Moumoune


La ville se dressait devant nous, une mosaïque colorée de bruits, d'odeurs et de visages inconnus. Cléo et moi nous séparâmes du groupe principal, déterminées à trouver ce que Cléo voulait et qui d'après elle nous permettrait de poursuivre notre voyage avec plus de confort.
Les rues étaient bondées de passants affairés, les échoppes débordaient de marchandises colorées et les voix résonnaient dans l'air chargé d'excitation. Cléo, toujours calme et déterminée, nous guidait à travers ce dédale urbain. Pourtant, mon cœur s'emballait à chaque instant, ma respiration devenait plus rapide et une sensation d'étouffement commençait à m'envahir.

Je détestais me retrouver dans des endroits aussi animés, où les foules se pressaient et où les bruits se mélangeaient en une cacophonie incessante. Les visages inconnus, les corps qui se frôlaient, tout cela me rappelait mon incapacité à me sentir à l'aise dans ces situations.

Je me sentais si vulnérable, perdue au milieu de cette agitation. Mon esprit criait le besoin de s'échapper, de trouver un refuge silencieux et paisible.

Je serais les dents, essayant de garder ma contenance, mais chaque pas était un effort, chaque instant était une lutte contre mon propre démon intérieur.

Cléo, comprenant mon malaise, ralentissait le rythme de sa marche, me donnant l'occasion de respirer profondément. Elle posa doucement sa main sur mon épaule, me transmettant un peu de sa sérénité. Ses yeux bleus étincelaient d'empathie et de compréhension, me rappelant que je n'étais pas seule dans cette bataille intérieure. Nous continuâmes notre chemin, choisissant des ruelles moins fréquentées, évitant les foules compactes.

Petit à petit, l'agitation se dissipait, et l'air devenait plus clair. Je sentais mes épaules se détendre, ma respiration devenir plus régulière. La tension qui s'était accumulée en moi commençait à se relâcher, laissant place à un semblant de calme.

Enfin, nous atteignîmes un endroit plus calme, un coin tranquille où les gens étaient moins nombreux. Les bruits de la ville semblaient s'évanouir, et une douce brise caressait mon visage. Je fermai les yeux un instant, appréciant ce moment de répit, savourant la paix qui enveloppait enfin mon esprit tourmenté.

Finalement, nous aperçûmes une enseigne indiquant la présence d'un vendeur de caravanes. Cléo soupira me disant qu'on avait trouvé ce que nous cherchions.

Nous fûmes accueillis par un homme aux cheveux gris, portant des vêtements en cuir usés par le temps. Son regard était empreint d'une sagesse acquise au fil des années.

"Bonjour, messieurs-dames, que puis-je faire pour vous aujourd'hui ?" nous demanda-t-il d'une voix chaleureuse.

Cléo prit la parole avec assurance. "Nous sommes à la recherche d'une caravane tirée par quatre chevaux. Nous avons besoin d'un espace suffisant pour loger notre groupe et transporter nos affaires."

L'homme hocha la tête, semblant comprendre nos besoins. Il nous fit signe de le suivre à l'extérieur de la boutique, où plusieurs caravanes étaient exposées.

Il nous présenta différentes options, nous décrivant les caractéristiques de chaque modèle avec passion. Nous examinions attentivement chaque véhicule, évaluant leur espace intérieur, leur solidité et leur esthétique. Finalement, nous trouvâmes la caravane qui répondait parfaitement à nos attentes.

Elle était d'un rouge vif, ornée de détails en bois sculpté, et sa taille imposante nous garantissait un confort optimal. Les chevaux attelés semblaient impatients de nous emmener vers de nouvelles aventures. Tout était en place pour notre prochaine étape de voyage.

Nous conclûmes la transaction avec l'homme du magasin, mais il semblerait que Cléo avait du mal à lâcher sa bourse remplie d'or. Une lueur de cupidité brillait dans ses yeux alors qu'elle fixait les pièces précieuses qui la séparaient de son nouvel achat.

L'homme, remarquant son hésitation, fronça les sourcils d'un air méfiant. Il était clair qu'il ne voulait pas être victime d'une escroquerie. D'un geste vif, il arracha la bourse des mains de Cléo, le son des pièces d'or s'éparpillant sur le sol.

