle s'étira, se massa les tempes puis prit enfin une gorgée de son café préféré qui  avait une douce note de noisette.

Elle était un peu inquiète pour son patient mais était quand même ravie d'avoir deux heures de répit entre ses deux patients les plus difficiles.
Plus les semaines passaient et moins elle voyait comment les aider et elle commençait sérieusement à envisager de demander de l'aide à son odieux confrère, réputé pour les cas si particuliers.

Elle rattacha sa lourde chevelure rousse en un chignon haut puis se dirigea vers la sortie afin de demander à son secrétaire d'appeler son confrère.
Elle aurait pu l'appeler de son bureau mais elle voulait se dégourdir les jambes et espérait aussi secrètement tomber sur le beau jeune homme qui réparait les ordinateurs depuis quelques jours.

La rousse, l'esprit un peu grivois, sursauta en constatant une horde de gardes du corps princier devant sa porte. Surprise, elle observa son patient se diriger vers elle, un étrange sac à la main, et entrer dans la pièce pour s'installer dans le fauteuil.
Elle soupira puis referma derrière elle.

"Votre Altesse, je pensais qu'on se voyait la semaine pro-

- Prochaine oui, j'ai besoin de votre aide docteur.

- De quelle manière-hey ! que faites-vous !? s'écria-t-elle en fermant brusquement les yeux quand elle constata que son patient se déshabillait. Je ne suis pas payée pour-

- Ne criez pas ainsi ! Mais vous insinuez quoi !? s'offusqua Seokjin.

- Pourquoi vous déshabillez-vous alors ? fit la jeune femme en ouvrant légèrement les yeux pour constater que le prince s'était transformé en un parfait inconnu lambda : un polo de sport, par-dessus lequel il avait mis une veste en cuire, un jogging un peu usager et une casquette pour parfaire sa tenue et... il lui emprunta ses lunettes de soleil qu'elle avait laissées trainer sur son bureau. Je peux savoir ce que vous faites ? demanda-t-elle en croisant les bras.

- Je veux que vous m'aidiez. Je veux seulement me débarrasser d'eux pour quelques heures.

- Vous n'y pensez pas !

- Je veux simplement profiter de ces deux heures pour être un homme normal.

- Votre Altesse... Je suis désolée mais vous n'êtes pas un homme normal.

- Jin.

- Jin... je comprends que ces séances aient ravivé votre désir de jeunesse d'être un jeune homme comme tous les autres mais... je ne veux pas aller en prison ! Je suis encore jeune et célibataire ! Pensez aussi à moi !

- Ne vous inquiétez pas, vous n'irez pas en prison... sourit Seokjin, amusé par ce côté assez enfantin que lui révélait inconsciemment son docteur.

- Mais, s'il vous arrivait quelque chose...

- Il ne m'arrivera rien. Je vais juste me promener un peu, c'est tout. J'ai besoin d'air... dit Seokjin en prenant la main de la jeune femme. Comprenez-moi... J'en ai vraiment besoin, je le sens.

- O-ok... soupira la jeune femme. Mais revenez à l'heure !

- Merci !

- Faites attention à vous et ne parlez pas aux inconnus !

- Je ne suis pas un enfant vous savez ! rit Seokjin en se dirigeant vers la sortie de secours, au fond du bureau de la jeune femme. J'en prendrais soin ! ajouta-t-il en désignant les lunettes de soleil, puis il s'enfuit comme un voleur, sous le regard désemparé de son médecin.

- Dire que ma journée avait si mal commencé, il fallait que ça continue ! Bien, je vais devoir jouer à un jeu à gratter, avec toute cette malchance, je suis sûre de gagner au moins un voyage ! maugréa la jeune rousse avant de se laisser tomber sur la canapé. Et dire que je n'ai même pas pu voir le beau jeune informaticien...", soupira-t-elle avec tristesse.

[...]

Il regarda derrière lui, sur sa droite puis sur sa gauche. Rassuré, il afficha un sourire puis, il enfonça sa casquette sur sa tête, mit ses mains dans les poches de sa veste et se dirigea à grandes enjambée vers le centre ville.