Le regard de Cléo s'assombris, elle été aveuglée par son appât du gain, elle avait du mal à ne pas succomber ainsi à la tentation de l'argent.

L'homme, après avoir récupéré les pièces dispersées, les compta avec minutie pour s'assurer qu'il ne manquait rien. Une fois satisfait, il nous tendit la clé de la caravane.

Nous trouvâmes un endroit sûr à l'extérieur de la ville pour garer la caravane. Nous voulions éviter les regards curieux et nous assurer que nos biens étaient en sécurité pendant notre absence. Après avoir soigneusement arrêté les chevaux et préparé le campement, Cléo et moi partîmes à la recherche de Plissken et Nika.

De retour au point de rendez-vous, nous découvrîmes une scène chaotique. Plissken et Nika étaient au cœur d'une violente altercation dans un bar, tandis que les clients et les serveurs tentaient de se protéger des éclats de verre et des projectiles volants.

La taverne était plongée dans un chaos total. Des chaises volaient en éclats, des verres se brisaient, et les cris de colère se mêlaient aux hurlements de terreur. La tension était palpable dans l'air enfumé, alors que les clients cherchaient désespérément à se protéger des affrontements qui faisaient rage.

Au centre de la mêlée, Plissken et Nika se trouvaient au milieu d'une confrontation intense. Leurs poings se frappaient violemment, tandis qu'ils esquivaient habilement les coups de leurs adversaires. Le visage de Plissken était marqué par une lueur de fureur dans leurs yeux par contre Nika elle s'emballer s'amuser comme une enfant avec ses nouveaux jouets

Cléo et moi nous précipitâmes vers eux, tentant de les séparer et de mettre fin à cette bataille sans merci. Nous les suppliâmes de cesser leur lutte, de mettre de côté leurs différends et de se rappeler l'importance de notre groupe et de notre mission commune.

Malheureusement, nos paroles semblaient se perdre dans le vacarme assourdissant de la taverne en plein tumulte. Les deux combattants étaient aveuglés par leur rage, leurs gestes animés par un désir de prouver leur supériorité. Nous étions impuissants face à cette violence qui menaçait de détruire notre unité fragile.

Voyant que nos tentatives de médiation échouaient, je décidai d'utiliser mes pouvoirs pour créer une distraction. D'un geste de la main, j'enchantai le sol sous les pieds des perturbateurs, créant une surface glacée et instable. Le résultat fut immédiat : les combattants perdirent l'équilibre, glissant et trébuchant sur la glace improvisée. Profitant de cette opportunité, Cléo et moi réussîmes à les éloigner de la mêlée, les entraînant à l'extérieur de la taverne. Le froid mordant de l'air nocturne sembla tempérer leur fureur, leur rappelant que nous étions une équipe, que nous avions des objectifs communs à atteindre.

Épuisés et légèrement blessés, Plissken et Nika échangèrent un regard complice avant de laisser éclater un rire sincère. Leur rire était empreint de soulagement et d'une certaine légèreté, comme s'ils avaient enfin réussi à évacuer la tension qui les avait animés pendant la bagarre. Leurs éclats de rire résonnèrent dans l'air, presque contagieux.

Nous arrivâmes enfin à la caravane, épuisés mais soulagés d'avoir échappé à la bagarre et d'être réunis à nouveau. Cléo se tourna vers Nika et Plissken d'un air sévère, déterminée à mettre les choses au clair.

"Écoutez-moi bien, vous deux", commença-t-elle d'un ton ferme. "Si jamais vous cassez quoi que ce soit dans cette caravane, je vous ferai payer une amende de 100 pièces d'or, c'est clair ?"

Plissken dit un ton froid " Ce n'est pas à moi que tu dois dire cela mais à l'autre " en pointant Nika du regard " Moi je reste avec Ablette à la belle étoile". Plissken s'éloignant avec son cheval.

Cléo remarqua que je regarder ma bourse à peine remplie et un sourire doux se dessina sur son visage.

"Pas toi, Aoi", me dit-elle d'un ton rassurant. "Je sais que tu feras attention."

Nika, d'un ton enfantin, s'exclama : "Favoritisme !"

Un rire léger m'échappa alors que je secouais doucement la tête.

Nous nous éloignâmes de la ville, cherchant un endroit plus paisible pour passer la nuit. L'équipe s'activa pour installer le campement, chacun s'occupant de ses tâches assignées. Nika et Cléo se blottirent dans la chaleur de la caravane, tandis que Plissken, fidèle à ses habitudes, préféra dormir à la belle étoile.

Pour ma part, je choisis de m'éloigner légèrement du groupe. Je ressentais le besoin d'avoir un peu d'espace, de solitude pour me retrouver avec moi-même. J'avais toujours été une âme solitaire, préférant la compagnie de mes pensées et de mon carnet de dessin.

Allongée sur le sol, je contemplai le ciel étoilé, laissant mon esprit vagabonder dans les méandres de mes pensées. Mon carnet de dessin reposait à mes côtés, rempli de pages blanches qui ne demandaient qu'à être remplies d'images capturées par mon imagination.

Une fois encore, je me laissai emporter par le doux mouvement de mon crayon sur le papier. Les contours se dessinaient, les formes prenaient vie sous mes doigts. Chaque trait, chaque ombre était une expression de mon être intérieur, un moyen de laisser échapper mes émotions et mes rêves.

Les heures passèrent sans que je m'en rende compte. Mes paupières s'alourdissaient peu à peu, tandis que mes doigts continuaient à esquisser les lignes avec une délicatesse presque hypnotique. La fatigue et l'épuisement finirent par m'envahir, et je me laissai doucement glisser dans les bras de Morphée, mon carnet de dessin toujours entre les mains.

La lueur dorée du soleil matinal s'infiltrait à travers les voiles de la caravane, caressant délicatement mon visage endormi. Je m'étirai lentement, mes paupières s'ouvrant pour accueillir la douce lumière qui inondait notre campement. Alors que je me redressais, j'aperçus Plissken affairé près du foyer, préparant un petit déjeuner réconfortant pour nous tous. Le crépitement du feu, combiné aux arômes alléchants qui s'échappaient des casseroles, donnait à l'air matinal une ambiance réconfortante.

Je m'avançai timidement m'assoit sans un mot autour du camp. "Bonjour, Aoi", dit-il d'un ton froid en me tendant une assiette garnie d'œufs et de bacon. Je pris l'assiette timidement, sentant la tension entre nous. Plissken se rassit ensuite, sirotant son café.

"Merci...", murmurai-je, cherchant à rompre le silence pesant. Je jetai un coup d'œil à sa tasse de café, espérant qu'il en reste un peu. Mais Plissken secoua la tête, me répondant d'un simple "non".

Assise, les pensées tourbillonnant dans ma tête, je ressentais une exaspération grandissante envers Plissken. Il avait préparé le petit-déjeuner, c'était vrai, mais l'attitude froide et distante qu'il affichait envers moi me laissait perplexe. Je me demandais ce que je devais penser de lui.

Soudain, Cléo sortit de la caravane et vint s'asseoir à côté de moi. Un sourire malicieux se dessina sur son visage lorsqu'elle me demanda comment j'avais dormi. Puis, elle tourna son attention vers Plissken et lui lança d'un ton taquin : "Eh bien, Plissken, tu as préparé le petit-déjeuner, tu peux au moins être galant."

Le cow-boy émit un grognement en réponse à cette remarque, montrant clairement son désaccord. Cleo, ne se laissant pas démonter par sa réaction, fit mine de réfléchir un instant avant de répliquer avec un brin de malice dans la voix : "Eh bien, il reste du café alors."

Je lui répondis que non, il n'en restait plus, ajoutant même avec une pointe de frustration que c'était Plissken qui l'avait fini.