Arrivé dans le parc qui menait au métro, Seokjin s'arrêta quelques instants, leva la tête vers le ciel, respira un grand coup et se sentit enfin libre.
Une fois dans le train, il s'installa et attendit d'arriver à destination.

"Lycée Charles-Édouard 1er, prochain arrêt-"

La voix le fit sursauter et le nom prononcé fit battre son cœur plus vite.
Impatient, il se leva, se mit devant la porte et en sortit immédiatement à peine le train s'était-il arrêté.
Il marcha encore quelques minutes puis s'arrêta devant l'entrée de l'établissement.
Il resta là, fixant au loin les bâtiments, le cœur serré.

"Vous voulez quelque chose ? lui demanda brusquement le concierge qui vint vers lui. C'est sûr qu'il devait paraître suspect à rester ainsi devant l'établissement.

- Oh... Je suis un ancien étudient...

- Ah... Vous étiez élève ici ? J'y travaille depuis peu... Vous voulez voir quelqu'un ? Un professeur ?

- Heu... Je...

- Sinon, il y a une porte ouverte dans deux semaines, vous pourrez repasser... sourit l'homme d'âge mûr. Pour les anciens élèves, l'invitation est à retirer sur le site de l'école.

- Vraiment !?

- Il vous suffira de montrer votre invitation... sourit le concierge. Je sais ce que c'est quand la nostalgie nous prend de plein fouet.

- Oui, exactement... ça fait drôle... J'y ai passé les meilleurs années scolaires...

- J'imagine.

- Je reviendrai alors. Merci beaucoup, sourit Jin.

- Pas de quoi, à bientôt alors... Il ne vaut mieux pas que vous rester là...

- Mm..."

Le cœur léger, Seokjin laissa ses pas le guider et il arriva dans la petite pâtisserie où il aimait passer avec ses amis à la fin des cours.
C'était leur petit fief.
Elle était toujours là, toujours pareille.
Il entra et fit tinter le mobile à l'entrée.
Un sourire toujours aussi ravageur mais légèrement embelli de petites ridules, l'accueillit, comme au bon vieux temps.

"Bienvenue ! Oh ! Mais c'est toi Jay ! Tu es de retour !! ?

- Vous m'avez reconnu !? s'étonna Jin.

- Pourquoi ne t'aurais-je pas reconnu ?! Tu n'as pas beaucoup changé...

- Vous avez toujours votre œil de lynx, rit Seokjin en enlevant finalement sa casquette et ses lunettes.

- Non... Je retire ce que je viens de dire. Tu es encore bien plus beau !! Quel bel homme tu es devenu toi aussi ! s'extasia la femme en conduisant Jin à une table vide.

- Moi aussi ?! demanda Jin.

- Oui... sourit la femme. On aurait dit que vous vous êtes donnés le mots. J'ai vu deux des autres amis avec qui tu trainais pas plus tard qu'hier.

- Oh !? Qui ça ?!

- Oh, le petit grincheux là... même s'il est toujours aussi charmant... et le grand gaillard là... Magnifique bel homme à la carrure... Wouaw... J'en rougis encore.

- Tu oublies que tu es mariée et mère de deux enfants !? gronda son mari qui vint vers eux. Oh, Jay, tu es revenu toi aussi ! toujours à draguer ma femme ?

- Ahaha... Ce n'est pas ma faute si je suis beau et irrésistible.

- Tu es sûr que tu tiens à la vie !? maugréa le mari avant d'éclater de rire et de prendre le jeune homme dans ses bras. C'est Umji qui va être heureuse de te savoir de retour... Elle est célibataire tu sais...

- Heu...

- Arrête de l'embarrasser ! Il est trop bien pour notre idiote de fille.

- Mais il est assez bien pour toi !? fit le mari en croisant les bras.

- Les jeunes aiment bien les femmes mûres... et vice-versa.