Après avoir fini notre petit-déjeuner, nous rangeâmes nos affaires et nous nous remîmes en route vers la ville voisine. En chemin, nous croisâmes un marchand, et Cléo, peut-être dans un élan de générosité pour apaiser la tension du matin, décida d'acheter 40 kilos de café. Cette décision me fit éclater de rire, car cela témoignait de l'importance que nous accordions tous au café dans nos vies. Nika, quant à elle, en profita également pour acheter des éléments alchimiques auprès du marchand. Cette idée me faisait frissonner de peur, car j'avais entendu dire que mon cœur était un ingrédient prisé par les alchimistes. Savoir que Nika était elle-même un alchimiste me remplissait d'appréhension. Je me demandais ce qu'elle pouvait bien prévoir faire avec ces éléments, et si elle avait compris ce que j'étais, un demi-démon et est ce qu'elle convoiter mon cœur.

Après nos achats, nous reprîmes la direction de Tolwder, où Cléo et Plissken avaient été chargés d'enquêter sur la mystérieuse disparition d'enfants dans le village. Les jours précédents, nous avions échangé des informations et des hypothèses sur cette affaire, préparant notre arrivée avec prudence et détermination.

En fin de journée, nous trouvâmes un endroit propice pour établir notre campement près d'une rivière. Nika, toujours avide d'aventure et d'expériences nouvelles, décida de se baigner malgré la fraîcheur hivernale. Cléo et moi, préférant la chaleur réconfortante d'une boisson chaude, nous nous mîmes à faire bouillir de l'eau sur notre feu de camp.

En tant que demi-démon, j'étais habituée à être vue différemment par les autres. Cléo connaissait ma nature et m'acceptait telle que j'étais, ce qui rendait notre amitié précieuse. Donc, lorsqu'il s'agissait de se changer après notre baignade rapide, je ne me sentais pas aussi gênée qu'à l'accoutumée. Les écailles démoniaques qui avaient émergé sur mes hanches à la suite de mes excès de pouvoir pendant mon enfance n'étaient pas des éléments de ma nature que je voulais exhiber en public.

Cependant, avant que je puisse prendre les précautions nécessaires pour les dissimuler, Nika pénétra brusquement dans la caravane, me prenant par surprise. Je fus immédiatement prise de panique, cherchant frénétiquement quelque chose pour me couvrir et cacher mes écailles. Malheureusement, j'étais trop lente et Nika eut un large sourire sur le visage, manifestant clairement qu'elle avait remarqué mon secret.

Prête à me défendre, je me mis instinctivement en position de combat, prête à repousser toute menace. Cependant, au lieu de se montrer agressive, Nika éclata de rire devant ma réaction. "Calme-toi, Aoi", dit-elle d'une voix amusée, "je le savais depuis bien longtemps." Surprise par sa réaction, je me détendis légèrement, mais je restais méfiante.

Cléo, toujours présente pour calmer les tensions, s'interposa entre Nika et moi, m'empêchant ainsi de maintenir ma posture défensive. Avec calme et assurance, elle dit : "Calme-toi, Nika ne te fera rien. Elle est au courant depuis aussi longtemps que moi. Alors, inutile de réagir de cette manière."

Une vague d'incompréhension m'envahit alors que mes pensées s'entremêlent. Depuis mon arrivée sur ce continent, j'ai été traquée par des alchimistes avides qui cherchaient à me tuer pour s'emparer de mon cœur. Il était difficile pour moi de croire que... avant même que je puisse terminer ma pensée, Nika, d'une voix enfantine, me dit : "Même si nous nous connaissons depuis peu, sache que je suis loyal et que je ne ferai aucun mal à mes compagnons." Son assurance me fait esquisser un léger sourire, mais la question demeure : pouvais-je réellement lui faire confiance ?

Nika finit par sortir, remarquant sans doute que sa présence me mettait extrêmement mal à l'aise. Cléo, attentive à mon mal-être, vint me rejoindre dans un geste maternel et me demanda si j'allais bien. Je balbutiai une réponse, me sentant profondément peu sûre de moi-même. Le fait que deux de mes compagnons connaissaient mon secret me plongeait dans un état déplorable. Je m'en voulais d'avoir imposé ma présence à ce groupe, et je me sentais pathétique...

Cléo, avec sa compassion naturelle, comprit probablement ce qui se passait dans ma tête. Elle décida de me laisser un peu de temps seul pour que je puisse ranger mes pensées qui se mélangeaient avec la voix insistante de mon démon, qui tentait de me convaincre de les tuer tous avant qu'ils ne me tuent.

Se retrouver seule était à la fois apaisant et troublant. J'étais en proie à une bataille intérieure, déchirée entre la méfiance et le désir de faire confiance à mes compagnons. Les cicatrices de mon passé me rendaient méfiante et vulnérable. Je devais trouver la force de me recentrer, de contrôler mes pensées et de prendre des décisions éclairées.

Je m'installai près du feu de camp, laissant sa chaleur envelopper mon corps frémissant. Les flammes dansaient devant moi, projetant des ombres dansantes sur le sol. Je pris une profonde inspiration, sentant l'odeur de bois brûlé emplir mes narines. Petit à petit, ma respiration se calma et mes pensées turbulentes commencèrent à se dissiper.

Les autres se rejoignirent autour du feu, et nous partageâmes un dîner simple mais réconfortant. Après le repas, nous nous dispersâmes à nouveau, chacun allant vaquer à ses occupations. Cependant, cette fois-ci, j'avais pris la décision de rester avec Plissken près du feu. Je devais faire l'effort de les connaître davantage, de surmonter les ombres de mon passé et d'apprendre à leur faire confiance.

Nous restâmes là, silencieux, pendant un moment. Je regardais les flammes qui dansaient devant moi, hypnotisée par leur beauté éphémère. Finalement, je remarquai que Plissken sortait du matériel de couture de son sac. J'eus un moment d'hésitation, puis d'une voix timide, je lui demandai s'il allait encore faire du macramé. Il acquiesça simplement, sans dire un mot.

Curieuse, je m'approchai davantage pour observer son travail. Ses mains habiles manipulaient les fils avec une précision étonnante. Les mouvements répétitifs et réguliers semblaient l'apaiser, lui permettant de se concentrer sur quelque chose de simple et de tangible. J'étais fascinée par cette activité, qui contrastait avec l'agitation intérieure que je ressentais.

Le calme qui régnait autour du feu de camp fut brusquement perturbé par des bruits provenant des alentours. Des branches se cassaient, la terre était foulée, et c'est alors que j'ai réalisé que nous étions encerclés par des singes. Ils cherchaient à s'emparer de nos biens, fouillant dans la caravane avec agilité.

Dans un geste vif, j'ai créé une bulle d'eau et je l'ai lancée sur quelques singes qui tentaient de s'emparer de nos affaires. Mon objectif était de les faire fuir sans leur causer de mal. Pendant ce temps, Plissken n'avait pas arrêté son macramé, étonnamment calme malgré la situation. Je me demandais comment il pouvait garder son sang-froid dans de telles circonstances.

Nous étions tous conscients que ces singes n'agissaient que par instinct et n'avaient pas réellement conscience de la gravité de leurs actes. Malgré cela, j'étais déterminée à les repousser sans leur faire de mal inutile. Plissken, ayant apparemment compris cela, soupira et pointa son arme vers les airs, tirant quelques coups de feu pour les effrayer et les dissuader de s'approcher davantage. Heureusement, cette tactique fonctionna et les singes se dispersèrent, abandonnant leurs tentatives de vol.

Cependant, j'ai été horrifiée en voyant l'un des singes quitter la caravane avec un chapeau dans les mains. Avant même que je puisse réagir, Nika s'est approché du singe et, en une fraction de seconde, lui a brisé la nuque. Le singe s'est écroulé sur le sol. J'étais tétanisée, incapable de comprendre pourquoi autant de violence avait été employée pour si peu.

Nika a repris son chapeau avec un large sourire, déclarant d'un ton léger : "Pas touche à mon chapeau." Je restais figée, le regard rempli d'horreur et de confusion. Pourquoi fallait-elle une telle violence pour un simple objet ? Pourquoi ne pas simplement arrêter le singe et lui reprendre le chapeau ? Je me sentais profondément perturbée par cet acte de cruauté gratuite.