- Moi aussi je suis encore jeune et plein de vigueur... et toi tu es la plus belles de toutes les femmes... sourit le mari en prenant sa femme dans ses bras qui rougit de plaisir.

- Heum...

- Oh, désolé... Mais comme tu vois, tu ne pourras jamais me prendre ma femme ! dit le mari en faisant un clin d'œil. Bon, je te sers quoi ?

- Un bubble tea menthe passion et une de tes petites douceurs.

- Okay ! Je t'apporte ça !

- Merci ! sinon... Ajuma, qui d'autre à part Yoongi est venu ? demanda Jin, curieux.

- Ah, Namjoon.

-H-hein !?

- Oui, ils sont venus nous saluer comme toi. Nam vient juste de rentrer au pays je crois.

- Il... il est de retour...", murmura Seokjin, le cœur battant à une vitesse folle.

...

Bien plus tard, installé à son bureau, Seokjin regardait sans les voir vraiment, les mots qu'il avait inscrits dans son journal : il est de retour !

Il regarda ensuite pendant de longues minutes cette petite boite de pandore qu'il avait juré de ne jamais ouvrir, puis, comme mû par une force étrange et incontrôlable, il glissa sa main sur le couvercle et l'ouvrit brusquement.

Le jeune homme, les mains tremblantes, prit le petit objet, l'ouvrit, appuya le bouton de démarrage et attendit quelques secondes avant qu'il ne s'allume.
Il resta là, stoïque, observant son écran de déverrouillage, fixant ce sourire, ce regard espiègle, brillant d'une lueur qu'il avait toujours peiné à déchiffrer.

Seokjin, perdu sans son passé, sursauta lorsqu'on frappa brusquement à sa porte et rangea rapidement l'objet dans la boite qu'il s'empressa de cacher dans le fond de son armoire, juste à temps, au moment où la porte de sa chambre s'ouvrait sur le visage taciturne de son secrétaire.

"Votre Altesse ?

- Je t'ai déjà dit de ne pas entrer dans ma chambre ainsi, sans autorisation ! je veux que tu me rendes mes clefs ! J'en ai marre de ne pas avoir d'intimité dans ma propre chambre ! s'énerva Jin.

- Vous savez bien que c'est pour votre sécurité.

- Quelle sécurité !? Je suis dans une prison !! Je ne savais pas que j'avais signé pour devenir un vulgaire prisonnier !

- Il est tard, vous devez aller vous coucher, dit le jeune secrétaire sans broncher.

- Je ne suis plus un gamin, je n'ai pas besoin que tu me bordes ! rouspéta Jin en se glissant dans ses draps malgré tout.

- Je sais... vous n'avez plus rien d'un gamin...", murmura le secrétaire en regardant Seokjin s'endormir un doux sourire sur les lèvres, à peine la tête posée sur son oreiller, avant de sortir discrètement de la chambre, légèrement irrité.

Il se dirigea ensuite à son bureau et lut les rapports qu'on venait de lui déposer  quand son bras droit entra dans la pièce après avoir frappé.

"Alors ? demanda-t-il.

- Tu avais raison, il n'était pas à sa séance. Il est sorti par la porte de derrière. Mais, comment l'as-tu su ?!

- Je le connais par coeur ... dit le jeune brun. Il était différent aujourd'hui... murmura-t-il pour lui même.

- Hein!?

- Rien, où était-il ?

- Dans une petite pâtisserie.

- Une pâtisserie !?

- Non loin de établissement où il a étudié quelques années, quand il était au lycée. Apparemment il y allait souvent avec ses amis...

- Seul ?

- Oui.

- Et pour l'autre affaire ?

- Justement, c'est ce dont je voulais te parler.

- Alors ?

- On l'a enfin trouvé... et... il est de retour..."

Le jeune secrétaire, remercia son subordonné et, une fois la porte close, il laissa transparaitre enfin ses émotions, bien que fugaces : il fronça le front et froissa avec rage la feuille contenant les informations sur le retour de celui qu'il considérait comme son pire ennemi ainsi que le traître qui avait mis la royauté en péril.

...