Les émotions se bousculaient en moi, un mélange de tristesse, de colère et de désarroi. Je commençais à remettre en question la confiance que j'avais commencé à accorder à Nika. Comment pouvais-je être sûre qu'elle ne réagirait pas de manière violente dans d'autres circonstances ? Avais-je vraiment bien jugé son caractère ?

Le silence s'installa après le geste brutal de Nika. Mon cœur était lourd de tristesse et de désarroi. Je ne pouvais pas comprendre pourquoi une telle violence avait été infligée à un animal innocent. Mes yeux se posèrent sur le singe inerte, gisant sur le sol, et je me sentis submergée par un profond malaise.

Je me suis approchée lentement du singe, mon regard toujours empli d'une tristesse infinie. Je l'ai caressé doucement, mes doigts effleurant sa fourrure douce. La réalité de la cruauté et de l'injustice dans ce monde me pesait sur les épaules.

Cléo, ayant assisté à la scène, s'approcha de moi avec douceur et compassion. Elle posa une main réconfortante sur mon épaule, comprenant ma peine. Sans prononcer un mot, elle m'offrit un soutien silencieux, m'indiquant que je n'étais pas seule dans ma détresse.

En tant que druide, j'avais toujours été enseignée à respecter toute forme de vie, et qu'il était de ma responsabilité de réfléchir attentivement avant d'utiliser mes pouvoirs pour ôter une vie. Les actions de Nika la veille avaient profondément troublé ma conscience, m'empêchant de trouver le sommeil tout au long de la nuit. J'étais épuisée, tant physiquement que mentalement.

Dans l'espoir de récupérer un peu d'énergie, je décidai de profiter du trajet pour essayer de dormir. Je m'installai dans la caravane, cherchant le réconfort du silence et du mouvement régulier de la route. Je fermai les yeux, laissant les pensées tourbillonner dans mon esprit.

Nika avait pris les rênes de la caravane, tandis que Plissken suivait avec Ablette. Cléo était avec moi à l'intérieur de la caravane, sa présence réconfortante me permettant enfin de me reposer un peu.

Je fus tirée de ma tentative de sommeil lorsque la caravane freina brusquement. Le mouvement soudain me fit légèrement basculer sur le côté, tandis que le bruit des pneus crissant sur la route résonnait dans mes oreilles.

"Que se passe-t-il ? Pourquoi avons-nous freiné si brusquement ?" demandai-je, tentant de masquer ma fatigue dans ma voix.

Cléo haussa les épaules, visiblement aussi confuse que moi. "Je n'en suis pas sûre. Nous devrions aller voir ce qui se passe", répondit-elle d'un ton préoccupé.

Nous nous empressâmes de rejoindre Nika et Plissken à l'avant de la caravane, espérant obtenir des éclaircissements sur cette situation inattendue.

Devant nous s'élevait une imposante créature de pierre, d'une vingtaine de mètres de hauteur. Sa silhouette massive se dressait fièrement, semblant défier le ciel lui-même. Les rayons du soleil ricochaient sur sa surface rocheuse, donnant à sa peau l'apparence d'un monolithe impénétrable.

Ce qui était encore plus troublant, c'était la multitude de singes qui étaient juchés sur le géant de pierre. Ils se déplaçaient agilement sur sa surface, formant une véritable armée simiesque. Leurs regards vifs et leurs gestes rapides témoignaient de leur agitation, ajoutant une aura de mystère à cette scène étrange et intimidante.

Un frisson me parcourut l'échine alors que je me rendais compte de l'ampleur du défi qui se dressait devant nous. Cette rencontre inattendue avec cette créature de pierre et sa cohorte de singes éveillait en moi une profonde inquiétude. Je me tournai vers Cléo, cherchant dans son regard une lueur d'espoir ou une réponse à cette situation singulière. Nous étions confrontés à une épreuve imprévue, et je me demandais comment nous allions trouver la force et la stratégie pour y faire face.

Le géant de pierre s'inclina devant nous avec grâce, abaissant un genou à terre pour se mettre à notre hauteur. Un singe d'une apparence sage et imposante descendit alors du géant de pierre et commença à s'adresser à nous.

"Bonjour à vous, Mesdames et Monsieur... Selon mes enfants, c'est vous qui avez ôté la vie à mon cher enfant hier soir..."

La voix du singe sage résonnait avec solennité et tristesse. En l'entendant parler, une réalisation soudaine s'empara de moi : ce singe savant était la mère du singe que Nika avait tué la nuit précédente.

Nika réagit immédiatement, se mettant sur la défensive. Elle argumenta que les singes, en pointant du doigt ceux qui se trouvaient sur le géant de pierre, avaient tenté de nous voler et que leur acte avait été une menace directe. Elle soutenait fermement que notre réaction avait été motivée par la légitime défense.

La mère singe, le regard empreint de tristesse et de chagrin, écouta attentivement les paroles de Nika. Une atmosphère tendue et chargée d'émotions s'était installée entre nous.

Le géant semblait de plus en plus en colère, mais la matriarche singe le calma et se présenta sous le nom de Moumoune, chef et mère des singes chapardeurs. D'une voix ferme, elle exprima sa demande et son exigence : un duel entre elle et moi, afin de laver l'honneur de son enfant et de son clan. Elle précisa que le duel ne serait pas à prendre à la légère.

Un silence pesant s'installa alors que nous absorbions ses paroles. Le regard de Moumoune était empreint de détermination, tandis que les autres singes sur le géant observaient la scène.


Nika refusa catégoriquement dans un premier temps, mais je m'efforçai de le convaincre en lui expliquant la situation. Cléo et Plissken semblaient relativement indifférents à l'issue du duel, mais je savais que si Nika refusait, les singes et le géant risquaient de devenir encore plus en colère.

"Nika, s'il te plaît, accepte. Tu n'as rien à craindre", tentai-je de le rassurer. "Et puis, tu ne vas pas refuser un combat aussi... intéressant, n'est-ce pas ?" Je m'arrêtai avant de finir ma phrase, laissant entendre à Nika que cela pourrait être l'occasion pour elle de démontrer sa force et sa compétence.

Elle soupira, comprenant parfaitement ce que je voulais lui dire. Accepter de se battre n'était pas facile pour elle, mais c'était une opportunité de prouver sa valeur et de montrer sa détermination. À contrecœur, elle consentit finalement à relever le défi.

Moumoune, la matriarche des singes chapardeurs, imposa une dernière condition : le combat se déroulerait à mains nues, sans l'utilisation de la magie. Nika râla bruyamment, exprimant son mécontentement face à cette restriction, mais finit par accepter malgré tout. Moumoune sembla satisfaite de sa réponse et acquiesça d'un signe de tête.

L'arène improvisée se prépara rapidement pour accueillir le duel tant attendu. Le géant de pierre et les milliers de singes chapardeurs formèrent un cercle autour de nous, créant une atmosphère à la fois intimidante et électrique. La tension dans l'air était palpable, et j'étais pris d'une certaine appréhension quant à l'issue incertaine de cette confrontation.

Alors que tous les regards étaient tournés vers Nika, celle-ci fit quelque chose d'inattendu. Au lieu de se lancer dans le combat, elle s'assit au milieu de l'arène, affichant une expression de lassitude et de désintérêt. Ses paroles, prononcées d'un ton complètement blasé, résonnèrent dans le silence pesant de l'arène. "Fini ça", dit-elle simplement.

Un murmure d'incompréhension se propagea parmi les spectateurs, singes et géant de pierre confondus. Personne ne s'attendait à ce geste de la part de Nika, remettant ainsi en question le déroulement du combat. Moumoune, tout aussi surprise que les autres, fixa Nika d'un regard interrogateur.

Nika, assise au milieu de l'arène, ne semblait pas affectée par les regards perplexes qui se posaient sur elle. Elle resta immobile, les bras croisé Moumoune quand elle prit sont élan et frappa de tous ses forces Nika assommant.

Plissken prit le corps inerte de Nika et la jeter telle un sac dans la caravane, je fus choqué par son manque de délicatesse. Alors que je restais figé par la scène qui venait de se dérouler, les singes chapardeurs et Moumoune semblaient ravis du résultat. Après un court échange avec Nika, ils décidèrent de partir, nous laissant reprendre notre route vers Tolwder. 

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